"Ecoutez, dit-il. Y a mon Google qui rétrécit.
_ Je vous demande pardon,
_ Mon google. Je tape mon nom sur Google et chaque fois ça diminue.
_ Oui. Les pages sont souvent retirées des sites, ce qui fait qu'elles n'apparaissent plus dans les recherches.
_ Oui, je comprends, mais c'est de pire en pire/ J'étais autour de trois cent cinquante avant. Maintenant je dois être à quarante, mentit Sam.
_ J'ai peur qu'on n'y puisse rien, monsieur. Peut-être, si je puis me permettre, devriez-vous faire quelque chose de notable. Ecrire un texte. Créer un blog.
_ Ecoutez, j'ai essayé, vous vous doutez bien que j'ai essayé! J'appelle parce que je me disais que vous pourriez peut-être un peu modifier l'algorithme.
_ Ah, non, on ne peut pas faire ça.
_ Vous ne pourriez pas simplement un peu gonfler mon chiffre jusqu'à ce que je retombe sur mes pieds?"
L'homme éclata d'un rire gêné. On ne pouvait plus rien faire dans ce pays, pensa Sam, sans que quelqu'un vous prenne pour un détraqué. Quand l'homme reprit la parole, ce fut avec une impitoyable froideur.
_ Monsieur, il n'y a rien que nous puissions faire. Je ne peux que vous suggérer d'écrire davantage. De vous distinguer d'une façon ou d'un autre. Google est un moteur de recherche équitable."
(Keith Gessen _ La Fabrique des jeunes gens tristes; pages 113,114). Infos sur le livre, sur Chronicart.
Commentaires
c'est pas mal vu ce texte...;)) mon google qui rétrécit...excellent
c'est est un peu le who is who du net...comme un miroir pour s'assurer de son existence.
Google n'est pas si important que cela, si ?
:-))
"La fabrique des jeunes gens tristes"
Quel triste et réaliste titre...
@Corynne,
Oui, mais le titre original est peut-être encore plus fort: "All the sad young literary men".
Le titre insiste sur le fait qu'ils écrivent.
... bonne lecture d'ailleurs, au dejà de ce passage
ce n'est pas triste, ça fait peur. Les robots de Google se sont mis un beau jour de février de ne plus reconnaitre mon blog. Rien à faire, on ne peut rien contre des robots.
C'est marrant : j'ai un même site dans deux versions, une actualisée régulièrement chez Free bien reconnue par Google à partir de mots clés, et puis une vieille de dix ans à La Poste et jamais remise à jour depuis des années. Eh bien ! Google connaît encore la version ancienne, jamais indexée par un seul blogue ou dans un seul forum et pas du tout à jour, quand on lui donne les mots qui conviennent (mais alors il faut vraiment savoir ce qu'on cherche), pendant six mois cette version primitive a été pourtant totalement inconnue de Google sans que je déploie des moyens énormes pour rester clandestin... Que faut-il en conclure ? Je crois d'abord que c'est le bordel général et que l'on peut rigoler au sujet des fameux robots...
Du fait de la multiplication des outils de diffusion qui concourent à la massification du Web, l'effort pour être visible va être de plus en plus difficile.
Article très pertinent et au cœur de nos problématiques en matière de référencement.
J'admire google quand je vois toutes les nouveautés qu'il propose tendant vers la perfection, un modèle d'adaptation dans cette nouvelle économie. Seulement tant de réussite me laisse craintif. Google du fait de sa puissance et son pouvoir dispose d'un pouvoir de vie et de mort sur les entreprises basant leurs activités sur internet et ce dans le monde. Un simple "clic" sur blacklistage et voilà une entreprise en faillite ! Je m'en viens souvent à me demander si un si grand pouvoir ne devrait-il pas présenter une régularisation ou être de la seule main de l'État.
Décidément, Google est le symbole de l'impérialisme Américain marquant une volonté de tout contrôler (Et une domination excessive, limite abusive). Ce qui me rassure, c'est le fait que tout empire a sombré un jour ou l'autre, que ce soit dans plusieurs années ou dizaine d'année. En l'occurrence, je ne pense pas que les réseaux sociaux puissent détrôner google. Du moins pas en l'état actuel, la recherche d'informations étant trop limitée à mon sens.