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littérature

  • Sujitha, de Claudine Tissier

    83957be0e6ababd04586942801eb52d5.jpgSur son blog, Claudine dit sa fierté et son bonheur de voir son livre publié. Sujitha, la fille à la tache en forme d'étoile, sa nouvelle, est annonciatrice d'un voyage. Voyage dans l'Inde qu'elle connaît bien.

    J'avais rencontré Claudine et son compagnon, lors d'un de leur séjour parisien. Ils résident en Italie. Ils voyagent fréquemment en Inde.

    L'Inde, la philosophie, l'art, une certaine idée de la liberté, voilà de quoi nous avions parlé. C'est ce que vous trouverez si vous lisez son livre. L'éditeur n'est autre que Filapomb, un blogueur ami, devenu éditeur de nouvelles.

  • Pierre Guyotat (2)

    Hier, j'ai un peu évoqué Pierre Guyotat. J'ai retrouvé un texte, que j'ai écrit il y a plusieurs années. Ne cherchez pas à y lire quelque chose d'autobiographique. Voici ce texte:

    Ce ne sont pas toujours les écrivains qu’on fréquente le plus, ceux qu’ont lit avec le plus de plaisir qui exercent sur nous la plus forte influence. Il arrive même que nous soyons littéralement hantés par des écrivains dont nous n’avons pratiquement jamais lu les livres. C’est que l’obstination que nous mettons à ne pas les lire en dit beaucoup plus sur notre désir que toutes les lectures que nous pratiquons par ailleurs et qui, elles, se passent bien.

    Ainsi, mais ce serait le sujet d’un autre texte, qui prendrait inévitablement des proportions considérables, j’ai mis beaucoup de temps avant de pouvoir lire la Bible. J’ai pourtant été catéchisé, et j’ai donc eu accès, étant enfant, à des extraits de l’Ancien et du Nouveau Testament. Mais à l’adolescence, comme beaucoup de personnes de mon âge, j’ai entièrement délaissé tout ce qui a trait à la religion. Aussi, quand la question de lire la Bible s’est posée, lorsque des professeurs m’ont fait sentir la nécessité de la lire pour comprendre les textes littéraires, je me suis retrouvé comme paralysé devant elle, la rejetant avec violence. Toutes ces histoires que j’aimais entendre pendant mon enfance, je les repoussais maintenant de toutes mes forces. Cette impossibilité a duré très longtemps. Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai enfin pu lire la Bible, et que je suis parvenu à ne plus la haïr et, en un sens, à ne plus l’aimer. A la lire, ou, du moins, à essayer de le faire.

    En revanche, pour l’auteur dont il est question ici, et qui s’appelle Pierre Guyotat, le problème n’est toujours pas réglé. J’ai essayé de le lire, mais j’ai échoué. Et en échouant j’ai atteint un autre but : j’ai réussi à mettre en évidence un point de résistance très fort, un blocage en apparence insurmontable.

    Les tentatives de lire les œuvres de Pierre Guyotat, de tenir en main ses livres, de les ouvrir et d’y porter les yeux n’ont pourtant pas été rares. Il est même fascinant de recenser toutes ces occasions que j’ai eues de ne pas le  lire. Fascinant de considérer les différentes tactiques d’évitement que j’ai pu employer jusqu’à présent, et auxquelles il faudra bientôt ajouter, je le crains, l’écriture de ce texte-ci.

    La première fois que j’ai entendu parler de Pierre Guyotat, aussi étrange que cela puisse paraître pour un auteur aussi secret, c’était à la télévision. L’émission s’appelait « Cinquante-deux minutes dans la langue avec Pierre Guyotat ».

    Je me souviens qu’on y voyait l’écrivain vocaliser, autrement dit écrire devant nous son texte en le disant à une personne qui le prenait en note au moyen d’un ordinateur. Ce texte qu’il créait devant nous s’appelait Bivouac.

    Je me souviens de l’écran bleu de l’ordinateur, ciel mental où les mots formaient des blocs compacts, sans ponctuation.

    Je me souviens de Guyotat se rasant le crâne. Cela se passait en montagne ou à la campagne. Dans un décor sauvage, avec comme seule trace de l’humain, la grande ferme où vivait l’écrivain.

    A un moment, il est passé près d’une grotte sur la paroi de laquelle suintait de l’eau, abondamment, et il a dit : « C’est le sexe féminin. C’est ainsi que je me le représente. »

    Voilà ce dont je me souviens. Ma mémoire a sans doute déformé certains détails. Je suis peut-être coupable d’avoir, par jalousie, sélectionné de préférence les moments où Guyotat n’était pas à son avantage, ceux où il semblait poser, par exemple celui où il se rase le crâne. Mais l’essentiel est que je garde de cette première rencontre une émotion très forte et un très fort désir de vivre moi aussi ce rapport mystérieux, essentiel, respiratoire à l’écriture.


    A la suite de l’émission j’ai tenté à plusieurs reprises non pas de lire Guyotat, mais d’éviter de le lire.

    J’ai commencé par rechercher certains de ses livres en bibliothèque. Je les ai feuilletés, flairés. N’osant pas les emprunter. Osant à peine les lire et, s’il arrivait que je les lise, ne supportant pas de le faire de façon suivie. Je les rejetais donc. Rejet presque physique, brutal. Impossibilité d’encaisser une telle dose de. (De quoi ? De violence ? De « mal » ? De souffrance ? Je ne sais).

    J’ai ensuite acheté plusieurs de ces livres que je n’avais fait qu’aborder et rejeter en bibliothèque.

    Eden, eden, eden, dont le tissu uniforme, qui constitue comme l’écrit Roland Barthes  dans la préface, « un élément nouveau (que ne l’ajoute-t-on aux quatre Eléments de la cosmogonie ?) : cet élément est une phrase : substance de parole qui a la spécialité d’une étoffe, d’une nourriture, phrase unique qui ne finit pas », me fascinait, a été le premier d’entre eux. D’Eden, eden, eden, j’ai dû lire une trentaine de page.

    D’une certaine façon, la fascination que le texte exerçait sur moi m’a empêché de le lire. Mais est-ce que l’attitude de Barthes est très différente de la mienne ? Sa proposition de lire le roman comme l’aventure du signifiant (« ce qu’il advient au signifiant ») n’équivaut-elle pas à éluder, à refouler le signifié et ainsi à ne pas lire ?

    En revanche, le Tombeau pour cinq cent mille soldats est resté intact. J’ai peut-être lu la première page, et encore. Je dois avouer que l’idée même de le lire m’a toujours paru impensable.

    Le Livre, je l’ai acheté par snobisme : un livre qui s’appelle Le Livre, c’est tellement beau qu’on se demande comment personne n’avait osé le faire avant Pierre Guyotat.

    J’ai aussi acquis Progéniture, que je n’ai pas lu. J’ai écouté pendant quelques minutes le CD qui est vendu avec le livre, mais cela ne m’a pas beaucoup intéressé.

    Pourquoi ai-je acheté tous ces livres ? Je ne saurais l’expliquer.

    D’autant plus que, quelques années plus tard, je me suis mis à avoir envie de les détruire. Ainsi, le Tombeau pour cinq cent mille soldats je l’ai jeté dans le vide-ordure de mon immeuble, ce que je n’ai fait pour aucun autre livre. Précipité dans l’enfer de ma bibliothèque. Promis à l’autodafé dans l’anonymat d’un monceau de détritus. Presque oublié.

    En revanche, les autres livres je les ai conservés. Je ne les ouvre pas, mais je n’ai pas envie de m’en séparer.
    A l’époque où je les ai achetés, j’ai même désiré, sans doute pour comprendre pourquoi je n’arrivais à les lire, écrire un mémoire de maîtrise sur Guyotat. J’ai fait part de ce projet à un professeur, lequel a répondu à une des mes questions par une autre question. J’ai réfléchi à ce qu’il m’a dit et j’ai pris pour sujet de maîtrise l’œuvre de Julien Gracq.

    Mais plus tard, après la maîtrise et le Diplôme d’études approfondies, j’ai envisagé de prendre Guyotat comme sujet de thèse. Je me rappelle avoir téléphoné au responsable du fonds Guyotat pour savoir s’il était possible d’avoir accès aux archives, autrement dit aux secrets, de l’écrivain. On m’a répondu que pour y avoir accès il était nécessaire, tout d’abord, d’être inscrit en thèse. J’ai alors réfléchi. J’ai compris que ce qui m’intéressait ce n’était pas de faire une thèse sur Guyotat, mais seulement d’avoir accès à ses archives, à ses brouillons, qui représentaient pour moi les traces d’un savoir absolu sur la vie, la mort, le désir. C’est pourquoi j’ai abandonné cette idée de thèse et ai continué à ne pas lire les livres de Pierre Guyotat.

  • Pierre Guyotat

    313cea2cc3cf4d4f0f2c680d1c9794ad.jpgDemain je publierai un texte que j'ai écrit il y a quelques années sur Pierre Guyotat.

    Aujourd'hui j'aimerais citer un extrait de Coma, un de ses derniers livres, sorti ce mois-ci en poche.

    S'il y a un écrivain mythique, un "écrivain maudit", aujourd'hui, c'est bien Guyotat.

    On peut évoquer Eden, éden, éden... Paru en 1971, le livre a été interdit. C'est quasiment le seul livre, depuis les Fleurs du Mal, qui ait fait l'objet d'une telle condamnation. François Mitterrand, alors député, est intervenu à l'Assemblée pour qu'on revienne sur cette interdiction. Des dizaines d'écrivains se sont manifestés, mais rien n'y a fait. Il a fallu attendre 1981 pour que le livre paraisse à nouveau.

    Qu'est-ce qui a tant choqué le ministre de l'Intérieur de l'époque, Raymond Marcellin? Le caractère sexuel de l'oeuvre? Ou le fait que l'action se passe pendant la guerre d'Algérie? Je ne sais pas bien au juste.

    En 1960 Pierre Guyotat avait été appelé en Algérie. En 1962 il a été inculpé d'atteinte au moral de l'Armée, de désertion et de publications interdites. Il effectue trois mois de cachot et est transféré dans une unité disciplinaire.

    Voici un extrait de Coma:

    "Nous partons le lendemain après-midi dans une 2CV Citroën incertaine qui nous servira d'habitacle en supplément àtente de Corse. J'ai 40 ans depuis le mois de janvier, un âge que, dans l'adolescenc, j'ai décidé de ne pas dépasser. La joie de conduire à nouveau cesse tout net la nuit dans les rues de Gênes. L'illusion optique me reprend. les façades des maisons et palais patriciens m'apparaissent dans leur puissance triplée; les arcades, les perspectives se doublent, se triplent de tout ce que je sais de ce qui les a précédés dans l'Histoire. Tant de vies individuelles, collectives, dont je suis exclus, mois qui depuis l'enfance ne peux me faire à ce fait qu'on ne peut dans le temps d'une vie humaine embrasser chacune des milliards et millions de vies humaines en cours, en cours de naissance, qui ne peut voir une fenêtre allumée sans éprouver le regret, la rage de n'être pas l'un ou l'une de ceux qui y vivent _ et y lampent la soupe. A quoi s'joutent les milliards de milliards de milliards de vies dites animales, à périr, à "naître" alors..."

    Voir ailleurs:

    Pierre Guyotat donne un cours sur la langue française  (http://www.dailymotion.com/relevance/search/guyotat/video/x2x1e4_cours-pierre-guyotat_creation)

    La voix de Pirre Guyotat

    Bibliographie de Pierre Guyotat 

  • Comment choisissez-vous vos livres

    Je prends la suite d'Irène. Elle demande "à qui voudra" de continuer une chaîne. Cette chaîne consiste à lister les sept raisons qui font que je choisis un livre. C'est parti du blog "Aimez-vous lire". Si ça vous tente, faite de même...

    1. Je choisis souvent un livre en flânant dans les librairies.

    2. A une époque, je me déterminais en fonction des critiques du masque et la plume. Un soir de 1987 ils ont démoli Les Yeux bleus cheveux noirs de Marguerite Duras. J'ai eu envie de découvrir cet auteur. Oui:  je fais souvent le contraire de ce que disent les critiques du masque et la plume.

    3. Je lis les classiques. Donc, j'essaie de boucher les trous. Il y a toujours des manques à combler.

    4. J'ai la manie d'achter plusieurs livres à la fois.

    5. J'achète les livres d'un auteur que je connais.

    6. J'achète des livres d'auteurs du même courant littéraire ou de pensée, ou de la même époque.

    7. J'achète plutôt des auteurs français, allemands et d'Asie.
  • Houellebecq: "Je fume trop pendant les interviews"

    Houellebecq parle. Le chien est gentil. Bonjour chez vous. (voir la video)

  • Zidane : coup de blues

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    La Mélancolie de Zidane est un joli petit livre*. Jean-Philippe Toussaint y fait revivre le coup de boule de Zidane. En fait, un gros coup de blues.

    Voici comment Toussaint l'explique : « Deux vastes courants souterrains ont dû porter le de très loin, le premier, de fond, large, silencieux, puissant, inexorable, qui ressort autant de la pure mélancolie que de la perception douloureuse de l’écoulement du temps, est liée à la tristesse de la fin annoncée, à l’amertume du joueur qui dispute le dernier match de sa carrière et ne peut se résoudre à finir. […] L’autre courant qui a porté son geste, courant parallèle et contradictoire, nourris d’excès d’atrabile et d’influences saturniennes, est l’envie d’en finir au plus vite… »

    Et pour les blogueurs, Zidane a déclenché un énorme coup de buzz...

    Lire aussi Maradonna

    * 24 pages, 5€, éd. Minuit.

    (Photo (anicienne): mais qui est ce type bedonant à côté de Zidane?)

     

  • Interview: Les écrivains blogueurs

    L’écrivain-blogueur est un animal en voie d’apparition. Pour en savoir plus sur ce phénomène, j’ai interrogé cinq blogueurs : Irène Delse (écrivaine), Juan Asensio (critique littéraire), Pierre Assouline (écrivain, journaliste), Guy Birenbaum (éditeur, écrivain) et Loïc Le Meur (entrepreneur).

    Leurs réponses indiquent que le blog est un bon outil pour la création littéraire. Il permet à l’écrivain d’entrer en contact avec ses lecteurs et de pratiquer l’écriture au jour le jour. Le blog, semble-t-il, est aussi un bon outil promotionnel. Enfin, l’écriture sur Internet entraîne une mutation de la notion de droit d’auteur.

    Ces entretiens ont été réalisés par mail fin août 2006. A l'époque, je m'intéressais au blog de Michel Houellebecq. Je les ai oubliés pendant quelques temps et je les publie aujourd'hui.

    L’intégralités des entretiens est à télécharger ici (en pdf):ecrivains_blogueurs.pdf

     
    Ecrire un blog chaque jour dilapide-t-il  l’inspiration ?

     

    Pierre Assouline répond : « La tenue d'un blog ne dilapide pas l'inspiration dans la mesure où c'est le journaliste en moi, et non l'écrivain, qui blogue. Ce sont deux activités distinctes. »

    Guy Birenbaum confirme : « Pas du tout c'est un entraînement quotidien. »

    Selon Irène Delse : « Non, pas vraiment. J'ai écrit un roman de fantasy, L'Héritier du Tigre […] C'est un monde imaginaire, des personnages fictifs. Le blog a un contenu plus personnel, plus divers et plus ancré dans l'ici et maintenant. Le problème, c'est plutôt le temps que cela me prend. […] On devient vite accro. »

    Quant à Juan Asensio : « Mon inspiration étant celle d'un critique, je ne risque pas grand-chose, encore que... Oui, sans doute : la superficialité généralisée telle qu'on peut en constater le triomphe sur la Toile n'est guère le synonyme d'une  recherche approfondie, d'une lecture patiente, d'une écriture tentant de  s'abriter du bruit, bref, l'antithèse même de la solitude de l'écrivain (et du critique un tant soit peu sérieux), horrible cliché qui est pourtant une évidence absolue. Ceci dit : dilapider ne me gêne point, proposer des textes qui demandent beaucoup d'efforts (ceux-là mêmes que j'exige en retour de mes lecteurs...), qui peut-être ont pu dessiller quelques regards sur l'état lamentable de la République française des lettres, voilà qui est bien la seule tâche digne d'être accomplie à notre époque... »

    Ecrire un blog comporte-t-il un risque de vendre moins de livres, puisque les lecteurs peuvent lire gratuitement un auteur sur le net.

     

     
    Pour Pierre Assouline, « non seulement la gratuité du blog ne devrait pas faire baisser la vente des livres d'un blogueur mais elle devrait l'augmenter car elle le fait connaître urbi et orbi de lecteurs qui ne connaissaient pas ses livres ».

    Loïc Le Meur est du même avis : « C'est l'inverse, le buzz que génère le blog donne envie à aux lecteurs du blog d'acheter le livre, dans mon cas les ventes ont augmenté. »

    Selon Irène Delse : « Non, au contraire. D'abord parce que je ne mets pas gratuitement en ligne tout ce que j'écris ! […] Ecrire ce blog, c'est un moyen de me faire connaître en tant qu'auteur. C'est aussi une façon de communiquer avec mes lecteurs (potentiels ou déjà connus), de faire passer des informations utiles (par exemple une signature, une date de publication...) et d'avoir des échos de leur part. Cette interaction avec les lecteurs est probablement ce qu'il y a de plus stimulant dans toute mon expérience de blogueuse. »
    Selon Guy Birenbaum : « Je ne crois pas. On va voir. Mais ce que j'écris chaque jour est différent de ce que je dis à la radio et de ce que j'écris dans la presse comme dans mes livres. Disons que le blog est une très bonne bande annonce... Et un moyen de réagir en temps réel. Un média brûlant ! »

    Qaunt à Juan Asensio : « Encore une fois, je vous répondrai franchement : je m'en moque. J'aurais même tendance à penser que le fait de réduire pour le moins drastiquement toute volonté d'exiger ces droits serait une belle leçon pour tous ces petits monsieurs qui, après avoir écrit un poème sur la queue de cerise croquée par Germaine, se déclarent Princes des poètes. Tout doux mes amis, tout doux... »

     

    Internet constitue-t-il une régression en ce qui concerne le droit d'auteur ?

     

     
    « Pas une régression mais une révolution qui oblige le droit d'auteur en se remettre en question », indique Pierre Assouline.

    Selon Loïc Le Meur : « Bien au contraire, c'est une avancée en particulier avec la licence Creative Commons qui permet de partager du contenu uniquement pour une utilisation non commerciale ».
    Guy Birenbaum est plus mesuré : « Je ne sais pas. Je pense que tout travail mérite salaire et je suis ennuyé d'écrire "pour rien" mais on ne peut pas tout avoir... »

    Irène Delse estime : « Internet en soi, non. L'utilisation qu'on en fait, c'est possible. Comme je disais plus haut, il s'agit à la fois d'un outil et d'un média. La technologie est différente que pour le papier imprimé, mais les règles de bases sont les mêmes. Les lois sur la propriété intellectuelle s'appliquent, depuis le droit du créateur à être identifié comme auteur de l'oeuvre à l'autorisation de citer de courts extraits. Personnellement, cela ne me dérange pas si un lecteur lambda veut s'amuser à numériser mon bouquin en tout ou partie, mais uniquement s'il le fait pour son usage personnel (le lire sur son PDA, par exemple). Mais s'il met le fichier en ligne sur un serveur sans mon autorisation ou celle de l'éditeur, alors là, non ! »

  • Manuscrit volant

    La semaine dernière, je publiais un extrait d'un manuscrit refusé. En réponse, j'ai reçu beaucoup de commentaires et de mails. C’est plus que je n’en attendais. Merci à tous!

    Deux éditeurs m'ont contacté. J’ai obtenu les coordonnées de cinq autres éditeurs.

    Certains lecteurs m’ont demandé d’autres extraits. Ils m’ont donné des conseils après leur lecture. Merci à Anne, Céleste, Irène, Ludine, Nicolas, Pierre-Marie, Sacha, Saïda et Sylvie. Certains ont aimé, d’autres moins. Tous m’ont donné leur avis. Merci encore! Maintenant, mon manuscrit refusé est devenu un manuscrit volant : il ne m’appartient plus. (à suivre…)

  • Manuscrit refusé

    Il y a quelques jours, je reçois une grosse enveloppe dans ma boîte aux lettres. C’est un manuscrit que j’ai envoyé à un éditeur. Il m’est renvoyé avec une lettre de refus. J'ai écrit à quatre éditeurs. C’est la quatrième lettre de refus que je reçois.

     Mais la nouveauté est que celle-ci est personnalisée. L’éditeur (Verticales) a joint une carte, signée Yves Pagès. Voici ce qu'il écrit:

     « L’impassible rigueur, la sobriété désenchantée de ce petit livre en fragments a sa force propre. Il nous semble que ce jeu déceptif ne peut durer au-delà d’une nouvelle sans produire une mise à distance, et même pire, une neutralisation de la lecture. Dommage. Bien à vous. Au plaisir de vous lire à une autre occasion. »

     S’il voulait me faire comprendre que mon texte est chiant à mourir, il a réussi. C’est un « petit livre » mais il est encore trop long! Je vais être beau joueur: Monsieur Pagès, vos cinq lignes valent bien mes 150 pages…

    Bien sûr, ces refus m’ennuient un peu. Je comprends que ma « sobriété désenchantée » et mon « jeu déceptif » n’amusent pas grand monde. Je vous laisse seul juge. Je publie le premier chapitre de ce livre qui n’a encore ni titre ni éditeur (voir ci après). Si vous trouvez ça vraiment « déceptif » dites-le. Mais dites-le avec art, comme Yves Pagès.

    Sans_titre.pdf

  • Ma chambre au triangle d'or

    Ma Chambre au Triangle d’or, de Pierre-Louis Basse, est une plongée dans le monde des friqués.

     

    Le triangle d’or est ce quartier compris entre l’avenue des Champs Elysées, l’Avenue Montaigne et l’Avenue George V. Pierre-Louis Basse, auteur à succès de Ma ligne 13, connais mieux les quartiers métissés et populaires. Le triangle d’or, pour lui c’est l’étranger.

     

    Il jette un regard désabusé sur notre société. « Les marchands ont gagné ». Et il l’exprime dans un style enlevé, parfois très crû. Voilà ce qu’il écrit page 38:

     

    « Les marchands avaient fini par s’imposer. Nous risquions de connaître des difficultés. Le monde s’était creusé en de multiples niches. Il y avait des niches pour les Juifs ; quelques cases pour les Arabes ; d’autres encore pour les homosexuels. Ceux qui couchaient dehors, rue de Rivoli ; ceux qui préféraient s’allonger dans des cartons, gare d’Austerlitz, rêvant à de prochains voyages. Tous ceux qui s’ennuyaient ferme : ils n’avaient finalement rien d’autre à faire que d’acheter des dizaines de sac à main en crocodile, ou bien des montres chères, des chaussures, des visons, des filles, des voitures de luxe, afin, peut-être, de se distraire pendant quelques heures.

     

    medium_b07.JPG

    D’autres encore qui avaient compris, grâce à certains sites grand public, que les filles arabes du 93 étaient de vraies salopes, oui, des chiennes qu’il fallait baiser en urgence. Il fallait baiser aussi les jeunes Russes, les vieilles. Les amputées, les grosses, les femmes enceintes. Les beurettes soumises. Les naines. Les grosses moches. Et tout cela se mélangeait dans des cerveaux fragiles. C’était un nouveau marché qui rapportait beaucoup.

     

    Les arts, finalement, ça n’avait plus tellement d’importance. Je crois que c’était assez illusoire d’imaginer que les arts, désormais, pouvaient nous sauver. L’important dans cette histoire, c’était que nous étions sur le point, enfin, de nous transformer. Des bêtes. Nous étions redevenus des bêtes. Des bêtes immondes ».

     

    Zidane au George V

    Pierre-Louis Basse, journaliste sportif (Europe 1), se dit dégoûté du sport spectacle, comme il l’a raconté dans l’émission « minuit dix » (sur France Cul).

    Mais ça ne l’empêche pas de réserver la dernière scène du livre à un footballeur. Le plus grand : Zidane.

    Zidane, quand il vient à Paris, loge au cœur du triangle d’or. Et Pierre-Louis Basse écrit : « A sa façon, il avait fracassé le monde intouchable du pouvoir de l’argent. il avait choisi la chambre 238 du George V, comme un ancien bougnoule fait un bras d’honneur à l’usine et au chômage. La France s’était amourachée d’un prince arabe. Il y avait peut-être, dans ce pays, un temps pour les ratonnades, un autre pour la gloire. »

     

     

    En plus:

     

    Pierre-Louis Basse dans wikipédia

    Paris au mois d'août I, II, III, IV, V, VI, etc. (série de photos prises sur les Champs, au mois d'aout)

    (Photo: Paris au mois d'août, Nike Paris)

    Et Maradonna 

  • Simenon, le maître

    medium_simenon.jpgLa semaine dernière, je me promenais sur les quais de Seine. J’aime flâner chez les bouquinistes. J’ai acheté deux romans de Simenon. Deux Maigret.

     

    Simenon est le maître. Pour définir son style, trois mots me viennent à l’esprit.

     

    D’abord, il est simple. Pas de fioritures chez lui. S’il pleut, il écrit « Il pleut. » Voire « Il pleut ! », suggérant le rythme de la pluie au moyen du point d’exclamation.

     

    Son style est concret. C’est sa force. Simenon n’est pas un théoricien. Il ne manie pas les idées. Il fait voir, humer, toucher les choses. Il nous fait ressentir ce qu'éprouvent les personnages.

    medium_maigret.jpg

     

    Son style est neutre. Pas d’emphase chez lui. L’atmosphère est souvent feutrée. On tue, mais sans déclamer. De plus, Simenon raconte la vie de gens ordinaires. Mais il les prend au moment où leur vie bascule. Par exemple, dans l’Homme qui regardait passer les trains, le personnage principal se dit qu’il a toujours obéit aux autres, il veut s’émanciper. Et c’est là que les ennuis commencent.

     

     

    Gide: "Le plus grand"

     

    Simenon a écrit des centaines de romans. Il en a vendu des millions. Et il est admiré des grands écrivains. « Je ne pensais pas qu’il était possible d’être à la fois aussi populaire et aussi bon » dit Henry Miller.

     

    Quant à André Gide : « Il est le plus grand de tous… le plus vraiment romancier que nous ayons eu en littérature. »

     

    Pour John Le Carré, c’est le « maître des profondeurs, Simenon avait un style d’une grande simplicité. C’était un écrivain aussi à l’aise avec la réalité qu’avec la fiction, avec la passion qu’avec la raison. Par-dessus tout, il inspirait cette confiance que les lecteurs réservent aux romanciers qu’ils vénèrent. »

     

    (Photo: http://membres.lycos.fr/gomgut/Gomgut.htm)

    Voir le site: http://www.lesbouquinistes.org/

     

  • Houellebecq: l'inutilité d'un blog

    Il nous a bien eus! Il y a quelques semaines, Houellebecq jouait à l'auteur maudit sur son blog nommé "Mourir". Il traitait Arnaud Lagardère d'"assassin". Il disait vouloir quitter son éditeur Fayard. Certains le pensaient dépressif, suicidaire.

     

    Aujourd'hui Houellebecq va mieux. Il a trouvé un accord avec Hachette. Son roman, La Possibilité d'une île, sera porté à l'écran.

     

    Cette bonne nouvelle, il l'a annoncée sur RTL, à Marc Olivier Fogiel. Ce même MOF qu'il qualifiait de "petite merde" dans son dernier roman. Apparemment, le grand écrivain s'est réconcilié avec la "petite merde" et l'"assassin."

     

    En revanche, les lecteurs de son blog n'ont pas été avertis. Et pour cause, le dernier billet date du 24 août. Autrement dit, le blog n'a servi que de moyen de pression.

     

    Juste une question pour finir: quel nom Houellebec va-t-il donner à ses lecteurs: des « gogos » ?