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L'étonnement et la souffrance

1130220648.JPGHier soir, comprenant que mon voisin de palier avait encore décidé de faire du bruit, je suis sorti boire un déca.

Je me suis installé au Canon des Gobelins avec un livre, L'Homme et sa double origine, de K.G. Dürckheim. J'ai commencé à lire le passage intitulé "l'étonnement et la souffrance".

Deux façon d'appréhender le réel.

Dehors, il pleuvait un peu. Deux touristes japonais, portant des casquettes, sont passés devant nous.

Je les ai regardés avec étonnement. J'aurais voulu que ça dure toujours, ces moments où la réalité paraît intéressante, simplement parce que  dans la vitrine se reflète le mot "bar" ou que la douceur de l'air offre un répit à nos angoisses urbaines.

Etonnement, cela désigne bien mon attitude à ce moment là. Et l'étonnement fut plus grand encore la seconde d'après. Une jeune fille était assise seule devant un thé. Il me sembla qu'elle murmurait des mots incompréhensibles. Je tournais la tête. En fait, elle pleurait. Un chagrin incompréhensible, presque incongru en ce lieu.

Un homme s'avança vers elle. Il lui demanda s'il pouvait faire quelque chose. Qu'avait-elle? Elle le rembarra. "Je ne peux pas en parler", dit-elle. "Laissez-moi tranquille".

Voilà la Souffrance, me dis-je, bêtement.

Plus tard, alors qu'elle pleurait toujours, un serveur vint lui serrer la main. "J'aimerais pouvoir faire quelque chose pour vous", dit-il. Mais il n'y avait rien à faire.

La souffrance finit par la lâcher. Les pleurs cessèrent. Personne ne sut ce qui les avait provoqué, ce qui avait brisé ce coeur. 

Je suis tombé sur cette phrase de K.G. Dürckheim: "La vie humaine est toujours tendue entre ces deux directions: l'intelligence orientée vers ce qui est défini, la souffrance qui aspire à la délivrance".

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(source photo

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Commentaires

  • Très beau billet.

  • O16o,

    Oui.

  • 1) Je ne me lasserai jamais de me demander pourquoi les Japonais viennent à Paris (comme en Europe, d'ailleurs) : ils ne peuvent rien comprendre à la France, ni à l'Europe, ils n'ont pas les codes pour ! En général, les Japonais à Paris, tout ce qu'ils font, hein, c'est suivre un guide armée d'un parapluie coloré pour pas se perdre, et aussi scanner les monuments avec leur joujou high-tech.

    2) Pour la jeune fille en pleurs, une baffe et un verre d'eau froide dans la gueule, et ça devrait la calmer tout de suite !

  • @Culture Po,

    Ton commentaire est à lire au second degré; je le dis pour les autres!

  • @ Eric

    Je le trouve bien plus drôle au premier degré.

  • @Hervé Torchet,

    Mon commentaire était au second degré, et celui de CulturePo au premier.

  • l'étonnement...ah ça oui, notre regard finit pas ne plus rien voir quand on ne sait plus s'étonner et je crois bien qu'il faut une vacance de l'esprit certaine pour pouvoir l'être.Ca titille l'étonnement, comme le désir, à défaut on devient amorphe.

    ah tu vois Eric que tu sais reconnaitre les com au 2d degré..celui là est exactement de la même teneur que celui de D.G. que tu as censuré l'autre jour ;))

    un beau billet en tous cas

  • @anne,

    On peut rire de tout...

  • Vous devriez arrêter le déca : les drogues dures, c'est pas pour vous...

    Sinon, c'est vrai : on peut vraiment rire de tout ? (Faites gaffe avant de me répondre : il y a peut-être un piège...)

  • Non Didier, suivant la philosophie du grand Desproges, on ne peut pas rire de tout, "on DOIT rire de tout. De la guerre, de la misère, et de la mort. Au reste, est-ce qu'elle se gêne, la mort, elle, pour se rire de nous ?"
    Sur l'article, j'ai l'impression que tu as passé un moment enrichissant, n'est-ce pas ?

  • Ben vi une bonne paire de claques au boulot fissa fissa, on n'a plus le temps de s'apitoyer sur nous même, il faut payer le train de vie de notre président et ses ministres...2nd degré !

  • Le dimanche pluvieux tendrait-il à te rendre lyrique ?

  • @Ellie,

    Non, je ne suis jamais lyrique. Je suis seulement descriptif.

    @Fanette,

    Ah oui ma bonne dame!

    @killcow,

    Enrichissant comme tous les moments banals.

  • j'aime vraiment beaucoup ton billet, il te ressemble, je veux dire par là que je visualise très bien: le café, toi et ton livre, les japonais, la fille qui pleure et toi qui penses


    ...mais pas avec....

  • @celeste,

    Non, mais si j'en parle, c'est que...

    --------

    billet repris par rezo.net: http://rezo.net/large

  • Il s'en passe des choses au Canon des Gobelins, j'habite à côté et ne l'ai jamais testé. Maintenant j'ai envie de.

    Merci pour le tuyau "instant poésie dans le 5e"

    "un blogueur inspiré" (second degré)

  • Vouais... Les filles qui viennent se donner en spectacle, c'est relou...
    Mais bon, si ca signifie quelque chose pour elles...

  • C'est le premier billet que je lis chez toi qui te révèle un peu, qui te rend moins froid, plus humain (il y en avait surement d'autres mais je les ai ratés). En fait Eric existe vraiment, ce n'est pas un bot...

  • « En fait Eric existe vraiment, ce n'est pas un bot... »

    Oui, enfin, tout de même : le déca un dimanche soir, ça laisse planer un léger doute encore...

  • @nea,

    Désolé, si tu cherches un ego blog, il y en a plein, ailleurs!

    Je n'aime pas parler de moi. Je n'en éprouve pas le besoin.

    ;-)

    @VQ,

    Inspiré, je le répète.

  • mazette

  • Mon étonnement consiste à constater ta mansuétude
    vis-à-vis de ce voisin irrespectueux

    & ma souffrance compatit avec celle que tu as dû ressentir en réglant l'addition de ce déca'

  • Prendre le temps de regarder et de percevoir...
    :-)

    [bel article]

  • Joli billet, j'aime beaucoup !

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