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  • Avec Philippe Val à France Inter, qu'est-ce qu'on se marre

    Il ne faut jamais oublier que la formation de base de Philippe Val, c'est le comique.

    C'est pour ça qu'aujourd'hui, s'il juge "inacceptable" (Libé) une chronique de Stéphane Guillon (vidéo ci-dessous), c'est le patron de France Inter qui parle, mais c'est aussi le comique.

    Dresseur de clowns, c'est ingrat comme métier.

    Philippe Val nous avait fait rire dans le rôle du défenseur de la liberté d'expression contre les barbus. Revendiquer le droit de rigoler et aller devant les tribunaux, c'était drôle!

    Et puis, il a eu affaire du dessinateur Siné. Philippe Val lui a démontré que son comique était périmé. Siné, convaincu par son patron, a pris la porte.

    Avec Stéphane Guillon, le problème est plus épineux. Le gars n'est ni un vieux grincheux ni un barbu fanatique. C'est un comique dans la force de l'âge, populaire et incontrôlable.

    Stréphane Guillon est un comique pur: il tape sur tout ce qui bouge. DSK, Sarko, ses patrons à France Inter. Il cartonne tout ce qui détient du pouvoir. Il grossit le trait, caricature les défauts des grands hommes.

    Et Philippe Val, le comique devenu chef, resemble à un adjudant qui glapit des ordres avec fureur. Ah, qu'est-ce qu'on se marre à France Inter!

     

  • Dire ce que les autres ont déjà dit

    duchamp.jpgAvec les blogs, on découvre (ou plutôt on redécouvre) le plaisir de dire ce que les autres ont déjà dit. Ce qu'ils ont dit mieux que nous, et, cela va de soi, avant nous.

    Depuis l'origine, le blog s'inscrit dans une culture du mème: les chaînes de blogueur, sont là pour nous le rappeler.

    Je me faisais cette réflexion en constatant le nombre effarant de billets publiés sur la mort de Philippe Séguin.

    Chacun y est allé de son petit couplet. Pas un qui ne s'est dit: "tout le monde en a parlé, les journaux, la télé, et j'ai déjà lu cinq billets sur le sujet". Ici, et , , , , , , , mais aussi , , , , et forcément .

    Non, ils ont sacrifié à ce plaisir: dire ce que les autres ont déjà dit. Et c'est très bien ainsi.

    "Tout est dit et on vient trop tard", disait un auteur classique qui avait piqué cette phrase à un auteur de l'antiquité, qui lui-même la tenait d'on ne sait qui.

    Dire ce que les autres ont déjà dit est une forme de rituel. Un rituel laïc. Une façon de s'inscrire dans une communauté. Et aussi une façon de se rassurer, peut-être.

     

    illustration: Marcel Duchamp. En avance du bras cassé. Août 1964 (4eme version, après l'original perdu de novembre 1915). Moma

  • Ce que chacun cherche

    Grotte_Arize.jpg

    Ce que chacun cherche, c'est une consolation.

    Mais se consoler de quoi? On ne sait pas, justement. Si on le savait...

    Se consoler d'être des humains? Des êtres à tendance métaphysique.

    Le fait que le monde soit devenu "mondial" rend cette tendance encore plus forte et le besoin de consolation encore plus pressant.

    Dans un monde mondialisé, il n'y a pas de refuge. Juste une pseudo-métaphysique à base de marques.

    Le monde est devenu sans explication, sans refuge.

    Les grands récits qui structuraient notre vision du monde ont perdu de leur lisibilité. A force de science. A force de questions. A force d'oubli de soi, aussi.

    Il ne reste plus à l'homme que cette fonction: parler, écrire.

    La parole guérit. La parole libère et console, un peu.

     

    (photo: La grotte du Mas d'Azil)

  • La presse régionale perd 11% de recettes publiciaires en 2009

    pqr 2009.jpgLa PQR (Presse quotidienne régionale) a perdu "seulement" 11% de ressources publicitaires en 2009. C'est mieux que la presse nationale (-19%), la presse magazine (-15%) et la presse gratuite (-25%). (Les Echos)

    Cette baisse est due, notamment, à la "fuite" des petites annonces vers le Web. Les petites annonces représentent de 30 à 40% des recettes pub de la PQR.

    La diffusion des journaux régionaux, elle, est restée quasi stable (-1%).

  • Fabio Volo , ou le triomphe du non-écrivain

    (Ce billet est écrit en partenariat avec Courrier international)

    1001-FabioVolo-90.jpgFabio Volo est un écrivain qui rencontre un grand succès en Italie, nous rapporte Courrier international. Son secret: être le reflet d'un homme quelconque. Son précédent livre, Le jour de plus, a dépassé le million d'exmplaire.

    Effet miroir

    “Je suis un non-écrivain” : c’est ainsi que se définit cet ancien boulanger et ancien barman de 37 ans. “Je soulage une sorte de créativité, une recherche de l’équilibre, un besoin de bien-être.”

    Avec Fabio Volo, l'effet-miroir fonctionne. Le lecteur, lorsqu’il referme le roman de Fabio Volo, est persuadé qu’il aurait pu l’écrire lui, car il a éprouvé les mêmes sensations, lu les mêmes livres, vu les mêmes films, aimé plus ou moins les mêmes femmes, livré les mêmes batailles entre copains.

  • Qu'ils mangent de la brioche!

    Aujourd'hui, il y a trop d'informations. Nous naviguons en permanence dans un flux d'infos, dont la plupart ne sont pas désirées. Et le développement des médias sociaux va amplifier le phénomène.

    Pourquoi les médias produisent-ils toutes sortes d'informations futiles, et négligent-ils les « questions importantes »?

    La couverture de l'Express nous donne un semblant de réponse: la tête de Johnny, avec le titre: "les dessous de l'affaire Johnny". C'est donc le sujet le plus important de la semaine pour ce magazine qui n'a quasiment consacré aucune couverture à la crise financière ou aux problèmes sociaux que connait notre pays.

    Bon, rien de nouveau: ce phénomène est connu de tous depuis des années.

     

    Exposer ou surexposer

    Comme l'explique Bernard-François Huygues, les médias ont notamment le pouvoir « d'exposer ou de surexposer (un événement, un point de vue, un discours, une personnalité) qui sera au centre de l'attention publique et du débat ».

    Les médias choisissent des événements et ils donnent du crédit aux personnes dont ils parlent. Les autres n'"existent "pas.

     

    La proportion d'informations futiles

    Avec le développement de la publication sur Internet, les « gens » ont maintenant accès à ce pouvoir. Un tout petit pouvoir, proportionnel à l'audience de votre blog.

    Or, il se trouve que l'arrivée des blogs et des réseaux sociaux accroit la production d'information futiles. Et la proportion d'informations utiles, instructives, n'augmente pas. A croire que c'est une donnée universelle...

    C'est-à-dire que ceux qui imaginaient un complot ourdi par les médias en sont pour leurs frais. Si on pensait que les médias avaient pour but de nous empêcher de réfléchir aux questions importantes, on s'aperçoit, en lisant les blogs, qu'ils contiennent à peu près la même proportion de sujets futiles.

  • Journalistes recyclés: témoignez!

    L'ami (et voisin) Laurent Dupin, vient de lancer une enquête, pour savoir pourquoi des journlistes quittent la profession _ et se remettent en cause. Vous pouvez témoigner sur le blog qu'il anime avec Jean-Pierre Govekar.

    Pour l'heure, Laurent relève plusieurs faits:

    • le chômage grandissant : par le nombre de plans sociaux, plans de départ volontaire mis en place dans les médias (écrit, radio, télé) de par le monde; avec par exemple ce chiffre communiqué fin 2009 pour les Etats-Unis : 20.000 suppressions de poste dans la presse en 5 ans de temps… Cela donne une idée de la métrique qui se met en place.
    • l’écroulement tarifaire du travail : blogs gratuits payés « à la notoriété », contenus web payés au forfait, piges magazines entre 20 et 30 euros net du feuillet (voire moins !), multiplications des missions de stagiaire… La tendance à la dépréciation est globale et s’explique par une économie de crise : peu de moyens, donc peu de postes et des budgets réduits. Tout pendant qu’un star system de journalistes VIP perdure encore aux plus hautes fonctions…
    • l’hyperbole sidérurgique : elle est abordée depuis un moment dans pas mal de causeries, rencontres et conférences… Nous vivrions les débuts de la fin de la presse. Le net entrepreneur Pierre Chappaz a eu le mérite de l’exposer publiquement sur son blog, dans une note récente : « Presse = sidérurgie 2.0?
  • Destruction créative, nouvelle richesse, DIY

    Très bon, ce billet de Zoupic. (entre parenthèse, je l'avais interviewé sur ce blog, il développe des idées intéressantes sur la monnaie, la finance)

    retofuturs4.jpgIl fait bien sentir que la "crise" (avec beaucoup de guillemets) que nous traversons est une destruction de valeur, mais surtout un changement de paradigme, un changement de modèle d'économie et de société.

    "Nous avons d’un côté un monde qui s’écroule, un modèle dépassé en bout de course, une machinerie monumentale qui comme un titanesque projet révèle au grand jour ses plus belles imperfections. [...]

    Si le chômage augmente, cela veut dire que des emplois qui servait à créer de la valeur sont aujourd’hui dépassés, inutiles. Ce n’est pas tant une destruction de la valeur, c’est plutôt une régulation de cette valeur. Étant donné le contexte actuel environnemental et énergétique, bon nombre de produits et d’emplois n’ont plus leur place, la valeur a migré ailleurs."

    Nouvelle richesse: le savoir accessible partout

    S'il y a cette destruction de valeur, c'est qu'autre chose se crée. Et si vous utilisez Internet, vous voyez qu'il se passe des choses. Des informations circule, mais pas seulement. Une nouvelle richesse est en train d'apparaître. Elle n'est pas monétaire, du moins pas encore.

    "Jamais au grand jamais il n’a été donné à quelque être humain que ce soit d’avoir accès à tout le savoir, la connaissance, l’information, la culture, la science à laquelle nous avons accès avec Internet. Donner un ordinateur et Internet à quelqu’un et il a accès à la plus grande bibliothèque jamais imaginée, il a accès au cerveau global de l’Humanité. Là est la richesse que nous avons créé ensemble."

    Do it yourself

    Aussi étrange que ça puisse paraître, je ferai un lien entre l'article de Zoupic et cet article de Thomas L. Friedman "The Do-it-yourself economy". Le lien est évident. Friedman évoque aussi ce double mouvement: la destruction mais aussi les opportunités que fait surgir la nouvelle situation.

    Là aussi, le rôle d'Internet est central. Pour les entreprises, les services sur Internet (souvent gratuits) permettent des gains de productivité énormes. Les entreprises font elles-mêmes des choses qu'elles auraient fait faire auparavant. Grâce à des outils web, beaucoup de tâches peuvent être faites par soi-même.

    photo trouvée ici via Emmanuel Gadenne

  • Des aides à la presse sur Internet

    Il est facile d'ironiser sur les sites d'information qui  vont bénéficier des aides de l'Etat. Les blogueurs, dans l'ensemble, ne s'en sont pas privé. Le sujet a été traité chez Vogelsong, Narvic, Rubin, Thierry et Juan. (à lire aussi: Le Monde et Marianne)

    En fait, le problème est complexe. Nous vivons dans une économie "bizarre" où presque tout est « aidé » ou subventionné.

    L'Etat a aidé les banques, les constructeurs automobiles, il vous aide à acheter une voiture, il aide les grandes surfaces et les entreprises petites ou grandes.

    Bref, l'économie, dont on nous répète sans arrêt qu'elle est la chose la plus naturelle du monde, a tout de même besoin qu'on la pousse un peu pour fonctionner.

    Donc, sur le principe, pourquoi ne pas aider un secteur de l'économie déjà fragilisé?

    Les aides sont attribuées après un examen des dossiers par une commission rattachée au fonds d’aide au développement des services de presse en ligne (source: ministère de la culture et de la communication).

    Mais, à lire les blogs que j'ai cité, quelques questions se posent:

    1. Quid de l'indépendance?

    Comment un site peut-il se dire indépendant s'il reçoit des aides de l'Etat? Un média est toujours dépendant de celui qui le finance: propriétaire, actionnaire, annonceur, lecteur, abonné, etc. mais la question de l'indépendance n'est pas simple à trancher. Au final, le verdict est donné par les lecteurs.

    Mediapart, par exemple, a choisi de faire appel aux aides de l'Etat. Le site d'Edwy Plenel va-t-il perdre une partie de son indépendance quand il s'agira de critiquer le gouvernement? A priori non. Plenel n'a rien à gagner à adoucir la ligne éditoriale de son site. Les aides de l'Etat n'y changeront rien.

    Le site d'Arrêt sur images a, lui, décidé de refuser l'aide de l'Etat. Pour des raisons multiples, parmi lesquelles la volonté de préserver son indépendance.

     

    2. Des critères d'attribution flous

    Les sites d'information reçoivent des aides, mais on ne sait pas selon quel critère. Pas l'audience? Non, car des sites peu visités comme Mediapart ou Slate reçoivent à peu près autant que Rue89 qui enregistre 4 ou 5 fois plus de trafic.

    La désignation des « éditeurs de sites d'information » est elle-même assez floue.

     

    3. Manque de transparence

    Il est reproché aux sites d'information leur manque de transparence sur ce sujet. Pourquoi n'informent-ils pas leurs lecteurs sur la provenance des sommes qui les font vivre?

     

    4. Contorsions idéologiques

    Certains sites d'information se sont donné pour mission de propager des idées libérales. C'est leur droit. Lefigaro.fr est en pointe sur le sujet. On se souvient que son propriétaire, M. Dassault, voulait diffuser des « idées saines ». D'autres, comme Slate.fr, publient le très libéral Eric Le Boucher, prompt à fustiger toute intervention de l'Etat.

    Ces sites doivent-ils refuser les subventions pour être en conformités avec leurs idées? Apparemment, ils ont répondu « non » à cette question.

     

    5. Quelle place pour les blogs?

    Certains affirment que les blogueurs mériteraient leur part du gâteau. Blogueur subventionné: est-ce bien raisonnable?

    Pour répondre à cela je ferai deux remarques:

    1) Les blogs sont des espaces personnels de commentaire de l'actualité et d'agrégation de contenu. Le blogueur est un conversationnaliste. Son rôle n'est pas à confondre avec celui du journaliste qui est rémunéré pour établir des faits d'actualité.

    2) Les blogs ont une audience et une influence réelles. Les meilleurs d'entre eux captent l'attention des lecteurs et génèrent un engagement que beaucoup de journalistes leur envieraient. Cette activité, productrice de « valeur » mérite-t-elle d'être rémunérée ou récompensée?

  • Une bonne résolution

    post-it-note.jpgCertains, comme Georges, détestent les "bonnes résolutions" qu'on prend en croyant qu'elles auront de l'effet. Donc on n'en prend pas pour ne pas avoir l'air d'y croire...

    C'est pas faux, mais: pourquoi s'auto flageller?

    Si je devais prendre une "bonne résolution" ce serait celle-ci: vivre le moment présent.

    Cela n'a pas vraiment rapport avec l'hédonisme, le carpe diem. C'est autre chose. Le pouvoir du moment présent: savoir que quoi qu'on fasse, où qu'on soit, les choses auront toujours la substance du moment présent. Et si l'on n'est pas présent à ce que l'ont fait, c'est inutile de prendre de bonnes résolutions.