Pierre Carles, le critique des médias, a répondu à une interview du journal suisse Le Courrier.
A propos de la critique des médias, il s'exprime sur le travail d'Acrimed et du journal Le Plan B:
Ce qu'ils font est salutaire mais c'est une goutte d'eau dans l'océan de la désinformation. Il faut aussi se méfier du business de la critique des médias, très à la mode. L'ancien animateur Daniel Schneidermann a lancé son blog de critique des médias. Mais sa critique reste anecdotique ou opportuniste. Son indignation est à géométrie variable. La vraie question à poser est celle de l'hégémonie d'un discours: TF1, France2 et France3 disent tous la même chose dans leurs journaux télévisés. Une démarche radicale consisterait à exiger la suppression de certains de ces médias. Pour supprimer TF1, il suffit de se référer au programme du Conseil national de la Résistance (adopté en mars 1944, très influencé par les communistes, il prônait l'indépendance de la presse à l'égard des puissances d'argent, ndlr).
Il évoque aussi ses films documentaires sur le travail. J'ai parlé ici de Volem rien foutre.
Lire intégralement l'interview de Pierre Carles.
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Commentaires
Je me trompe peut-être, mais j'ai l'impression, en lisant Acrimed, qu'ils sont eux-mêmes de parti pris à gauche, quelque part vers la gauche alter-mondialiste. Ce n'est pas une tare en soi, mais dans ce cas, il est difficile de se prévaloir d'une vision totalement objective. Du coup, j'ai tendance à lire tous leurs articles (que j'apprécie beaucoup, en général) à l'aune de leur non-objectivité.
Le plan B, j'ai le vague sentiment que c'est la même chose, mais ne l'ayant jamais vraiment lu, je ne me prononcerai pas. La vraie critique des média n'est-elle crédible que si elle est de gauche ?
Les propos de Pierre Carles sur Action Directe déconsidèrent tout le reste de l'interview. Pour lui ce groupe ne mérite pas le qualificatif de terroriste car il n'a pas commis d'attentats aveugles.
Suivant ses propres termes :
"A tort ou à raison, Action directe a assassiné le général René Audran parce qu'il était responsable des ventes d'armes à l'Irak, et Georges Besse, patron de Renault, après des vagues de licenciements massives[2]. Se démarquer de la perception médiatique convenue revient à poser la question de la légitimité de la violence, à la considérer en termes politiques et non de manière moralisatrice. Une chose inimaginable à la télévision."
On peut effectivement se poser la question de la violence en termes politiques. Mais je ne vois pas en quoi les médias auraient biaisé notre perception et notre analyse de ces assassinats. En plus d'être ignobles, ces propos sont tout simplement très cons.
Je ne vois pas de "filiation libertaire" ( sic ) dans le fait d'exécuter ceux qui ne pensent pas comme nous.
@René,
Tu as raison. Sa prise de position sur Action Directe est assez choquante.
Toujours les mêmes critiques de la critique des médias: ils sont alter et soutiennent la violence.
Prièmre d'aller un peu au-delà et de voir qu'il y a une démarche méthodologique forte chez Acrimed, Le Plan B...(je réponds aux deux premiers commentateurs...).
Oui, rien n'empêche d'inventer une critique des médias qui soit de droite! Elle existe, d'ailleurs...
Pour ce qui est du bémol que j'oppose à Eric concernant Acrimed (j'en reste à Acrimed, j'admets moins bien connaître le Plan B), j'ai bien dit, et je le répète que j'aime beaucoup les lire. Je confirme qu'ils sont alter, que ce n'est pas une tare, mais du coup (et pourquoi pas) que leurs critiques, aussi pertinentes soient-elles, sont toujours tournées dans le même sens.
Je tiens par ailleurs à souligner que mes sympathies auraient plus tendance à être du côté alter-mondialiste que du côté libéral (pour faire dans l'opposition frontale) et que, justement, j'attends d'une critique des média qu'elles me proposent des attaques tous azimuths parce que lire des articles qui me disent "oui, tu as raison, Armel, ces salauds de journalistes sont tous des pourris de libéraux proposant un seul point de vue", ça ne me fait pas progresser, intellectuellement.
Je ne remets pas pour autant la démarche méthodologique ni la valeur des analyses d'Acrimed.