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Philosophie - Page 3

  • Le Sourire du Tao (4): philosophie de la déception

    "Tu arrives à nous parler de Tao depuis plusieurs jours, sans avoir encore réussi à nous dire ce que c'est ! Bravo ;) Et là je pensais avoir ma réponse, mais c'est toujours aussi obscur !"

    Voilà ce que dit Valeuf en commentaire du billet précédent.

    Pour lui répondre, je pourrais le renvoyer à ce que j'écrivais dans le premier billet: "Ne comptez pas sur moi pour vous expliquer ce qu'est le tao. [...] Lisez plutôt les auteurs taoïstes."

    Mais ce serait trop simple.

    Valeuf fait part d'une déception.

    Philosophie et déception sont souvent liées. Parce que l'on asimile souvent philosophie et science. Et qu'on voudrait que la philosophie donne des réponses, des résultats, comme la science. Or, ce n'est pas toujours le cas. Sinon, la philosophie n'aurait aucune raison d'être. Elle serait juste une branche de la science.

    La déception en philosophie est courante. On peut en trouver des dizaines d'exemples. J'en donnerai seulement quatre (ne soyez pas déçu):

    1. Platon est un exemple canonique. Beaucoup de ses dialogues se terminent par une aporie, c'est-à-dire une contradiction insoluble. Le lecteur attendait une réponse. Platon le laisse en plan. Le problème n'est pas résolu. Mais était-ce le but recherché?

    2. Montaigne est décevant à sa façon. Dans les Essais, le sujet d'un texte n'a pas toujours de rapport avec le titre. En ce sens, le lecteur est déçu.

    3. Wittgenstein prend le problème dans l'autre sens. La philosphoie est décevante car elle n'apporte pas de réponse scientifique, mais une méthode philosophique se bornant à apporter des réponses scientifiques nous décevrait, car l'interlocuteur "n'aurait pas le sentiment que nous lui enseignons de la philosophie".

    "Ne rien dire que ce qui peut être dit; donc, ce qui concerne la science de la nature; donc ce qui n'a rien à faire avec la philosophie; et chaque fois que quelqu'un voudrait formuler un énoncé métaphysique, lui montrer que dans ses propositions, il n'a donné aucune signification à certains signes.

    Cette méthode serait insatisfaisante pour l'interlocuteur (il n'aurait pas le sentiment que nous lui enseignons de la philosophie), mais ce serait la seule correcte." (Les Carnets de 1914-1916 _ 2 décembre 1916) 

    4. Les textes toïstes fourmillent de passages "décevants", où un des personnages a le sentiment qu'on ne répond pas à ses questions.

    Juste un exemple, issu du chapitre 7 du Tchouang Tseu:

    "Tien-kenn errant au sud du mont Yinn vers la rivière Leao, rencontra Ou-ming jean et lui demanda à brûle-pourpoint :

    — Comment faire pour gouverner l’empire ?

    Ou-ming jean lui dit :

    — Tu es un malappris, de poser pareille question d’une pareille manière. D’ailleurs pourquoi me soucierais-je du gouvernement de l’empire, moi qui, dégoûté du monde, vis dans la contemplation du Principe, me promène dans l’espace comme les oiseaux, et m’élève jusqu’au vide par-delà l’espace.

    T’ien-kenn insista. Alors Ou-ming jenn lui dit :

    — Reste dans la simplicité, tiens toi dans le vague, laisse aller toutes choses, ne désire rien pour toi, et l’empire sera bien gouverné, car tout suivra son cours naturel."

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  • Le sourire du Tao (3): une définition personnelle

    Le Sourire du Tao, de Lawrence Durrel, débute par la rencontre d'un occidental et d'un sage taoïste. Durrel nous livre une définition personnelle duTao.

    Les premiers mots du court roman (129 pages): "Voici longtemps que je médite de faire, en quelques pages, le récit de ma rencontre avec Jolan Chang, érudit _ et selon ses dires gérontologiste _ chinois; mais ce ne fut point tâche facile que de rassembler toutes les impressions laissées par son premier et bref séjour dans ma maison de Provence."

    Durrell, est né dans les Indes britanniques en 1921.

    Après de multiples voyages il s'est installé à Sommières (Gard). Il y est mort en 1990.

    Il a publié A smile in the mind's eyes en 1980, traduit par Le Sourire du Tao, en 1982.

    Voici sa définition du mot Tao: "Le mot Tao évoque pour moi différentes attitudes (toute vérité étant relative, un état de disponibilité totale et de total abandon, une conscience totale, exhaustive et sans réserve de cet instant où la certitude pointe le nez, tel un poisson au bout de l'hameçon. C'est alors que l'esprit est en accord avec la grande métaphore du monde _ celle du Tao".

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  • Le sourire du tao (2): pourquoi George W. Bush n'est pas un sage taoïste

    George W. Bush un sage taoïste? Ca ne saute pas aux yeux.

    Pourtant certains en ont fait un livre: Le Tao de George W. Bush. C'est un recueil de citations inspiré du Tao de Winnie l'ourson. Quelques extraits:

    _ Les Etats-Unis sont prêts à faire usage des armes nucléaires pour empêcher l'usage des armes nucléaires.

     _ Pour préserver la paix, il faut engager une nouvelle guerre contre l'Irak.

     _ Pour protéger leurs libertés, les Américains doivent être prêts à sacrifier leurs droits civiques qui leur sont garantis par la constitution.

    Ces phrases semblent stupides. Et elles le sont.

    Pourtant, elles ressemblent de loin à des phrases de sagesse, en raison de leur aspect paradoxal. Mais elles n'en sont pas.

    Pourquoi? Pas pour des raisons de logique. Mais plutôt à cause d'un manque d'humanité. A cause du fait que celui qui les prononce est un chef de guerre avant tout.

    Ce qui rend belles les phrases de sagesse, c'est qu'elles renferment de la compassion envers les humains. Désolé, George!

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  • Le sourire du Tao (1)

    Pendant l'été, je publierai une série de billet sur le tao. Celui-ci est le premier.

    Je partirai du Sourire du Tao, de Lawrence Durrell.

    Mais au fait, qu'est-ce que le Tao? le taoïsme?

    Ne comptez pas sur moi pour vous l'expliquer. Franchement, ça fait plus d'une semaine que j'y réfléchis et je ne sais pas quoi en penser. C'est flou.

    Lisez plutôt les auteurs taoïstes. Trois sont connus:

    1. Lao tseu, auteur du tao te king (wikisource)

    2. Tchouang tseu, auteur du livre du même nom (wikisource)

    3. Lie tseu, auteur du Vrai classique du vide parfait (pas disponible dans wikisource)

    La première phrase du Tao te king est célèbre. Le mot "tao" y est traduit par "voie":

    "La voie qui peut être exprimée par la parole n'est pas la Voie éternelle ; le nom qui peut être nommé n'est pas le Nom éternel".

    On peut réfléchir toute une vie sur cette phrase de Lao tseu. Ce serait sans doute une erreur. Il y a mieux à faire.

    En fait, j'y lis une vraie libération. Je comprends: abandonnez les idées! Le vrai tao est au-delà ou en deça des idées.

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  • Détendez-vous

    medium_41ZPDJCN8ZL._SS500_.jpgVoici un dialogue entre Swâmi Prajnânpad, le maître indien, et un de ses élèves occidentaux. Juste un extrait:

    Swâmi Prajnânpad : Voyez si les jambes sont détendues ou non ou s’il y a une tension quelconque, si vos mains sont détendues ou non, ou s’il y a la moindre tension. Voyez s’il y a la moindre tension quelque part.

    Etudiant : Oui, mais je suppose que cela a un effet sur l’esprit ?

    Swâmi Prajnânpad : Et en plus de cela, si vous pouvez vous détendre l’esprit, ce sera très bien. Pour vous détendre mentalement, une seule chose à l’arrière plan, vous devez avoir l’idée qu’il n’y a pas de jugement de valeur. C’est la seule chose qui est nécessaire.

    Etudiant : Parce que c’est ce qui crée la tension ?

    Swâmi Prajnânpad : C’est la racine de toute tension. Et pas de jugement de valeur. Pourquoi ? Voyez ! Tout est différent, tout change. Comment pouvez-vous comparer quoi que ce soit à n’importe quoi d’autre ? Il n’y a pas deux choses qui peuvent être comparées. Alors comment pouvez-vous dire que ceci est bien, que cela est mal ? Non, non, non. Voyez seulement cela et si vous pouvez avoir cette idée, vous verrez vous serez toujours détendu parce que vous êtes vous-même. La tension, qu’est-ce que cela veut dire ? Vous n’êtes pas avec vous-même ; vous n’êtes pas en vous-même.

    Etudiant : Oui, deux opposés se combattent.

    Swâmi Prajnânpad : Deux opposés combattent l’un contre l’autre. C’est la racine de la tension.

    (extrait de Ceci, ici, à présent: seule et unique réalité).

  • Passer sur l’autre rive

    Dans cette note, il ne sera pas question de politique.

    Je partirai d’une citation évangélique, et j'en ferais une lecture non pas théologique (j'en serais bien incapable) mais plutôt psychologique. Enfin, compréhensible par tous. ;-)

    "Jésus, voyant une grande foule autour de lui, donna l’ordre de passer sur l’autre rive.

    Un scribe s’approcha, et lui dit : Maître, je te suivrai partout où tu iras.

    Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.

    Un autre, d’entre les disciples, lui dit : Seigneur, permets-moi d’aller d’abord ensevelir mon père.

    Mais Jésus lui répondit : Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts". (Matthieu, chapitre 8).

    L’extrait qui m’intéresse est celui où Jésus demande à la foule de « passer sur l’autre rive ».

    C’est une parabole. Et un conseil psychologique. Ce conseil est repris par la suite.

    Au scribe, qui est très motivé, Jésus conseille de se calmer un peu. Il lui rappelle que « le chemin est rude ».

    Au contraire, au deuxième personnage, qui traîne des pieds, il l’exhorte à le suivre.

    Passer sur l’autre rive est un conseil qu’on peut appliquer dans diverses circonstances. On peut le rapprocher de cette citation de Pascal : "S'il se vante, dit-il en parlant de l'homme, je l'abaisse; s'il s'abaisse, je le vante et le contredis toujours jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible."

    Et si l’équilibre c’était d’aller sans arrêt d’une rive à l’autre ?

  • Baudrillard

    medium_baudrillard_1.JPGJean Baudrillard est mort (le 6 mars dernier). A part Libération, les médias en ont très peu parlé. Rien d’étonnant à cela : Baudrillard était un des plus grands intellectuels de ce temps et non pas joueur au football. Ceci explique cela.

    Ces dernières années, le pensée de Baudrillard a tournée autour de l’idée de « disparition du réel ». Le réel devient tellement présent qu’il disparaît. L’exemple, c’est la Guerre du Golfe. On voit les images à la télé. On est abreuvé d’images. Et en fait « la guerre du Golfe n’a pas eu lieu », selon l’expression de Baudrillard.

    La mondialisation, d’une certaine façon, réalise tous les rêves (faustiens) de l’homme. Grâce à la technique tout est possible. On peut tout faire (à condition d’avoir de l’argent, c’est entendu). Et c’est justement parce que le système est parfait que ça devient l’enfer. La mondialisation c’est l’absence d’adversaire. Et, brusquement, ça explose le 11 septembre 2001. Baudrillard a d’ailleurs écrit un texte sur ce sujet, "l’esprit du terrorisme ». Ceux qui n'y ont rien compris l'ont accusé de complaisance à l'égard des terroristes. Gros scandale. 

    A écouter absolument :

     

    « On a tué la réalité ». Série de deux émissions, présentées par Elisabeth Lévy.

    L’émission « Là-bas si j’y suis ».

    France Culture rediffuse quelques émissions.

    Article du Monde (et un deuxième ici)

  • Bouddha / Nietzsche

    "Il s'agit de la souffrance. La souffrance est liée à la vie. [...] Le sage est l'idéal du philosophe. Il a sa solution au problème de la souffrance, qu'il a expérimentée, vécue, vérifiée. Or, il y a deux solutions. Ou, pour moins souffrir, réduire, ou supprimer les activités vitales dont résulte la souffrance, vivre moins intensément, vivre moins et le moins possible, ne faire que glisser en ce monde, trouver le bonheur dans l'insouciance, l'indifférence, l'abstention, l'abstraction: ainsi le veulent ce que j'appellerai "es sagesses "euphoriques", telle celle de Bouddha. Ou, comme prix d'une vie qui mérite d'être vécue, vouloir la souffrance même, et non pas chercher le bonheur, mais, au contraire, trouver dans un bonheur consubstantiel la force d'endurer même la souffrance extrême. Telle est la sagesse "tragique", ou, comme il dit encore, "dionysiaque", de Nietzsche". (Marcel Conche, Nietzsche et le bouddhisme)

    Bouddha ou Nietzsche? Vie tranquille ou vie effervescente? Choisis ton camp camarade!

    Mais avons-nous vraiment le choix?

  • Régis Debray commente la "Coupe de l'Elysée 2007"

    Le Monde a offert une page entière à Régis Debray pour s’exprimer sur la campagne présidentielle. Il a titré « La coupe de l’Elysée 2007 ». Ironie du penseur qui regarde de tout petits hommes politiques.

    Régis Debray est un intellectuel de gauche, lui. Contrairement aux penseurs bushistes et autres animateurs de deuxième partie de soirée à la télé.

    Dans les années 60, il était au côté du Ché quand les autres buvaient des laits fraises à la terrasse du Flore.

    Aujourd’hui, ces « progressistes » le considèrent comme un réactionnaire.

    Mais quand les progressistes se nomment Alain Finkielkraut, Loïc Je Meur, André Glucksmann, Doc Gynéco et Nicolas Sarkozy, il faut accepter d’être traité de réactionnaire. Quand la modernité c’est les délocalisations, le Contrat nouvelle embûche, les golden parachutes et le kärcher dans les banlieues, il faut préférer ne pas être moderne. Ou plutôt, rétorquer que la modernité ce n’est pas ça.

    Pour Régis Debray, la présidentielle 2007 c’est une bataille d’image, de com et d’ego. Tout juste une compétition sportive. La coupe de l’Elysée 2007.

    Il reste de gauche. Et nous explique quel sera son vote : « Pourquoi ne pas soutenir au premier tour une candidature "antilibérale et populaire" (pour autant que l'ombre de l'extrême droite ne grandisse pas d'ici là) ? Quitte, au finish, à jouer contre mauvaise fortune bon coeur Ségolène, fidélité oblige. Ou dans un autre cas de figure, peu probable, le tracteur contre le Kärcher ».

    Voici ce qu’il dit de François Bayrou. « François Bayrou ? De l'étoffe. Et de la vaillance. Mais Pierre Mendès France n'était ni atlantiste ni européiste, et le meilleur démo-chrétien conserve un fumet MRP. Effet de l'âge, sans doute injuste, mais pour qui garde en tête le "Bloc-notes" de François Mauriac, encore rédhibitoire. Georges Bidault et Jean Lecanuet sont décédés, mais les morts pèsent très lourd, qu'on m'en excuse, sur le cerveau des vivants. Bon vent au troisième homme. Il le mérite. »

    Il tacle les pseudo intellectuels : Les prétendants à l'Elyséee « feuillettent les magazines et surfent sur les écrans. Ce qui ne passe pas à la télé, à leurs yeux, n'existe pas. Aussi sont-ils sûrs d'avoir recruté la philosophie avec André Glucksmann ou Bernard-Henri Lévy et la littérature avec Christine Angot ou Jean d'Ormesson. »

    On attend leur réponse. Dans Le Monde, évidemment.

  • De Marc Aurèle à Diorgucci

    « Vis chaque jour comme si c’était le dernier » (Marc Aurèle).

    « Vis chaque jour comme si c’était celui de ton anniversaire » (Diorgucci).

    Qui est Diorgucci?

    Diorgucci est un internaute qui a possédé un blog, qualifié l'un des pires skyblogs de l'histoire.

    D'autres infos sur les blogs: