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illich

  • Internet et la déprofessionnalisation de l'accès à l'information

    Si Internet est un outil convivial, c'est au sens où il nous libère de certaines contraintes. Il nous permet d'avoir accès à l'information de façon plus autonome.

    De plus, il nous permet de publier des informations, presque sans coût, et d'être potentiellement lu par tout le monde. Enfin, il supprime les intermédiaires et facilite l'échange de bien culturels entre pairs.

    Ces arguments en faveur d'une déprofessionnalisation de l'accès à l'information sont développés dans cet article de Benjamin Grassineau. Il y discute, notamment, des thèses d'Ivan Illich.

    La déprofessionnalisation, dans le domaine des médias, se conjugue avec l'émergeance de publications en tout genre, produites par des amateurs. Plus largement, c'est la possibilité, donnée à tous d'accéder gratuitement à de nombreuses informations.

    Voici les trois conséquences de cette prise en main de l'outil Internet:

    1. Surplus d'autonomie

    "Tout d’abord, Internet peut effectivement offrir un surplus d’autonomie à ceux qui y ont accès – donc conduire à une déprofessionnalisation. Il facilite en effet l’accès aux informations nécessaires à l’utilisation des outils présents dans la vie courante. En ce sens, il permet de s’affranchir, au moins partiellement, de la main-mise des professions sur l’usage de certains outils, ou sur le contrôle des informations relatives à cet usage. Mais cela est vrai, naturellement, tant que l’information demeure en libre-accès, et tant que l’information pertinente peut-être « trouvée » et interprétée facilement. Or, pour prendre un exemple, la langue peut constituer une barrière. De plus, il faut que les informations sur un sujet donné soient diverses, variées afin de pouvoir être adaptées à la personne qui désire les acquérir. Ceci nous amène au deuxième aspect. L’accessibilité à des informations variées et contradictoires, n’est garantie pleinement que si il y a une ouverture de la publication. Rappelons que la publication ouverte ne concerne pas l’accès aux informations, mais l’accès aux outils permettant la publication individuelle ou collective. Or, de ce point de vue, il est certain qu’Internet offre au citoyen un potentiel qui n’avait jamais été égalé auparavant. La preuve en est qu’il laisse la place à l’expression de courants politiques, idéologiques, religieux, jusqu’alors presque totalement ignorés."

    2. Possibilité de s'exprimer

    "De même, il est certain qu’il offre un fort potentiel pour ceux qui souhaitent exprimer leurs points de vue. Les forums, les blogs, les sites personnels sont autant d’outils pouvant être dits conviviaux, dans la mesure où ils offrent à n’importe quel individu la possibilité de s’exprimer et de confronter ses idées sur les sujets les plus divers. Et de fait, ils sont une mine d’informations précieuses pour un nombre considérable de sujets – des plus anodins aux plus sérieux et aux plus utiles".

    3. Echange de biens immatériels

    Enfin, dernier aspect, Internet favorise ce qu’on appelle aujourd’hui la désintermédiation dans l’échange de biens immatériels. En effet, l’échange de fichiers musicaux, d’informations, de recettes, de photos, se fait de plus en plus indépendamment de l’intervention d’intermédiaires professionels. Ou du moins, si ces intermédiaires existent, ils n’influent pas sur la verticalité ou l’horizontalité de l’échange. Internet est donc, sous ces aspects-là, un moteur essentiel de la déprofessionalisation des activités de contrôle, de production, d’évaluation et de diffusion des biens immatériels. Mais, ombre au tableau, ce mouvement de déprofessionnalisation est aujourd’hui contrebalancé par trois tendances contraires.

  • Le web, outil convivial à tendance toxique

    Il y a peu, un ami me confiait que son épouse avait une manière bien à elle d'utiliser l'ordinateur. Quand elle en avait besoin, elle l'allumait, recherchait l'information qu'elle était venue chercher, puis elle éteignait l'ordinateur.

    Lui, en revanche, laisse l'ordinateur allumé toute la journée. "Parfois je passe tout mon temps devant l'écran", m'a-t-il dit. Il souligne à quel point cet usage d'Internet est contre productif. Mais, comme nous tous, il fait comme ça.


    l'ordi allumé tout la journée

    Vous êtes sans doute comme lui, comme moi: l'écran allumé toute la journée. Vous recherchez des informations, vous utilisez l'ordinateur. Mais bien souvent c'est lui qui vous utilise.

    C'est ce qui me fait introduire l'idée d'outil convivial, proposée par Ivan Illich en son temps. L'outil est dit convivial s'il accroit l'autonomie de l'homme. Sinon, c'est l'outil qui prend le contrôle de l'homme. C'est alors qu'il devient toxique.


    aussi souvent ou aussi rarement

    "L'outil est convivial dans la mesure où chacun peut l'utiliser, sans difficulté, aussi souvent ou aussi rarement qu'il le désire, à des fins qu'il détermine lui-même. L'usage que chacun fait n'empiète pas sur la liberté d'autrui d'en faire autant. Personne n'a besoin d'un diplôme pour avoir le droit de s'en servir; on peut le prendre ou non. Entre l'homme et le monde, il est conducteur de sens, traducteur d'intentionnalité" (Ivan Illich _ la Convivialité)

    Pour Illich, le téléphone est l'exmple d'un outil convivial. Les individus sont libres de téléphoner n'importe quel message à n'importe quel personne, sans qu'une administration intervienne pour limiter cet usage. Internet et l'ordinateur répondent en partie à cette définition.


    convivial ou toxique?

    Illich souligne aussi que les outils conviviaux peuvent exercer une telle attraction sur les gens qu'ils deviennent toxiques.

    "Quand une population entière se laisse intoxiquer par l'usage abusif du téléphone et perd ainsi l'habitude d'échanger des lettres ou des visites, l'erreur tient à ce recours immodéré à un nouvel outil, convivial par essence, mais dont la fonction est dénaturée par une fausse extension de son champ d'action."

    Dans quelle mesure notre usage d'Internet est-il passé de convivial à toxique (et contre productif)?

    (ce billet fait suite à celui-ci, qui était déjà consacré, de façon transevrsale, à Ivan Illich)

     

    Pour prolonger: