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Quand l'info devient toxique

L'information sur la crise financière envahit les journaux. Au point que cette information n'est plus audible. Elle n'est plus que du bruit. Et un bruit qui vous intoxique. L'info est une drogue pas comme les autres, comme l'écrit le Pr Lejoyeux (le bien nommé), spécialiste des questions liées à la dépendance à l'information.

Faut-il couper le son? Les ventes de journaux économiques sont à la hausse. Les sites financiers sont pris d'assaut. Hier, j'ai vu une étudiante lire La Tribune dans un café: elle avait l'air passionnée.

Dans les blogs on entend des protestations. Agnès (Le Monolecte) s'insurge avec raison:

"Depuis quelques jours, il y a un concert de tamtam dans la volière et c'est la panique à bord. Il n'est plus possible d'avoir la moindre petite connexion médiatique (journaux, radio, TV, web) sans se retrouver littéralement submergé par un tsunami de hurlements échevelés : c'est la crise, c'est la crise, c'est la crise !"

Son raisonnement va au-delà de la question médiatique. Le discours sur la crise est, selon elle, un instrument de domination: il permet de gouverner par la peur...

Frédéric Delorca a pris de la distance par rapport aux médias:

"Je regarde peu la télévision. Mais ma vieille mère fonctionne souvent pour moi comme un baromètre de ce qui s'y dit. Il y a 7 ans elle mourrait de peur que son village occitan soit attaqué par Ben Laden. Aujourd'hui elle redoute que sa Caisse d'Epargne fasse faillite. J'en ai déduit que c'est parce que depuis 8 jours, la télé lui rebat les oreilles de la crise financière (les médias ne se rendent pas compte des ravages qu'ils provoquent dans les chaumières)".

Son point de vue rejoint celui du Monolecte:

"Tout ce qui compte, c'est de nous maintenir dans un état de panique permanent : le chômage, les talibans, la crise. Qu'on ait bien peur et que l'on soit prêt à suivre n'importe quel dogme, du moment qu'il sort de la bouche d'un homme providentiel. Pour que l'on soit dans l'urgence, pas dans la réflexion : vite, on est dans la merde, videz vos poches... heu, mais pas vos comptes en banque (on en a encore besoin !). Il nous faut avoir peur de la misère noire qu'annonce la crise qui déferle."

crise.JPG
Une anecdote pour finir: depuis le début du mois je reçois quelques visites de personnes qui tapent le mot "crise" sur un moteur de recherche. Parce que mon blog s'appelle "crise dans les médias".
J'essaie de me mettre dans la tête des personnes qui font cette requête. Taper le mot "crise" sans plus de précision et chercher des informations, c'est vraiment ne pas savoir utiliser un moteur de recherche. Ou alors, c'est le signe que ces personnes sont en proie à l'angoisse. Espérons que cette angoisse se dégonfle...

Commentaires

  • Le mot "Avis" dans le titre du blog est pas mal non plus pour attirer des gugusses qui veulent un avis sur tout...

  • Le risque d'infobésité est réel, mais il y a beaucoup de déchets ou de redites dans ce que je lis ici et là.

    On entendrait presque le mythique "la France à peur" !

    Ton point sur les mots de recherche est passionnant, il est toujours utile de fureter dans ses statistiques pour voir qui vient s'égarer sur son blog et pour quelles raisons.

    Je me suis plié à l'exercice en répondant concrètement aux recherches parfois très éloignées des thèmes de mon blog (association de mots, utilisation de titres ou d'expression à double sens). Si l'exercice peut se révéler utile pour prendre le pouls du web (qu'est-ce qui intéresse l'internaute ?), il a pour effet pervers de renforcer l'attirance à partir de recherches incongrues, je l'ai vérifié depuis quelques semaines.

    Taper une requête Google, signe de désespoir ? : voilà un billet passionnant à rédiger. Il n'est pas impossible que je m'y mette prochainement, si tu souhaites participer... ;-)

  • @Enikao,

    Fais-moi signe si tu te lances dans ce billet.

  • NYT: Overfeeding on Information

    http://www.nytimes.com/2008/10/12/fashion/sundaystyles/12news.html?_r=1&partner=rssuserland&emc=rss&oref=slogin

  • Je me demande a quel point cette explosion d'information autour d'un sujet si complexe, si peu connu du grand public n'a pas elle meme un but structurel d'apporter de la confusion plutot que de donner aux lecteurs, spectateurs les armes pour comprendre et decoder cette crise. Il me semble que toutes les analyses se politisent et restent peu pragmatiques.
    En tous les cas, il est clair comme le souligne les extraits que tu publies, que cette strategie du choc chere a Naomi Klein fonctionne a plein regime depuis septembre, et il m'est avis qu'on est loin de voir le paroxysme.

  • Vivement une info modiale à propos de Poireau ! :-))

    J'ai lu cet article de Monolecte (brillant comme souvent) et comme en parallèle, je parcours "la stratégie du choc" de Naomi Klein, j'arrive à la même conclusion : c'est du vent pour faire peur !
    :-))

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