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Crise de la presse: 2005 année noire

La presse va mal. Les ventes sont en baisses et, nouveauté, les abonnements aussi. C’est ce que révèle un rapport de la Direction du développement des médias (DDM), service rattaché au premier ministre. Rapport jugé alarmiste par Le Monde.

 

La DDM parle de l’année 2005 comme d’une « année noire ». Le secteur le plus touché est la presse nationale d’information générale et politique. Cela n’étonnera personne, quand on sait les problèmes rencontrés par Libération et, dans une moindre mesure, Le Monde et Le Figaro. En revanche, la presse locale est épargnée, car elle n’est pas concurrencée par les gratuits.

 

Les gratuits, justement. Ce sont eux les grands gagnants. En 2005, les recettes publicitaires de la presse ont progressé de 60 millions d’euros et cette somme est allée vers les gratuits, dont les recettes ont progressé de 820 à 880 millions d’euros (sur 4,57 milliards d’euros au total).

En savoir plus:

 

Le rapport de la Direction du développement des médias (pdf).

 

Le site de la DDM.

Commentaires

  • L'article du Monde:

    La crise de la presse alarme le gouvernement


    a Direction du développement des médias (DDM), service rattaché au premier ministre, a publié, mercredi 19 juillet, son étude annuelle sur la presse, qui compile les données recueillies auprès des "300 plus gros éditeurs de presse en France". Si les chiffres, portant sur l'exercice 2005, sont sans surprise, corroborant ceux déjà parus çà ou là, le commentaire qui accompagne l'enquête réalisée par la DDM est particulièrement alarmiste sur l'état du secteur.


    La crise est structurelle, souligne la DDM, puisque les chiffres montrent clairement une baisse des ventes de journaux plus que de la publicité. Ainsi, le recul de 2,3 % en volume du chiffre d'affaires (10,59 milliards d'euros) de la presse "se décompose en une baisse de 2,6 % des recettes de vente et une baisse de 0,6 % des recettes publicitaires." Pis : les ventes par abonnement, apparemment stables en valeur, à 2,29 milliards d'euros, "baissent de 1,6 % en volume", alors qu'elles enregistraient "une progression soutenue depuis quinze ans". Résultat : les abonnements "ne compensent plus la dégradation des ventes au numéro".

    La DDM se préoccupe particulièrement de la crise de "la presse nationale d'information générale et politique" pour laquelle "2005 est une année noire". Avec moins de 1,46 milliard d'euros de chiffre d'affaires, elle "enregistre son plus mauvais niveau de recettes depuis une quinzaine d'années ; il se situe même en dessous de son point bas de 1993". L'étude observe que "tous les indicateurs sont à la baisse : la diffusion a diminué de 15 % depuis 1990 et les recettes ont perdu 14 % hors inflation. En volume, le chiffre d'affaires (de cette catégorie) a baissé de 31 %."

    Dominique de Villepin s'était inquiété de la chute de cette catégorie de journaux. En mai, devant l'assemblée générale de la Société professionnelle des papiers de presse (SPPP/CFPP), le premier ministre avait souhaité l'extension "aux entreprises de presse d'information politique et générale du dispositif visant à faciliter l'investissement dans certains types d'entreprises en les faisant bénéficier d'une déduction ou d'une réduction d'impôt", et promis "de nouveaux dispositifs fiscaux incitatifs, dans le cadre du projet de loi de finances 2007", pour "répondre à une fragilité traditionnelle des entreprises de presse françaises : leur sous-capitalisation chronique."

    La presse magazine, poursuit l'étude de la DDM, accuse "une double décroissance du volume de ses ventes et de ses recettes publicitaires depuis l'an 2000. (...) Les ventes de magazines sont aujourd'hui revenues à leur niveau de 1995". Seule la presse locale, "relativement épargnée par la concurrence des journaux gratuits et d'Internet", tire son épingle du jeu. "Depuis 1993, c'est le segment de la presse payante qui connaît la plus forte augmentation de son chiffre d'affaires en volume (+ 16 %) grâce à l'accroissement des recettes d'abonnement (+ 44 %) et des recettes publicitaires (+ 30 %)". Elle a notamment "su capter le marché des petites annonces qui ont déserté les journaux nationaux (+ 41% depuis 1990)".


    LES GRATUITS CAPTENT LA PUBLICITÉ


    L'année 2006 s'annonce un peu moins sombre que 2005, si l'on en croit les chiffres que vient de publier TNS Média Intelligence. Les dépenses publicitaires dans les grands médias auraient fait un bond de 11,4 % au premier semestre, à 10,5 milliards d'euros (chiffres bruts). La presse écrite affiche pour sa part une croissance de 9,1 % et les quotidiens nationaux seraient à +12,4 % (581,4 millions d'euros bruts).

    En 2005, déjà, la presse avait "plutôt mieux résisté que les autres médias à la mauvaise conjoncture du marché publicitaire", rappelle la DDM. "De 2004 à 2005, les recettes publicitaires de la presse écrite sont passées de 4,51 à 4,57 milliards d'euros, soit une augmentation de 60 millions." Problème : cette modeste croissance a été intégralement captée par "la presse gratuite d'annonces et d'information", dont les recettes publicitaires "ont progressé de 820 à 880 millions d'euros. Tout le surplus de la manne publicitaire du secteur est donc allé à la presse gratuite".

    Pascal Galinier
    Article paru dans l'édition du 21.07.06

  • Merci, très pertinent, comme d'hab !
    Concernant les abonnements, je suis farouchement contre pour une seule raison, je voudrais que les marchands de journaux et les kiosquiers continuent d'exister et de ne pas être trop loin de chez moi...
    Un commercant qui disparaît, c'est un pas de plus vers le "chacun chez soi et tous dans les supermarchers le week-end"...
    Et toc !

  • Anecdote pêchée dans le Canard aujour'dhui: Antoine Zaccarias, l'ancien patron de Vinci est parti en se goinffrant de stock-options. Et l'entreprise a demandé le remboursement de l'abonnement que Zacarias avait souscrit à un magazine. Y a pas de petites économies...

  • il était pas abonné à Stock-option Mag ?

  • Le commentaire de Bertrand me semble montrer que la presse est victime de l'évolution globale de l'économie : il n'y a plus de commerçant de proximité.

    Je vous invite à visiter mon quartier, au Kremlin Bicêtre, le seul marchand de journaux est sur le trottoir opposé du flux des clients du métro... Comme il faut près de 5 minutes pour traverser la Nationale 7 sans se faire écraser, ça dissuade d'acheter la presse.

    Il y a un type qui distribue 20 minutes du bon côté de l'avenue... et je bosse à 20 minutes de chez moi. Ca tombe bien.

    Ca n'empêche pas Le Parisien de progresser.

    Enfin, je suis probablement dans la cible commerciale de journaux tels que Le Monde et Libération (40 ans, de gauche et gagnant du pognon), mais en arrivant à 8 heures au boulot le matin (c'est-à-dire plus d'une heure avant le chef !), j'ai le temps de consulter sur internet l'essentiel de leurs propos, ainsi que de la plupart des canards.

    Ca ne veut pas dire qu'Internet nuit à leur audience (il est probable que les Echos et la Tribune deviennent victimes de la facturation systématique), mais, n'en déplaise à mes contradicteurs sur les blogs de droite que je fréquente avec délectation, le modèle économique parait à revoir...

    Quelle solution ? (parce qu'il y a vraiment un problème : la diminution probable et annoncée de la diversité éditoriale).

    Je ne sais pas. Mais si on veut rester une grande démocratie, il faut vraiment poser la question.

    Sans oublier un problème bien réel : depuis qu'Alain Bonhomme ne fait plus les mots fléchés dans France Soir, avons nous encore une raison d'acheter la presse populaire ?

  • @nicolas
    Bravo
    Oui, comment la presse choisit d'exister et quelle société voulons-nous et dans quelle type de ville et avec quelle organisation nous acceptons de vivre ?
    ujurd'hui, les journauix et magasines font tout pour nous abonner... du coup il sde décridibilisent et tuent en même temps le commerce de proximité.
    Allez chez les libraires, achetez des journaux et parlez avec votre marchand de journaux...

  • Nicolas,

    Oui, ce que tu décris là, c'est une évolution, liée à la multiplication des support: Internet et les gratuits se sont mêlés à la lutte.

    Est-ce une crise ou simplement une mutation? Si c'est une mutation, il faut que je change le nom de mon blog...

    Est-ce vraiment une crise? Car Internet profite aussi aux journaux. Les sites du Monde, du Fig, du Nouvel Obs et de Libé sont les plus visités et ils commencent à attirer les annonceurs.

    Par ailleurs, les grands journaux payants prennent des parts dans les gratuits. Nicolas Beytout, directeur du Figaro, disait, dans une table ronde à l'Assemblée (février 2006): "Je tiens à préciser que tous les journaux gratuits « à diffusion multi-urbaine », qui sont certes en phase de développement, perdent encore de l'argent. Il n'empêche que le Figaro va lui aussi lancer un journal gratuit car, en matière de stratégie publicitaire, il est très important d'offrir aux annonceurs une gamme de produits complète." http://www.assemblee-nationale.fr/12/cr-cafc/05-06/c0506034.asp

    Et pour finir, un petit coup de gueule. Il faudrait arrêter de dire les "journaux gratuits". Gratuits pour qui? Pour le lecteur, par pour l'annonceur et donc pas pour le consommateur. C'est donc celui qui achète la voiture en page 3 de Métro qui paie Métro.

    "Je ne sais pas. Mais si on veut rester une grande démocratie, il faut vraiment poser la question."

    On vit une époque moderne...


    Bertrand,

    "Allez chez les libraires, achetez des journaux et parlez avec votre marchand de journaux..."

    Oui, je discute quelquefois avec un kiosquier de mon quartier. Il est Togolais. Pendant la coupe du Monde, je l'ai consolé. Et après la finale j'étais assez énervé contre l'arbitrage. Il m'a dit: "Non, la France a bien joué, vous devez être fier de la façon dont l'aquipe a joué. Après , les tirs aux buts, c'est la loterie."
    Et ça m'a un peu consolé...

    Mais c'est vrai qu'être abonné à un journal, ça tue le désir. Je connais quelqu'un qui achète Ouest-France tous les jours (sauf le dimanche) et pour rien au monde il ne s'abonnerait.

  • oui, voilà ce que je voulais dire aussi..
    rien n'est grauit dans notre sociñeté, ce que nous croyons être gratuit, nous le payons ailleurs, dans ce que nos achetons surtout...
    c'est un immense leurre que de continuer de vivre avec autant de choses que l'on nous fait croie gratuites...
    redonnos de la valeur aux choses.. c'est une question d'éducation..

  • Bertrand,

    "redonnons de la valeur aux choses.. c'est une question d'éducation..."

    Ce qui a de la valeur, c'est ce qui n'a pas de prix.

  • Oui, Eric, ce que je voulais dire, c'est que les gens aujourd'hui sont complètement ignares du prix des choses... ils veuleut du gratuit, du discount, du prix cassé, des soldes, des cadeaux, des remises, du crédit gratuit, du gadget Pif, etc.
    mais ils ne se rendent pas compte que ce qu'ils ne payent pas officiellement à l'achat, ils le payent ailleurs, autrement et même beaucoup plus cher...

  • Je vais me faire Cassandre mais je prédis que les gratuits vont finir par provoquer le désintérêt des publicitaires.

    Et ce pour 2 raisons:

    1- la "vente" agressive en sortie de métro où un brave étudiant vous l'agite sous le nez alors que vous êtes en retard au travail. Une certaine irritation nait aujourd'hui.

    2- la multiplication de l'offre qui orne encore une fois les bouches de métro de 3 à 5 personnes ayant chacune son tract, journal, publication gratuit. NOn seulement la nuisance est accrue (on se croirait dans la caravane du tour de France) mais en plus, cela provoque un désintéressement massif des passants qui foncent droit devant eux, ne regardant plus ce qu'on leur propose.

    Je ne sais pas encore si une société a pu faire le calcul d'un retour sur investissement en mettant en relief les campagnes développées sur des gratuits mais je ne parierais pas ma chemise sur le taux de retour.

    Ce que l'on ne paye pas n'a pas de valeur. Ce que contient quelque chose qui n'a pas de valeur, n'en a pas plus. C'est du moins ce que notre société nous inculque à grand coup de publicité (le serpent qui se mord la queue ?).

  • Thus,

    "Je ne sais pas encore si une société a pu faire le calcul d'un retour sur investissement en mettant en relief les campagnes développées sur des gratuits mais je ne parierais pas ma chemise sur le taux de retour."

    Tu poses le vrai problème. J'essaierai de me renseigner sur le sujet.

    Très amusant, la scène que tu décris, la bataille aux sorties de métros. C'est vrai, c'est un peu ça! Et si on rajoute les kiosquiers qui eux voudraient vendrent des journaux, ça peut tourner à la foire d'empoigne. D'ailleurs, un kiosquier parisien a attaqué en justice les gratuits car ils se plaçaient trop près de son kiosque (je ne retrouve pas la source de l'info _ le gars doit être à Paris 10e ou 11e): il existe un règlement à ce sujet.

    Exaspération des gens? Oui, c'est possible. Pour l'instant, les gratuits ont le vent en poupe...

  • Je vais poser la question a Carat Interactive qui assure nos promos, sait-on jamais.

  • OK!

  • et sans parler de l'image écologiquement déplorable de tous ces exemplaires des gratuits aussitôt jetés partout...
    Le journal kleenex ! beark !

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