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Crise dans les médias - Page 13

  • Les dégâts du bruit médiatique

    Comment évaluer les dégâts (en terme de productivité, notamment) causés par le "bruit médiatique"?

    Tous ces signaux non souhaités et qui nous parviennent quand même? Le spam, les pubs, les rumeurs qui courent sur le net et ailleurs, les tweets plein de "lol" . Est-ce qu'un économiste peut chiffrer leur valeur négative?

    Hier, par exemple, je suis tombé sur un éditorial de Gérard Carreyrou, lu en suivant un lien sur Twitter. (Pour résumer: cet édito, écrit à la va comme je te pousse, compare France Inter à Radio Paris: "Avec Stéphane Guillon, France Inter prend des couleurs de Radio Paris")

    En lisant cet éditorial, le lecteur un peu familier des blogs se dit: "ce monsieur a atteint le poind Godwin dès le deuxième paragraphe", et il passe à autre chose.


    Ceux qui ne passent pas à autre chose

    Le problème c'est que certains ne passent pas à autre chose. Du moins pas tout de suite. Ils restent scoché à ce texte, le relisent, le retournent, ou cherche à en savoir plus.

    Et ce délai, plus ou moins long, constitue le dégat causé par le bruit médiatique.

    Cela se traduit par une baisse de la productivité.

    Cette baisse de productivité est encouragée par les commentaires qui accompagnent le message. Les tweets publiés par les journalistes font part de leur sidération. Pour Eric Mettout "les éditorialistes de droite sont en pleine compète", Guy Birenbaum qualifie l'édito d'"Incroyable", d'autres professionnels expriment leur accablement devant l'outrance du propos et la lourdeur du style.


    Ce qui est bruit pour l'un est information pour l'autre

    Tous ne sont pas du même avis: pour eux cet éditorial est bien troussé, bravache et briseur de tabou en diable, etc. Ce qui est bruit médiatique pour l'un est information intéressante pour l'autre.

    Mais le but de mon billet, je l'oublierai presque, n'est point de vous bassiner avec Gérard Carreyrou, dont j'aimerai bien arrêter de parler. Mon sujet, je le rappelle, c'est comment le bruit médiatique sabote la productivité, comme dirait le site Bien Bien Bien.

    Et c'est ce qui m'intéresse dans le phénomène: qu'est-ce qui fait qu'une information nous titille, qu'est-ce qui nous indigne dans une indignation qu'on ne partage pas?

    Des processus mentaux se mettent en branle, des émotions aussi, et un petit bruit médiatique prend une ampleur considérable...

    Je ne sais pas s'il existe une étude démontrant combien coûte, en productivité, ces pertes de temps liées au bruit médiatique. Mais ça doit être énorme.


    Combien coûte les informations boiteuses

    Jakob Nielsen explique, par exemple, combien coûte aux entreprises des textes mal rédigés:

    "Combien coûte un titre mal rédigé sur la page d'accueil d'un intranet? Pour une entreprise de 10 000 salariés, environ 30 000F, soit beaucoup plus qu'un bon rédacteur qui corrige le titre avant qu'il soit mis en ligne.

    • Le chiffre indiqué ci-dessus est basé sur les suppositions suivantes:
    • tous les salariés passent 5 secondes de plus que nécessaire à lire et à comprendre le titre parce qu'il n'est pas clair
    • la mauvaise conception du titre fait que 10% des salariés cliquent sur le titre alors qu'il ne les concerne pas
    • ce salariés passent en moyenne 30 secondes à lire l'article avant de comprendre qu'il ne les intéresse pas
    • 10 000 salariés utilisent l'intranet
    • la valeur du temps d'un salarié est de 300F de l'heure*; cette valeur incluant son salaire plus la valeur ajoutée qu'il crée dans l'entreprise"


    Ces considérations nous emportent loin, bien loin de Gérard Carreyrou. Et, fatalement, elles nous y ramènent. Car Gérard Carreyrou, comme le sparadrap du Capitaine Haddock, nous suit et nous poursuit inlassablement de sa vindicte.

    Ah, le bruit médiatique est encore beaucoup, beaucoup, beaucoup plus nocif qu'on ne le croit au premier abord.

     

     

    * le texte date d'une dizaine d'années.

  • Une vie nouvelle

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    Ce matin, j'ai croisé un copain que je n'avais pas vu depuis des années.

    Il est devenu fonctionnaire. "Quand on est jeune, on a plein d'idéaux et un moment on comprend qu'il faut faire des compromis. Ce travail me donne la liberté de faire plein de choses que j'aime à côté."

    C'est un gars que j'ai connu au club d'échecs. On y jouait beaucoup, dans les années 90. Il a arrêté en 2003. "J'ai compris que je ne jouais plus par plaisir, mais pour correspondre à une image que l'on avait de moi" me dit-il.

    Il me dit qu'il a aussi arrêté de fumer. Il a réduit son temps de travail à 80% d'un temps plein.

    Il me dit:

    _Maintenant, je consacre mon temps libre au bien être."

    _ Le bien être?

    _ Oui, le bien être.

     

    Ce texte est une réponse à un tag que m'a envoyé Rimbus, pour la chaîne «Jeu d'écriture n°3». L'objectif était d'écrire à partir de la photo qui illustre l'article. A priori, je suis hors sujet. Quoique...

    Je transmets le témoin à Céleste, Otir et l'Intello du dessous.

  • Mais qu'a voulu dire Vinvin avec son transmedia?

    Quand on regarde cette vidéo on se demande ce qu'il a bien voulu dire, le sympathique Vinvin qui s'agite sur fond de nature...

    Humoristique, parodique, second degré, décalage...

    On peut y voir ceci: une critique du langage. Le langage du marketing, c'est évident. Le langage en général. Et derrière ça, l'idée qu'une image vaut mille mots, comme dit le proverbe.

    On peut donc dire que ce film est l'exact opposé de ce film de Marguerite Duras qui se termine par un écran noir et juste une voix qui raconte (ce film, je crois que c'est l'Homme atlantique). A un journaliste qui lui demandait si les mots sont plus forts que les images, Duras répondit qu'un mot dit beaucoup plus que des images.

    Les mots, les images: deux façons de dire le monde. Deux cultures. Peuvent-elles se rejoindre?

    Le Transmédia expliqué par Les Raconteurs from Les Raconteurs on Vimeo.

  • Les vraies ruptures d'Internet


    SergeSoudoplatoff, les vraies ruptures d'Internet
    envoyé par liberation. - Regardez les dernières vidéos d'actu.

    Trouvé chez Var21 via Zoupic (Serge Soudoplatoff a un blog).

  • Le plus grand pouvoir des médias

    Le plus grand pouvoir des médias n'est pas de parler de tel ou tel sujet ou de mettre en lumière telle ou telle personne. Le vrai pouvoir, c'est de taire un sujet*.

    Ne pas parler d'un sujet dans les médias, c'est le condamner à une mort médiatique, une mort symbolique.

    "Les médias ne parlent de nous que lorsque il y a un fait divers ou une émeute", disent les habitants des banlieues. Et les ruraux? On ne les entends même pas se plaindre de ne pas assez exister.

    Une des principales causes de décès des adolescent, c'est le suicide. Les médias n'en parlent pratiquement jamais.

    La faim dans le monde est peu montrée (voir l'étude récente de La Croix).

    Lors de la catastrophe en Haïti, on a très peu parlé des haïtiens. On a surtout parlé des Américains et des Occidentaux sauvant les haïtiens.

    Les médias parlent peu des programmes politiques et se concentrent sur les petites phrases et les combats de personnes.

    Finalement, le pouvoir des médias est bien plus étendu qu'on ne le croit.

     

    *"L'influence la plus déterminante que les médias exercent sur la politique ne procède pas de ce qui est publié mais de ce qui ne l'est pas. De ce qui est occulté, passé sous silence" Manuel Castells, dans le dernier Manière de voir, consacré à Internet, révolution culturelle.

  • Publier ailleurs

    Depuis quelques temps, j'ai le désir de publier ailleurs que sur ce blog. Et c'est ce que je vais faire, sans savoir pour l'instant si je vais ou non arrêter « Crise dans les médias ».

     

    1. Twitter. Je publie régulièrement sur Twitter depuis mai 2007. Les partages de liens se font sur Twitter (parfois je les publie d'abord sur Delicious et ils sont reversés sur Twitter).

    La conséquence, c'est que je publie moins de billets de liens sur ce blog. C'était pourtant le genre de billet que j'aimais bien. Et ça permettait aussi de signaler des billets intéressants. Avec Twitter, j'ai été moins assidu dans cet exercice.

     

    2. Tant de bons blogs « médias ». Quand j'ai lancé 'crise dans les médias ', en 2005, peu de blogs traitaient de ce sujet. Et puis, la crise des médias est apparue sur le devant de la scène, notamment pendant la présidentielle.

    Depuis, les différents aspects de la crise ont été débattus: concentration des médias entre les mains d'industriels, fuite de la publicité vers Internet, pouvoir des journalistes miné, essor des médias sociaux, précarité des journalistes, connivence entre les journalistes et le pouvoir, etc.

    Aujourd'hui, tous ces thèmes sont bien connus. Et il n'y a pas dix mais cent blogs sur les médias. Et certains sont excellents. Les journalistes bloguent sur le sujet, des personnes avec beaucoup d'expérience, beaucoup de recul. Certains blogs sont d'un tel niveau que je peux seulement les lire et dire « chapeau ». Par conséquent on peut se demander si un blog comme « crise dans les médias » a encore sa place dans ce paysage.


    3. Un autre espace. Pour l'instant, je n'ai pas décidé d'arrêter ce blog. Je le poursuivrai, peut-être, mais à un rythme moins soutenu qu'avant. Et je vais investir un autre espace de publication.

    Ces petits détails techniques ont leur importance: un blogueur est quelqu'un qui écrit pour le plaisir; ses écrits n'ont presque aucune valeur (monétaire, s'entend); pour autant, il se doit de les valorises et de construire sa maison, son refuge virtuel.

    Et puis, surtout, il doit protéger quelque chose qui est vital pour lui: le désir, cette impulsion qui sert de détonateur quand on débute quelque chose et qu'on doit entretenir pour que cela continue. Mais cela, on n'en est pas le maître...

  • Télé réalité et infra réalité

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    Des amis qui se réunissent autour d'un repas, des personnes qui refont la déco de leur cuisine, d'autres qui cherchent un nouvel appartement: les émissions de télé réalité rivalisent d'absence d'imagination.

    Avant, la télé réalité était subversive: le spectateur était voyeur. Maintenant, la téléréalité offre du narcisisme au téléspectateur. C'est lui-même qu'il regarde.

    La réalité qui est montrée est très banale. C'est une infra réalité qui s'offre au spectateur. Au ras des pâquerettes.

     

     

    La télé réalité est partout

     

    La télé réalité, au départ était un type d'émission bien précis: on enfermait une quinzaine de jeunes gens et de jeunes femmes sous l'œil de

    caméra et on voyait ce qui allait se passer.

    Puis, le spectateur s'est aperçu que ces émissions en fait était scénarisées. Tout était écrit à l'avance.

    Mais la télé réalité s'est propagée partout. Par exemple, les émissions de Jean-Luc Delarue, à l'origine étaient des débats. Les gens racontaient leurs malheurs devant un public, en présence du gourou ultime, JLD. Maintenant, elles intègrent plus d'aspects télé réalité. C'est-à-dire que l'on suit les personnes au cours de reportages fouillés.

    La récente émission « Paroles de Français », avec le président de la république, est de la réalité. Ce n'est pas un débat politique. C'est une sorte de transgression de la barrière entre le président et les « vrais gens ». On place les vrais gens en présence du président et on obtient l

    'effet télé réalité: effet de réel supposé apporter un supplément de sincérité au discours politique.

     

    L'infra télé réalité

    L'infra télé réalité, c'est une télé réalité encore plus au ras du réel. La vie quotidienne dans ce qu'elle a de plus commun à tous, ou tout du moins, c'est comme ça que c'est montré.

    Il y a toutes ces émissions qu'on voit sur M6 (mais les autres chaînes en font aussi). C'est le Dîner presque parfait, l'émission de Valérie Damidot où on refait la décoration d'un appartement, ou l'émission où il s'agit de louer ou acheter un bien immobilier.

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    On peut relever quelques caractéristiques de ces émissions:

     

    1. Des actions de la vie de tous les jours

    Contrairement à la télé réalité où les acteurs pouvaient accomplir des actions extraordinaires ou choquantes, là, on se cantone dans le très banal. Réaliser un repas pour des amis. C'est ce que tout le monde est censé faire régulièrement. C'est une sorte de passage obligé, de rite social.

    Et la télévision va nous apprendre à le faire dans les règles de l'art. Mais pas de façon « top-down », comme ça se faisait jusque dans les années 80 (avec un chef qui vous apprend à faire les choses). Là, ça se fait avec une logique « bottom-up »: on fait les choses, et les autres jugent si c'est bien fait ou mal fait.

     

    2. Segmentation

    Chaque émission se focalise sur une action en particulier. Réaliser un repas, décorer une chambre, acheter un appartement.

    A l'avenir on peut imaginer une segmentation encore plus grande des émissions. Sur une chaîne thématique canine, on invitera des maîtres à toiletter leur compagnon. Le propriétaire de chiouaoua partagera son expérience avec le maître d'un labrador. Le candidat vaincu, repartira avec son teckel sous le bras, non sans être passé par l'étape obligatoire du confessionnal.

     

    3. Conseil pratique, how to, diy

    Ces émissions ont une vocation pratique. Un téléspectateur pourra reproduire les recettes ou les présentations vues dans l'émission.

    Ce genre d'émission surfe sur la vague du DIY (do it yourself). On peut se demander si la crise n'est pas passée par là. Toujours est-il que les gens reprennent plaisir à faire les choses par eux-mêmes. Par exemple, la vogue du pain fait soi-même s'explique-t-elle uniquement par le prix exorbitant de la baguette ou par le désir de retrouver des émotions perdues?

     

    4. Pas de sensationnel

    Les émissions de télé réalité ont dû leur succès à leur côté sensationnel.

    Le plus souvent, les émissions de téléréalité étaient spectaculaires, sensationnelles. Ces jeux où les candidats se retrouvaient à l'autre bout du monde pour manger des lézards, ça avait un côté dépaysant.

    Avec l'infra télé réalité, on est dans l'infra, dans le peu. Le minimalisme est de rigueur. On est dans la cuisine de monsieur tout le monde et il s'agit de battre des blancs en neige avec une fourchette. Le candidat de télé réalité lancerait la fourchette en criant, avant d'expliquer son geste dans le confessionnal. Au contraire, le candidat de l'infra télé réalité se retrousse les manches, bats ses blancs et essaie de présenter une mousse acceptable. Pour le sensationnel, on repassera.

     

    5. Pas d'érotisation

    La télé réalité, à la base, c'est du voyeurisme. Le côté Big brother. Ou l'œil dans la serrure. D'où l'aspect érotique toujours latent dans ce type d'émission. Loana dans la piscine a sans doute marqué des générations d'adolescents prépubères _ et leurs papas.

    Avec l'infra télé réalité, pas de sexe. On agit dans la sphère du social. Les conventions. Fourchette à gauche, cuillère à droite, (ou le contraire?) et pas les coudes sur la table. Le graveleux est hors sujet.

     

    6. Pas de scandale

    La télé réalité faisait scandale. Oh, pas de vrais scandales. Mais de faux scandales mis en scène pour faire du buzz. La ficelle était énorme, mais ça marchait. Kevina avait dit du mal de Jérémie, et on en faisait tout un foin.

    Dans l'infra télé réalité, pas de scandale. Aucun candidat ne s'est jamais rebellé contre l'ultra-autoritaire Valérie Damidot; personne n'a eu l'audace de lui dire que tout repeindre en mauve c'est à gerber. Non, dans l'infra télé réalité, on respecte les rôles et la cohérence des scénarios.

  • Le déguisement de Florence Aubenas

    florence_aubenas.jpgQuelque chose me met mal à l'aise dans le dernier livre de Florence Aubenas, où la journaliste est devenue femme de ménage pour décrire la vie des travailleurs précaires.

    Je ne saurais trop définir ce qui me dérange. Elle a tout fait pour paraître proche de ces personnes. Hélas, elle donne le sentiment d'en être très loin.

    Paradoxalement lointaine

    Certains journalistes on critiqué sa façon de travailler: se déguiser en femme de ménage pour enquêter "à hauteur d'homme", comme elle dit.

    Je me demande si ce n'est pas cela qui, paradoxalement, nous rend Florence Aubenas si éloignée de ceux qu'elle décrit. Paradoxalement parce que, ayant vécu au milieu d'eux, elle devrait nous apparaître comme l'un d'eux, l'un de nous. Mais pas du tout. Au contraire, le fait de devoir se déguiser pour paraître crédible en femme de ménage est, justement, ce qui la rend peu crédible.

    En fait, je crois que cette question de la mise à distance est essentielle. Comme au théâtre où la scène permet au spectateur de réfléchir, la mise à distance narrative suscite la réflexion. Au contraire, dans son enquête Florence Aubenas nous empêche de prendre de la distance. Du coup, la seule chose qu'on voit, c'est la narratrice, qui n'a rien d'une femme de ménage.

    Le problème va bien au-delà de la personne de Florence Aubenas, connue pour être une journaliste intègre. Pourquoi certains journalistes ont-ils l'air de découvrir un quotidien qui n'a rien d'étrange, puisque c'est le nôtre? Mais pas le leur, semble-t-il.

     

    Pourquoi se déguiser?

    En fait, on se demande si le livre de Florence Aubenas ne nous renseigne pas plus sur la coupure entre les élites et le peuple que sur le travail précaire...

    Dans les années 50 ou 60, les journalistes étaient moins diplômés. Ils allaient volontiers sur le terrain, et rencontrer des ouvrier faisait partie de leur métier. Alors, qu'est-ce qui est passé par la tête de Florence Aubenas pour se dire que la seule façon d'entrer en contact avec "ces gens-là", ce serait le déguisement?

    La distance entre Florence Aubenas et les travailleurs précaires saute aux yeux en regardant la Une que le Nouvel Observateur lui consacre. La journaliste y sourit, triomphale, comme une actrice promise à l'Oscar après une performance. Les journalistes commentent la prouesse de leur consoeur: le CV maquillé, le déguisement réussi, l'épreuve des six mois de travail précaire. Une enquête qui fera date.

     

    Devenir l'incarnation du bien

    Quand BHL va dans un pays en guerre pour faire un reportage, tout le monde le critique. Et voilà que Florence Aubenas se déguise en femme de ménage, et tout le monde applaudit. Pourtant le principe est le même: devenir l'incarnation du bien en dénonçant le mal.

    Cela dit, en lisant les extraits du livre et en commençant à le lire, j'admets qu'il n'est pas sans intérêt. Je reconnais le talent indéniable et aussi l'énergie bienfaitrice de Florence Aubenas. Elle est allée sur le terrain, elle!

    Pour autant, on relève de nombreux détails qui marquent une distance extraordinaire entre la journaliste et les gens qu'elle décrit. C'est cette distance qui me choque ou plutôt m'étonne. La multiplication des "petits faits vrais", des "effets de réel" (les expressions employées par les gens, les anecdotes, les descrption des emplois, etc.), ne font pas vrai. Tout ça sonne faux.

    La première visite au pole emploi est presque caricaturale. Un Persan du XVIIIe siècle n'aurait pas été plus étonné. Pourtant, florence Aubenas n'est pas une persane imaginaire, ni une bourgeaise du XVIe arrondissement. Elle est journaliste.

     

    Et pourtant je me suis levée tôt

    Pour avoir essayé de le faire, je sais qu'il est difficile de parler de précarité. Le blog équilibre précaire, que j'ai co-animé avec plusieurs autres blogueurs m'a permis de toucher du doigt les nombreux écueils qui attendent ceux qui cherchent à décrire le réel des précaires.

    J'ai lu le livre d'Elsa Fayner Et pourtant je me suis levé tôt. Elle a réalisé la même expérience que Florence Aubenas. Mais il n'y a pas tout ce tintouin autour du déguisement. Pas tout ce pathos, ce larmoyant qu'on trouve dans l'écriture de Florence Aubenas. Et, le livre d'Elsa Fayner alterne les récits et l'analyse. Une façon de prendre du recul.

    Mais, paradoxalement c'est cette prise de recul qui nous rend le monde des précaires plus proche, alors que l'immersion de Florence Aubenas nous la rend distante d'eux.

     

    photo: Florence Aubenas dans le Nouvel Obs

  • Pays développé, presse quotidienne sous développée

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    Le Nouvel économiste consacre sa Une à la crise de la presse quotidienne en France.
    Le titre est très fort: "En finir avec l'omerta". Ah bon? On ne savait pas qu'on nous cachait quelque chose sur la crise de la presse. Mais quoi?

    L'attaque du dossier est assez dure, elle aussi: "pays développé, presse quotidienne sous développée: combattre un mal français".

    A lire sur le site du Nouvel économiste

    (info trouvé via Xavier Ternisien)

     

  • Trois temps du développement

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    Récemment, sur Twitter, quelqu'un parlait du "quart d'heure de célébrité" de Wharol.

    Devenir célèbre est, pour beaucoup, une sorte d'absolu. Exister c'est être visible. Etre célèbre c'est exister à la puissance mille.

    Je ne suis pas trop d'accord avec ça. Je me demande si c'est encore valable pour notre temps.

    En fait, on peut s'amuser à dessiner une fresque en trois temps:

     

    1) Epoque matérielle

    La valeur cardinale est l'argent. Il faut en avoir et le montrer. Se distinguer de ses voisins et les surpasser.

     

    2) Epoque spectaculaire

    La valeur cardinale est la célébrité. Il faut se montrer et être vu. Et surtout reconnu. On est connu pour sa célébrité. Et pour être célèbre, on n'a pas besoin d'avoir fait quelque chose, il suffit d'être connu. Cercle vicieux.

     

    3) Epoque créative

    La valeur cardinale est le temps. On préfère gagner moins, mais avoir du temps à soi. On est désigné comme des créatifs culturels, volontiers décroissant, un brin hacker, mais surtout on vit pour se réaliser et pour créer, dans l'instant présent.

     

    photo: Andy Warhol sur Chatroulette (montage)

  • Pourquoi et comment les adolescents publient sur le web

  • Fixer un but, c'est déjà l'atteindre

    J'ai été surpris et très intéressé par cette nouvelle: Obama a engagé la blogueuse Gina Trapani (Lifehacker) pour un groupe de réflexion qui devra définir des buts et des challenges pour les Etats-Unis au XXIe siècle. Rien que ça! Et s'il a pensé à Trapani, c'est que son blog est basé sur le développement personnel et qu'elle aide les gens à se fixer des buts et à les atteindre. Elle ne sera pas la seule dans ce think tank, bien sûr.

    C'est donc assez intéressant de voir que les processus utilisés pour les individus peuvent aussi être valable pour les Etats. On se fixe des buts, on fait un plan (récemment j'ai entendu quelqu'un chez Yves Calvi, qui avait travaillé au commissariat au Plan et qui regrettait cette époque: qu'est-ce qu'il avait pas dit là!)

    Et vous, est-ce que vous êtes familier de l'habitude de se fixer des buts, de façon réfléchie?