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Journalisme - Page 27

  • L'Huma, la Croix et le pluralisme

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    La Croix et l’Huma. Deux journaux atypiques aujourd'hui, car ce sont des journaux d’opinion. J’ai comparé deux éditions de ces quotidiens (celle du 26 septembre 2006). Et, effectivement, le journal catholique et le journal communiste ont des visions du monde différentes.

    Juste trois remarques:

     

    • Sur la Une, les deux journaux n’ont rien en commun. Le titre de Une : « GDF : la parole d’Etat reniée » pour l’Huma et « La baisse du chômage touche enfin les Rmistes » pour La Croix. Les deux journaux ont un titre en bandeau : « Cachan : toute la gauche répond présent » et « Benoît XVI veut développer le dialogue entre chrétiens et musulmans » (vous avez deviné que le premier c’est l’Huma et le second La Croix). Enfin, dix autres sujets apparaissent en Une. Pas un seul ne se retrouve à la fois chez La Croix et L’Huma. « Bush s’accroche à la torture », « l’agression des policiers aux Tarterêts », « les collectifs anti libéraux », « le Printemps en septembre (Toulouse) » pour l’Huma. « L’accueil des handicapés », « l’immigration en Europe », « la Bulgarie et la Roumanie en Europe », « Le budget de la France », « Nouveau gouvernement au Japon », « Ben Hur de Robert Hossein », « Un éditorial ».

    • Sur certains sujets, il y a des convergences. Exemple : un référendum suisse qui durcit la loi sur les étrangers. Le sujet est présenté dans les deux journaux. Les deux réprouvent cette loi. Comme l’écrit La Croix « les appels de la gauche, des Eglises et de certains partis du centre droit contre le durcissement de ces mesures ont été vains. » Autre point commun, en passant: ces deux journaux sont au format tabloïd.

    • Le pluralisme est essentiel. Il est en danger. Politis, Libé, L’Huma, France Soir, sont menacés de disparition. Par ailleurs, beaucoup de titres ont des lignes éditoriales très voisines. Le Point, L’Express et le Nouvel Obs sont très souvent interchangeables. Enfin, une question : que ce serait-il passé si j’avais comparé Métro et 20 Minutes ?


    (Photo: Don Camillo, ou l'époque bénie des luttes entre les curés et les cocos).

     

  • Libé: que fais-tu Edouard?

    L’avenir de Libération est incertain. Edouard de Rothschild, actionnaire principal, s’est opposé au projet du journaliste Edwy Plenel, dans une tribune publiée hier. Projet qualifié d’ « économiquement dangereux ». M. de Rothschild ajoute : « la méthode employée par Edwy Plenel m'a parfois embarrassé : était-il bien raisonnable […] de tenter de forcer la main de tel ou tel par une succession de manoeuvres ? »

    Que va-t-il arriver à ce « canard sans tête » (depuis le départ de son directeur Serge July), sans projet éditorial fixe mais avec encore quelques lecteurs ?

     

    Daniel Schneidermann commente : « Pour convaincre qu’il est convaincu qu’un journal, c’est d’abord un projet, Rothschild devrait dire dans quelle direction (générale) il souhaite aller. Et le dire vite. »

     

    Bernard Lallement, un des fondateurs du journal souhaite « de l’audace intellectuelle et financière. Je n’ai rien entendu de tel dans les propos de Plenel et ce qui m’inquiète, aussi, c’est que je ne les perçois pas, non plus, dans ceux de M. de Rothschild. »

     

    Un dossier est sur le site de Libé, un autre sur le site de l’Obs.

    Enfin, ça n'a rien à voir, mais c'est intéressant, Edwy Plenel, ex du Monde, et Denis Robert, ex de Libé, s'empoignent violemment au sujet de l'affaire Clearstream, comme le rapporte David Leloup, qui s'intitule joliment "journaliste pronétarien".

  • Article supprimé

    Nous prions nos lecteurs de bien vouloir nous excuser. L’article que nous devions publier aujourd’hui a été supprimé.

    Nous craignions, en effet, d’offenser nos amis musulmans. Certains d’entre eux auraient pu être choqués. Et comme nous n’avons pas le temps de relire le Coran en Arabe littéral, nous préférons limiter les risques. Donc, nous nous fions à l’ouverture d’esprit de nos amis musulmans et nous décidons de ne pas publier le texte.

    Certains passages auraient pu déplaire à nos amis catholiques. Benoît XVI, la conférence des évêques de France et les ligues de vertus auraient pu être choqués. Donc, nous nous fions à leur discernement et nous retirons ce texte.

    Des représentants de la religion juive auraient pu également prendre ombrage de certaines allusions contenues dans l’article. Un passage du Talmud, que nous n’avons pas eu le temps de relire, aurait pu entrer en contradiction avec notre discours. Nous nous en battons la coulpe et, respectant l’esprit de tolérance de nos amis juifs, nous ne publions pas ce texte.

    Les partisans du capitalisme auraient pu discerner dans l’article une critique de l’économie de marché. Qu’ils soient rassurés : l’auteur de ces lignes est persuadé de la justesse des lois du marché autorégulé et de la concurrence libre et non faussée. Et, confiants en leur finesse d'esprit, nous jugeons préférable de ne pas publier ce texte.

    Nos amis gauchos se seraient sans doute étranglés de rage en lisant ce texte. Nous sommes convaincus que Brejnev, Lenine et Georges Marchais possédaient la vérité et qu'Olivier Besancenot a de bonnes idées. C'est pourquoi, nous fiant à leur honnêteté intellectuelle, nous supprimons cet article.

    Enfin, nous avons pensé à nos amis mal comprenants. Certains passages obscurs auraient pu leur échapper. Qu’ils se rassurent, nous ne publierons rien.

    S’il reste des personnes que j’ai oubliées ou qui seraient choquées par la présente note (qu'est-ce que ça aurait été si nous avions publié le texte incriminé), elles peuvent exprimer leur désaprobation dans un commentaire, car il n’y a rien que nous ne plaçons au-dessus de la liberté d’expression.

  • "Le Monde" me cite

    Le Monde m’a cité dans sa lettre électronique du 18 octobre consacrée à la "primaire socialiste". Voici ce qu'on peut lire dans la rubrique « Revue de web » de cette newsletter, réservée aux abonnés:

    Trahis par leurs mots

    Eric Mainville, journaliste et blogger, a comparé les professions de foi des trois candidats à l'investiture et compté l'occurrence des principales idées: c'est Laurent Fabius qui parle le plus souvent de la France; Ségolène Royal dit "vous" là où Dominique Strauss-Kahn dit "je"; et DSK est celui qui emploie le moins le mot "socialiste", auquel il préfère "social-démocrate". »

    Merci au journal Le Monde d'avoir attiré plusieurs centaines de visiteurs vers mon blog. Et merci à François Alex de m'avoir transmis l'info (en effet, je ne suis hélas! pas abonné du Monde).

  • Sauver Politis

    Politis est en danger. L’hebdo, fondé en 1988, lance une souscription pour se sauver. Il a été placé en redressement judiciaire depuis le 8 août. Pour en savoir plus, allez chez Philippe Gammaire.

  • Le Monde citoyen

    Vous connaissez Le Monde citoyen ?

    C’est un site qui regroupe 17 auteurs, dont moi-même. Le Monde citoyen en quelques mots : « Pour une autre voix, contre la pensée unique, les cachotteries, compromissions et manipulations médiatiques, pour poser les bonnes questions et ouvrir les vrais débats, un regard libre et indépendant. » (Olivier Bonnet)

    La rédaction du Monde Citoyen:

     
    Adam Kesher

    Agnès Maillard

    Bernard Langlois

    Carlo Revelli

    Eric Mainville

    Guy Birenbaum

    Jean Véronis

    John-Paul Lepers

    José Ferré

    Julo Blogapart

    Nicolas Voisin

    Olivier Bonnet

    Philippe Gammaire

    Philippe Martin

    Sébastien Fontenelle

    The Benito Report

    Thierry Crouzet

     

    Le Monde citoyen a été lancé au début du mois. J’ai intégré l’équipe grâce au soutien de Nicolas Voisin. Et je dois dire que je ne suis pas peu fier de figurer parmi ces personnes.

    J’ai déjà publié un article : « web 2.0 et démocratie en danger ». Je tâcherai de publier régulièrement, sur le sujet des médias, voire de la politique. Je ne saurais trop vous conseiller de lire Le Monde citoyen!

     

     

     

     

  • Crise de la presse: 2005 année noire

    La presse va mal. Les ventes sont en baisses et, nouveauté, les abonnements aussi. C’est ce que révèle un rapport de la Direction du développement des médias (DDM), service rattaché au premier ministre. Rapport jugé alarmiste par Le Monde.

     

    La DDM parle de l’année 2005 comme d’une « année noire ». Le secteur le plus touché est la presse nationale d’information générale et politique. Cela n’étonnera personne, quand on sait les problèmes rencontrés par Libération et, dans une moindre mesure, Le Monde et Le Figaro. En revanche, la presse locale est épargnée, car elle n’est pas concurrencée par les gratuits.

     

    Les gratuits, justement. Ce sont eux les grands gagnants. En 2005, les recettes publicitaires de la presse ont progressé de 60 millions d’euros et cette somme est allée vers les gratuits, dont les recettes ont progressé de 820 à 880 millions d’euros (sur 4,57 milliards d’euros au total).

    En savoir plus:

     

    Le rapport de la Direction du développement des médias (pdf).

     

    Le site de la DDM.

  • Le Gri-Gri international, le rire de l'Afrique

    Vous voulez savoir ce qui se passe au Togo ? Comprendre la crise ivoirienne ? Explorer les dessous de la politique d’immigration de la France ? Lisez le Gri-Gri International.

    Le Gri-Gri International est un journal satirique africain. Il a été créé en juillet 2001 par le journaliste gabonais Michel Ongoundou Loundah. Il paraît un jeudi sur deux. Il compte huit pages. Il coûte 2 €, soit 500 Francs CFA.

    Dans le Gri-Gri on trouve des caricatures d’Idriss Déby, Omar Bongo et… Jacques Chirac. On lit des reportages sur les pays francophones d’Afrique et les autres. Toujours avec de l’humour.

    Le Gri-Gri se bat pour la liberté d’expression. Il a été interdit par Omar Bongo au Gabon. Puis au Cameroun, dans la République du Congo et la République démocratique du Congo. Il a même été interdit de diffusion à l’Assemblée nationale le 9 février dernier. Une caricature de Jacques Chirac en short à côté d’une poupée vaudou à l’effigie de Sarko a été jugée « injurieuse ».On en a moins parlé que des caricatures de Mahomet…

    Le Gri-Gri a réalisé quelques coups journalistiques. L’interview de Jean-Marie Le Pen reste un sommet. Elle a été jugée « complaisante » par une partie de la rédaction. Résultat : plusieurs journalistes sont partis, la société des « amis du Gri-gri » s’est dissoute et le journal a frôlé la faillite.

    Mais il renaît, après 3 mois de crise, le 18 mai dernier. En Une, l’interview de Le Pen. Un entretien, effectivement, assez complaisant. Par exemple, la question « savez-vous que bon nombre d’Africains vous aiment bien ? » Il y a plus dérangeant ! Et on aurait pu lire ailleurs cette déclaration de Le Pen : « C’est vrai que chez les Français, il doit y avoir des racistes comme il y en a chez les Arabes, les Noirs et les Juifs. » Mais, reconnaissons que les médias ont toujours eu du mal avec le Front National…

    Le numéro suivant, le Gri-Gri faisait sa Une sur Dieudonné. Sans doute pour respecter l’équilibre droite gauche ? Deux numéros plus tard, on retrouve Dieudonné dans la page « spectacle ». Le Gri-Gri, un ami de Dieudonné ?

    Mais l’essentiel des informations proviennent d’Afrique. Le Gri-Gri donne éclairage différent de Jeune Afrique ou des journaux français. « Je suis personnellement abonné au Gri-Gri et pour moi il comble une lacune dans la presse franco-africaine diffusée en France. Par contre, ils ont encore beaucoup de progrès à faire dans le côté "gestion du journal", même si les articles sont très bons », explique l’animateur du site consacré à Pierre Mamboundou, opposant Gabonais.

    Le dernier numéro consacrait un dossier sur le Togo. Le personnel politique est passé au crible. La décolonisation et le rôle de la France est évoqué. Kpatcha Gnassingbé, président ministre de la Défense du Togo a droit a un portrait.

    Dans le numéro précédent, le 15 juin, le dossier portait sur les rebellions en Afrique. Côte d'Ivoire, Darfour-Soudan, Mali, Tchad, sont les étapes de ce voyage où on rencontre ceux qui sont "trop rebelles pour être honnêtes"...

    Le Gri-Gri est en vente en France dans les kiosques.

    Cet article a été publié sur Agoravox et CentPapiers

  • Comment sauver Libé

    Il faut sauver Libé ! Sur le principe, tout le monde est d'accord ou presque. Mais comment faire? Chacun distille ses conseils. Il y a des tapes dans le dos… et des coups de poignards.

    medium_28-06-2006_2_.JPGCertaines voix portent plus que d’autres. Celle de Daniel Schneidermann* n'est pas négligeable. Il s’est adressé à Edouard de Rothschild, actionnaire principal du journal. Dans une lettre ouverte publiée sur son blog, il rappelle que Libé doit apporter un plus à ses lecteurs et que « cette pluvalue porte un nom générique : ça s’appelle des enquêtes » et « tout le reste, toute l’écume de l’actualité à laquelle le système consacre ses manchettes à longueur d’année, on en rendra compte en brèves, ça suffit bien. »

    Etant totalement d’accord avec lui, je l’ai fait savoir. J’ai posté un message sur son BigBangBlog. Il a répondu : « Réjouissante, Eric, votre brève sur Clearstream. C’est exactement ce que je veux dire. Je rêve de lire le journal qui aura le courage de faire ça. »

     

    Voici le texte que j’ai posté sur le BigBangBlog : 

      

    Faire des enquêtes... Le mot est lâché! Albert Londres... Bagne de Cayenne... L’aventure, quoi !

    Le lecteur potentiel de Libé (oui, aujourd'hui nous ne sommes plus que des lecteurs potentiels de Libé. Car qui sont ses 50 ou 70 000 lecteurs réguliers? Des égarés qui ne savent pas comment résilier leur abonnement ou des fanatiques qui croient encore que July descend chaque jour en pantoufles dans les salles de rédactions pour dicter le titre de Une aux jeunes journalistes ébahis?) est alléché par le programme. De l'info exclusive, arrachée aux griffes de ceux qui veulent nous la cacher, ces méchants antidémocrates!

    Le lecteur potentiel d'un Libé payant se dit "pourquoi pas, Daniel!" et "ose donc, Edouard!"

    De l'enquête, bien touffue, pas de ces pages "Grand angle" ou "Décryptage" comme les nomment je ne sais quel journaux de référence. De l'enquête, oui, avec du sang et des larmes, comme dans "Time" mais en Français. Ca doit bien être possible. Et commercialement viable (ça, c'est un clin d'oeil à Monsieur Edouard, parce que, tout de même, c'est lui qui sera en slip si ça ne marche pas)...

    Et tout le reste, des brèves. OK! Le lecteur potentiel (et bienveillant) acquiesce.

    "Hier, à l'Assemblée, le premier Ministre a fustigé la lâcheté (oui, vous avez bien lu: la lâcheté) d'un membre de l'opposition au cours d'une altercation qui a conduit une trentaine de députés à quitter leur siège pour crier hou, hou !".

    Voilà, par exemple, ce qu'on pourrait dire de l'échange de vue entre Villepin et Hollande.

    "Un membre éminent du gouvernement a décidé de faire appel à la justice pour trancher un différend qui l'oppose à un ancien ministre, lequel aurait fait enquêter sur son compte à propos d'une affaire de listing sur lequel son nom est apparu, le tout étant lié à une société basée pas loin de la Belgique et dont les activités se résument, si l'on se fie aux dires d'un romancier-journaliste qui a beaucoup peiné sur le sujet, à du lessivage de billets à très grande échelle."

    Et voilà, vous l'aurez reconnue, l'affaire Clearstream en bref. Vous avouerez que c'est mieux que les dizaines de pages noircies par vos confrères. Et noircies en vain puisque, selon une personne proche de Monsieur Colombani, Le Monde n'y aurait gagné aucun lecteur...

    L’enquête ! Z’avez vu juste, Daniel !

    En revanche, je suis en désaccord avec vous sur un point. Lorsque vous parlez de faire de Libé un journal anti Coupe du Monde Fifa (car on ne parle plus de la Coupe du Monde de football; il n'est plus question de football, mais de FIFA : on est passé dans une autre dimension, celle de la FIFA, de la presse gratuite, d'Internet et de bien d'autres choses encore), là, vous vous fourvoyez! Pendant la Coupe du Monde, tout le reste s'efface...

    La Coupe du Monde est un emballement médiatique à elle toute seule. La preuve, la semaine dernière, à Compiègne, un type a tiré sept fois au fusil sur des cibles humaines, ce qui avait tout l'air d'un attentat raciste, et personne n'a bronché: ça a fait trois lignes dans les journaux, comme on dit. Seule Audrey Pulvar en a parlé dans son 19-20...

    Enfin, vous proposez à Monsieur Rotschild d'ouvrir son blog. Ah! (Soupir blasé chez le lecteur potentiel de Libé, qui l'est de moins en moins...) Vous pensez qu'il n'a pas mieux à faire qu'à s'épancher _ gratuitement de surcroît _ au lieu de préparer la stratégie de redressement de Libé?

     

    *Daniel Schneidermann est notamment Producteur et animateur d’Arrêt sur images (France 5), Journaliste à Libération et bloggeur influent.
  • Ma vie sans les medias

    Aujourd’hui, je vais faire une expérience : ne pas lire de journal, ne pas écouter de flash info à la radio, ne pas chercher d’info sur Internet (comme je n'ai pas la télé, c'est une tentation de moins). Vous avez déjà tenté de le faire ? Pas si facile que ça…

    Ce matin, je n’ai pas allumé mon ordinateur. Sauf pour écrire ceci. Et, immanquablement, ma souris m’a conduit jusqu’à Yahoo info. Mais j’ai été fort. J’ai juste regardé les titres et je suis sorti.

    Je suis allé consulter ma boîte mail. Et un lien m’a conduit jusqu’à Agoravox et Sportvox, un "média citoyen" consacré au sport. Puis, je me suis attardé sur quelques uns de mes blogs favoris, celui-ci puis celui-là et celui-ci

    Mais je n’ai pas traîné. J’ai éteint l’ordinateur. Je suis sorti. Mission : ne pas acheter le journal.

    Je suis entré une « maison de la presse ». J’ai regardé les titres des quotidiens. J’ai eu envie d’acheter Libération avec son supplément écran, si attirant. Je me serais bien laissé tenter par le Herarld Tribune. Histoire d’améliorer mon anglais. Et surtout d’avoir l’air malin. Un truc de snob, le HT ! J’ai résisté. Je suis sorti de là…

    Je suis allé à la bibliothèque de mon quartier. J’ai feuilleté un livre de Guy Debord. Je me suis approché du rayon des périodiques. Le Nouvel Obs, l’Express et le Point me faisaient de l’œil. Je n’ai pas craqué.

    Je suis rentré chez moi. J’ai ouvert la boîte aux lettres. Ah ! J’avais oublié ! Je suis abonné à Marianne ! L’abonnement se termine cette semaine. Une lettre très aimable me propose de prolonger mon abonnement. J’aime bien Marianne, mais, là, franchement, j’hésite ! Je crois que je vais attendre la rentrée… et essayer de passer deux mois loin des médias…

  • L’info, une drogue pas comme les autres

    L’information est une drogue. Ou plutôt elle peut le devenir. C’est ce qu’explique Michel Lejoyeux dans son livre, Overdose d’info. Ce professeur en psychiatrie, au nom prédestiné, étudie les différentes formes de dépendance à l’information. Certaines peuvent s’avérer très graves. On les appelle alors « névrose médiatique ». Ceux qui écoutent France Info en boucle, regardent à haute dose les journaux télé et se gavent de journaux savent de quoi je parle…

    La thèse du livre est simple. La dépendance aux informations et à l’actualité peut être comparée à l’hypocondrie. Mais tandis que l’hypocondriaque s’imagine être malade et s’observe en permanence, le drogué d’info scrute le monde qu’il juge malade, mauvais et menaçant. Pour lui, chaque événement annonce une catastrophe. Les dangers sont partout : grippe aviaire, terrorisme, crimes, accidents… Tout doit être surveillé. D’où l’importance, croit-il, d’être bien informé.

    Le livre du Professeur Desjoyeux est découpé en trois parties. Dans la première, est analysé ce qu’est la névrose de l’information, autrement dit la dépendance. La deuxième partie remonte aux causes de cette névrose. La troisième tente de suggérer des solutions.

    Dans la première partie du livre, le Professeur dresse un diagnostic. Voici le portrait-robot du drogué d’info :

    • Le dépendant éprouve une envie irrésistible de consommer sa drogue préférée
    • Il consomme à heure fixe la drogue dont il est accro
    • Il consacre un temps important à l’objet de son addiction
    • Il abandonne ses amis, ses loisirs et même sa famille pour se consacrer à son addiction  
    • Il augmente ses doses pour retrouver les premiers effets 
    • Il éprouve une sensation désagréable de manque ou de sevrage quand il est privé de sa drogue

    Par ailleurs, contrairement à l’alcoolisme ou à la toxicomanie, la névrose médiatique, se présente comme une dépendance « sage, sérieuse ». Il n’y a pas de raison d’en avoir honte. On peut même en être fier. En effet, il n’est jamais mauvais d’être bien informé. Cela permet notamment de briller dans les dîners en ville. Mais, dans les cas pathologiques, cela occasionne beaucoup de souffrance, comme toutes les addictions.

    Les causes

    Une des causes principales de la névrose de l’information est à chercher du côté des producteurs et diffuseurs d’informations. Les professionnels des médias ont tout intérêt à nous rendre accro. C’est une condition de leur succès. Ils font tout pour rendre leur produit attractif. Titres accrocheurs, photos chocs, feuilletonnage des informations font monter le désir du lecteur et grimper les ventes.

    Une des lois du journalisme est que les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne. Mais à ne parler que de catastrophe on fortifie le pessimisme. Ainsi les médias ont une furieuse tendance à titiller nos peurs. La bourse baisse ? On conjecture un krach. Attentat au Pakistan ? Et s’ils frappaient en plein Paris ? Grippe aviaire ? Confinez-moi ces poulets ! Pendant ce temps, le lecteur addictif se ronge les ongles…

    La névrose médiatique a aussi ses causes au plus profond de l’individu. Le drogué d’info est un narcissique. Passer pour quelqu’un d’informé est une façon de se valoriser. Le narcissique veut imposer ses opinions sur l’actualité, quitte à refuser d’admettre celle des autres.

    Le drogué d’info est aussi quelqu’un qui cherche à tout maîtriser. Il veut réduire les risques. Certains se spécialisent dans l’information médicale. D’autres sont friands d’actualité boursière. Pour tous, l’information agit comme un bouclier. Cette tendance peut s’apparenter aux obsessions, compulsions et autres troubles obsessionnels compulsifs.

    Comment s’en sortir

    Le Professeur Desjoyeux esquisse quelques pistes pour sortir de l’addiction aux news. Ce sont des conseils de bon sens.

    A ceux qui voient le monde en noir, il suggère de repérer les erreurs de jugements qui les conduisent à généraliser hâtivement. La France décline ? Creusez-vous la tête : il y a bien quelques domaines où elle progresse. Le terrorisme se mondialise ? Raisonnez : jusqu’à présent Pornic et Vesoul ont été épargnés. Le climat se réchauffe ? Réfléchissez : il est temps de mettre quelques bières au frais. Quand on cherche des raisons d’être optimiste, on en trouve !

    L’auteur donne des conseils pratiques : se priver quelques jours (voire quelques heures, pour les plus atteints) de télévision ou d’Internet, ne plus acheter le journal ; faire de l’exercice ; découvrir de nouvelles activités. Pour les cas les plus graves, une thérapie est recommandée.

    Enfin, il est à noter que la maladie peut prendre des formes opposées. Ainsi, quelqu’un qui refuse totalement de s’informer est également concerné par la névrose médiatique.

    J’ai particulièrement apprécié la conclusion de l’ouvrage. Le Professeur Desjoyeux y fait référence à Albert Camus : « Nous avons besoin de sortir de la position de spectateur pétrifié. Qui mieux qu’Albert Camus illustre cette exigence de révolte et de résistance ? Chacun de ses écrits la justifie. Ses éditoriaux dans Combat, le journal de la Résistance, sont des leçons de liberté. Ils s’adressent aux Français des années 1944-1945 nourris de force aux messages de la presse collaborationniste. Albert Camus annonce une vérité en apparence impossible. Il explique comment les armées d’occupation qui possèdent tous les leviers de pouvoir vont bientôt être anéanties. Il pose pour cela une condition. Les citoyens doivent se réveiller. Les consommateurs de propagande doivent redevenir des lecteurs critiques. Le chemin de la libération du pays passe par la libération des consciences et du sens critique. Camus oppose à la propagande pessimiste l’optimisme de ses convictions. […] Vous ne pouvez pas, expliquait-il à ses lecteurs anéantis par la presse pétainiste, dire que l’actualité ne vous concerne pas. Vous ne pouvez pas non plus céder au pessimisme. 

    […] Albert Camus nous incite à choisir avec soin les journalistes qui nous ravitaillent en images et en opinions. Un journaliste est d’abord quelqu’un qui est censé avoir des idées. Les journalistes sans idée veulent informer vite avant d’informer bien. Les informations en apparence neutres ne le sont pas complètement. Elles obéissent à l’idéologie du conformisme et du scoop. Albert Camus taille en pièce le mythe de l’information objective, en temps réel, limité aux faits essentiels. Il nous rappelle une évidence qui mérite d’être répétée : aucune information n’est indiscutable, et l’actualité brute n’existe pas. L’information consommée de manière adulte, sans dépendance, ne peut se passer d’un commentaire engagé. »

    En savoir plus: Un autre livre, La Mal info (terme calqué sur le mot "malbouffe"), est une enquête sur les consommateurs de médias.

  • Journalistes précaires : comment s'organiser?

    L'Observatoire français des médias (OFM) a fait un premier bilan du groupe de travail sur "les pigistes et précaires dans les médias". Ce document est disponible sur le site de l'OFM et sur celui d'ACRIMED.

    Les objectifs sont d'évaluer comment vivent les journalistes précaires en France et de mesurer les conséquences de la précarisation sur la qualité de l'information. Plusieurs propositions sont formulées:

    1) Elaborer un statut officiel du pigiste;

    2) Mettre en place un cahier de doléances dans lequel s'inscriraient les manquements au droit dont font l'objet les précaires des médias;

    3) Adopter une charte de bonne conduite à l'intention des entreprises médias qui emploient des précaires.

    Acrimed