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Emouvoir

Ce billet est le dernier de la série débutée il y a quelques jours.

Voici les précédents billets: 1. Présentiser 2. Négativiser 3. Décontextualiser 4. Mythologiser 5. Provincialiser 6. Dominer

7. Emouvoir

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L'émotion est devenue une composante essentielle de l'information. A tel point qu'on se demande si informer ça n'est pas émouvoir. Et si ça n'est pas que ça...

L'émotion est surtout véhiculée par l'image. La télévision étant le média dominant, il n'est pas étonnant que l'émotion soit à ce point présente.

Mais quand l'émotion est recherchée comme seule fin, on peut parler d'information de mauvaise qualité. C'est, notamment, cet engouement (un peu inexplicable, mais tellement humain) pour les faits divers. Le fait divers, c'est l'exception, le particulier et, parfois, le monstrueux. Les faits divers nous servent sur un plateau des émotions "vraies", des émotions brutes.

Comment faire la part entre ces émotions et les faits, les informations, mais aussi l'analyse et la réflexion?

AP Photo/Kevin Frayer

Commentaires

  • Et même dans les faits divers, ils rajoutent de l'émotionnel.
    Par exemple en posant des question : "on ignore encore si la jeune femme a été violée" ou "l'enfant subira des examens pour savoir si elle a subi des attouchements sexuels".

    L'émotion, ca interdit la réflexion la mise à distance, c'est un outil puissant pour endormir la foule...
    :-)

  • Je pense que l'émotion est un des meilleurs préalables pour passer une information. Moi qui travaille beaucoup avec les photos de Yann Arthus-Bertrand, je sais que c'est l'émotion procurée par la beauté de l'image et l'interrogation qu'elle suscite qui amènent les gens à lire les informations qui les accompagne. Mes informations étant plutôt de nature catastrophique (etat des lieux de la terre), la beauté des images permet de faire des respirations et de passer beaucoup plus d'informations que je ne pourrais sans elles, sans étouffer le lecteur.

    L'émotion peut être la beauté, le rire, l'étonnement....et aussi la peur, l'effroi, l'horreur... C'est ce dernier genre que privilégient les media d'information depuis qu'ils sont visuels ou qu'ils disposent de photographies. Mais on s'habitue. il y a surenchère, la limite entre information et voyeurisme est vite franchie. Personnellement, j'arrive à saturation de ces images là. Quand elles sont présentes, je rejette l'information. C'est là où la puissance émotive de l'iconographie devient une barrière au lieu d'être une passerelle. Je pense qu'aujourd'hui, il y a le public pour des medias proposant une autre émotion, plus positive, et qui ne nuise pas à l'information et à la réflexion.

  • @Poireau,

    enfin, dans ta conclusion on pourrait croire qu'il y a volonté d'endormir la foule. Au contraire, il me semble, le but est plutôt de confectionner un bon produit.


    @Isabelle,

    Oui, tu parles bien de l'émotion comme un préalable, comme moyen et non comme fin.
    D'autre part tu distingues bien la émotions "positives", nobles, et celles qui rabaissent.

    Effectivement, l'émotion n'est pas à rejeter, bien au contraire, elle est l'essence même de la vie.

  • Eric : oui, je parlais bien d'une manipulation des foules, dans un sens politique.
    Ce que tu trouves dans 1984 ou dans Globalia ou d'autre.
    Je dis bien que c'est un outil du pouvoir pour empêcher la réflexion...

  • Alors là, pareil que Monsieur Poireau! Peut-être que je vis en paranoïaque, mais utiliser l'émotionel pour faire passer une information c'est pour moi condamnable! Une information doit être le plus objective possible. Si on y introduit de l'émotionel, on la fausse!

  • @Mag, M Poireau,

    Je pense vraiment que ça dépend de la qualité des émotions.

    Par exemple, vouloir rendre un reportage vivant en montrant des scènes de la vie quotidienne, c'est une façon d'utiliser l'émotion, mais sans manipuler le spectateur.

    En revanche, en rajouter ou jouer sur des émotions morbides, c'est néfaste.

    Peut-on imaginer une information dénuée d'émotion? Çà ressemblerait à des compte-rendu de séance de l'assemblée nationale (et encore, les séance ce sont des dialogues), des compte-rendus de notaires...

    Mais je retiens votre objection.

  • Tu as raison Eric, je parle bien de l'utilisation volontaire de l'émotion dans le but de manipuler.
    Il est clair que s'il s'agit de l'émotion réelle du journaliste, c'est très différent !
    :-)

    [Ca me rappelle cette émission sur Arte qui s'appelait "Brut" et qui consistait à diffuser les prises d'images telles quelles, sans montage ni commentaire. Et du coup, c'est là dedans qu'on trouvait la vraie émotion : celle du mec en train de filmer et donc de voir tout ca... Merci Arte, vous la reprenez quand cette idée ?].

  • @Monsieur poireau,

    Tout dépend de l'éthique de celui qui conçoit le reportage. Même chose en littérature, on peut surjouer l'émotion ou la manier avec tact.

  • @Eric : oui cest bien ce que je voulais dire.
    @M. Poireau : "je parle bien de l'utilisation volontaire de l'émotion dans le but de manipuler." : je crois que dès que l'on informe, on manipule. Ne serait ce que parce que l'on choisit de publier une info et pas une autre. Il faut être conscient de cela.

  • Pour moi, le travail journalistique doit se faire sans émotion,
    l'information peut toutefois contenir en elle-même de l'émotion...
    Bref, l'émotion devrait venir du contenu, non de la forme.
    Mais, l'émotion fait vendre, avec cette petite touche de voyeurisme...

  • Eric et Isabelle : comme souvent dans les commentaires de blogs, je n'ai pas le sentiment de parvenir à me faire comprendre.
    Je fais référence à l'utilisation volontaire de l'information émotionnelle comme vecteur de manipulation politique.
    Il ne s'agit plus vraiment d'info mais de la présentation de la réalité sous un certain angle à des fins d'adhésion.
    En exemple, je peux rappeler les campagnes "pieces jaunes" de Bernadette gonflée médiatiquement jusqu'à l'outrance par de serviles présentateurs jouant sur l'émotion.
    Il y a bien d'autres exemples, c'est évident !
    :-))

    [Dans Globalia, il y a chaque jour une fête officielle et joyeuse à laquelle chacun est encouragé à participer. La journée des enfants, la journée des fleurs, la fête des employés parfaits, ...].

  • C'est vrai : émouvoir égale informer maintenant ! quand on entend parler d'un film, le critère suprême, c'est "l'émotion" !! il suffit de penser à cette horrible film qui a tant plu "la môme" : pauvre Piaf ! sa vie n'est qu'une vallée de larmes : au cinéma on entendait crisser les paquets de Kleenex ! des larmes, du rire, de l'horreur d'abord ! une "accroche" pour intéresser le lecteur... moi ce genre d'accroche me fait fuir. Quand tout est fait pour susciter l'émotion, ça se voit ! c'est lourd !et hop un zoom sur les yeux mouillés, et une question qui enfonce bien le clou pour que les larmes sortent bien (celles de la joie des champions ou de la détresse des victimes). Ce qui est lourdingue avec les mauvais journalistes, c'est l'émotion pour l'émotion, sans rien d'autre : l'émotion creuse, recherchée, lourde (oui oui creuse et lourde, c'est possible). Je ne suis pas d'accord avec Eric : l'émotion n'est pas l'essence de la vie. Elle en fait partie. Mais l'essence de l'émotion, c'est précisément le non préparé, l'imprévisible, le surgissement, l'élan, l'envahissement, l'inconnu... alors l'utiliser pour manipuler, faire passer un message, ou juste vendre, vendre et vendre encore plus, c'est tout simplement vulgaire.

  • @Alice,

    "Je ne suis pas d'accord avec Eric : l'émotion n'est pas l'essence de la vie."

    Oui, tu as raison, elle en fait partie. J'ai un peu forcé le trait, parce que je ne veux pas diaboliser l'émotion.

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