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Société

  • Pénurie: le mot du jour

    Pénurie, pénurie, pénurie... Le mot est martelé par tous les médias. De son côté, le gouvernement répète: "pas de pénurie".

    Pourquoi ce mot?

    Que nous dit-il?

    En quoi dit-il une vérité ou un mensonge?

    Ce qui est sûr, c'est qu'il n'y a pas pénurie de mots sur Twitter, où le mot "pénurie" est répété par toutes les bouches...

     

    penurie.jpg

     

  • Plus d'information, moins de sens

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    Bon, pour l'instant je n'ai rien de plus à dire, de crainte de participer, moi aussi, joyeusement, innocemment, bêtement, machinalement, à la destruction du sens.
    Cette phrase de Jean Baudrillard est extraite de Simulacres et simulation, un livre publié en 1981, disponible sur Google books dans une traduction anglaise.
    Ca vous inspire quoi?

  • Parler français et être créatif!

    Juan relaie des recommandations du ministère de la culture* conseillant d'employer des mots français au lieu d'expressions anglaises:

    Ne dites plus « blog », mais « bloc-note »; « teaser » mais « aguichage »; « buzz » mais « bouche à oreilles »; « prime time » mais « heure de grande écoute ». Honnêtement, ces traductions font sourire. Les extrémistes de la francophonie ne savent plus où donner de la tête. Le Web est devenue la toile d’araignée mondiale.

    (via Rubin)

    Bien sûr, toutes ces recommandations seront peu suivies. En général c'est l'usage (et non les lettrés) qui fixent les règles de la langue. Quand un mot a été choisi par les gens, il est presque impossible de faire marche arrière.

    Mais il ne faut pas baisser les bras: on dit "ordinateur" et non "computer". On dit le web mais aussi la Toile. On dit peu "teaser", au fond, car le teasing doit rester de l'ordre de l'implicite...

    Aujourd'hui, c'est le jour du "follow friday" sur Twitter, mais je préfère appeler ça le "Suivez-le-Vendredi". L'expression est plus compliquée mais elle intrigue et fait réfléchir. Parler français, c'est être créatif!

    *Et plus précisément La délégation générale à la langue française et aux langues de France<

  • Communication, interaction et reconnaissance

    Pierre Fraser rappelle quelques bonnes vérités (toujours bonnes à dire, mais difficile à entendre). Il nous dit que ce que nous faisons sur Internet et avec tous ces outils communiquants, ça n'est pas de la communication, mais juste de l'interaction.

    "Nous sommes passés à la vacuité de l’attente de la reconnaissance. L’interaction n’est pas devenue communication, elle est devenue reconnaissance pour le travail effectué et ce que je suis. Être reconnu est devenu la tendance de fond avec les médias sociaux. En réalité, on ne veut pas communiquer : on veut interagir pour être reconnu. C’est le culte de l’individu poussé à son paroxysme, la parfaite synchronie d’une société individualiste de masse."

    Sommes nous toujours conscient de ce besoin de reconnaissance qui nous anime lorsque nous interagissons sur le web?

    (signalé sur Twitter par Laurent Dupin)

  • Une vie nouvelle

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    Ce matin, j'ai croisé un copain que je n'avais pas vu depuis des années.

    Il est devenu fonctionnaire. "Quand on est jeune, on a plein d'idéaux et un moment on comprend qu'il faut faire des compromis. Ce travail me donne la liberté de faire plein de choses que j'aime à côté."

    C'est un gars que j'ai connu au club d'échecs. On y jouait beaucoup, dans les années 90. Il a arrêté en 2003. "J'ai compris que je ne jouais plus par plaisir, mais pour correspondre à une image que l'on avait de moi" me dit-il.

    Il me dit qu'il a aussi arrêté de fumer. Il a réduit son temps de travail à 80% d'un temps plein.

    Il me dit:

    _Maintenant, je consacre mon temps libre au bien être."

    _ Le bien être?

    _ Oui, le bien être.

     

    Ce texte est une réponse à un tag que m'a envoyé Rimbus, pour la chaîne «Jeu d'écriture n°3». L'objectif était d'écrire à partir de la photo qui illustre l'article. A priori, je suis hors sujet. Quoique...

    Je transmets le témoin à Céleste, Otir et l'Intello du dessous.

  • Le déguisement de Florence Aubenas

    florence_aubenas.jpgQuelque chose me met mal à l'aise dans le dernier livre de Florence Aubenas, où la journaliste est devenue femme de ménage pour décrire la vie des travailleurs précaires.

    Je ne saurais trop définir ce qui me dérange. Elle a tout fait pour paraître proche de ces personnes. Hélas, elle donne le sentiment d'en être très loin.

    Paradoxalement lointaine

    Certains journalistes on critiqué sa façon de travailler: se déguiser en femme de ménage pour enquêter "à hauteur d'homme", comme elle dit.

    Je me demande si ce n'est pas cela qui, paradoxalement, nous rend Florence Aubenas si éloignée de ceux qu'elle décrit. Paradoxalement parce que, ayant vécu au milieu d'eux, elle devrait nous apparaître comme l'un d'eux, l'un de nous. Mais pas du tout. Au contraire, le fait de devoir se déguiser pour paraître crédible en femme de ménage est, justement, ce qui la rend peu crédible.

    En fait, je crois que cette question de la mise à distance est essentielle. Comme au théâtre où la scène permet au spectateur de réfléchir, la mise à distance narrative suscite la réflexion. Au contraire, dans son enquête Florence Aubenas nous empêche de prendre de la distance. Du coup, la seule chose qu'on voit, c'est la narratrice, qui n'a rien d'une femme de ménage.

    Le problème va bien au-delà de la personne de Florence Aubenas, connue pour être une journaliste intègre. Pourquoi certains journalistes ont-ils l'air de découvrir un quotidien qui n'a rien d'étrange, puisque c'est le nôtre? Mais pas le leur, semble-t-il.

     

    Pourquoi se déguiser?

    En fait, on se demande si le livre de Florence Aubenas ne nous renseigne pas plus sur la coupure entre les élites et le peuple que sur le travail précaire...

    Dans les années 50 ou 60, les journalistes étaient moins diplômés. Ils allaient volontiers sur le terrain, et rencontrer des ouvrier faisait partie de leur métier. Alors, qu'est-ce qui est passé par la tête de Florence Aubenas pour se dire que la seule façon d'entrer en contact avec "ces gens-là", ce serait le déguisement?

    La distance entre Florence Aubenas et les travailleurs précaires saute aux yeux en regardant la Une que le Nouvel Observateur lui consacre. La journaliste y sourit, triomphale, comme une actrice promise à l'Oscar après une performance. Les journalistes commentent la prouesse de leur consoeur: le CV maquillé, le déguisement réussi, l'épreuve des six mois de travail précaire. Une enquête qui fera date.

     

    Devenir l'incarnation du bien

    Quand BHL va dans un pays en guerre pour faire un reportage, tout le monde le critique. Et voilà que Florence Aubenas se déguise en femme de ménage, et tout le monde applaudit. Pourtant le principe est le même: devenir l'incarnation du bien en dénonçant le mal.

    Cela dit, en lisant les extraits du livre et en commençant à le lire, j'admets qu'il n'est pas sans intérêt. Je reconnais le talent indéniable et aussi l'énergie bienfaitrice de Florence Aubenas. Elle est allée sur le terrain, elle!

    Pour autant, on relève de nombreux détails qui marquent une distance extraordinaire entre la journaliste et les gens qu'elle décrit. C'est cette distance qui me choque ou plutôt m'étonne. La multiplication des "petits faits vrais", des "effets de réel" (les expressions employées par les gens, les anecdotes, les descrption des emplois, etc.), ne font pas vrai. Tout ça sonne faux.

    La première visite au pole emploi est presque caricaturale. Un Persan du XVIIIe siècle n'aurait pas été plus étonné. Pourtant, florence Aubenas n'est pas une persane imaginaire, ni une bourgeaise du XVIe arrondissement. Elle est journaliste.

     

    Et pourtant je me suis levée tôt

    Pour avoir essayé de le faire, je sais qu'il est difficile de parler de précarité. Le blog équilibre précaire, que j'ai co-animé avec plusieurs autres blogueurs m'a permis de toucher du doigt les nombreux écueils qui attendent ceux qui cherchent à décrire le réel des précaires.

    J'ai lu le livre d'Elsa Fayner Et pourtant je me suis levé tôt. Elle a réalisé la même expérience que Florence Aubenas. Mais il n'y a pas tout ce tintouin autour du déguisement. Pas tout ce pathos, ce larmoyant qu'on trouve dans l'écriture de Florence Aubenas. Et, le livre d'Elsa Fayner alterne les récits et l'analyse. Une façon de prendre du recul.

    Mais, paradoxalement c'est cette prise de recul qui nous rend le monde des précaires plus proche, alors que l'immersion de Florence Aubenas nous la rend distante d'eux.

     

    photo: Florence Aubenas dans le Nouvel Obs

  • Trois temps du développement

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    Récemment, sur Twitter, quelqu'un parlait du "quart d'heure de célébrité" de Wharol.

    Devenir célèbre est, pour beaucoup, une sorte d'absolu. Exister c'est être visible. Etre célèbre c'est exister à la puissance mille.

    Je ne suis pas trop d'accord avec ça. Je me demande si c'est encore valable pour notre temps.

    En fait, on peut s'amuser à dessiner une fresque en trois temps:

     

    1) Epoque matérielle

    La valeur cardinale est l'argent. Il faut en avoir et le montrer. Se distinguer de ses voisins et les surpasser.

     

    2) Epoque spectaculaire

    La valeur cardinale est la célébrité. Il faut se montrer et être vu. Et surtout reconnu. On est connu pour sa célébrité. Et pour être célèbre, on n'a pas besoin d'avoir fait quelque chose, il suffit d'être connu. Cercle vicieux.

     

    3) Epoque créative

    La valeur cardinale est le temps. On préfère gagner moins, mais avoir du temps à soi. On est désigné comme des créatifs culturels, volontiers décroissant, un brin hacker, mais surtout on vit pour se réaliser et pour créer, dans l'instant présent.

     

    photo: Andy Warhol sur Chatroulette (montage)

  • Ce que chacun cherche

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    Ce que chacun cherche, c'est une consolation.

    Mais se consoler de quoi? On ne sait pas, justement. Si on le savait...

    Se consoler d'être des humains? Des êtres à tendance métaphysique.

    Le fait que le monde soit devenu "mondial" rend cette tendance encore plus forte et le besoin de consolation encore plus pressant.

    Dans un monde mondialisé, il n'y a pas de refuge. Juste une pseudo-métaphysique à base de marques.

    Le monde est devenu sans explication, sans refuge.

    Les grands récits qui structuraient notre vision du monde ont perdu de leur lisibilité. A force de science. A force de questions. A force d'oubli de soi, aussi.

    Il ne reste plus à l'homme que cette fonction: parler, écrire.

    La parole guérit. La parole libère et console, un peu.

     

    (photo: La grotte du Mas d'Azil)

  • Destruction créative, nouvelle richesse, DIY

    Très bon, ce billet de Zoupic. (entre parenthèse, je l'avais interviewé sur ce blog, il développe des idées intéressantes sur la monnaie, la finance)

    retofuturs4.jpgIl fait bien sentir que la "crise" (avec beaucoup de guillemets) que nous traversons est une destruction de valeur, mais surtout un changement de paradigme, un changement de modèle d'économie et de société.

    "Nous avons d’un côté un monde qui s’écroule, un modèle dépassé en bout de course, une machinerie monumentale qui comme un titanesque projet révèle au grand jour ses plus belles imperfections. [...]

    Si le chômage augmente, cela veut dire que des emplois qui servait à créer de la valeur sont aujourd’hui dépassés, inutiles. Ce n’est pas tant une destruction de la valeur, c’est plutôt une régulation de cette valeur. Étant donné le contexte actuel environnemental et énergétique, bon nombre de produits et d’emplois n’ont plus leur place, la valeur a migré ailleurs."

    Nouvelle richesse: le savoir accessible partout

    S'il y a cette destruction de valeur, c'est qu'autre chose se crée. Et si vous utilisez Internet, vous voyez qu'il se passe des choses. Des informations circule, mais pas seulement. Une nouvelle richesse est en train d'apparaître. Elle n'est pas monétaire, du moins pas encore.

    "Jamais au grand jamais il n’a été donné à quelque être humain que ce soit d’avoir accès à tout le savoir, la connaissance, l’information, la culture, la science à laquelle nous avons accès avec Internet. Donner un ordinateur et Internet à quelqu’un et il a accès à la plus grande bibliothèque jamais imaginée, il a accès au cerveau global de l’Humanité. Là est la richesse que nous avons créé ensemble."

    Do it yourself

    Aussi étrange que ça puisse paraître, je ferai un lien entre l'article de Zoupic et cet article de Thomas L. Friedman "The Do-it-yourself economy". Le lien est évident. Friedman évoque aussi ce double mouvement: la destruction mais aussi les opportunités que fait surgir la nouvelle situation.

    Là aussi, le rôle d'Internet est central. Pour les entreprises, les services sur Internet (souvent gratuits) permettent des gains de productivité énormes. Les entreprises font elles-mêmes des choses qu'elles auraient fait faire auparavant. Grâce à des outils web, beaucoup de tâches peuvent être faites par soi-même.

    photo trouvée ici via Emmanuel Gadenne

  • L ou W?

    La reprise (économique) est un sujet qui crispe tout le monde. Trois scénarios s'affrontent.

    Il y a les amateurs du L, comme ce président d'un réseau d'agence publicitaires:

    "Les prévisions d'investissement de nos clients dans le monde pour 2010, indiquent qu'on se dirige vers une reprise en "L"" (le monde)

    Oublions le U. Le W a ses partisans.

    Pour eux, "la véritable crise, qui est celle du dollar, n'ayant pas encore eu lieu. Le premier choc a été contenu mais ce n'est que le premier et il faut s'attendre à une courbe en W plus qu'à une reprise en U comme on voudrait s'en persuader avec quelque précipitation." (Jean Zin)

  • Le personal branding et la construction de l'employabilité

    On parle beaucoup de personal branding ces derniers temps dans les médias. On se souvient notamment de l'article de M. Arrington (techcrunch) disant que les journalistes sont devenu des marques.

    Le personal branding est lié à l'employabilité, autre notion un peu barbare, qui désigne la capacité d'un individu à être employable. Il est individuel. Enfin, c'est une construction: chacun doit construire son image...

    Quelques réflexions que vous pourrez poursuivre en regardant les liens dans cette perle  personal branding :

    1. Réputation. Le personal branding est une question de réputation et de e-réputation. Comment votre nom apparait-il? A quoi est-il associé? Quelle réputation est-elle associée à cette marque personnelle?

    2. Marque, produit, clients, marché. C'est l'évidence: le personal branding appartient au vocabulaire du marketing. A chacun d'en tirer des conclusions. Notamment, si vous souhaitez élaborer un argumentaire, vous devez le faire pour une cible précise.

    3. Individualisme. Le personal branding est personnel, comme son nom l'indique. Il implique une société individualiste, où chacun doit vendre sa force de travail, son talent, son temps et surtout où chacun doit mobiliser son capital humain. Le capital humain c'est l'ensemble de nos connaissances, mais aussi l'ensemble de nos capacités à agir (le savoir être). Ce capital est un potentiel à exploiter.

    4. Employabilité. Personal branding et employabilité sont liés, me semble-t-il. Il est cantonné au domaine professionnel. Houellebecq, et son extension du domaine de la lutte, nous dirait peut-être que cela va bien au-delà de ce domaine...

    5. Totalité, cohérence. La marque personnelle est un ensemble de signes, une totalité. Chaque action que je mène, chaque signe que je rends visible sur la scène du théâtre social, compose la marque personnelle. Le résultat est cette totalité complexe. Complexe, mais cohérente.

    6. Mise à distance. Enfin, je pense qu'il est nécessaire de mettre à distance la notion de marque personnelle. La marque n'est pas moi. Tout comme les philosophies orientales nous disent que l'ego n'existe pas en définitive, la marque n'est rien de tangible. C'est juste une construction.

    PS: merci à Fadhila Brahimi, du blog du personal branding, pour sa relecture attentive de ce billet et ses remarques aimables. Elle estime notamment, concernant le point n°3, qu'il y a aussi le phénomène de construction d'un réseau qui intervient. Cela tempère sérieusement l'individualisme de la démarche.