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Dimanche soir, j’ai vu un drôle d’homme, sur le quai du métro. La soixantaine, barbe blanche. Etait-ce un barde gaulois ? Un missionnaire chrétien ? Un simple clochard ? Un fou ?
Il se tenait face au vide. Soudain il a déclamé un texte (écouter ici). Sur le quai d’en face, les gens faisaient mine de ne pas l’entendre. Mais ils l’entendaient. Sauf ceux qui avaient un baladeur ou téléphonaient avec leur portable. La voix résonnait. Puissante, insistante, un peu dérangeante aussi. Enfin, le métro est arrivé. Le poète s'est tu. Puis il a disparu.
Aujourd’hui, en écrivant ce blog, je me sens comme lui. Ecrire, c’est être face au vide. Vide, page blanche, désert ou océan…
Mais quand j’écris, je ne suis pas seul. La présence d’autrui n’est pas évacuée. Elle est inscrite en creux, comme une potentialité qui ne demande qu'à s'éveiller…
Et vous, ça vous fait quoi de parler dans le vide ?
Des milliers de médecins d’origine étrangère exercent en France, dans des conditions précaires. Farid Taha, chirurgien français né au Maroc, a longtemps été l’un d’eux. Il a bataillé plus de dix ans avant d’être reconnu comme médecin. Un parcours exemplaire.(Ecouter des extraits de l'entretien ici)
« Devenu chirurgien, j’opérais des gens. Je ne pouvais pas leur dire que mon diplôme n’était pas reconnu en France ou que je gagnais 6 ou 7000 F par mois ! »
Le Docteur Farid Taha, 44 ans, sourit amèrement quand il raconte ses années de galère. Diplômé au Maroc, il a lutté pour faire reconnaître ses titres en France. Aujourd’hui, ce chirurgien exerce à l’hôpital de Compiègne et au CHU d’Amiens. Il fait partie de l’équipe du professeur Devauchelle qui a réalisé la première greffe du visage. « J’ai fini par être reconnu comme médecin après douze ans de parcours administratif et de multiples examens », résume-t-il.
Son histoire débute à Rabat, au Maroc où il est né. Il étudie la médecine de 1980 à 1989. Doctorat en poche, il choisit une spécialité : la chirurgie maxillo-faciale. Pour cela, il doit s’expatrier. « Naturellement, j’ai choisi la France, le pays culturellement le plus proche. Mais dès mon arrivé, je me suis heurté à un mur. Je venais d’avoir mon doctorat. J’étais fier. Et on m’explique que mon diplôme ne vaut rien. »
Parcours du combattant
Commence alors un parcours du combattant. Spécialisation, concours d’équivalence : Farid Taha obtient de nouveaux diplômes. En parallèle il exerce sa spécialité. Mais il n’est toujours pas reconnu comme médecin. « Ce n’est qu’en 2000, après 12 années de galère, que j’ai enfin obtenu le droit d’exercer la profession de médecin. Forcément, ça forge une personnalité, des convictions et un engagement… »
Cet engagement, il le vit au sein de FPS (Fédération des Praticiens de Santé), qui défend les médecins d’origine étrangère (hors Union Européenne). 7000 médecins étrangers exercent en France avec un diplôme obtenu hors UE. Parmi eux, « 3 000 médecins à diplôme étranger sont employés illégalement, faute de statut officiel », selonl’Express (novembre 2004).
Engagement politique
Le 21 avril 2002, Le Pen est au deuxième tour de la présidentielle. « Ca a été une claque. J’avais voté Jospin. Il représentait à l’époque une rigueur morale et une authenticité sans équivalent».
Farid Taha décide de s’engager dans un parti. « Etant de formation scientifique, j’ai étudié leurs programmes. Et j’ai voulu rencontrer des représentants locaux. » Et là, nouvelle désillusion. Au PS et à l’UMP, personne ne prend le temps de le recevoir. Mais à l’UDF l’accueil est meilleur.
« Là, on m’a écouté et on a compris ma demande qui était de m’impliquer et d’agir. J’ai été bien reçu. J’ai participé aux débats. Sur certains sujets, je n’étais pas d’accord avec les gens, mais ils étaient ouverts au dialogue. »
En 2003, il est désigné Conseiller national de la fédération de l’Oise. Il s’implique au niveau local. La prochaine étape sera les législatives. « Je serai candidat aux législatives si la commission d’investiture de l’UDF accepte ma candidature.Siéger à l’Assemblée est mon souhait car j’estime qu’aujourd’hui personne ne me représente. Nombre de citoyens ne sont pas représentés. Donc, je vais y aller à ce titre là. »
Blog et parole confisquée
Il anime un blog. « Quand une personne qui a un engagement politique arrive au stade ultime de créer un blog, c’est qu’elle estime que sa parole est confisquée », estime-t-il. « La France est le pays où il y a le plus de blogs. On s’en réjouit. Moi ça m’attriste, ça veut dire que les citoyens sentent que leur parole n’est pas écoutée. »
Farid Taha mène des actions culturelles. Il a organisé une exposition de sculptures, chez lui, dans le prieuré du moyen âge qu’il restaure. « Je suis musulman mais je me sens investi d’une mission de sauvegarde de ce patrimoine chrétien. Je m’inscris dans la logique des sages musulmans qui protégeaient les lieux de cultes musulmans mais aussi non musulmans. »
Non au communautarisme
Il déplore la façon dont les médias parlent de l’islam. « On ne montre que des musulmanes avec des voiles. Si on parle de l’Iran, on filme des visages convulsifs en train de hurler. Alors qu’il y a des scientifiques et des gens très différents du personnage qui est à la tête de l’Iran. »
Il ajoute : « Je suis contre le communautarisme. En France, les communautés se sont faites par le logement. On a regroupé des gens dans des quartiers. J’ai subi cela. Quand je cherchais un logement, les offres qu’on me proposait, c’était toujours dans les mêmes quartiers, en dépit de l’évolution de ma fonction et de mes revenus. »
« Maintenant je dois me détendre… » C’est ce que Vladimir Kramnik a déclaré après sa victoire dans le championnat du monde d’échecs.
Il remporte le match, après 16parties parties acharnées et moult péripéties.
« Je suis vraiment très content que la couronne mondiale reste en Russie. Pour moi, cette victoire est comparable à celle contreKasparov. Il n’y a pas beaucoup de triple champion du monde dans l’histoire et j’espère que je ne vais pas m’arrêter là... Et en tenant compte de l’ambiance autour du match, et du comportement de l’équipe adverse, gagner ce match était une question de principe. »
Ce qui est certain, c'est que lui et son adversaire Veseline Topalov ne passeront pas les vacances de Noël ensemble...
Ce matin, Giscard s’est invité chez Jean-Jacques Bourdin, sur RMC. VGE a apprécié de discuter avec le peuple des auditeurs. « J’aimerais que quand vous lirez mon livre, vous vous sentiez dans la peau d’un président de la République. » C’est « in bed with Giscard », son bouquin?
Parmi les auditeurs s’est glissé un plaisantin. Un animateur d’une autre radio. Il milite pour que Giscard se présente en 2007. En fond, une dizaine d’allumés criaient « Giscard président ! Giscard Président ! »
Le bouquin de Valy s’arrache dans les librairies. Le Pouvoir et la vie (tome III), est en tête des ventes d’essais dans la liste de l’Express. On retient surtout les vacheries envers Chirac. Giscard est rancunier. Qu’il se rassure, les Français aussi : ils gardent un souvenir ému de son passage à l’Elysée… et de son fameux « au revoir ».
Le championnat du monde d’Echecs touche à sa fin. Topalov (Bulgarie) et Kramnik (Russie) sont à égalité 5,5 partout. Reste la douzième et dernière partie.
Au début du match, Kramnik menait tranquillement 3-1. L’équipe de Topalov a joué son va-tout. Elle a accusé Kramnik d’aller trop souvent aux toilettes. 50 fois par partie. Sous-entendu : il s’aidait d’un ordinateur. L’arbitre a alors décidé de bloquer l’accès aux WC. Kramnik a protesté, refusant de jouer tant qu’on ne lui rendrait pas sa totale liberté. Résultat : une partie de pénalité.
Kramnik a finalement accepté de reprendre le match avec un point en moins. Il annonce dores et déjà qu’il entreprendra une action judiciaire contre la Fédération internationale d’échecs (FIDE).
Avant le match, Topalov, Iljumjinov (président de la Kalmoukie et de la FIDE) et Kramnik ont visité un temple bouddhiste (voir photo). La suite a été un peu moins zen...
La dernière partie se joue demain. En cas de partie nulle, les joueurs joueront des parties rapides. Le match a lieu dans la république russe de Kalmoukie.
« Si la presse n’existait pas, il faudrait ne pas l’inventer. » C’est ce que Balzac écrivait en 1843 dans son pamphlet Les Journalistes.
Balzac, ancêtre des critiques des médias ? Effectivement, le romancier aimait peu les journalistes. Un génie criblé de dette a forcément la dent dure avec des médiocres aux poches pleines.
Dans Les Journalistes, Balzac répertorie les différents types de plumitifs. Voici ce qu’il écrit du Ténor (encore appelé Premier-Paris) et qu’on nommerait aujourd’hui éditorialiste :
« Ces faiseurs de tartines s’ingénient à n’être que la toile blanche sur laquelle se peignent, comme aux ombres chinoises, les idées de leur abonné. Le Ténor de chaque journal joue donc un jeu plaisant avec son abonné. A chaque événement, l’abonné se forme une opinion, et s’endort en se disant : « Je verrai demain ce que dira là-dessus mon journal ». Le Premier-Paris, qui n’existe que par la divination perpétuelle des pensées de son abonné, le surprend le lendemain agréablement en lui panifiant sa pensée. L’abonné récompense ce jeu de Vive l’amour, la carte a fait son tour ! par douze ou quinze francs tous les trois mois. »
La situation a-t-elle changéen un siècle et demi? Allez chez Daniel pour lire ce qu’il écrit des éditorialistes actuels…
Google est-il Dieu ? Question mi sérieuse mi humoristique. Thomas L. Friedman, journaliste américain, se la posait déjà il y a trois ans (en anglais).
Certains ont noté que le moteur de recherche possède des attributs de Dieu : il sait tout, il est partout, il répond aux prières, il est (à peu près) immortel et infini, il garde tout en mémoire et ne peut faire le mal (en principe).
(Photo: logo "google trends" un utilitaire qui indique les tendances d'une requête au cours du temps _ logo du moteur de recherche "Ask" _ logo du moteur de recherche de blogs "sphere")
Rencontrer les lecteurs de son blog est une expérience amusante et enrichissante. Surtout quand ces lecteurs écrivent des blogs que vous lisez.
Récemment j’ai rencontré Nicolas, un blogueur du Kremlin-Bicêtre. Nous avons parlé... de blogs, évidemment. Il y avait Claude, blogueur intermittent, Djibrill et Jacques qui ne bloguent pas mais sont blogués et aussi Ramdane, Loïc et Joël. C’était au bar la Comète. Le patron est sympa et sarthois comme moi.
Selon Nicolas, c’était une soirée « particulière : un lundi pendant le ramadan. Le lundi après 20h30, la Comète est le seul bar ouvert du quartier... et pendant le ramadan, la salle se remplit à la tombée de la nuit pour se vider complètement juste après ». La bière a coulé avec modération...
On aurait pu parler de cette soirée sur le thème du « vivre ensemble ». En effet, il y avait des blancs et des noirs, des jeunes et des un peu moins jeunes, des gens de religions différentes ou sans religion. Et on a même réussi à parler de politique sans s’écharper. Comment, ça n’est pas pareil partout en France ?
Tariq Krim, le créateur de netvibes. Il est chez Jean-Michel Billaut. Dans 5 ans il aura racheté google. Ou le contraire.
Personnellement, j’utilise netvibes pour les flux RSS. Avec ça, je surveille 50 blogs du coin de l’œil comme le lait sur le feu. Netvibes c’est une grande casserole…
La semaine dernière, je me promenais sur les quais de Seine. J’aime flâner chez les bouquinistes. J’ai acheté deux romans de Simenon. Deux Maigret.
Simenon est le maître. Pour définir son style, trois mots me viennent à l’esprit.
D’abord, il est simple. Pas de fioritures chez lui. S’il pleut, il écrit « Il pleut. » Voire « Il pleut ! », suggérant le rythme de la pluie au moyen du point d’exclamation.
Son style est concret. C’est sa force. Simenon n’est pas un théoricien. Il ne manie pas les idées. Il fait voir, humer, toucher les choses. Il nous fait ressentir ce qu'éprouvent les personnages.
Son style est neutre. Pas d’emphase chez lui. L’atmosphère est souvent feutrée. On tue, mais sans déclamer. De plus, Simenon raconte la vie de gens ordinaires. Mais il les prend au moment où leur vie bascule. Par exemple, dans l’Homme qui regardait passer les trains, le personnage principal se dit qu’il a toujours obéit aux autres, il veut s’émanciper. Et c’est là que les ennuis commencent.
Gide: "Le plus grand"
Simenon a écrit des centaines de romans. Il en a vendu des millions. Et il est admiré des grands écrivains. « Je ne pensais pas qu’il était possible d’être à la fois aussi populaire et aussi bon » dit Henry Miller.
Quant à André Gide : « Il est le plus grand de tous… le plus vraiment romancier que nous ayons eu en littérature. »
Pour John Le Carré, c’est le « maître des profondeurs, Simenon avait un style d’une grande simplicité. C’était un écrivain aussi à l’aise avec la réalité qu’avec la fiction, avec la passion qu’avec la raison. Par-dessus tout, il inspirait cette confiance que les lecteurs réservent aux romanciers qu’ils vénèrent. »
Ce dessin a été réalisé en collaboration avec Julo, le dessinateur de blog à part. Il a faitle dessinet moi le texte, vous l’aurez deviné. Bravo à lui, son blog est génial !