Ce billet est écrit en partenariat avec Courrier International.
Ce que je trouve fascinant dans ce reportage de Courrier international sur les Indiens d'Amazonie, c'est qu'à aucun moment ils ne parlent. Et pour cause: personne ou presque ne parle leur langue.
Par ailleurs, les autorités font en sorte de les maintenir isolés, pour assurer leur survie. En effet, pour eux, le moindre contact avec "l'homme blanc" peut être fatal. Sans parler des maladies, il sont confrontés à toutes sortes de nuisances humaines: "ils sont également menacés par les missionnaires évangéliques, les équipes de tournage de cinéma et de télévision, et par les touristes en quête d’aventure. [Sans compter les chercheurs d’or, les bûcherons, les planteurs de soja et de canne à sucre ou les paysans sans terres.]"
Et pourtant ces indiens d'Amérique du Sud sont loin d'être négligeables en nombre. "Il reste en Amérique latine environ 500 peuples indiens représentant quelque 43 millions de personnes, soit 7,6 % de la population du continent." (source)
La cause des Indiens est urgente, notamment au Brésil, selon les spécialistes intérogés. "L’Indien était certes reconnu depuis 1973 comme Brésilien, mais pas comme Indien : il devait parler portugais ou disparaître. Mais un mouvement de la société civile, aidé par des ONG, s’est levé en faveur du droit des peuples indiens. Mais il faut souligner que la survie des Indiens est au cœur de conflits d’intérêts sociaux et économiques. Il y a beaucoup de résistance de la part de lobbys économiques très puissants : les grands cultivateurs de soja, les producteurs d’éthanol, les entreprises forestières, les éleveurs, les groupes pétroliers… Au Brésil, les médias sont très dépendants du monde économique et c’est pour cela qu’il y a un vrai silence, en dehors des cercles intellectuels, sur ce sujet."
Les missions évangéliques sont un fléau de plus pour les Indiens. Plusieurs groupe de religieux ont été pointés du doigt. "Un rapport de la FUNAI (organisme gouvernemental chargé de la protection des Indiens au Brésil) a accusé les religieux de faire du prosélytisme et de déstructurer la communauté. Le texte mentionnait en outre de nombreuses atteintes à la loi : travail forcé, prélèvements de sang illicites, contrebande de semences végétales et de bois exotique, construction de pistes d’atterrissage clandestines, sortie d’Indiens de leur territoire [protégé] sans autorisation de la FUNAI et adoptions d’enfants suspectes."