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Journalisme - Page 16

  • Quand l'info devient toxique

    L'information sur la crise financière envahit les journaux. Au point que cette information n'est plus audible. Elle n'est plus que du bruit. Et un bruit qui vous intoxique. L'info est une drogue pas comme les autres, comme l'écrit le Pr Lejoyeux (le bien nommé), spécialiste des questions liées à la dépendance à l'information.

    Faut-il couper le son? Les ventes de journaux économiques sont à la hausse. Les sites financiers sont pris d'assaut. Hier, j'ai vu une étudiante lire La Tribune dans un café: elle avait l'air passionnée.

    Dans les blogs on entend des protestations. Agnès (Le Monolecte) s'insurge avec raison:

    "Depuis quelques jours, il y a un concert de tamtam dans la volière et c'est la panique à bord. Il n'est plus possible d'avoir la moindre petite connexion médiatique (journaux, radio, TV, web) sans se retrouver littéralement submergé par un tsunami de hurlements échevelés : c'est la crise, c'est la crise, c'est la crise !"

    Son raisonnement va au-delà de la question médiatique. Le discours sur la crise est, selon elle, un instrument de domination: il permet de gouverner par la peur...

    Frédéric Delorca a pris de la distance par rapport aux médias:

    "Je regarde peu la télévision. Mais ma vieille mère fonctionne souvent pour moi comme un baromètre de ce qui s'y dit. Il y a 7 ans elle mourrait de peur que son village occitan soit attaqué par Ben Laden. Aujourd'hui elle redoute que sa Caisse d'Epargne fasse faillite. J'en ai déduit que c'est parce que depuis 8 jours, la télé lui rebat les oreilles de la crise financière (les médias ne se rendent pas compte des ravages qu'ils provoquent dans les chaumières)".

    Son point de vue rejoint celui du Monolecte:

    "Tout ce qui compte, c'est de nous maintenir dans un état de panique permanent : le chômage, les talibans, la crise. Qu'on ait bien peur et que l'on soit prêt à suivre n'importe quel dogme, du moment qu'il sort de la bouche d'un homme providentiel. Pour que l'on soit dans l'urgence, pas dans la réflexion : vite, on est dans la merde, videz vos poches... heu, mais pas vos comptes en banque (on en a encore besoin !). Il nous faut avoir peur de la misère noire qu'annonce la crise qui déferle."

    crise.JPG
    Une anecdote pour finir: depuis le début du mois je reçois quelques visites de personnes qui tapent le mot "crise" sur un moteur de recherche. Parce que mon blog s'appelle "crise dans les médias".
    J'essaie de me mettre dans la tête des personnes qui font cette requête. Taper le mot "crise" sans plus de précision et chercher des informations, c'est vraiment ne pas savoir utiliser un moteur de recherche. Ou alors, c'est le signe que ces personnes sont en proie à l'angoisse. Espérons que cette angoisse se dégonfle...
  • Etats généraux de la presse: operation de mystification?

    Les Etats généraux de la presse. Je n'en ai pas parlé jusque là. Le sujet est complexe et, comme souvent avec ce gouvernement, toutes les questions sont abordées de front, pour nous embrouiller.

    Ce qu'on note, c'est le faible enthousiasme des journalistes. Voire leur scepticisme.

    Notable également, le caractère monarchique de l'opération.

    • Claude Soula dépeint la première réunion de ce "Grenelle de la presse":

    "Tous convoqués par le Roi pour l’ouverture des Etats généraux de la presse écrite, et la grande réforme du métier lancée, décidée, dictée par l’Elysée. Il y avait un coté surréaliste dans cette réunion : voir le quatrième pouvoir, censé défendre les libertés et la démocratie, ainsi tenu par l’Etat. Il y a certes une bonne raison : notre secteur vit sous perfusion des aides étatiques. 284 millions d’euros d’aides directes du ministère de la culture, plus les aides diverses à la distribution, les aides fiscales, la déduction des impôts…soit en tout – selon les estimations les plus larges- un milliard d’euros, 10% du chiffre d’affaire du secteur".

    Pourquoi faire des "Etats généraux" encadrés par l'Etat? Pourquoi la profession ne se prend pas en main elle-même?

    • Les personnalités choisies pour diriger les groupes de travail donnent une indication de l'orientation très patronale choisie par l'Elysée. Le Syndicat national des journaliste-CGT dénonce:

    "Les quatre « personnalités » choisies sont toutes des patrons de presse liées à leurs organisations professionnelles dont les exigences vont toutes dans le sens d’une régression sociale et non dans le sens d’un développement du nécessaire pluralisme et d’une meilleure information." (Acrimed)

    Pourquoi opposer la presse et Internet?

    "La lecture d’un article du Monde, pourtant anodin, m’a fait bondir tant il confirme mes inquiétudes. L’article intitulé “Des Etats généraux à la rescousse de la presse“, signé Pascale Santi, a le grand mérite de poser en une phrase l’ambiguité des attentes de certains acteurs:

    “L’objectif est de trouver des solutions aux difficultés de la presse écrite face à Internet et aux journaux gratuits.”

    Est-il possible que certains, sans rire, puisse imaginer que c’est de cela dont il est question. Il semble que oui. La presse, donc, est la presse écrite, laquelle n’a rien de commun avec la presse en ligne, Internet et les journaux “gratuits”. Je veux croire encore que la phrase relève du lapsus, je ne suis pas dupe au point de ne pas savoir qu’il est éminemment révélateur d’un certain état d’esprit."

    Un excellent décryptage du rapport Giazzi chez novovision. Le rapport Giazzi (du nom de la député UMP auteure du rapport) préconise une trentaine de mesures pour augmenter la rentabilité des entreprises de presse.

    "Entre les lignes du rapport Giazzi sur les médias et le numérique se dessine un avenir de l’information à deux vitesses, cohérent et sans états d’âme : d’une part un paysage dominé par de grands groupes multimédias (associant presse écrite, radio, télévision et internet) fusionnant les industries de l’information et du divertissement, d’autre part la liberté laissée à un journalisme professionnel indépendant et pluraliste de tenter de se développer à la marge sur internet."

    Les questions de fond ne sont pas abordées "à savoir l'indigence éditoriale de certains titres, une presse largement suiviste dans les grands médias, la perte de crédibilité des journalistes éduqués le plus souvent sur les mêmes bancs que les élites du pays, la mise en scène et la mauvaise hiérarchisation des informations, le permanent soupçon de collusion de cette profession vis à vis des puissants, la proximité avec l'univers de la communication, enfin une incapacité au retour critique sur soi." (Marianne)

    • Le site electronlibre note l'omniprésence de Nicolas Sarkozy dans le débat:

    "Seul en piste, Nicolas Sarkozy s’est même permis le luxe de dénoncer "la paupérisation des rédactions quand des plans sociaux assèchent les journaux de leur raison d’être, le journalisme". Qui d’autre a prononcé un tel jugement alors qu’à Libération, au Monde, au Figaro, des centaines de journalistes ont été contraints de partir ces trois dernières années ? L’affaire Siné a pris plus de place sur les sites d’information comme dans les journaux que ce plan sidérurgique appliqué à la presse.
    Face à Nicolas Sarkozy, l’opposition de gauche a disparu. Face à lui, les éditeurs comme les journalistes ont abandonné le terrain. Les uns pour préserver leurs positions acquises, les autres par absence de solidarité et de réflexion sur leur propre métier."

    • On peut aussi lire avec intérêt cet article de Philippe Manière (directeur de l'Institut Montaigne). L'Institut Montaigne, think tank libéral, est un des grands inspirateurs de certaines mesures à l'origine de ces Etats génraux.
  • Crise financière à la Une des journaux

    La crise financière a au moins un avantage: elle permet de faire de jolies Une. Des Une qui font peur pour de vrai.

    The Economist nous voit tout au bord du gouffre.

    Admirez le petit morceau de corniche qui se détache, prêt à s'effondrer. La couleur rouge s'impose, avec du noir évidemment.

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    Rouge sur noir chez Marianne, c'est bien aussi. Et, comme c'est Marianne, il y a des menteurs, des profiteurs et des victimes. C'est pas faux, d'ailleurs...
    Il reste tout de même une place dans le coin pour le duel Ferrari-PPDA: la grande crise n'empêche pas les querelles de bureau.
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    Le Point surfe aussi sur la vague de la récession. Son guide de la vie moins chère est un désaveu de tout ce qu'il a publié ces derniers mois. Pfff! Peu importe!
    D'ailleurs, le low cost n'est pas un malédiction: c'est un nouveau hobby pour les lecteurs du Point. Grâce à leur journal préféré, ils en découvriront toutes les astuces. La crise, c'est ludique, finalement.
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    Le magazine Time nous replonge à l'époque de la crise de 1929.  Des hommes font la queue à la soupe populaire. Titre: The New Hard Times. Les couleurs: le noir et le rouge.
    Je me pose une question: dans trois semaines, est-ce qu'ils vont nous faire un numéro sur les objets hightech et les mini portables?
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  • Inde/France: journalisme croisé

    sark-ind432.jpgIntéressant cette comparaison entre les journaux indiens et français. Ils traitent la même information: la visite du Premier ministre indien en France.

    Les journaux français se focalisent sur les contrats de nucléaire entr les deux pays. Les journaux indiens s'intéressent à une déclaration du président français: "Les musulmans et les sikhs doivent respecter notre tradition".

    NB: Travailler en Inde est le blog (instructif) d'une parisienne expatriée au pays de Gandhi.

  • Libération chipote avec les chiffres de la pauvreté

    Marc Vasseur a eu raison de bondir de son siège en lisant Libération. Ce journal essaie péniblement de nous démontrer que Ségolène Royal a gonflé les chiffres du nombre de salariés allant se nourrir aux Restos du Coeur et du nombre d'étudiants pauvres en France.

    Passons sur l'indécence qu'il y a à vouloir ergoter sur les chiffres de la pauvreté, surtout pour un journal de gauche!

    Et inclinons-nous devant la maîtrise de la langue française dont fait preuve Cédric Mathiot, le journaliste de Libération auteur de ce brillant article. Selon le rapport qu'il a cité, 20% des étudiants sont "en situation délicate" et non "sous le seuil de pauvreté".

    "Mais 20% des étudiants en situation délicate n'équivaut pas à 20% des étudiants sous le seuil de pauvreté comme Ségolène Royal le prétend et vous avec" clame M. Mathiot sur le blog de Marc.

    Rappelons que le nombre de repas servis par les Restos du coeurs est passé de 10 millions en 1985/1986 à 58 millions en 2000/2001 (source). Il a bondi à 81 millions l'an dernier (source). Le nombre de repas a donc été multiplié par 8. Monsieur Mathiot ne pourra pas le contester: les chiffres sont validés par la Cour des Comptes!

    Ce qui est étonnant, c'est que Libération a publié il y a quelques mois un article titré "Restos du coeur: On voit de plus en plus de salariés pauvres et de retraités"

    Hélas, la page a été retirée du site ou déplacé. Heureusement, on la retrouve sur certains sites qui font du copier coller.

    Libération n'est pas un mauvais journal, il est juste "en situation délicate" par rapport à la vérité des faits...

  • Quelle est la valeur d'une information?

    Un billet passionnant Jeff Migon sur le blog médiachroniques (via narvic). J'en retire cet élément (mais tout l'article mérite d'être lu en profondeur):

    Qu'est-ce qui crée de la valeur (sans ordre hiérarchique) et peut aider à offrir une "value proposition" unique :
    - l'explication derrière les faits
    - la mise en perspective de l'information
    - la contextualisation de l'information
    - l'apport de solutions
    - la confiance (mais elle est plus facile à donner à un individu qu'à une organisation)
    - la rareté
    - la possibilité de faciliter l'interaction sociale
    - le sentiment d'appartenance a un groupe social
    - l'apport d'émotions
    - le fait de faire rendre des comptes a ceux qui gouvernent et dirigent
    - l'échange/conversation
    - la facilité d'utilisation
    - la spécialisation

  • Eco89

    Rue89 lance un site sur l'Economie. Eco89 tombe à pic, en pleine crise financière!

    La rubrique Vie de bureau se veut très proches de la vie quotidienne des travailleurs qui bossent devant un écran.

    « Enfin une rubrique qui parle vraiment de la vie au travail, pas seulement sous l’angle des syndicats ou de la direction, mais du point de vue du travailleur », nous répondent tous ceux à qui nous en parlons, qu’ils soient experts ou simples citoyens.

    Vous y trouverez des articles qui ne collent pas nécessairement à l’actualité, mais qui aborderont des sujets universels et amusants, tels que « faut-il ranger son bureau? » ou « doit-on accepter l’invitation de son chef à être ami sur Facebook? » Et des sujets pratiques, réalisés avec des coachs, comme « Apprendre à dire non » ou « Comment savoir si je suis harcelé ? ».

    Plus classique, les rubriques Finance et Internet.

    Un site qui donne envie de s'intéresser plus à l'économie...

  • Bolloré veut lancer un quotidien payant

    Vincent Bolloré envisage de lancer un quotidien payant généraliste "vendu entre 0,50 et 1 euro". (sourdce: AFP)

    Le modèle de Vindent Bolloré est le journal italien Il Foglio. Créé en 1996, Il Foglio est un journal de quatre pages, qui se veut le quotidien de l'intelligentsia de droite italienne.

    Bolloré possède plusieurs journaux gratuits: Direct Matin et Soir.

    Récemment, il disait son scepticisme quant à la rentabilité des gratuits: "La presse gratuite est adaptée à une certaine demande : majoritairement celle des jeunes pour qui l’information est un produit gratuit. Ils sont nés dans un monde où l’information, à travers la télévision, la radio, Internet, est gratuite. Pour autant, il restera toujours un public prêt à dépenser de l’argent pour s’informer".

  • Les femmes sont sous représentées dans les médias

    Les femmes sont moins bien représentées que les hommes dans les médias, selon un rapport remis par Michèle Reiser, membre du Conseil supérieur de l'Audiovisuel, à Valérie Létard, secrétaire d'Etat à la Solidarité (consulter ici).

    Exemple: Un jour donné, le 10 mai 2006, dans 192 articles parus dans 7 quotidiens français (5 nationaux et 2 régionaux), 18% seulement des personnes mentionnées étaient des femmes. L'enquête de Media Watch réalisée dans les médias de 76 pays, une année auparavant, donnait un taux de 21%. (source: Challenges, Ouest France, France2)

  • AFP: l'intersyndicale craint une privatisation

    Les syndicats s'inquiètent à l'approche des Etats généraux de la presse. Ils craignent une privatisation de l'AFP (source: AFP). L'idée est dans l'air depuis quelques mois...

    Le rapport sur "les médias et le numérique" annonce les principales mesures "inévitables" qui vont être prises... A lire sur Le Point (à qui profite le rapport Giazzi) et Médiapart (le rapport Giazzi: la voix de son maître).

  • Des liens

    "La clé du succèspour les sites de contenu, selon lui, ce sont des pages dont au moins une partie du contenu est une agrégation de liens externes se renouvelant en permanence... Pourquoi les sites d’information ne s’y mettent pas et laissent ainsi le champ libre aux agrégateurs ?" (Növovision _ Journalisme de lien et stratégie d'audience)

    Une animation à feuilleter chez Richard Menneveux (via Vanina)

    En 2005, deux électroniciens découvrirent, stupéfaits, que les données confidentielles contenues dans la carte Vitale n’étaient pas protégées : on pouvait les lire, mais aussi les modifier. Pour d’obscures raisons, le mécanisme de sécurité n’avait pas été activé. L’affaire aurait pu faire scandale ; elle ne suscita que quelques articles de presse, et fut rapidement oubliée après que les responsables de la carte Vitale, tout en reconnaissant le problème, eurent déclaré qu’il serait corrigé. (Monde diplomatique)

    Interview de l'auteur d'un blog à succès (Lifehacker), avec ses conseils avisés.

  • Un journal, ça s'achète?

    • La presse quotidienne gagne des lecteurs mais perd des acheteurs...

    Le titre du Nouvel Obs est flatteur: la presse a gagné un million de lecteurs en 2007. Mais la réalité (comptable) est différente...

    Comme le relève Pierre, "la presse s’est débrouillée, depuis quelques années maintenant, pour parler d’un « nombre de lecteurs » sensiblement supérieur au « nombre de journaux vendus », arguant qu’un journal se passe de mains en mains et peut être lu plusieurs fois…"

    Deux titres qui coulent en Ecosse, une faillite au Danemark etMétro qui arrête son édition en Croatie. Et en France?

    En France, si les gratuits font partie du paysage -au propre comme au figuré- plutôt que leur existence, c'est leur développement à long terme qui se trouve ici questionné.

    « Je ne crois pas que les gratuits soient un produit éphémère. Pour autant, contrairement à ce que l'on a cru, ils ne sont pas une nouvelle formule de presse, leur poids économique reste très faible » . Comparable, en cela, à son « poids » politique, puisque cette presse de loisirs refuse, par principe, tout engagement dans le débat démocratique.