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Ne cherchons surtout pas à convaincre ceux qui croient encore au marché qui s'autorégule tout seul... La simplicité volontaireLes adeptes de ce mode de vie ne se réjouissent pas de la récession (qui est un appauvrissement subi), c'est le choix de consommer moins (et mieux) pour vivre plus harmonieusement.
Il y a quelque chose de pourri au royaume de la consommation.
Et je ne pense pas seulement à la crise financière. Et la récession qui va avec. Ou au prix du pétrole qui oblige à moins prendre la voiture.
Non, je pense plutôt à l'éveil des consciences. A ces millions d'individus qui prennent des décisions, chaque jour, de moins consommer, de consommer mieux.
Hyperconsommation
Ces personnes ne sont pas des décroissants. Pas des militants. Ce sont juste des occidentaux repus et fatigués. Ils en ont marre de consommer. La société d'hyperconsommation (voir Gilles Lipovetski) produit de l'insatisfaction en masse.
"Le capitalisme de consommation a pris la relève des économies de production. Depuis la fin des années 70, une nouvelle phase du capitalisme de consommation s'est mise en place: la société d'hyperconsommation. Peu à peu, l'esprit de consommation a réussi à s'infiltrer jusque dans le rapport à la famille et à la religion, à la politique et au syndicalisme, à la culture et au temps disponible." (Lipovetski)
L'hyperconsommation, c'est la multiplication des désirs. Et donc des frustrations, si le désir n'est pas satisfait.
Inflation déceptive
"Alors que les sociétés de tradition encadrant strictement les désirs et les aspirations ont réussi à limiter l'ampleur de la déception, les sociétés hypermodernes apparaissent comme des sociétés d'"inflation déceptive". Quand le bonheur est promis à tous et les plaisirs exaltés à tous les coins de rue, le vécu quotidien est mis à dure épreuve." (id.)
Face à cette déception, les sociétés contemporaines ont peu de remèdes. La religion, ce vieil opium des peuples qui remplissait son rôle illusoire, n'a plus le succès qu'elle avait. Les flambées religieuses qu'on observe ça et là, ne concernent pas le plus grand nombre.
Fragilisation des individus
Autre remède possible: les anti dépresseurs...
"Je crois qu'on a déjà des signes très ostensibles de ces répercussions négatives: il y a dans nos sociétés une vraie spirale de dépression, d'anxiété, de consommation de produits psychotropes, de psychothérapies en surnombre... Ces malaises de l'âme créent une désorganisation psychique, une fragilisation des individus".
La simplicité volontaire est une réponse, sans doute imparfaite, à cette déceptivité généralisée.
Le "travailler plus pour gagner plus" s'est heurté, justement, à la déception (pouvoir d'achat en berne, raréfaction du travail).Et puis, disons-le tout net, c'était un slogan débile!
Le "travailler moins pour vivre mieux" apparaît comme une alternative intéressante. En témoigne le succès d'un numéro de Courrier International (janvier 2008 _ source).
Mais précisons une chose. Les adversaires de la décroissance ou de la simplicité volontaire avancent souvent l'argument: "c'est la récession, les décroissants vous devez être content! Elle est belle votre idée: c'est la catastrophe!"
Argument de mauvaise foi: les décroissants ne souhaitent pas la récession. La simplicité volontaire, comme son nom l'indique, est volontaire. Je choisis librement de consommer moins ou de consommer autrement. La récession, c'est autre chose.
Aujourd'hui, la simplicité volontaire (définition sur Ekopédia) est presque devenue tendance. Pour preuve, ce message lu sur un forum:
"A part ça, je croule sous les demandes de journalistes, j'y passe tous mes mardis alors que je suis à 75% ds mon boulot... et j'aimerai bien déléguer ça, au moins un petit peu... Je ne trouve même plus le temps de poster dans le blog en ce moment. Pour la télé, il n'est pas question de dire oui à tout, mais pour la presse ou la radio, les interviews sont plutôt cool. Ça serait vraiment sympa qu'on soit a plusieurs pour communiquer et que le grand public connaisse au moins l'idée du "zéro achat neuf ou presque" et pourquoi on le fait..."