Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Crise dans les médias - Page 41

  • Pif gadget, c'est fini

    pif.jpg

    Pif Gadget a été mis en liquidation le 15 janvier. Ce mensuel avait été lancé en février 1969 dans l'orbite du Parti communiste français.

    Avec les fameux "pifises", des minuscules crustacés desséchés qui reprenaient vie dans l'eau, ou les non moins fameux "pois sauteurs du Mexique", sortes de culbutos naturels, Pif Gadget a été un phénomène de presse. Vendu chaque semaine à près de 600 000 exemplaires en moyenne, il a connu des pointes à plus de 1,2 million d'exemplaires. (Le Monde)

  • Assises du journalisme: pour une information de qualité

    Je relaie ce billet de Marc Mentre, à propos des Assises internationales du journalisme, qui se sont déroulées le 20 janvier (à lire aussi les "sarcasmes" de Pierre).

    Lire la suite

  • 10 moyens de vaincre l'overdose d'information

    Parfois il est bon de déserter les médias et notamment le net.
    Ces moments de diète médiatique permettent de se resourcer. Et aussi d'expérimenter ce qu'il se passe en nous quand nous « coupons le lien » avec le réel les médias.
    Et, justement, que se passe-t-il?

    Diète médiatique

    Tout d'abord, du temps se libère, Liberté nouvelle: comment l'utiliser au mieux?

    • La lecture se poursuit, sous une autre forme. Au lieu de lire des articles d'actualité, on se plonge dans l'inactuel, l'intemporel. Des textes de littérature: nous reprenons conscience à quel point ils sont différents de l'écriture journalistique.
    • La réflexion: je vous passe les détails. Se retrouver en face de soi-même, ça n'est pas toujours drôle. ;-)
    • La discussion: trouver le temps de partager, d'écouter, de dialoguer.
    • L'écriture: laisser parler cette voix enfouie au plus profond de nous (et éviter d'employer des métaphores comme celle-ci!), prendre du temps pour écrire.

    Overdose d'infos

    Ces quelques moments de diète d'informations m'ont fait sentir à quel point notre rapport à l'information se construit sur le mode du trop-plein. L'information peut se révéler être une drogue.


    Attention en permanence distraite

    L'outil informatique accroît le problème de la distraction.

    Puisque le paradis (ou l'enfer) est toujours à deux clics, nous sommes toujours en train de cliquer. Jamais stabilisés, jamais attentifs. Toujours tentés d'ouvrir une autre fenêtre, d'entrer sur un autre site.
    Le mail est un outil contreproductif. Plusieurs études l'ont montré; pourtant il reste l'outil le plus utilisé.
    Notre rapport aux médias, sur Internet, se caractérise par une grosse perte de temps, un gros gâchis. Les nouvelles applications (réseaux sociaux, agrégateurs, etc.) ne résolvent pas ce problème. Elle l'aggravent puisqu'elles multiplient les occasions de se distraire.

    Cf _ lien: L'attention en permanence distraite

    Quelques solutions

    1. Moins de sources d'informations

    La seule solution, c'est de se restreindre. Sélectionner les sources d'informations les plus pertinentes est le meilleur moyen de réduire le bruit de fond informatif.
    Au lieu de suivre 150 blogs, on n'en suivra que 50. Et tant pis si on rate une information importante. Si elle est vraiment importante, elle finira par m'atteindre.

    2. Vaincre sa peur d'être sous informé

    N'oublions pas que la soif d'informations a des motifs profonds. Être bien informé, cela fait partie de la compétence professionnelle des individus. Et cela rentre en compte dans l'estime que l'on se porte, et dans l'image que l'on renvoie aux autres. L'information peut aussi être utile dans des domaines où le risque est important: santé, finances, etc,
    Par conséquent, la peur d'être mal informé nous conduit à la sur information. Peut-être faut-il estimer cette peur à sa juste valeur, la dompter.


    3. Prendre du recul

    L'information suit le rythme de l'actualité. Avec Internet le rythme s'est encore accéléré. Si vous lisez des blogs, parcourez twitter, friendfeed et autres services, vous avez l'habitude d'être informé en temps réel et en détail sur des sujets extrêmement précis.
    Ralentir ce rythme est encore possible! Sans se couper totalement du monde, on peut éviter de suivre en détail l'évolution de telle ou telle information. Prendre du recul.

    4. Refroidir les médias chauds

    Une des raisons du succès d'Internet, c'est son côté « social ». Les dialogues, les échanges que l'on mène sur le net sont à la fois gratifiants et amicaux.
    Cet aspect « chaud » provoque l'addiction à ce genre de discussions et échange d'informations entre internautes. Mais il est aussi extrêmement chronophage. Il peut aussi s'avérer trompeur: je n'insisterai pas sur ce point!
    Comme pour chaque chose, il est bon de ne pas trop abuser de la sociabilité virtuelle. Le gazouillage (twittage en anglais) a ses raisons que la raison ne connaît pas. Mais comme dans la fable, à trop twitter on se retrouve pris au dépourvu quand la bise fut venue...

    5. Décider ce qui est important

    Faire le point, et considérer ce qui est vraiment important pour vous c'est ce qui permet d'éviter la dispersion dans des activités annexes.

    6. Faire une pause

    Rien de tel que ces moments de diètes médiatique pour se rendre compte de ce qui ne va pas. En fait, la plupart de nos habitudes sont réversibles car elles ne sont qu'une succession d'actes... qui produisent des habitudes. Pour sortir d'un cercle viceiux, il faut arrêter de le caresser...

    7. Laisser tomber

    Au lieu de se catastropher de ne pas réussir à lire tous les billets dans son agrégateur (un drame, vous le reconnaissez?), laissez tomber. Dites-vous que, de toute façon, vous n'y arriverez jamais. Pourquoi s'en faire?

    8. N'ouvrez qu'une seule page

    Les ordinateurs récents permettent l'ouverture de plusieurs pages à la fois. J'ai observé des personnes qui ne refermaient jamais les pages et en ouvraient toujours de nouvelles. Ca ne semblaient pas les gêner. Le mieux est d'éviter ce genre de dispersion: n'ouvrez qu'une seule page et concentrez-vous sur ce que vous faites. C'est déjà ça.

    9. Eliminez des sources d'information

    Certaines sorces d'informations sont tout simplement non pertinentes. C'est le cas notamment de ce qu'on peut appeler les blogs toxiques. Les abandonner est un soulagement.

    10. Ecrivez des mails plus courts

    C'est un gain de temps pour votre destinataire et pour vous-même.

  • Le choc de la décroissance

    decroissance.jpgVendredi, j'ai assisté à une conférence sur la décroissance, donnée par Vincent Cheynet, à la mairie du IIe arrondissement de Paris, dans la désormais célèbre rue de la banque.
    Vincent Cheynet est le fondateur du journal La Décroissance.

    Dans les médias, et dans 99% des discours politiques, la croissance est présentée comme la seule possibilité.Si vous entendez parler de la décroissance dans les médias, c'est toujours de façon négative.

    La crise écologique aurait pu changer les choses. En effet, les dégât du mode de vie industriel commencent à être connus.
    Mais ça n'est pas le cas. Les partisans de la croissance ont trouvé une parade: le développement durable. C'est ce qu'on peut appeler « la croissance verte ».

    (Blog: décroissance et convivialité)

    Mais Vincent Cheynet affirme que verte ou pas, la croissance n'est pas viable. Une croissance infinie dans un monde fini est impossible.
    D'autres parlent également d'une croissance « dématérialisée ». Une croissance des services, essentiellement. Mais, selon Cheynet, la croissance des services induit une croissance matérielle. Par exemple, un coiffeur dont l'entreprise est en croissance, va dépenser son argent. Il va, par exemple, faire un voyage en avion, ce qui aura l'impact sur l'environnement.

    En résumé, la croissance infinie n'est pas viable, quelque forme qu'elle prenne. Certes, cela reste à discuter.

    Mais, justement, le problème est qu'on ne discute pas avec les tenants de la croissance. Jean-Paul Fitoussi, Eric Le Boucher, Hervé Juvin ou Jacques Attali (personne n'a oublié son fameux rapport sur la croissance) sont des personnes qui admettent peu la contestation.

    theartist erwin wurm.jpg

    Vincent Cheynet a d'ailleurs décrit la croissance comme une croyance moderne. Presque une religion. En effet, toute société a ses croyances. Pour la nôtre, c'est la croissance.
    Cette croyance a son clergé. Ce sont les journalistes, affirme Vincent Cheynet. Les journalistes ce sont ceux qui disent ce qu'il faut penser. Ils disent le bien et le mal.
    Le directeur de la Décroissance a rappelé qu'il était lui aussi journalistes et que, d'une certaine façon, il assumait ce même rôle.
    Il y a aussi « les cercle des économistes ». En général, les économistes se disent de toutes tendances. En fait, ils sont tous pour la croissance.
    Notre croyance moderne a aussi une doctrine du salut. Le salut passe par la technologie et la croissance.

    Une fois posé ce décor, Vincent Cheynet a critiqué plusieurs économistes et auteurs médiatiques.
    Je voulais retenir une partie de sa conclusion. Selon lui, l'homme est réduit, dans notre société, à sa dimension économique. Le profit devient une fin alors qu'il ne devrait être qu'un moyen.
    Les décroissants ont avant tout une perspective humaniste. Ils rejettent l'hubris, cette démesure qui s'empare des hommes, et qui était déjà condamnée par les Grecs.

    (Blog: décroissance et convivialité)

    Au début de la conférence, Vincent Cheynet a remercié le maire d'arrondissement, Jacques Boutault, des Verts.Le remerciement était plus qu'une formalité car selon lui cette conférence n'aurait sans doute pas pu se tenir dans une mairie d'arrondissement de Lyon, où il vit et où est situé le siège de son journal. En effet, les élus Verts à Lyon ne sont pas ouverts aux idées de la décroissance.

    Vincent Cheynet a aussi demandé que la conférence ne soit pas filmée. Pour deux raisons.
    Tout d'abord pour éviter qu'un extrait soit balancé sur le net en dehors du contexte. Il connaît la force des vidéos virales qui travestissent les discours en réduisant une personne à une séquence de quinze secondes.
    La deuxième raison est que les objecteurs de croissance (autre nom des décroissants) ont une méfiance envers l'outil technologique (sans aller jusqu'à parler de technophobie). Cheynet explique que les idées se sont toujours propagées d'homme à homme, sans outil.

    Vincent Cheynet a parlé d'Hervé Kempf, journaliste au Monde. Il a souligné la qualité de son travail et son courage. Mais, malgré tout, Kempf doit encore faire un effort pour être un décroissant.
    Il était invité d'une émission de Daniel Mermet, Là-bas si j'y suis. Il a parlé non pas de décroissance, mais de « baisse de la consommation matérielle ». Autrement dit, la croissance c'est bien, à condition qu'elle soit immatérielle (croissance des services). Sur ce point, Vincent Cheynet n'est pas d'accord, comme nous l'avons vu.

    (Illustration: Erwin Wurm _ The Artist who swallow the world)

     

    Lire aussi:

    J'ai rencontré les décroissants I, II, III.

    Le Monde rétrécit les décroissants

    Portait d’un décroissant

    -------------------------------------

    Yves Cochet à l'Assemblée, le 14 octobre 2007


    Quand je disais que 99% des discours politiques sont favorables à la croissance, j'aurais pu dire: 99,8% des députés sont pour la croissance.

    En fait, 1 député sur 577 est pour la décroissance. C'est Yves Cochet, le député Verts.
    Il a d'ailleurs prononcé, à l'Assemblée, un discours qui fera date, le 14 octobre dernier. Isabelle l'avait signalé à l'époque. Juan également.

    Devant des députés UMP médusés, il a notamment lancé cette phrase: « Il faut décoloniser l'imaginaire ».
    Si vous écoutez la vidéo, la phrase déclenche un tollé. Essayons d'imaginer ce qu'on pensé les députés à ce moment-là: soit il n'ont pas compris ce qu'il voulait dire, attribuant cela à je ne sais quel penchant baba cool (décoloniser l'imaginaire, se mettre des fleurs dans les cheveux et puis quoi encore?), soit ils ont compris.

    Et s'ils on compris, c'est qu'ils connaissent le livre de Serge Latouche, Décoloniser l'imaginaire. Un des ouvrages phare de la décroissance.

  • Etes-vous influent?

     

    influent.jpg

    Il y a quelques jours, j'ai été contacté par une étudiante en communication. Elle prépare un travail sur les "blogueurs influents". Elle a contacté quelques blogueurs et je me demande pourquoi elle a pensé à moi!

    "Etes-vous influent?" C'est un peu la question qu'elle m'a posé. Je lui ai répondu que non, au risque de la décevoir.

    Voici trois des réponses que je lui ai faite. Et j'attends les vôtres!

    Quelle est votre définition du blogueur influent ?

    Cette notion me fait sourire. J'avais essayé d'en donner une définition dans ce billet; une définition ironique.

    J'écrivais: "L'influence est un concept marketing. Or, les bons blogs ne sont pas du marketing. Donc, les bons blogs ne sont pas influents. CQFD."

    Les blogs "influents", en terme de marketing, ce sont ceux qui influencent les consommateurs et leur donnent envie d'acheter tel ou tel produit.

    Or mon blog ne cherche pas à vendre de produits, donc je ne suis pas influent.

    Les blogueurs « influents » ont-ils une éthique ?

    Je ne parlerai pas des blogueurs "influents"! Je ne sais pas ce que c'est.

    Mais il est vrai que les blogueurs "sérieux" ont une éthique (la même que les étudiants, ou que les poissonniers...).

    Il existe de toute façon une législation: l'injure et la diffamation sont proscrites.

    De plus, un blogueur tant soit peu sérieux vérifie ses informations. Sur le long terme, les lecteurs jugent sa crédibilité.


    Le blogueur a-t-il un rôle à jouer dans la société ?

    Le blogueur n'existe pas. On est quelque chose avant d'être blogueur. Il est assez rare que quelqu'un se présente comme "blogueur".

    Une anecdote. Un jour, lors d'une réunion "de blogueurs", on me présente le patron d'un grand groupe médiatique. Il me dit: "Bonjour, je suis untel, directeur d'un grand groupe médiatique." Je réponds, croyant lui faire plaisir, puisque c'est lui qui nous invitait en tant que blogueurs: "Bonjour, je suis Eric, blogueur." Et il me répond, avec une moue dégoûté: "Il n'y a pas de sots métiers." Bref: évitons de nous présenter en tant que blogueur.

    Est-ce que le blogueur a un rôle à jouer dans la société? Disons que le blog peut vous aider à amplifier une action menée dans la société.

    source photo

  • Ignorer la critique des médias?

    Signalons cet article de Serge Halimi, directeur de la rédaction du Monde diplomatique, qui recense les différentes (mauvaises) raisons pour lesquelles un certain nombre d'intellectuels refusent la critique des médias. (via Marianne)

  • Bruit de fond médiatique et idéologie dominante

    (Abonnez-vous au Flux RSS de ce blog)

    Oublions ce que nous avons vu au journal télé, ce que nous avons lu sur des sites d'information, des magazines, des "journaux papier", ce que nous avons entendu à la radio. Oublions le contenu. Ce qu'il reste: un bruit de fond, un brouhaha, une tonalité, toujours la même, quelque soit l'actualité.

    Cette tonalité, on peut la comparer au fond d'un tableau, ou à un bruit de fond. Pour le dire autrement, ce "bruit de fond", c'est une idéologie. L'idéologie dominante. Dominante, puisque c'est elle qui s'impose, finalement, et qui nous conditionne.

    Je relèverai six traits qui caractérisent ce "bruit de fond" perceptible dans les médias. Il y en a certainement d'autres.

     

    1. Court terme et urgence

    C'est l'évidence: les médias traitent de l'actualité. Il est donc normal que ce soit le présent qui fasse l'objet des reportages.

    Mais, avec les nouveaux moyens d'information, l'actualité se traite en temps réel. La guerre en direct s'invite en image à la télévision; Internet permet d'aller encore plus vite. Les blogs peuvent rendre compte d'un événement pendant qu'il se produit. Et on va encore plus vite avec Twitter ou les sites de partage de vidéos. Les sites d'informations utilisent ces outils, exemple: Aljazeera avec Aljazeera sur la "Guerre de Gaza".

    L'urgence, le court terme, finissent par former un "bruit de fond", une évidence, un "naturel". Mais on sait bien que rien n'est naturel et que ce qui se donne pour naturel est idéologie. Et cette idéologie du court terme, on le voit à l'oeuvre partout dans la société, et notamment dans l'économie et la finance.

     

    2. Dramatisation

    Les médias racontent des histoires. Ils construisent des récits.

    Dans toute histoire, il y a des personnages. Ils rendent l'action plus vivante; ils font mieux comprendre les idées qui sont en jeu dans l'actualité.

    Pourquoi l'Europe est si peu présente dans les journaux télévisés? Parce qu'elle n'a pas de personnages à mettre en scène. Juncker, Barroso et autre Delors: ce ne sont pas des personnages... ou alors des personnages d'une pièce de Beckett sans le génie de Beckett.

    En revanche, Sarkozy est un personnage. C'est aussi ce qui explique son omniprésence dans les médias.

    Dans toute histoire, il y a une tension. Tension entre le bien et le mal, quand l'histoire est simpliste. Tension entre des groupes sociaux et des idées, quand les choses sont plus complexes.

    Enfin, la dramatisation suppose toujours un retour au calme. Pas forcément le happy end hollywoodien, mais un retour à la normal, après la crise. Dans la classique structure du récit en 5 parties, enseignée dès le collège, la situation finale est un retour à la normale.

    Par conséquent, le fait d'utiliser la forme du récit présuppose une vision d'un monde stable, où rien ne change vraiment, où on revient sans cesse à des états stables. En gros, on pourrait appeler ça une vision "bourgeoise" du monde, si le terme avait encore un sens aujourd'hui.

     

    3. Transparence

    Les médias veulent sans cesse nous montrer le dessus des choses. Ils prétendent le faire, tout du moins.

    L'idéologie de la transparence suppose que l'on n'ait rien à cacher. Dans le pire des cas, c'est la télé réalité, avec son "éthique de la transparence" (trompeuse, puisque les séquences sont coupées au montage).

    La transparence est aussi érigée en mode de gouvernance. Mais la transparence est illusoire, car le secret d'Atat est nécessaire à la pratique du pouvoir. (Voir revue Cité _ 2006)

    Comme l'écrit Yves Charles Zarka, la transparence est une forme d'idéologie:

    "Disons-le tout net, notre temps n'est pas celui du secret, mais de son opposé, la transparence. Il y a même, plus ou moins confusément, une idéologie de la transparence qui assimile implicitement la transparence à la vérité, à la rectitude et même à l'innocence, tandis qu'à l'inverse le secret comporterait, dans ce qu'il cache et qu'il n'avoue pas, de l'inavouable et de la culpabilité. L'idéologie de la transparence entend que tout peut s'exposer, devenir public pour être soumis au regard des autres, être également l'objet de procédures de surveillance et de contrôle. Le plus inquiétant est que l'idéologie de la transparence est aujourd'hui souvent liée à l'idée de démocratie. Comme si le progrès de la démocratisation était corrélatif de l'extension de la transparence et du recul du secret. Mais qui ne voit que cette démocratie   ressemblerait à un cachot sans murs ni verrous, un cachot étendu à la société entière, et la vie de l'homme démocratique à un enfer ? Ce qu'il s'agit de remettre en cause, ce n'est pas la transparence, mais l'idéologie, l'abus, le règne de la transparence, ce qui est très différent."

     

    4. Célébrité

    La célébrité fascine les médias. L'inverse est vrai aussi.

    Comme l'explique Virginie Spies, "si la célébrité fascine tant les médias, c'est certainement parce qu'ils trouvent ici un moyen de parler d'eux et de leur pouvoir, celui de faire et de défaire, au moyen d'un discours qui prétend être toujours plus dans l'action".

    De plus " l'importance de la célébrité est un mythe maintenu par les célébrités elles-mêmes, comme s'il n'était pas possible d'avoir une "vie après". Je pense par exemple à Michel Drucker qui, dans l'émission qui lui était consacrée la semaine dernière, n'avait de cesse de répéter qu'il avait très tôt eu conscience du pouvoir de la télé, et qu'il ne pourrait jamais "décrocher".

    Parler de la célébrité, et de la chute de cette célébrité permet de tenir un discours réflexif : le média parle de média, la télé de la télé. En ce sens, les médias utilisent, ré-utilisent et sur-exploitent leur propre matériaux."

     

    5. Critique

    De plus en plus, les médias intègrent la fonction critique.

    Et, notamment, la critique des médias. Ce genre journalistique était embryonnaire il y a quelques années. Aujourd'hui, on compte plusieurs émissions de télé, de radio, des journaux (comme le Plan B) et des dizaines de blogs, bien sûr.

     

    6. Culte de l'opinion

    Donner son opinion, c'est devenu quasiment un droit du citoyen. Les médias ont fortement cédé à la tentation. Les radios où les auditeurs "donnent leur avis", les chats en tout genre, les blogs d'animateurs de télé ou d'éditorialistes à l'accent du sud-ouest, etc.

    Tous ces moeyns sont bons pour recueillir l'opinion des "français" ("les français", expression brevetée par le Figaro; "les français" désigne les 854 personnes qui ont bien voulu répondre au sondage opinion way du jour).

    Et nous en arrivons bien sûr aux sondages d'opinion. Sans eux, les journalistes auraient du mal à remplir leurs pages certains jours. Ils seraient obligés d'avoir de l'imagination. L'imagination, ce qui échappe à l'idéologie?

    ----------------------------

    Médias, vecteurs de l'idéologie dominante? (Union syndicale solidaire _ Acrimed)

    L’emprise médiatique sur le quotidien est de plus en plus présente dans notre société. Lire la presse ou passer plusieurs heures devant la télévision ne peut qu’avoir une influence sur le comportement général, les choix de mode de vie et de consommation quotidienne des individus. Il s’agit bien de formater les esprits pour réduire leurs capacités d’analyse autonome et leur faire admettre plus facilement les choix politiques comme de simples réponses techniques et sans alternatives.

    Pour remplir une fonction démocratique, les médias devraient être diversifiés et soustraits à l’emprise directe des pouvoirs économiques et politiques. De par leur position dominante, ce sont avant tout les médias “ établis ” qui “ forgent l’opinion ”. Or, du point de vue économique comme éditorialiste, les principales entreprises médiatiques sont des vecteurs de l’idéologie dominante et des acteurs de la mondialisation néolibérale – ceci au mépris de la diversité des opinions et des aspirations de leurs lecteurs/trices, auditeurs/trices et téléspectateurs/trices.

  • Yes il peut

    6a00d8341c4e0d53ef010536bffb23970b-pi
    Question pour un champion_ Qui suis-je? J'étais parti (faut croire) puisque sur la photo il y a écrit "Retour"... je regarde vers le haut (vers l'avenir? vers le ciel des idées?).. je souffre d'Obamite aiguë...je suis un trentenaire motorisé sur scooter très connu pour ses prises de positions oenologiques sur twitter... je suis plus intelligent que Nicolas Demorand ... je suis, je suis...

  • Solidarité et autres rimes en -té

    • Solidarité: Quand on a lu le texte d'Agnès, on comprend que la solidarité ça n'est pas qu'une affaire de coeur. Il y a aussi le fisc... (Monolecte)
    • Gratuité: La "freelosophie" comme remède à la crise? Mikiane se demande si la philosophie du partage et du logiciel libre ne serait pas une issue à la crise. Obama a dans son équipe des représentants du logociel libre; l'Europe est plutôt à la traîne.
    • Nudité: Ce blogueur d'Abidjan (Côte d'Ivoire) juge les kiosques à journaux trop prodigues en corps dénudés. Je lui répondrait que "ce n'est pas sale"!
    • Hilarité: C'est ma réaction en lisant ce très bon billet hospitalier du Coucou.
    • Futilité: Quand la presse écrite cherche à imiter la télé, elle tombe dans la futilité et elle se coupe de son lectorat. Le journalisme aurait-il des tendances suicidaire. (Journalistiques)
    • Simplicité: Interview (en anglais) de Leo Babauta, auteur du livre, The Power of Less. (Lifehacker)
    • (Re)-twité: Re.twid est un site qui affiche les twits les plus retwités. (via)

  • Faire la queue devant la BPI le dimanche

    pompidou.jpgUne des choses qu'il faut absoluement éviter le dimanche (si vous êtes dans la capitale, bien sûr) c'est de faire la queue devant la BPI (Bibliothèque publique d'information).

    Le mois dernier, je suis passé devant Beaubourg un dimanche. Et il y avait une queue pas possible devant la BPI. Temps d'attente estimé: 45 minutes. Il faisait un froid de canard. Donc, attendre là, en plein courant d'air, même si la BPI est la seule bibliothèque ouverte à Paris le dimanche, c'est stupide.

    Il m'est arrivé de faire la queue devant la BPI un dimanche. Au bout d'une demie heure, dans le froid, j'ai demandé "Pourquoi il y a tant de queue?" Et on m'a répondu: "On est en période de partiel. Les étudiants viennent bosser".

    Je suis passé devant cette foule et je me suis dirigé de l'autre côté du Centre Pompidou. C'est-à-dire vers l'entrée principale. Et, là, je suis entré sans faire la queue.

    Bon, attention, je ne suis pas en train de sous entendre qu'il faudrait faire entrer les visiteurs de la BPI par l'entrée du Centre Pompidou (comme ça se faisait avant, si je me souviens bien), pas plus que je ne suis en train de plaider pour le travail le dimanche. Non, laissons cela aux autres. La n'est pas la question.

    Je suis allé prendre un café à la cafétéria du Centre.

    Il n'y a jamais grand monde. Un serveur m'avait expliqué pourquoi, il y a 2 ans de cela: selon lui, les expos sont à chier depuis cinq ou six ans. Le public déserte! Il faut reconnaître qu'il a raison: depuis l'expo David Hockney, en 2000, on a surtout eu droit à des "prouesses de curateurs" plus ou moins avisés (des expos où on ne comprend rien).

    On ne va pas s'en plaindre. Ca permet de boire un café tranquille.

  • Les journalistes jugés peu indépendants du pouvoir

    Le traditionnel baromètre La Croix sur "la confiance dans les médias", est sorti hier (document Pdf).

    Il révèle que les Français (comme dit le Figaro) jugent les journalistes peu indépendant vis-à-vis du pouvoir et de l'argent. Ce sentiment s'accroît par rapport à 2008.

    61% des personnes interrogées estiment que les journalistes ne sont pas indépendants face aux "pressions des partis politiques et du pouvoir". Ce chiffre est en hausse de 4 points par rapport à la précédente vague du baromètre réalisée en janvier 2008.

    Les sondés sont 59% à juger que les journalistes ne sont pas indépendants face aux "pressions de l'argent", un chiffre en hausse de 5 points sur un an.

    Un autre point intéressant: les sujets dont les médias ont trop parlé ou pas assez.

    Les personnes interrogées estiment que les médias ont trop parlé de la grossesse de Rachida Dati, de Bienvenue chez les Ch'tis et de Ingrid Bettancourt.

    En revanche, les sujets dont ils n'ont pas assez parlé: le RSA (revenu de solidarité active), les sans abris et les SDF, et les émeutes de la faim dans les pays en voie de développement.

  • Après la télévision

    Dans son dernier livre, Après la démocratie, l'historien Emmanuel Todd évoque brièvement la télévision.

    Il retrace, sur le temps long, les progrès de l'alphabétisatisation, puis l'augmentation du nombre de diplômés, aux Etats-Unis, en France et dans différents pays. Il remarque une stagnation du niveau général, une sorte de blocage.

    Lire la suite