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journalisme - Page 9

  • Zidane et les marchands de tulipes

    Le coup de tête de Zidane. On l’avons vu en direct. Et puis on l’a revu. L’image a été téléchargée plus 1,6 million de fois sur Youtube. Journaux, télés et radios ont relayé le fait. Tous ont été interviewés : des joueurs, le frère de Zidane, le père de Materazzi, des psychologues, des sondeurs et, évidemment, Jacques Chirac ou Maradonna

    En un mot, une bulle médiatique a gonflé sous nos yeux. Comme pour les caricatures de Mahomet, l’épopée de Youssef Fofana, l’affaire Clearstream, le tsunami et la mort de Jean-Paul II.

    La bulle médiatique est comparable à une bulle spéculative. Une bulle spéculative ou boursière est une surestimation de la valeur d’un titre ou de l’ensemble des valeurs d’un secteur.

    On se souvient de la bulle d’Internet. La valeur de certaines entreprises a été surestimée. Puis, d’un coup, le cours des actions s’est effondré. La bulle a éclaté.

    C’est en Hollande, au XVIIème siècle qu’on a observé la première bulle. La spéculation portait sur les bulbes de tulipes. En 1636, un seul bulbe valait un carrosse, deux chevaux et tout leur harnachement, selon un historien.

    Peter Sloterdijk, philosophe allemand a expliqué le lien qui existe entre bulle médiatique et bulle spéculative. Il résume l’idée en une formule : « Les journalistes sont des marchands de tulipes ».

    Il argumente: « Aujourd’hui, chaque sujet ou thème qui peut provoquer l’indignation collective, est à comprendre comme autant de tulipes. Et les journalistes, dans cette perspective, ne sont rien d’autre que des vendeurs de tulipes, qui vous proposent des tulipes chaque jour. Ainsi, ‘‘le 20 heures’’ avec ces informations est le moment critique de la journée où l’on propose à une population une dizaine de sujets sur lesquels elle pourrait facilement s’indigner. Les thèmes sont toujours choisis de telle sorte qu’ils contiennent un certain potentiel d’indignation. Et de temps à autre, l’affaire éclate. La plupart du temps on passe sur cette proposition d’excitation, sur cette proposition d’indignation, tout simplement parce que la population est fatiguée : on ne peut guère s’indigner tous les jours. Mais dans le même temps on apprécie vivement le fait que les journalistes fassent leur travail, lequel consiste précisément dans le fait de nous présenter continuellement un répertoire de possibilités de nous indigner. De sorte que la température d’indignation de la société reste toujours constante. »

    Précisons que Peter Sloterdijk a été au centre d'une "affaire" il y a quelques années, lors de la parution d'un de ses livres, comme c'est expliqué ici. Il sait donc de quoi il parle.

    S'il y a des vendeurs de tulipes, c'est qu'il y a des acheteurs. Supprimons les vendeurs et les acheteurs vont eux même cherchez leur dose de tulipes sur Youtube et ailleurs...

  • Le Gri-Gri international, le rire de l'Afrique

    Vous voulez savoir ce qui se passe au Togo ? Comprendre la crise ivoirienne ? Explorer les dessous de la politique d’immigration de la France ? Lisez le Gri-Gri International.

    Le Gri-Gri International est un journal satirique africain. Il a été créé en juillet 2001 par le journaliste gabonais Michel Ongoundou Loundah. Il paraît un jeudi sur deux. Il compte huit pages. Il coûte 2 €, soit 500 Francs CFA.

    Dans le Gri-Gri on trouve des caricatures d’Idriss Déby, Omar Bongo et… Jacques Chirac. On lit des reportages sur les pays francophones d’Afrique et les autres. Toujours avec de l’humour.

    Le Gri-Gri se bat pour la liberté d’expression. Il a été interdit par Omar Bongo au Gabon. Puis au Cameroun, dans la République du Congo et la République démocratique du Congo. Il a même été interdit de diffusion à l’Assemblée nationale le 9 février dernier. Une caricature de Jacques Chirac en short à côté d’une poupée vaudou à l’effigie de Sarko a été jugée « injurieuse ».On en a moins parlé que des caricatures de Mahomet…

    Le Gri-Gri a réalisé quelques coups journalistiques. L’interview de Jean-Marie Le Pen reste un sommet. Elle a été jugée « complaisante » par une partie de la rédaction. Résultat : plusieurs journalistes sont partis, la société des « amis du Gri-gri » s’est dissoute et le journal a frôlé la faillite.

    Mais il renaît, après 3 mois de crise, le 18 mai dernier. En Une, l’interview de Le Pen. Un entretien, effectivement, assez complaisant. Par exemple, la question « savez-vous que bon nombre d’Africains vous aiment bien ? » Il y a plus dérangeant ! Et on aurait pu lire ailleurs cette déclaration de Le Pen : « C’est vrai que chez les Français, il doit y avoir des racistes comme il y en a chez les Arabes, les Noirs et les Juifs. » Mais, reconnaissons que les médias ont toujours eu du mal avec le Front National…

    Le numéro suivant, le Gri-Gri faisait sa Une sur Dieudonné. Sans doute pour respecter l’équilibre droite gauche ? Deux numéros plus tard, on retrouve Dieudonné dans la page « spectacle ». Le Gri-Gri, un ami de Dieudonné ?

    Mais l’essentiel des informations proviennent d’Afrique. Le Gri-Gri donne éclairage différent de Jeune Afrique ou des journaux français. « Je suis personnellement abonné au Gri-Gri et pour moi il comble une lacune dans la presse franco-africaine diffusée en France. Par contre, ils ont encore beaucoup de progrès à faire dans le côté "gestion du journal", même si les articles sont très bons », explique l’animateur du site consacré à Pierre Mamboundou, opposant Gabonais.

    Le dernier numéro consacrait un dossier sur le Togo. Le personnel politique est passé au crible. La décolonisation et le rôle de la France est évoqué. Kpatcha Gnassingbé, président ministre de la Défense du Togo a droit a un portrait.

    Dans le numéro précédent, le 15 juin, le dossier portait sur les rebellions en Afrique. Côte d'Ivoire, Darfour-Soudan, Mali, Tchad, sont les étapes de ce voyage où on rencontre ceux qui sont "trop rebelles pour être honnêtes"...

    Le Gri-Gri est en vente en France dans les kiosques.

    Cet article a été publié sur Agoravox et CentPapiers