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Quand Acrimed lit Marianne

Dans ce billet vous trouverez des informations sur Acrimed (Action-critique-medias). Vous abonner à ce flux.

Dans un récent article, Acrimed  s'en prend aux Unes de Marianne. Trop racoleuses!

Mais on pourrait répondre que Marianne tire ses revenus des ventes en kiosque (et non des abonnement, comme les autres news magazines). Ce qui explique les Une "punchy".

Et, personnellement, je trouve que certaines Unes sont réussies et journalistiquement efficaces.

1. Trop racoleur

Les titres de Marianne sont trop racoleurs. Mathias Reymond, d'Acrimed, compare Marianne aux journaux people. On pourrait évoquer aussi les tabloïds anglais.

Mais il faut se pencher sur le modèle économique de cet hebdo. Il vit essentiellement de ses ventes en kiosques, contrairement à ses concurrents, Le Point, Le Nouvel observateur ou l'Express, qui ont beaucoup d'abonnés et attirent de nombreux annonceurs.

Or ces annonceurs recherchent un contenu plus policé que celui de Marianne. Ils raffolent aussi des numéros spéciaux sur l'immobilier, les meilleurs hôpitaux, le salaire des cadres, les retraites, etc. Tout cela, Marianne ne le fait pas.

Donc, Marianne s'adresse en priorité à des individus susceptibles d'acheter le journal en kiosque. Ce qui explique le ton accrocheur des Unes.

"Des titres parfois cruels, mais dénués de toute verve satirique et surtout de tout contenu politique : les « unes » de Marianne sont à la l’actualité sociale et politique ce que les « unes » de  Gala sont à la vie artistique et culturelle", estime Mathias Reymond.

2. Sarkoze obsessionnelle et dépolitisation

Une autre critique me semble plus intéressante. Marianne a un sujet qui revient de façon obsessionnelle: Nicolas Sarkozy. Selon Acrimed, 16 couvertures sur 32 lui ont été consacré (au moins en partie) depuis le début de l'année.

Ces couvertures se veulent des critiques virulentes de Nicolas Sarkozy. Or "la politique, à la « Une » de Marianne, c’est la politique dépolitisée, résumée à son rôle et à sa personne", explique Mathias Reymond. La trop grande focalisation sur la personnalité de Nicolas sakozy produit l'effet inverse de celui escompté: la dépolitisation.

3. Des enquêtes et des "révélations"

"Les « unes » de Marianne prétendent constamment annoncer de révélations chocs", note Acrimed. En réalité ce ne serait pas le cas.

Cette critique est à nuancer, selon moi. D'ailleurs, l'auteur reconnaît: "Les « Unes » d’un titre de presse n’en épuisent pas le contenu. Et il arrive que les enquêtes de Marianne vaillent mieux que ses titres."

  • A savoir: Acrimed est une association dont le but est la critique des médias. "Elle réunit des journalistes et salariés des médias, des chercheurs et universitaires, des acteurs du mouvement social et des « usagers » des médias. Elle cherche à mettre en commun savoirs professionnels, savoirs théoriques et savoirs militants au service d’une critique indépendante, radicale et intransigeante". (source)

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Qu'est-ce qu'Acrimed?

L’Association

Action-CRItique-MEDias [Acrimed]. Née du mouvement social de 1995, dans la foulée de l’Appel à la solidarité avec les grévistes, notre association, pour remplir les fonctions d’un observatoire des médias s’est constituée, depuis sa création en 1996, comme une association-carrefour. Elle réunit des journalistes et salariés des médias, des chercheurs et universitaires, des acteurs du mouvement social et des « usagers » des médias. Elle cherche à mettre en commun savoirs professionnels, savoirs théoriques et savoirs militants au service d’une critique indépendante, radicale et intransigeante.

Les statuts de l'association.

Commentaires

  • C'est exactement le reproche que je fais à Marianne dont je ne suis plus abonnée, aucune révélation spectaculaire, les dossiers n'ont pas de fond, je préfère le Nouvel Obs a côté plus fourni, tous contre Ségo et tous contre Sarko devient pénible à la fin.
    Il faut qu'ils revoient leur stratégie de communication.
    L'édition en ligne me plaît beaucoup, peut être parce qu'elle permet aux blogueurs de s'exprimer, enfin, il y a là un vrai échange sur ce média en ligne qui est à développer, pourquoi ne crééeraient ils pas les blogs Marianne, on serait nombreux à s'y mettre ;-)

  • @M.,

    Je ne suis pas loin d'être d'accord avec toi. Sur l'édition papier, le départ de JF Kahn n'a pas été compensé. Certes il tapait fort, mais il ajoutait une touche d'humour au journal, elle a disparu et il ne reste plus que le "tous contre Ségo et tous contre Sarko" comme tu dis.

    Et d'accord également sur le site Internet. Un site a audience modeste, mais qui est le seul à avoir mis en place une relation respectueuse envers les blogueurs. C'est un site réactif et à multiples entrées.

  • Si on fait un résumé d'un article de Marianne, ça donne Sarkozy est nul, l'UMP qui le suit aussi, le PS est ringard, heureusement qu'il y a Bayrou qui va nous sauver !
    Ce titre a viré depuis la présidentielle et je le fuis à grands pas, tant sa ligne éditoriale est simpliste...
    Par contre, j'aime bien le-tigre.net mais ça n'a rien à voir !
    :-))

  • @Monsieur Poireau,

    Jugement à nuancer (d'autant plus que tu avoues ne pas le lire)!

  • Eric : disons qu'à chaque fois que je tombe dessus, je retrouve le même schéma !
    Je veux bien nuancer mais uniquement si eux-mêmes nuancent !!!
    :-))

  • Bayrou en prend aussi plein la poire (départ de JFKahn)

    J'adhère plutot aux commentaires fait par M. Maintenant, j'apprécie plutôt la différence de Marianne, par rapport au Point, Nouvel Obs et Express, qui font un peu beaucoup dans le lisse et trop respectueux. Il manque sans doute à Marianne la touche d'humour qui leur permettait de ne pas trop tomber dans la bile, mais cela reste quand même un canard agréable à lire.

    Malgré les unes racoleuses qui ammènent souvent une déception à la lecture de l'article ainsi mis en avant. Mais comme le rappelle Eric, à juste titre, la publicité nourrit bien peu Marianne...

    Bonne fin de semaine

  • Il est clair que le départ de JF Kahn a changé quelque chose à Marianne, et pas forcément en mieux.

    Les couvertures dont on parle le moins sont souvent celles dont le fond de l'article est le plus intéressant (cf celle sur l'histoire du patronat français - voir chez moi).

    A part ça, Marianne a un défaut irritant, celui de régulièrement dénoncer une dérive pipole du journalisme tout en balançant quelques scoops strictement pipole (et pas toujours avérés) dans leur article. Un peu ((un peu seulement) comme quand TF1 prétend dénoncer la drive porno de la société en faisant un reportage sur le poids économique du porno business, avec force exemple "embedded".

    Arf !

    Zgur

  • @Zgur,

    "A part ça, Marianne a un défaut irritant, celui de régulièrement dénoncer une dérive pipole du journalisme tout en balançant quelques scoops strictement pipole (et pas toujours avérés) dans leur article."

    Oui, tu as raison d'une certaine façon et il y a de la mauvaise foi qui sommeille en certains journalistes.
    Mais parfois il y a vraiment volonté de dénoncer un phénomène. Si on ne le dénonce pas, alors personne ne peut critiquer...

  • Eric, il serait peut-être bon que tu précises aussi tes liens personnels et professionnels avec Marianne s'ils existent. Je ne demande pas une transparence absolue (qui serait illusoire à mon avis, car on écrit ce que l'on veut tant que l'on reste cohérent), mais deux ou trois mots sur le sujet ne seraient pas de trop afin de clarifier le problème ou du moins dire d'où tu parles. Je ne veux pas forcer à un coming-out, je n'insisterai pas, je ne me livrerai pas à une campagne de dénonciation, mais je trouve que cela devient un peu gênant de répondre au sujet de Marianne ici parce que l'on ne sait jamais sur quel pied danser.

  • @Eric, tu ne trouves pas que la une d'Acrimed, « Les "Unes" racoleuses de Marianne», soit un poil racoleuse ?

  • @Dominique,

    Oui, ta question est recevable. Je n'ai aucun "lien" avec la rédaction de Marianne. Je suis un simple lecteur.

    Et j'ajoute que Marianne ne constitue pas pour moi un modèle.
    Sur ce blog, je parle aussi beaucoup du Monde pour le critiquer, mais je n'ai pas une dent particulière contre ce journal.

    Ta question est pertinente, en fait!
    Par exemple, si on prend Le Point, qui est un journal que j'aurais plein de raisons de critiquer, je n'en parle presque jamais.
    Autre exemple, le Canard enchaîné, qui me paraît être ce qui se fait de mieux dans la presse française, je n'en parle pas.

    Mais ça va peut-être changer: tu viens de me forcer à me demander pourquoi je n'en parlais jamais...

    @Farid,

    Oui, ça sent l'article du mois d'août, où on cherche à draguer le lecteur...

  • Personnellement,
    la critique de la couverture racoleuse va si elle exagère le contenu réel du magazine.
    Et, hélas de mon point de vue, il n'y a pas que Marianne qui exagère avec des titres "racoleurs" le contenu de ses article, le Nouvel Obs, le POint, l'Express... tous le font.
    Ensuite qu'importe le thème ou l'idée.

  • Je suis d'accord avec Acrimed.

    Je pense que Marianne n'apporte pas grand chose au débat. J'ai toujours ce sentiment mitigé avec ce canard. Trop de sarko tue l'"anti" Sarko.

    La ligne Acrimed est plutôt "Bourdieusienne".

  • @BertranD,

    Oui, on fait la même chose avec le Point et on obtient la même exagération.

  • Marianne c'est un journal que j'achète souvent, et qui me déçoit souvent aussi.

    Leurs unes sont effectivement raccoleuses, et trop antisarko. Raccoleuses car toujours sur le même ordrdre d'idée de "touspourris", de "ce que personne ne vous a dit sur...", sur "les privilégiés", "les profiteurs", etc... bref, j'ai l'impression surtout que c'est touours la même une.

  • @Chahouin,

    Oui, le sentiment de Une récurrente est très fort, surtout depuis septembre dernier.

  • "Leurs unes sont effectivement raccoleuses, et trop antisarko. Raccoleuses car toujours sur le même ordrdre d'idée de "touspourris", de "ce que personne ne vous a dit sur...", sur "les privilégiés", "les profiteurs", etc... bref, j'ai l'impression surtout que c'est touours la même une."

    un poil comme le figaro mais à l'envers...

    La presse française, une vrai exception.

  • Je m'étais fait les mêmes remarques qu'Acrimed sur ces Unes.

    Mais le problème de Marianne qui dépend semble-t-'il beaucoup des ventes au numéro en kiosque, c'est que cela crée une énorme dichotomie entre l'emballage et le produit.

    1 - Ou bien c'est de l'attrape-nigaud, qui vise à vendre un numéro au risque de décevoir le lecteur et donc... de faire un one shot déceptif.

    2 - Ou bien c'est un racolage qui est réellement présent dans les tréfonds de la conscience collective de la rédaction, qui s'auto-censure en conférence de rédaction pour alléger le contenu.

    On ne compte plus les révélations qui n'en sont pas, le pseudo-sexe, la personnification de la politique (Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux) et les faux-débats (Hitler/Staline) annoncés.

    J'irai jusqu'à dire que l'effet est tout à fait négatif et repoussoir : quand je vois ce type de couverture dans la devanture du libraire, je me félicite presque de ne pas acheter pareil torche-fesses. A tort, peut-être, le contenu étant (j'espère) mailleur que la couverture.

  • Je suis d'accord avec Acrimed. Je trouve un peu vite dit d'accepter la manifestation d'une intention de racolage au motif d'une condition justifiée de visibilité en kiosque. Cette intention n'est d'ailleurs parfaitement manifeste qu'une fois lu les articles et faite l'impression d'avoir été sérieusement trompé. Il n'est dont pas seulement question d'une stratégie sans conséquence mais d'une manière de relation symbolique générale, avec les passants et avec les lecteurs, fondées sur un certain goût de Marianne pour le baratinage.

    Certains journaux en vente en kiosque sont sensibles au jeu de la condition de visibilité, ne serait-ce qu'en pratiquant le second degré, tout en valorisant l'identité entre la vitrine et le contenu. Le Plan B par exemple ne se gêne généralement pas, mais le contenu est lui en général, à la hauteur de la promesse. Certains font, au contraire, le choix parfois très risqué de la sobriété qui se manifeste parfois à raison, comme un indice justifié de la qualité du propos.

    Ce n'est apparemment pas, ni dans l'un ni dans l'autre, le cas de Marianne. Ce qui est troublant et semble pouvoir dire que le journal Marianne pourrait un jour se permettre la sobriété, au titre de mêmes mauvaises raisons pour lesquelles il pratique aujourd'hui l'accrochage visuel: à titre commode et opportun en somme (mais je confesse que je ne l'ai lut que 3 ou 4 fois ces deux dernières années. Je retire donc mon propos si je suis tombé sur les seuls 4 numéros qui ont à voir avec celui-ci et si le journaliste d'Acrimed a tout inventé des observations sur lesquels il fonde sa critique).


    Personnellement chaque fois que j'ai lu Marianne ce sont les enquêtes sans véritable enjeu, du type: quels sont les mousseux qui valent largement certains champagnes? qui m'ont intéressé.

    Je me demande s'il existe des liens directs entre Acrimed et le Plan B.

  • FRanchement c'est bien francais de ne jamais etre content comme ca... :|

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