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Municipales et hiérarchie de l'information

Que faut-il retenir d'un événement? Les élections municipales sont un exemple intéressant de hiérarchisation de l'information. Le rôle des médias, c'est de faire ressortir ce qui est important, et d'établir une hiérarchie dans les faits.

Cette semaine, les médias ont mis l'accent sur différents aspects. J'en relèverai trois principalement: 1) le désaveu de Sarkozy 2) le rôle du MoDem 3) les tiraillements au sein du PS.

 

1. La claque

Ces trois points saillants ne sont peut-être pas les meilleurs pour comprendre le premier tour des municipales. Mais c'est ce qui a surnagé, finalement.

Le premier point, tout d'abord. L'avertissement à Sarkozy (Le Parisien). Ou la claque (Canard enchaîné), le clash (Marianne). Même le Figaro a rendu compte de la tendance, dans son style bien particulier. 

Rien de tel que la presse étrangère pour repérer l'information principale. "French voters rebuke Sarkozy" (Time) Ou, dans un style plus factuel, et en mettant l'accent sur le PS: "French socialists appear to make gains in local election" (New york times)

Bref,  l'aspect  national du scrutin  est ressorti, fatalement. Malgré les dénégations de la majorité, l'impopularité du président de la République a eu un impact sur l'élection.

 

2. MoDem, moi non plus 

Les reportages et les articles consacrés au MoDem ont été nombreux. On peut se demander s'ils n'ont pas été trop nombreux, vu le score, assez modeste, de ce mouvement.

En fait, le MoDem reste évalué en fonction du score de François Bayrou à la présidentielle. De plus, puisque c'est un parti du centre, il occupe le terrain. Enfin, parler du MoDem a aussi de l'intérêt car ce mouvement suscite des polémiques. Avec Le MoDem, l'UMP et le PS jouent à "je t'aime moi non plus". Passionnant!

La situation de Pau est particulière. En cas de défaite de Bayrou, ce serait peut-être la fin de l'aventure. Au fond, dimanche soir on parlera beaucoup de Pau, surtout si Bayrou perd...

Le traitement du MoDem par la presse pose clairement la question de la hiérarchie de l'information. Un phénomène devient intéressant pour diverses raison. Et puis, après tout, le MoDem a peut-être de l'avenir...

 

3. Ségolène versus Bertrand 

Le duel supposé entre Ségolène Royal et Bertrand Delanoé a également beaucoup été traité dans les médias.

Et pourtant, Royal ne se présentait pas dans ces élections et Delanoé ne s'intéresse, officiellement, qu'à Paris. Bref, on est dans le classique duel monté en épingle par les médias.

Précisons tout de suite que si ce duel n'existait pas dans les faits, les médias n'en parleraient pas. On est donc dans le domaine de l'interprétation politique, l'analyse, si chère aux éditorialistes politiques.

Par exemple, si Ségolène dit qu'il faut s'allier avec le MoDem et que Delanoé ne s'allie pas avec le MoDem (il n'en a pas besoin: la question ne se pose même pas à Paris), alors les médias soutiennent que Delanoé l'a fait pour accentuer le clivage avec Royal. Même chose avec Hollande: tout est bon pour interpréter les faits et gestes du maire de Tulle...

Bref, là encore, la hiérarchie de l'information est en jeu. Pourquoi tel fait est important, pourquoi on s'y intéresse. C'est toute la difficulté du métier de journaliste que de savoir distinguer, au milieu d'une forêt de faits, l'essentiel de l'accessoire.

Commentaires

  • Une analyse propre. Notons qu'encore une fois, le PS est incapable de savourer une victoire, relative soit-elle, et s'embourbe dans des problèmes de querelles intestines à ramifications diverses. Trop d'égos tuent l'Ego.

  • Notons encore une fois pour s'en plaindre l'indigence de la presse ! Dire que Sarkozy a reçu une claque est manifestement une fausse analyse : l'UMP se tient à peu près, pas mal de Ministres sont élus dès le 1er tour, on verra le 16. L'importance donnée au moDem est navrante : comment comprendre que tant d'encre coule pour un parti qui n'existe presque pas alors que le PCF par exemple a fait une belle performance mais on n'en parle pas ! Ou bien le déclin du FN, passé à la trappe.

    Enfin, cette phrase m'inquiète : "Le rôle des médias, c'est de faire ressortir ce qui est important, et d'établir une hiérarchie dans les faits." Non, mille fois non. Le rôle des medias est d'informer pas de hiérarchiser. Analyser si on veut, mais informer informer informer. Elle ne le fait plus. Je suis bien assez grand pour faire ma hiérarchie tout seul.

  • "2. MoDem, moi non plus " : tu as raison ! On en parle trop.

  • @Abstrait
    savourer une victoire sur du vide, le PS l'a déjà fait de nombreuses fois... avec les gros résultats q'on connait.
    et non ce n'est pas seulement des égos mais aussi... un débat de fond... enfin à titre personnel c'est comme ça que je l'entend

  • @Didier,

    Concernant les ministres, ils se présentaient dans des villes de droites, où ils avaient toutes les chances d'être élus. Ca n'est pas représentatif.

    Ce qui l'est un peu plus, c'est le nombre de villes de +30 000 habitants qui ont basculé à gauche.

    Je ne suis pas d'accord avec toi. Pour informer, il faut hiérarchiser.
    Imagine que Le Monde se contente de publier les résultats bruts des municipales, sans mettre en relief les faits importants. Ce serait de l'information. Mais tu dirais quoi?

    Hiérarchiser l'information, quoi qu'on en dise, c'est bien la fonction du journaliste. Cette hiérarchisation se fait en fonction du lecteur: ce qui intéresse le lecteur de Ouest France n'est pas ce qui intéresse celui du Parisien ou du New York Times.

  • Selon comment on regarde, le MoDem fait 3% si on fait le total des voix nationalement, ou 16% si l'on ne regarde que là où il présentait des listes autonomes. Dans tous les cas, le tapage médiatique est bien plus important que l'importance électorale.

    Je pense sincèrement que les médias ont besoin de dramatiser le scrutin. Avant on nous vendais du FN pour créer du suspense, maintenant du MoDem. Ils créent du drame là où il n'y en a pas forcément, pondent des analyses sans intérêt en généralisant des tendances locales ce qui n'a aucun sens. Qui est capable de dire ce que sera le comportement de l'électorat MoDem ? Personne, surtout dans un scrutin local.

    Tout ce tintamare c'est tant mieux pour le MoDem, mais ça n'a vraiment pas beaucoup de sens ni d'intérêt.

  • @Cédric,

    Si c'est toi qui le dit!

  • Si le journaliste ne hiérarchise pas, ça s'appelle les dépêches d'agence en vrac et puis c'est tout (encore que même les dépêches soient triées et donc hiérarchisées à la cource !).

    Bon article !

    Je suis d'accord avec CedricA sur la dramatisation du Modem. Ca permet en plus de ne pas trop montrer que la gauche a bien gagné globalement ces élections !

    :-)

Les commentaires sont fermés.