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Décontextualiser

Penser autrement, c'est ce que j'aimerai pouvoir faire en lançant cette petite série d'articles. Tout d'abord en observant quelques mécanismes de pensée induits par les médias.

Voici les autres billets de la série: 1. Présentiser 2. Négativiser 3. Décontextualiser 4. Mythologiser 5. Provincialiser 6. Dominer 7. Emouvoir


3. Décontextualiser

rebelle ouighour.JPG
Le journal télévisé (mais aussi la radio ou le journal) sortent un événement de son contexte. Par exemple, pendant que monsieur Michu découpe la dinde, un rebelle Ouighour apparaît dans le petit écran pour lancer d'un air martial les dernières menaces d'Al Qaïda contre la Chine.

Cette décontextualisation va de pair avec le caractère arbitraire de la présentation de l'information. Autrement dit, on passe du rebelle Ouighour à un accident sur l'autoroute des vacances avant d'enchaîner sur le dernier spectacle de Laurent Gerra. Trois catastrophes à la suite, ça fait beaucoup! ;-)

Là encore, on peut se demander quel lien on peut faire entre ce tendance à la décontexualisation et notre façon de penser.

Photo: France 24

Commentaires

  • Oui, les médias ont, je trouve, très mal traité la guerre russo-géorgienne, avec très peu d'infos sur où c'est la Géorgie (je ne pense pas que le téléspectateur lambda ne le sache, en plus il peut confondre avec l'état américain), la place stratégique des pays du Caucase, l'oléoduc passant par la Géorgie, la place de cette région dans l'OTAN et les relations russo-américaines... au final j'ai moi-même eu du mal à en comprendre les tenants et les aboutissants.

  • @Killcow,

    Voilà: ne rien expliquer, faire comme si les gens avaient le minimum de connaissance du sujet, c'est une façon bien superficielle de traiter l'information. Mais, le problème est de trouver un spécialiste qui pourra nous expliquer la situation...

  • C'est souvent la pauvre petite fille écrasée par un très méchant conducteur récidiviste, puis le sport, puis l'international, en fait !
    :-)))
    Sans oublier de glisser une page "culture" à propos du téléfilm produit par la chaîne...
    Il n'y a guère qu'Arte qui fasse encore de la mise en perspective avec des sujets longs sur les événements et des émissions complémentaires pour décortiquer les faits (le dessous des cartes par exemple !).

  • Décontextualiser, c'est forcément orienter -contextualiser aussi d'ailleurs. On en revient toujours au même point: prendre du recul, avoir un esprit critique et se faire sa propre idée.
    Ca me fait penser aux différentes manières de photographier un personnage par exemple. De face, le personnage reste 'neutre', en plongée il est 'soumis' voire 'écrasé', en contre-plongée il est 'tout puissant' voire 'inquiétant'.

  • Trouver un spécialiste n'est pas vraiment un problème, nombres d'universitaires sont souvent très calés sur les sujets. Il "suffit" ensuite de recouper les sources.

    Informer en profondeur sur un fait demande surtout du temps. Or le journaliste doit écrire dans l'urgence de la deadline de remise de son papier.
    Comment mettre en perspective les faits quand on ne connait pas grand chose au sujet et que l'on a que quelques heures pour enquêter ?

    Ce problème est aggravé par la non-spécialisation des journalistes. Ceux-ci sont le plus souvent issus de filières générales multidisciplinaires (Sciences Po...) qui offrent l'avantage de pouvoir parler de tout... sans rien connaître en profondeur. Et les écoles de journalisme proprement dite n'offrent quasiment que des cours de "technique" (rédaction, prises de son/vue, réalisation...). La spécialisation ne se fait que sur le terrain (le manque de connaissances ou l'approximation est d'ailleurs assez flagrant dans les actualités économiques ou juridiques/législatives).

    Une solution serait peut être, comme, il me semble, aux Etats Unis de privilégier l'embauche de journalistes ne sortant pas des "écoles de journalisme proprement dite" mais plutôt titulaire d'un master universitaire dans des domaines précis.

  • @Mag,

    Oui, en effet.
    Décontextualiser ça produit aussi cet effet de déformation, un peu inquiétant, car face à l'information on peut se sentir "hors contexte", donc sans repères.

  • A vrai dire, avoir du recul sur l'événement est exactement l'exigence minimale et la plus grande déploration de qui examine l'info de notre époque.

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