Internet est fait de conversations. Les conversations se déroulent sur les blogs, en général. Mais depuis quelques temps, on constate que la conversation quitte la blogosphère, pour se déplacer sur twitter, facebook et les autres réseaux sociaux (lire: Internet Actu).
Ces derniers temps, la tendance s'accélère. Twitter est en croissance exponentielle.On observe, par exemple, que le nombre de recherches sur twitter search dépasse celui de google blogsearch (voir schéma). (source: micropersuasion voir aussi ce billet)
Twitter est le vecteur des buzz. Ils s'y propagent à une vitesse incroyable (source: Véronis).
Twitter permet aussi de générer du trafic vers un site ou un blog (source: PCWorld)
Même Jacques Attali adore. Il philosophe dessus. (via nayezpaspeur)
On observe que les gens discutent plus souvent sur twitter. Par exemple, il y a quelques jours, j'ai suivi cette conversation:
Ca se lit de bas en haut (vous le savez!). Au début, j'annonce sur twitter que je viens de publier un article (je le fais manuellement, parce que je ne republie pas tout sur twitter. On peut le faire automatiquement, mais c'est déshumanisé...)
La conversation se poursuit entre différents "suiveurs". Un autre suiveur retwitte mon billet. C'est sympa!
Un suiveur se réveille et note qu'on parle décidément trop.
Et, c'est vrai, on peut se demander: faut-il utiliser twitter comme un module de chat?
La réponse est non, en principe. Ca gène les autres et, surtout, ça prend beaucoup de temps. On parle, on parle... Des phrases de 140 signes. Ca n'est pas très constructif. Mais, si ça vous amuse, pourquoi pas.
Les commentaires fuient les blogs
Vous avez compris, avec ces conversations sur twitter (ou d'autres réseaux sociaux), les gens commentent moins vos blogs. C'est la première conséquence. Il y a toujours plus de blog, les gens ont moins de temps, donc, au final, la participation est moindre sur chaque blog.
Certes, cette fois-ci, les "suiveurs", Marc Vasseur et Jacques Rosselin
ont commenté sur le blog. Mais l'essentiel de leur conversation s'est poursuivie sur twitter. Et certains se seraient abstenus de commenter le blog.
Une chute d'authority
La deuxième conséquence, c'est que les gens se donnent moins la peine de vous citer sur leurs blogs. Ils voient un bon billet, paf, ils le citent sur twitter. Ca prend moins de temps. L'information est transmise.
Le "problème" c'est que, si on ne vous cite pas, votre authority n'augmente pas. L'authority, selon technorati, c'est le nombre de blogs qui vous citent au cours des 6 derniers mois.
"However, a disruptive trend is already at play. While blogs are increasing in quantity, their authority–as currently measured by Technorati–is collectively losing influence. For instance, just last November, Technorati counted 32,493 links towards gadget blog Engadget’s “authority.” Today, it counts half that amount (16,326). Even TechCrunch’s link authority as measured by Technorati is down by several thousand links, yet its relative position in the overall ranking (No. 3) hasn’t moved."
Pour les amateurs du classement wikio, c'est pareil. Moins de
backlinks.
C'est pas la mort et tout le monde est touché par cette "pénurie de liens entrants", mais c'est tout de même un petit peu embêtant. En effet, le lien entrant est la drogue du blogueur. Si vous me citez sur votre blogue, je vais beaucoup vous aimer. En découvrant un blog qui le cite, le blogueur saute au plafond.
Bref, cette explosion de twitter bouleverse la donne. Ce n'est ni un bien ni un mal. C'est peut-être même plutôt un bien qu'un mal. C'est nouveau, c'est une possibilité d'expression en plus. Un outil, juste un outil.
La conversation c'est la démocratie
Pourquoi la conversation c'est important sur Internet?
Parce que c'est ce qui rend vivante la transmission d'information. C'est toute la différence entre les médias qui imposent leur message (télé) et ceux qui le distribue discrètement (blogs). (lire à ce sujet Bernard Stiegler)
Et, d'autre part, la discussion c'est la démocratie. Le rôle des médias, c'est de faire comprendre aux citoyens le fond des dossiers qui sont traités et votés au parlement. Ca n'est pas que pour distraire quand on rentre du boulot!
Le parlement, l'Assemblée sont des lieux de discussion.
On le voit dans cette discussion, le rôle du jeu, des arguements, de la règle. Tout cela à un but: faire éclore la vérité, trouver la meilleure solution. Produire des lois. Gouverner des peuples. Rien que ça!
Le vote d'une Loi ne tranche pas la discussion
Ces discussions qui se poursuivent sur Internet et à l'Assemblée sont complémentaires. C'est ce que montre bien Patrice Lamothe dans
ce billet, également sur la loi Hadopi.
Selon lui, le vote de la loi ne clôt pas la discussion:
"Certains pourront croire que le calendrier du vote emportera la décision, que d’ici au 31 mars, la majorité législative aura tranché : ce serait une erreur.
En dépit des apparences, le vote formel d’une loi ne tranche jamais de lui-même le sort d’une collectivité. Après les votes viennent les décrets d’application, après les décrets viennent les jugements sur des cas concrets, après ces jugements peuvent venir de nouvelles lois, de nouveaux gouvernements, de nouvelles majorités. A chacune de ces étapes, les forces en présence gagnent ou perdent du terrain."