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Journalisme - Page 6

  • Le monde sans explication ou la vexation du journaliste

    globe_terrestre.jpgAvec l'avènement des médias sociaux, la fonction de médiation des journalistes est remise en cause. Ils fournissaient une explication du monde, mais leur position est menacée. Ils subissent une vexation existencielle: et si on n'avait plus besoin d'eux?

    Sur Internet, il est impossible de tout voir, de tout connaître. Là où je suis, je ne peux pas avoir une carte complète du web. J'habite dans tel lieu, je possède tels codes sociaux, je connais telles personnes: au-delà c'est l'inconnu.

    En lisant le journal Le Monde (et d'autres), nous avons, au contraire, l'illusionde tenir le monde entre nos mains. Le monde décrypté, expliqué, « désensauvagé ». L'expertise des journalistes, la confiance que nous avons en eux, suffisent à créer cette illusion _ qui est plus qu'une illusion.

    Aujourd'hui, avec l'avènement des médias en relation directe avec le public, c'est cette vision du monde qui vole en éclats.

    Médias directs

    Avec Twitter, par exemple, une institution, une célébrité ou un média s'adresse directement à moi. Je sélectionne des sources, des flux, des lieux de rencontre virtuels. Et c'est cela, finalement, qui compose ma vision du monde _ mais impossible de la tenir entre mes mains, comme un journal.

    Au point où nous en sommes, il est difficile de dire si le modèle classique du journal va disparaître au profit de plateformes accueillant la multiplicité des voix, comme c'est le cas sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, etc.)

    Ce qui est certain, c'est qu'Internet a bouleversé le paysage. Les intermédiaires, que sont les journalistes, sont déstabilisés.

     La vexation du journaliste

    Les journalistes avaient pour fonction de nous expliquer le monde. Aujourd'hui, il subissent une vexation, un peu semblable aux trois vexations dont parle Freud,  la vexation cosmologique de Copernic, qui a laissé rouler la Terre hors du centre de l’univers ; la vexation de l’évolutionnisme biologique de Darwin, qui fit des hommes des cousins et des cousines des primates ; et la vexation psychanalytique de Freud lui-même, qui ôta aux sujets bourgeois l’illusion que leur Moi serait maître chez lui. (source: Multitudes)

    De fait, la hiérarchie de l'information est modifiée: ce ne sont plus les journalistes qui la définissent, c'est le public.

    La question qu'on se pose, c'est: « a-t-on besoin d'une explication globale du monde, comme nous la proposaient les journaux, et si on perd cela quel est le risque ou plutôt quelles sont les perspectives nouvelles qui s'offrent à nous? »

    photo: source

  • Presse en crise: quelques liens

  • Quelques liens

    • 50 most influential blogger of 2009 (incomediary.com)
    • La transparence a-t-elle des limites? (Internet Actu)
    • La Nouvelle république envisage de rendre son site Internet payant (Detoutderien)
    • L'audience des sites d'infos est en baisse, selon Google Trends (Jeff Mignon)
    • Web squared: le Web 2.0, 5 ans après (web 2.0 summit)
    • Journaliste à Pôle emploi: elle aussi est passée par la rue Blanche (Maude M.)
    • Le guide du hamburger (AHT)
    • Le futur du cycle médiatique (Ross Dawson _ PDF)
    • Ma nuit au Hilton avec François Bon (Martine Silber)
    • Ton hémisphère gauche fonctionne-t-il? (Calédosphère)
    • 22 conseils aux journalistes pour écrire sur Internet (Rue89)
    • Top 50 business thinkers (Thinkers50)
    • Collège de France: des cours sur dailymotion
    • Why content is no longer King (Copyblogger)
    • Les 10 application IPhone "must have" pour blogueur (wpbeginner)
    • Comment je paie 420% d'agio par an (Hervé Torchet)
    • "Tweet copyrights are owned by the author. " (Evan Williams, dondateur de Twitter)
    • Is This the End of News (Vanity Fair, oct. 2007)
    • Boulevard Richard Lenoir (SMWHR)
    • Les contenus à l'heure de l'abondance (CDLM, billet à revoir éventuellement)

  • L'information derrière l'information

    Pourquoi l'affaire Jean Sarkozy a-t-elle fait autant de bruit? Et l'affaire Frédéric Mitterrand, qui l'a pour ainsi dire annoncée?

    D'habitude, une telle histoire occupe les médias pendant deux jours. Là, c'est deux semaines. Et on en parle jusqu'en Chine, où le nom de Jean Sarkozy est devenu synonyme de népotisme. Un comble, quand on sait que le mot «démocratie » n'a pas d'équivalent en chinois.

    Certes, l'affaire en elle-même a de l'importance. Mais pas à ce point. Pour qu'elle ait pris tant d'ampleur, il faut qu'il y ait autre chose « derrière ». Une information derrière l'information.

    Toute information est toujours redoublée d'une information cachée. C'est du moins ce que nous laissent croire les médias. Pour preuve, les nombreux titres de magazine sur le thème du secret dévoilé. « Ce que cache l'affaire Mitterrand », titrait L'Express la semaine dernière.

    Alors, quelle est l'information derrière #Jeansarkozypartout? L'exaspération sociale? Une colère sans exutoire: l'opposition absente, les manifestations « unitaires » qui font chou blanc, la violence aveugle des minoritaires d' « ultra gauche » instrumentalisée en « ennemi de l'intérieur »... tous ces signes qu'on peine à décoder. Et qui perdent leur sens.

    A première vue, donc, on pourrait dire que cette affaire met en évidence cette exaspération « qui monte ». Mais cette explication est peu satisfaisante. C'est un peu court!

    Il y a encore sans doute une autre information derrière l'information. Mais laquelle?

  • Le coup de gueule d'un pigiste

    C'est à lire chez Yann.

  • France Télévision: le rapport de la Cour des comptes

    Un rapport de la Cour des comptes, intitulé "France télévisions et la nouvelle télévision publique", vient d'être publié.

    Il pointe les salaires des vedettes de la télé, notamment ceux que le Point appelle "les cumulards le l'info". Le rapport ne cite aucun nom, mais le Point a fait les sous-titres.

    La Cour évoque la "situation de fragilité" de France Télévisions, au moment où l'entreprise est engagée dans une réforme de l'audiovisuel public, qui prévoit notamment l'arrêt de la publicité. (Le Monde)

    Le syndicat CGT de France Télévisions voit dans le rapport "une attaque contre l'information". "L'information n'y est quasiment traitée qu'en termes de gain de productivité", a déclaré à l'AFP Jean-François Téaldi, secrétaire général du SNJ-CGT (journalistes) de France Télévisions. (AFP)

  • Manuel de survie du journalisme 3.0

    C'est un document passionnant que vient de publier Benoît Raphael.

    Son manuel de survie du journalisme 3.0 est un condensé d'un cours qu'il a donné au CFJ (Centre de formation des journalistes).

    Le journalisme 3.0 est un journalisme qui tire partie de tous les outils du web et les intègre a sa pratique. C'est aussi un journalisme qui cesse d'opposer les journalistes aux amateurs, mais qui au contraire additionne leurs contributions.

  • Yahoo, l'Iran et l'utilité de mettre à jour un site d'information

    Mise à jour (lundi 12 octobre): Slate.fr a mis son article à jour, précisant que Yahoo a démenti l'information initiale (après avoir lu ce billet?)

    Une information, publiée sur Zdnet, laissait entendre que la société Yahoo aurait livré les noms de milliers d'internautes au pouvoir iranien. Mais Yahoo a rapidement démenti.

    Le journaliste de Zdnet, Richard Koman, a donc mis à jour son billet. Il explique avoir tiré son information d'un blog écrit en farsi et appartenant à un groupe d'opposition. (Paul Carr, deTechcrunch s'étonne que l'information n'ait pas été recoupée)

    Il semblerait que les responsables du site français slate.fr, qui ont repris l'information de Richard Koman, n'ont pas suivi. Ils n'ont pas mis à jour cette information et n'ont pas inclu le démenti de Yahoo. (pour plus d'infos, on peut lire l'article de Jérôme Hourdeaux, sur le site du Nouvel Obs

    Ce petit exemple illustre la difficulté du journalisme online: la vie d'un article ne s'arrête pas quand on a appuyé sur le bouton "publier". Et il ne suffit pas d'écrire à la fin de l'article "Vous souhaitez proposer un lien complémentaire sur ce sujet ou sur tout autre sujet d'actualité? Ecrivez-nous", comme le fait slate.fr. Il faut aussi que les journalistes effectuent le suivi...

     

  • Vendredi, Jacques Rosselin et les blogueurs

    Quelques mots sur un entretien auquel j'ai participé. C'est une interview de Jacques Rosselin, fondateur de l'hebdo Vendredi. La rencontre s'est faite à l'initiative de l'ami Vogelsong, qui a retranscrit une partie des propos. A lire chez lui.

    Etait également présent Narvic, la discussion s'est tenue au Café Croix-Rouge, un café parisien. A un moment de l'entretien, nous avons vu Philippe Geluck passer dans la rue, mais ça n'a rien à voir.

    C'était intéressant de discuter à la fois de façon légère mais avec le désir d'apprendre des choses sur le fonctionnement d'un journal. D'essayer de comprendre comment cela fonctionne, ce projet qui mêle le journalisme et l'expression citoyenne (mais les deux ont-ils des raisons d'être séparés?)

    Concrètement, Jacques Rosselin nous a dit être à la recherche d'un partenaire financier pour poursuivre l'aventure. Son équipe travaille au projet éditorial qui sera prêt sous peu.

    J'ai posé à Rosselin une question qui, bizarrement, l'a mis un peu mal à l'aise: "Pourquoi n'avez-vous pas de blog?" Il a répondu:

    "J’ai peur de bloguer. Vous (les blogueurs) êtes des gens impitoyables. Vous êtes méchants (sourire) ! Sérieusement. Je suis trop sensible à la critique. Je lisais des gens sur les blogs critiquer Vendredi ou dire que nous étions ceci ou cela, cela me heurtait vraiment. J’ai du mal avec la critique dure et les trolls. Il faut avoir la peau dire pour bloguer
    De toute façon, un blog sur quoi ? Les blogueurs… ?"

  • Le mobile accélère la mutation du journalisme

    Le téléphone mobile est un des outils qui modifie notre rapport à l'information: comment elle se fait, comment elle circule. C'est en substance ce qu'explique Benoït Raphaël (LePost) dans cette vidéo. (plus d'infos)

    C'est une des discussions qui est menée lors des Assises du journalisme, qui se tiennent du 7 au 9 octobre, à Strasbourg.

  • Les journalistes et le combat du Monde diplomatique

    Dans le dernier numéro du Monde diplomatique, Serge Halimi fait un tour d'horizon de la crise de la presse (crise qui n'épargne pas le Monde diplomatique, dont les ventes sont en baisse depuis 2003, malgré un sursaut en 2008 _ ainsi que le précise Halimi).

    Un des grands mythes qui a accompagné l'aventure du journalisme, c'est celui du journaliste garant de la démocratie. Halimi le relativise:

    "Si les tourments des médias indiffèrent une large fraction de l’opinion, c’est pour partie qu’elle a compris une chose : la mise en avant de la « liberté d’expression » sert souvent de paravent aux intérêts des propriétaires de moyens de communication. « Cela fait plusieurs décennies, estime le cofondateur du site dissident CounterPunch.com Alexander Cockburn, que les journaux dominants ont plutôt fait obstruction ou saboté les efforts destinés à améliorer notre situation sociale et politique. » Les enquêtes et reportages diligentés par la presse, de plus en plus rares, permettent surtout de préserver la fiction d’un journalisme d’investigation pendant que prolifèrent dans d’autres pages faits divers, portraits, rubriques de consommation, de météorologie, de sport, copinages littéraires. Sans oublier le simple copier-coller de dépêches d’agences par des salariés en voie de déqualification rapide".

    Les grands groupes médiatiques sont mis en cause: 

    "En 1934, le dirigeant radical français Edouard Daladier fustigeait les « deux cents familles » qui « placent au pouvoir leurs délégués » et qui « interviennent sur l’opinion publique, car elles contrôlent la presse ». Trois quarts de siècle plus tard, moins d’une vingtaine de dynasties exercent une influence comparable, mais à l’échelle de la planète. Le pouvoir de ces nouvelles féodalités héréditaires — Murdoch, Bolloré, Bertelsmann, Lagardère, Slim, Bouygues, Berlusconi, Cisneros, Arnault… — excède souvent celui des gouvernements. Si Le Monde diplomatique avait dépendu de l’une d’entre elles, eût-il mis en cause le contrôle de l’édition par Lagardère ? Le destin qu’Arnault inflige à ses ouvrières ? Les plantations de Bolloré en Afrique ?

    Serge Halimi donne l'exemple de Libération où le directeur, Laurent Joffrin, s'affiche "en tribun de la liberté de la presse":

    Revenant sur les conditions de son départ de Libération, le quotidien qu’il avait fondé, après qu’Edouard de Rothschild eut fait irruption dans le capital du journal, Serge July précise : « Edouard de Rothschild (…) acceptait de s’engager financièrement, pour autant que je m’engage à quitter non seulement mes fonctions, mais le journal. Je n’avais pas le choix, j’ai accepté tout de suite. » Il est assez piquant que son successeur, imposé par l’actionnaire, prétende aujourd’hui s’afficher en tribun de la liberté de la presse.

  • Bakchich, hebdo papier

    Bakchich.info, site d'info, lance sa version papier. Il devient donc un Hebdo satirique paraissant le mercredi (il va y avoir de l'embouteillage dans les kiosques, ce jour-là!)

    Pour les journalistes de Bakchich, l'aventure du "papier" est un retour au source:

    "Quand les forbans du web se mettent à gratter du papier, ils rencontrent d’anciennes et oubliées joyeusetés. Des longueurs d’articles à (scrupuleusement) respecter tout d’abord. Au signe près. Tant pis pour les pisse-copie. Lointains héritiers des moines copistes, les Secrétaires de Rédaction et autres éditeurs veillent à l’orthodoxie du produit. Comme au calibrage des dessins, format à respecter au millimètre près, quand le pixel s’accommodait de bien des retouches."

    C'est peut-être la réaction la plus inattendue à la "crise de la presse": que des sites Internet "retournent" au papier. Alors que le web semblait avoir résolu un problème (le coût de production des journaux), on découvre que le papier peut avoir des charmes.