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Parler dans le vide

Dimanche soir, j’ai vu un drôle d’homme, sur le quai du métro. La soixantaine, barbe blanche. Etait-ce un barde gaulois ? Un missionnaire chrétien ? Un simple clochard ? Un fou ?

Il se tenait face au vide. Soudain il a déclamé un texte (écouter ici). Sur le quai d’en face, les gens faisaient mine de ne pas l’entendre. Mais ils l’entendaient. Sauf ceux qui avaient un baladeur ou téléphonaient avec leur portable. La voix résonnait. Puissante, insistante, un peu dérangeante aussi. Enfin, le métro est arrivé. Le poète s'est tu. Puis il a disparu.

Aujourd’hui, en écrivant ce blog, je me sens comme lui. Ecrire, c’est être face au vide. Vide, page blanche, désert ou océan…

Mais quand j’écris, je ne suis pas seul. La présence d’autrui n’est pas évacuée. Elle est inscrite en creux, comme une potentialité qui ne demande qu'à s'éveiller…

Et vous, ça vous fait quoi de parler dans le vide ?

Commentaires

  • Peut-on dire que "parler dans les blogs" est "parler dans le vide" ?

    Ton type à la barbe blanche était probablement "absent" (ou plein...). Il parlait dans le vide, mais s'adressait-il au vide ?

    Au fait ! Un type à la barbe blanche. Il n'était pas noir, avec des lunettes et légèrement grassouillet ? Je crois que je le connais.

  • Nicolas,

    Non! Il était blanc. Mais assez grassouillet...

  • "Dans l'espace, personne ne vous entend crier"

    (PS: je parle très souvent seule dans le métro, c'est grave docteur?)

  • "Il y a des ordres partout"
    le texte et la voix du poète du métro,ta description...j'en ai la chair de poule
    un homme qui soliloque, que personne n'écoute, l'indifférence
    pourtant son texte est fort, dérangeant
    il ne l'a pas déclamé pour rien, ce jour là, tu étais présent.

    écrire sur un blog peut être une bouteille jetée à la mer, dans l'immensité du web, un jour, peut être quelqu'un lira
    espoir d'être lu, compris, aimé.
    on a tant besoin d'amour, de reconnaissance

    "Et vous, ça vous fait quoi de parler dans le vide ?"
    quand j'écris sur mon blog je n'écris pas dans le vide, j'écris pour les autres.
    si je sais que personne ne me lira, je n'écris pas
    j'écris pour communiquer, même avec une seule personne
    j'écris pour créér des liens, humains, pour partager.
    sinon, je pense

  • @Céleste,

    "Et vous, ça vous fait quoi de parler dans le vide ?"
    quand j'écris sur mon blog je n'écris pas dans le vide, j'écris pour les autres.

    Céleste, tu as raison. Ma question était provocatrice, pour obtenir une réponse.

    "le texte et la voix du poète du métro,ta description...j'en ai la chair de poule
    un homme qui soliloque, que personne n'écoute, l'indifférence
    pourtant son texte est fort, dérangeant
    il ne l'a pas déclamé pour rien, ce jour là, tu étais présent."

    Merci pour cette lecture. Ce n'est pas la première fois que je vois cet homme. Là, j'ai eu le réflexe de sortir mon magnéto...

    Internet nous apprend de nouvelles vérités sur l'homme comme être non fini, inclus dans une communauté. Les autres m'apportent cette part de vérité qui me manque. Mon "attitude de base" est donc le doute, mais c'est un doute qui m'aide à construire une vérité.

  • @Sacha,

    Il y aurait beaucoup à dire sur les gens qui parlent seuls dans la rue.

    Je me souviens d'une phrase d'Alexandre Dumas, qui disait qu'Edmond Dantès parlait seul à voix haute dans la rue. C'était très fort, très romantique.

    Non, Sacha, ce n'est pas grave!

  • C'est vrai que croiser des bloggeurs sur le net, c'est un peu comme croiser tous les jours le même SDf dans le métro : on passe, on reconnaît, on ne dit rien... Etonnants autres qui font partie de notre quotidien mais dont on ne sait rien, le virtuel est partout, rencontres qui se font pas, phrases qui ne sont pas dites, c'est tellement fatigant la vie des autres, le drame des autres, et pourtant avec un peu d'efforts on est quand même content de savoir qu'on partage la même rue, la même ville, la même galaxie, la même époque. On est tous dans le même bâteau. C'est parfois marrant, non ?

  • Etrangère,

    "Etonnants autres qui font partie de notre quotidien mais dont on ne sait rien, le virtuel est partout, rencontres qui se font pas, phrases qui ne sont pas dites, c'est tellement fatigant la vie des autres, le drame des autres, et pourtant avec un peu d'efforts on est quand même content de savoir qu'on partage la même rue, la même ville, la même galaxie, la même époque."


    Oui, tout dépend de la façon dont on ressent les choses.

    La relation à l'autre est modifiée, du fait de la technique. Les techniques de communication rendent les relations plus froides, sans doute.

    Le phénomène blog est inédit et il aura des conséquences sur la façon dont les relations se nouent.
    Mais, personnellement, je préfère considérer le blog comme une façade professionnelle ou un moyen d'apprendre. Autrement dit: l'intime reste intime.

  • Eric : merci pour ce billet magnifique. :-)

    Mais pour ta dernière remarque, à te lire régulièrement, on finit par te connaitre un peu. Sans que tu racontes ta vie privée, on perçoit à travers tes choix de sujet, ta manière de les aborder, tes réponses constantes aux commentaires (merci, merci !), on devine ce qui te constitue. Pas besoin d'en parler !!!

  • @Fil,

    Oui, c'est vrai ce que tu dis. Parler, c'est parler de soi... même quand on parle des autres.

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