Je publie quelques mails échangés avec Olivier Duhamel en 2005. J'espère qu'il ne s'en offusquera pas s'il tombe sur ce blog. Le débat sur le Traité constitutionnel européen est maintenant de l'histoire ancienne...
Nous fêtons les 50 ans de l’Union Européenne. Et il y a presque deux ans, les Français ont dit Non au Traité constitutionnel.
J’ai retrouvé un échange de mail que j’ai eu, quelques jours après le référendum, avec Olivier Duhamel. Je l’avais « agressé » sur un forum Internet. Et l’ancien député européen (et chroniqueur sur France Culture) m’a répondu par mail. Je reproduis cette correspondance, en espérant qu'Olivier Duhamel ne s'offusque pas qu'on rende public ce qui était privé (comme dirait Alain Duhamel)
Tout d’abord, voici l’agression. Un texte publié sur Bellaciao et envoyé à Olivier Duhamel par mail.
« Olivier Duhamel et la poésie
« Si le Non l’emporte, j’arrête la politique et je deviens poète. » Cette phrase, c’est Olivier Duhamel qui l’a prononcée au cours de la campagne référendaire. Le Non l’a emporté, il n’a pas tenu sa promesse et on l’entend toujours faire ses chroniques politiques sur France-Culture. Il n’est pas devenu poète. La poésie lui dit merci. »
C'était vache, je le reconnais. Et Olivier Duhamel m’a répondu :
« Décidément vous m'exécrez trop pour me comprendre. Je renonce en effet à toute activité politicienne, pas à tenter de chroniquer. Je n'ai jamais annoncé cela. Par ailleurs n'est pas poète qui veut. Juste parfois essayer un peu. »
Non, je ne te hais point, Duhamel. C’est ta façon de dire Oui qui m’embête.
Et je lui ai répondu, sans être certain qu’il s’agissait bien de lui et non d’un imposteur :
« Monsieur,
Si, effectivement, vous êtes bien Olivier Duhamel, tout d'abord merci de votre réponse. Ensuite, sachez que je ne vous exècre pas. J'exècre seulement la manière outrancière dont vous avez argumenté pendant ce débat. Vouloir donner du poids à ses arguments est une chose, caricaturer (voire "diaboliser") l'adversaire en est une autre. »
Et Duhamel de répondre :
« Merci de la nuance.
Et j'en déduis que je n'aurais pas dû mêler passion et raison.
Pour l'abandon du politicien : je maintiens, plus de réunions avec le PS, et ce genre de chose, mais parler du politique, ce qui est différent et écrire vers d'autres horizons.
Une question par curiosité : vous souhaitez vraiment que je démissionne de France Culture ? »
Enfin, ma réponse :
« Que vous démissionniez de France Culture? Je n'ai jamais émis un tel souhait. Je respecte votre liberté d'expression. Je m'étonnais seulement du non respect de votre promesse... ou de ce que j'avais pris pour tel.
Par ailleurs, j'estime, et je ne suis pas le seul, que vous avez trop souvent forcé le trait. Quand 90% des élus d'une assemblée, soutenus par la majorité des médias, expriment sans nuance une "pensée unique", cela ne ressemble pas à un débat. »
Aujourd’hui, est-ce que la « pensée unique » a vraiment laissé place au débat dans les médias ?