Ce billet est le premier d'une série de trois. Il part d'une interrogation: que peut bien faire un travailleur précaire ou un chômeur de longue durée de son temps libre? Déprimer, gamberger, se saouler ou devenir mystique malgré lui? (le deuxième billet est ici)
Je n'ai pas assez étudié la question, mais il semblerait que les mutations techniques nous conduisent vers une réduction du temps de travail. Ou tout du moins, une discontinuité du temps de travail. En clair, la précarité pour certains (par pour tous, rassurez-vous!) Lisez André Gorz, cet auteur qui a théorisé notamment la sortie du salariat.
Ce temps de travail discontinu, avec des périodes de chômage, de formation, des reconversions professionnelles, peuvent être éminemment fructueux. L'individu et son développement est au centre du travail. toutes ses capacités sont requises par un monde du travail qui exige toujours plus des individus.
Sans aller jusqu'à parler de mystique (le mot est trop fort), on peut toutefois affirmer que le travail sur soi, le développement de la personnalité, sont des clés de la réussite professionnelle. Les entreprises exigent des travailleurs, en plus de savoir faire et de compétences, un savoir être efficace.
Par conséquent, la psychologie, le développement de soi, sont devenus des préoccupations incontournables.
Et la mystique dans tout ça? Poussé à son extrême, la recherche de soi conduit à la mystique. Vous avez sans doute dans votre entourage un étudiant monté en graine qui passe son temps dans sa salle de bain? Sans parler de ceux qui vivent devant leur écran d'ordinateur. Platon et Nietzsche sont des voies choisies par d'autres. Les temps de chômage se meublent comme on peut: atteindre l'extase mystique est une façon de passer le temps...
A se demander si la précarité ne pousse pas vers la philosophie. L'étudiant attardé, devenu chercheur d'un emploi toujours plus diaphane, se lance à la poursuite du graal spirituel. Les guichets de l'ANPE ouvrent sur la caverne de platon.
(billet republié sur équilibre précaire)