Journalisme - Page 17
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Le Post a un an: succès d'audience et quelques interrogations
Le Post fête son premier anniversaire. Ce site d'information s'est installé dans le paysage. Avec son style un peu (voire très) trash. Avec sa dynamique collaborative.10 millions de pages vues par moisBenoît Raphaël, le rédacteur en chef, souligne le succès d'audience:"Un an plus tard, nous oscillons entre 160.000 et 200.000 visites par jour, et 400.000 pages vues.Depuis janvier 2008, le Post.fr enregistre une progression de 20% de son audience, chaque mois. Les chiffres OJD nous créditent en juillet 2008 de 3,8 millions de visites (1,5 million en janvier...), plus de 10 millions de pages vues, nous plaçant pour la première fois devant les sites de l'Express et du Point, et juste derrière celui du groupe Parisien/Aujourd'hui en France".Les internautes font "jaillir du sens"Il relève également plusieurs spécificités du Post, comme son caractère collaboratif:"Sur le Post, les internautes publient entre 150 et 300 contributions chaque jour. 1/4 des contenus passés en Une sont issus de la communauté.Les internautes vont chercher leurs infos sur le Net, les relient entre-eux, les opposent, ils mettent le doigt là où d'autres médias n'avaient rien vu. Excellents lecteurs, ils se faufilent dans les interstices d'une info saturée pour en faire jaillir du sens, et créer de nouveaux contenus".Quoi de neuf et d'intéressant?Certains s'interrogent, comme Narvic:"A la lecture - pourtant régulière - du post.fr, j’avoue que ce jaillissement de sens participatif et collaboratif m’a échappé. Et si ce n’est l’intéressante démarche de zapping de la télé menée par FullHdReady, ou les contribution des blogueurs « invités », qui ne se différentient guère des blogueurs embedded des autres plates-formes, quoi de neuf et d’intéressant ? Une belle trouvaille tout de même : la charmante Hélène, « journaliste situationniste à lepost », qui fait mes délices..."Et il pose la question: de l'audience, oui, mais le site est-il rentable?A cette question Benoît Raphaël n'a pas apporté de réponse.Des journalistes "coachs"Dans une autre interview, chez Laurent François, Benoït Raphaël propose une définition du journaliste à la sauce Le Post:"Au coeur de ce dispositif, Le Post a créé un métier : “le coach”: c’est un journaliste qui accompagne les internautes, leur apprend la collecte et le traitement de l’info, et recueille des témoignages."Le Post peut-être comparé à une radio:"On nous a comparé à des sites beaucoup plus textuels. Or le Post fonctionne comme une radio. Quand on écoute RMC le matin : les gens témoignent ! RMC est LE premier média 2.0 ! C’est une info moins fouillée que Le Monde, bien sûr, mais ce n’est pas le même objectif." -
Libeorleans sauvé grace a la mobilisation des internautes
Libération avait décidé de fermer Libeorleans.fr, son site local à Orléans. Pas assez rentable, selon la direction.
Mais c'était sans compter sur les internautes et les citoyens d'Orléans. "Les blogueurs locaux se sont mobilisés, ont incité les gens à écrire à Joffrin, ont lancé une pétition web et une autre pétition papier... Nous avons fait plier liberation qui est revenu sur sa décision", écrit Miguel qui m'a averti par mail de cette affaire.
Résultat: le site rouvrira lundi. Tout le monde s'en réjouit. Et le maire d'Orléans? Miguel écrit: "Il donnait l'impression de se réjouir de la fermeture d'un journal qui ne lui semblait sans doute pas assez docile."Après toutes les amabilités que vous avez sorties personnellement sur moi vous comprenez que je ne vais quand même pas pleurer", lançait-il aux libenautes."
Plus d'infos sur coteboulevard.
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Quand Acrimed lit Marianne
Dans ce billet vous trouverez des informations sur Acrimed (Action-critique-medias). Vous abonner à ce flux.
Dans un récent article, Acrimed s'en prend aux Unes de Marianne. Trop racoleuses!
Mais on pourrait répondre que Marianne tire ses revenus des ventes en kiosque (et non des abonnement, comme les autres news magazines). Ce qui explique les Une "punchy".
Et, personnellement, je trouve que certaines Unes sont réussies et journalistiquement efficaces.
1. Trop racoleur
Les titres de Marianne sont trop racoleurs. Mathias Reymond, d'Acrimed, compare Marianne aux journaux people. On pourrait évoquer aussi les tabloïds anglais.
Mais il faut se pencher sur le modèle économique de cet hebdo. Il vit essentiellement de ses ventes en kiosques, contrairement à ses concurrents, Le Point, Le Nouvel observateur ou l'Express, qui ont beaucoup d'abonnés et attirent de nombreux annonceurs.
Or ces annonceurs recherchent un contenu plus policé que celui de Marianne. Ils raffolent aussi des numéros spéciaux sur l'immobilier, les meilleurs hôpitaux, le salaire des cadres, les retraites, etc. Tout cela, Marianne ne le fait pas.
Donc, Marianne s'adresse en priorité à des individus susceptibles d'acheter le journal en kiosque. Ce qui explique le ton accrocheur des Unes.
"Des titres parfois cruels, mais dénués de toute verve satirique et surtout de tout contenu politique : les « unes » de Marianne sont à la l’actualité sociale et politique ce que les « unes » de Gala sont à la vie artistique et culturelle", estime Mathias Reymond.
2. Sarkoze obsessionnelle et dépolitisation
Une autre critique me semble plus intéressante. Marianne a un sujet qui revient de façon obsessionnelle: Nicolas Sarkozy. Selon Acrimed, 16 couvertures sur 32 lui ont été consacré (au moins en partie) depuis le début de l'année.
Ces couvertures se veulent des critiques virulentes de Nicolas Sarkozy. Or "la politique, à la « Une » de Marianne, c’est la politique dépolitisée, résumée à son rôle et à sa personne", explique Mathias Reymond. La trop grande focalisation sur la personnalité de Nicolas sakozy produit l'effet inverse de celui escompté: la dépolitisation.
3. Des enquêtes et des "révélations"
"Les « unes » de Marianne prétendent constamment annoncer de révélations chocs", note Acrimed. En réalité ce ne serait pas le cas.
Cette critique est à nuancer, selon moi. D'ailleurs, l'auteur reconnaît: "Les « Unes » d’un titre de presse n’en épuisent pas le contenu. Et il arrive que les enquêtes de Marianne vaillent mieux que ses titres."
- A savoir: Acrimed est une association dont le but est la critique des médias. "Elle réunit des journalistes et salariés des médias, des chercheurs et universitaires, des acteurs du mouvement social et des « usagers » des médias. Elle cherche à mettre en commun savoirs professionnels, savoirs théoriques et savoirs militants au service d’une critique indépendante, radicale et intransigeante". (source)
A lire aussi:
- Marianne, Zola et la comentosphère
- Pierre Carles: TF1, France2 et France3 disent tous la même chose
- La critique des médias sur le net
- Les médias sont-ils anxiogènes?
- Media paranoï (Laurent Joffrin)
L’Association
Action-CRItique-MEDias [Acrimed]. Née du mouvement social de 1995, dans la foulée de l’Appel à la solidarité avec les grévistes, notre association, pour remplir les fonctions d’un observatoire des médias s’est constituée, depuis sa création en 1996, comme une association-carrefour. Elle réunit des journalistes et salariés des médias, des chercheurs et universitaires, des acteurs du mouvement social et des « usagers » des médias. Elle cherche à mettre en commun savoirs professionnels, savoirs théoriques et savoirs militants au service d’une critique indépendante, radicale et intransigeante.
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Les inégalités sont en Vogue en Inde
La femme porte un sac Birkin (10 000$) et l'homme un parapluie Burberry (200$). Ce ne sont pas des mannequins. Ils sont indiens et posent pour le dernier numéro de Vogue India.Ce rapprochement du luxe et de la pauvreté ne choque pas la directrice du magazine, Priya Tanna. Grâce à Vogue "nous montrons que la mode n'est plus le privilège des riches", soutient-elle.Près de la moitié de la population indienne (456 millions de personnes) vivent avec moins de 1,25$ par jour, rappelle le New York Times. -
La presse US en phase avec Obama
La nomination d'Obama vue par les journaux américains: une cinquantaine de Unes.
Le rêve, "la" nuit, Martin Luther King, le changement, le futur: les différents "clichés" sur Obama sont passés en revue.
Il y a des ratés comme ce titre du Boston Herald: "Odrama". Sans qu'on sache si c'est un jeu de mot avec Dream ou avec Drama. Le rêve peut se transformer en drame. (via chouignmedia)
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Emouvoir
Ce billet est le dernier de la série débutée il y a quelques jours.
Voici les précédents billets: 1. Présentiser 2. Négativiser 3. Décontextualiser 4. Mythologiser 5. Provincialiser 6. Dominer
7. Emouvoir
L'émotion est devenue une composante essentielle de l'information. A tel point qu'on se demande si informer ça n'est pas émouvoir. Et si ça n'est pas que ça...
L'émotion est surtout véhiculée par l'image. La télévision étant le média dominant, il n'est pas étonnant que l'émotion soit à ce point présente.
Mais quand l'émotion est recherchée comme seule fin, on peut parler d'information de mauvaise qualité. C'est, notamment, cet engouement (un peu inexplicable, mais tellement humain) pour les faits divers. Le fait divers, c'est l'exception, le particulier et, parfois, le monstrueux. Les faits divers nous servent sur un plateau des émotions "vraies", des émotions brutes.
Comment faire la part entre ces émotions et les faits, les informations, mais aussi l'analyse et la réflexion?
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Dominer
Ce billet poursuit la série débutée il y a quelques jours. Voici les autres billets: 1. Présentiser 2. Négativiser 3. Décontextualiser 4. Mythologiser 5. Provincialiser 6. Dominer 7. Emouvoir
6. Dominer
Le trajet de l'information est, traditionnellement, vertical, de haut en bas. Je parle, bien sûr, des médias traditionnels comme la télévision ou les journaux.
Les médias portent la trace des fortes hiérarchies qui régissent la société.
Comme l'écrit fort justement Patrice, "dans les sociétés modernes, les pouvoirs se sont jusqu’à présent concentrés au sommet d’une hiérarchie de fait. Un petit nombre produisait de la connaissance et des idées; un petit nombre les sélectionnait et les diffusait. Par delà les apparences et les symboles, l’information circulait pyramidalement, relayée par les médias de masses et par les grandes institutions politiques ou sociales".
Or, ces hiérarchies sont, semble-t-il, en train de s'effondrer, grâce à l'évènement des nouveaux médias.
"Les nouvelles technologies médiatiques multiplient les moyens de création. Partout, les canaux de diffusion et de discussion se developpent au rythme de la pensée. D’innombrables barrières s’affaissent entre producteurs et consommateurs d’idées, entre propagateurs et inventeurs de règles, entre hiérarchies de normes et choix de valeurs."
J'ai bien dit "semble-t-il", car qu'en est-il réellement de ce changement? L'ère d'Internet annonce-t-elle une démocratisation?
photo: AP
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Provincialiser
Il s'agit d'une série de réflexion sur les mécanismes de pensée sous-jacents aux médias. Ce billet fait partie de la série commencée avec: 1. Présentiser 2. Négativiser 3. Décontextualiser 4. Mythologiser 5. Provincialiser 6. Dominer 7. Emouvoir
5. Provincialiser
L'information, en France, se focalise sur le national. Ainsi, par exemple, l'Europe ne représente que 2,5% des journaux télévisés.
Et parmi les infos nationales, celles concernant le chef de l'Etat occupent une large place. Notre pays a une tradition jacobine. Cette tradition est renforcée, sans doute, par le caractère de l'actuel président, mais il n'a rien inventé.
On le voit, même dans un événement modial comme les JO, le traitement est national. Les médias ne parlent quasiment que des sportifs français.
Or, avec mondialisation, tout se tient. La France n'est qu'une province de l'Europe, elle est liée aux Etats-Unis, à l'Afrique et au reste du monde.
Traiter les informations sous un angle national contribue à un provincialisme de mauvais aloi. Cela n'aide pas à mieux comprendre les grands mécanismes qui régissent le monde.
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Mythologiser
Les médias nous informent. Et informer c'est donner une forme. Dans cette série de billets, je souhaite étudier les différentes manières de penser que les médias nous imposent, presque de façon inconsiente.
Ce billet fait partie d'une série: 1. Présentiser 2. Négativiser 3. Décontextualiser 4. Mythologiser 5. Provincialiser 6. Dominer 7. Emouvoir
Dans le flux des informations, on peut croire que les événements se suivent et ne se ressemblent pas. Or, c'est tout le contraire qui se produit. Les mêmes schémas reviennent sans arrêt. Et ces schémas on peut les appeler des mythes.
On peut se demander si ces schémas récurrents n'ont pas la fonction que les récits mythologiques avaient par le passé.
Comme l'écrit Peter Sloterdijk:
"Le mythe est un système de récit qu'on répète inlassablement avec de petites variations pour réagir à la réalité mouvementée du réel et le réduire toujours à un modèle identique de ce qui se passe au fond dans le monde depuis toujours.
Dans le même temps, il existe une mythologie moderne qui fonctionne comme un système pour gérer l'oubli collectif. C'est-à-dire organiser le présent comme un bain permanent d'information. Nos informateurs sont, d'un point de vue systémique, des mythologues qui contribuent en permanence à l'abolition de la mémoire. L'information sur le présent disparaît derrière le mythe qui crée un univers où, au fond, rien ne change. On raconte une multiplicité d'histoires pour ne pas avoir à raconter LA grande histoire qui est la route de la Révolution." -
Décontextualiser
Penser autrement, c'est ce que j'aimerai pouvoir faire en lançant cette petite série d'articles. Tout d'abord en observant quelques mécanismes de pensée induits par les médias.
Voici les autres billets de la série: 1. Présentiser 2. Négativiser 3. Décontextualiser 4. Mythologiser 5. Provincialiser 6. Dominer 7. Emouvoir
3. Décontextualiser
Le journal télévisé (mais aussi la radio ou le journal) sortent un événement de son contexte. Par exemple, pendant que monsieur Michu découpe la dinde, un rebelle Ouighour apparaît dans le petit écran pour lancer d'un air martial les dernières menaces d'Al Qaïda contre la Chine.Cette décontextualisation va de pair avec le caractère arbitraire de la présentation de l'information. Autrement dit, on passe du rebelle Ouighour à un accident sur l'autoroute des vacances avant d'enchaîner sur le dernier spectacle de Laurent Gerra. Trois catastrophes à la suite, ça fait beaucoup! ;-)
Là encore, on peut se demander quel lien on peut faire entre ce tendance à la décontexualisation et notre façon de penser.
Photo: France 24
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Négativiser
Poursuivons cette série commencée avant hier. Comme je l'écrivais, penser autrement reste à inventer. Peut-être en analysant les biais induits par l'industrie des médias.
Voici les autres billets de la série:
1. Présentiser 2. Négativiser 3. Décontextualiser 4. Mythologiser 5. Provincialiser 6. Dominer 7. Emouvoir
2. Négativiser
Les trains qui arrivent à l'heure n'intéressent pas les médias. D'où le flot d'informations catastrophiques qui s'abattent sur le brave pékin qui regarde le journal télévisé.
On peut se demander si ces informations négatives, ces faits divers atroces, ces guerres moyennes orientales et ces krachs boursiers, n'ont pas un impact négatif sur notre moral.
Mais, d'un autre côté, on peut évoquer un effet de catharsis produit par l'information. Autrement dit, du négatif surgirait le positif, par un effet de purification...
Par ailleurs, on ne peut que souligner le ridicule de cette loi roumaine obligeant les médias à diffuser des informations positive (elle n'a finalement pas été validée).
photo L'Express
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Présentiser
Aujourd'hui je début une série d'articles que j'appelle "penser autrement". En réalité, il s'agit d'une série de réflexion sur les mécanismes de pensée sous jascents aux médias. Donc, j'essaie de décrire comment nous pensons, du fait des médias. Pour essayer de "penser autrement".
Voici les autres billets de la série: 1. Présentiser 2. Négativiser 3. Décontextualiser 4. Mythologiser 5. Provincialiser 6. Dominer 7. Emouvoir
Bref, penser autrement c'est ce dont je ne parle pas...
1. Présentiser
Les médias nous focalisent sur l'actualité, ce qui se passe en ce moment. Et le lendemain, on passe à autre chose.Cette tendance des médias est souvent critiquée. Elle conduit à porter un regard superficiel sur les événements. Elle néglige la dimension historique des faits.
On peut se demander dans quelle mesure cela induit une façon de penser. Et incite au court termisme. Or, on connaît les ravages du court termisme, notamment dans le domaine financier.
source: JO Pekin