Le Monde a offert une page entière à Régis Debray pour s’exprimer sur la campagne présidentielle. Il a titré « La coupe de l’Elysée 2007 ». Ironie du penseur qui regarde de tout petits hommes politiques.
Régis Debray est un intellectuel de gauche, lui. Contrairement aux penseurs bushistes et autres animateurs de deuxième partie de soirée à la télé.
Dans les années 60, il était au côté du Ché quand les autres buvaient des laits fraises à la terrasse du Flore.
Aujourd’hui, ces « progressistes » le considèrent comme un réactionnaire.
Mais quand les progressistes se nomment Alain Finkielkraut, Loïc Je Meur, André Glucksmann, Doc Gynéco et Nicolas Sarkozy, il faut accepter d’être traité de réactionnaire. Quand la modernité c’est les délocalisations, le Contrat nouvelle embûche, les golden parachutes et le kärcher dans les banlieues, il faut préférer ne pas être moderne. Ou plutôt, rétorquer que la modernité ce n’est pas ça.
Pour Régis Debray, la présidentielle 2007 c’est une bataille d’image, de com et d’ego. Tout juste une compétition sportive. La coupe de l’Elysée 2007.
Il reste de gauche. Et nous explique quel sera son vote : « Pourquoi ne pas soutenir au premier tour une candidature "antilibérale et populaire" (pour autant que l'ombre de l'extrême droite ne grandisse pas d'ici là) ? Quitte, au finish, à jouer contre mauvaise fortune bon coeur Ségolène, fidélité oblige. Ou dans un autre cas de figure, peu probable, le tracteur contre le Kärcher ».
Voici ce qu’il dit de François Bayrou. « François Bayrou ? De l'étoffe. Et de la vaillance. Mais Pierre Mendès France n'était ni atlantiste ni européiste, et le meilleur démo-chrétien conserve un fumet MRP. Effet de l'âge, sans doute injuste, mais pour qui garde en tête le "Bloc-notes" de François Mauriac, encore rédhibitoire. Georges Bidault et Jean Lecanuet sont décédés, mais les morts pèsent très lourd, qu'on m'en excuse, sur le cerveau des vivants. Bon vent au troisième homme. Il le mérite. »
Il tacle les pseudo intellectuels : Les prétendants à l'Elyséee « feuillettent les magazines et surfent sur les écrans. Ce qui ne passe pas à la télé, à leurs yeux, n'existe pas. Aussi sont-ils sûrs d'avoir recruté la philosophie avec André Glucksmann ou Bernard-Henri Lévy et la littérature avec Christine Angot ou Jean d'Ormesson. »
On attend leur réponse. Dans Le Monde, évidemment.