La visite du Pape, vue par le prisme des commentaires de Rue89.
L'"événement" c'est la venue du Pape en France. Autour de l'événement, le livre de Caroline Fourest et Fiammetta Venner, Le Nouveaux soldats du Pape. Et, autour du livre, la promo.
Voilà comment ça se passe en général. Un sujet "qui fait débat" et un livre "qui crée l'événement"... ou se greffe sur lui.
Observons comment ça se passe chez Rue89. Le livre a été chroniqué par Jean-Yves Camus, chercheur à l'Iris. Résultat: 15 000 visites, 267 commentaires. Pas mal!
Et la qualité de ces commentaires? Si on aime l'invective, on est servi. Pour le fond, il y a quelques pépites, mais elles sont rares.
Quelques remarques, mais on peut en produire bien d'autres:
L'auteur laisse-t-il une place aux commentateurs?
En tant que blogueur on le sait bien. Si on ne laisse pas une place au lecteur, il pourra lire votre note, mais il ne la commentera pas. Or, dans le long texte de Jean-Pierre Camus, on a l'impression (juste l'impression) que tout est dit. Pourquoi commenter?
Les commentateurs sont-ils valorisés?
Le site ne valorise pas assez les commentateurs. Si, par exemple, les commentateurs étaient identifiés par un avatar, ou une photo permettant d'accéder à un profil, on n'aurait pas cette impression de lire 250 commentaires qui se ressemblent. C'est dommage, d'autant que certains commentateurs se donnent la peine de commenter à plusieurs reprise. Et il n'y a pas que de vulgaires trolls.
Pour obtenir un investissement plus grand des commentateurs, il est nécessaire de les valoriser. Et c'est valable également sur un blog! Leur répondre est déjà une bonne chose. Mais on peut imaginer plus.
D'où parle l'auteur? Et pourquoi?
Comme le note un des commentateurs, l'article de Jean-Yves Camus se veut surtout une incitation à lire le livre de Caroline Fourest. C'est un compte-rendu de lecture, plutôt bienveillant. On peut y voir un renvoi d'ascenseur (la colonne de gauche présente le livre de Jean-Yves Camus)...
Le sujet attire la polémique et les trolls
La religion est un de ces sujets qui appelent les trolls.
Parler de religion sur son blog, ou sur un média, ça ne va pas de soi. C'est un sujet de spécialistes ou qui ne relève que du domaine privé.
Or, dès qu'on parle de ce sujet sensible, il se peut qu'on attire des commentateurs qui ne viennent pas d'habitude. C'est facile de s'écharper sur des sujets qui n'appellent pas la discussion: on croit ou on ne croit pas, point.
Un exemple, entre tous, un blogueur connu commente:
" Ah, Caroline Fourest…On sait, au moins, « d'où » elle parle. Cela relativise l'intérêt de l'ouvrage dont on peut imaginer qu'elle n'a jamais seulement songé à faire une étude objective."
Et c'est tout. Ce blogueur, dont le moins qu'on puisse dire est qu'il est rarement objectif, exige des autres qu'ils le soient. Faute de quoi, il refuse de commenter!
Et ce qui est amusant, c'est que ce commentaire en suscite des dizaines d'autres. Qui ne s'intéressent qu'à une chose: qui est ce blogueur, d'où il parle (comme on disait en mai 68). C'est un catho sarkozyste. Voilà: on l'a catalogué, tout comme Caroline Fourest est cataloguée par ce dernier. Pas besoin de débattre.
Et l'ensemble des commentaires est à peu près de la même eau. Ce qui amène cette réflexion: où est-ce que ça cloche? Qu'est-ce qui, dans le dispositif, fait que le rapport entre l'article et les commentaires n'est pas pertinent et ne produit pas de la valeur?