Récemment, deux députés se sont laissés allés à tweeter des informations entendues lors de réunions à huis clos (@SI).
Et cette liberté prise par des sources d'information irrite certains journalistes. Grâce à Twitter, les sources se passent d'intermédiaire.
Pour Jean-Michel Aphatie, il importe de remettre en perspective ces "gazouillis". Et cela, seul le journaliste peut le faire.
Ce travail s’inclut plus harmonieusement dans un ordre démocratique. Celui dont c’est le métier tente de raconter une scène, de la mettre en perspective, donc d’informer l’opinion. Quand un acteur de la scène publique se livre à ce travail, à chaud, dans l’immédiateté, il ne fait rien d’autre qu’occuper un champ qui n’est pas le sien pour effectuer une tâche qui n’est pas sienne. Attitude spectaculaire certes, mais peu recommandable.
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Commentaires
M. Aphatie se ridiculise...
Avec ce genre de raisonnement, le journaliste devient un parasite qui :
. ralentit la circulation de l'information
. la transforme pour le bien commun (mise en contexte selon son point de vue personnel)
. et légitime le tout par un statut de journaliste qui devient comme un privilège d'ancien régime.
Qui pourrait bien préférer une info "revue" par M. Apathie plutôt qu'une info directement à la source ?
Je crois que le problème n'est pas là. Ce n'est pas un problème de rôle des journalistes mais du respect du huit clos... rompu par ce député. C'est une faute de sa part.
M Aphatie ne se ridiculise pas, il est comme ceux qui prennent le problème sous l'angle des journalistes, il est à coté de la plaque.
c'est curieux, si je trouve la réaction de JMA disproportionnée voire caricaturale, je me demande s'il est de bon ton que 2 députés opportunistes se gaussent d'une quelconque "transparence" en twittant un huis clos.
du coup, je m'abonne à ce fil de commentaire ;)
@Polluxe,
Oui, ça c'est un autre problème: organiser des huis clos quand certains ne le respectent pas. Ca pourrait faire l'objet d'un autre article!
En quoi M Aphatie est à côté de la plaque?
@Fourminus,
Tout dépend ce que tu appelles "information". Ce que publie un député sur Twitter, ce n'est pas une information, c'est une opinion. S'il ment, qui va le vérifier?
Une information est vérifiée.
@Laurent,
Merci!
Un commentaire sourcé n'est il pas une information ?
@Fourinus,
Ça demande confirmation. Si un député dit quelque chose sur Twitter, il a le droit de le dire. Mais ça n'est pas une information vérifiée. Est-ce que tu crois tout ce que disent les hommes politiques? Un homme politique ne diffuse pas des informations, il communique ses idées et ses opinions.
Pardon, mais ne confonds tu pas vérité et vérification ?
L'homme politique qui prononce un discours : c'est une information, qu'il dise une vérité ou un mensonge...
Tu peux ensuite apporter des éléments de contexte, tu peux confronter ses paroles à d'autres commentaires... Tu peux même apporter ton propre commentaire comme aime tant le faire M. Apatie. (Mais là tu deviens un éditorialiste, cas particulier du journaliste).
A contrario : imaginons qu'un homme politique dise quelque chose et que tu découvres que c'est un mensonge. Alors, tu ne vas pas le publier ? Ca ne tient pas debout ;-))
Ce débat sur la vérification n'aurait de sens que si il y avait un doute sur l'authenticité du compte tweeter. Ce qui ne semble pas être le cas en l'occurence.
Selon moi : une opinion sourcée est une information, certes d'une nature différente d'un fait vérifié, mais tout autant une information.
Mais allons au bout des choses : il n'existe pas de manuel du parfait journaliste qui puisse nous départager. La profession n'a jamais jugé cela indispensable. Se sentirait elle plus à l'aise dans une définition à géométrie variable ? Et voilà bien le cœur de mon reproche à M. Apathie. Lorsqu'il dénonce la rupture du huis clos, il me semble qu'il dénonce en réalité que l'on ai osé se passer des journalistes, intermédiaires indispensables pour s'adresser à la population.
Le métier de journaliste est en pleine crise (pour reprendre le titre de ton excellent blog). Mais il me semble que nous n'avons rien à gagner à nous défendre sur le mode : "respectez notre privilège de corporation, nous seuls avons le droit d'intermédier entre les politiques et le public".
Ce combat là me semble ridicule car perdu d'avance...
@Fourminus,
Je suis d'accord avec ce que tu dis dans la fin de ton commentaire: Aphatie défend le privilège des journalistes, et il a tort.
En revanche, je suis moins d'accord quand tu dis "une opinion sourcée est une information, certes d'une nature différente d'un fait vérifié, mais tout autant une information."
Ce n'est pas faux, mais selon moi il convient de bien différencier les faits et les opinions.
Si monsieur Tartempion publie un truc sur son Twitter, on peut appeler ça une information, si tu veux (au sens large du terme), mais pour moi c'est juste une opinion. Le rôle des journalistes c'est d'établir des faits, pas seulement de rapporter les opinions des uns et des autres.
Sans pouvoir affirmer qu'il s'agit d'un fait vérifié, mon opinion (sourcée) est que nous sommes d'accord sur l'essentiel ;-))
Le problème n'est pas le non respect du huis-clos, c'est le huis-clos lui même ! Pourquoi le huis-clos ? Ça se passe à l'Assemblée Nationale devant NOS représentants, nous ne sommes pas dans les locaux de la FFF. Apathie ferait mieux de réfléchir a cela plutôt que de regarder son nombril.
@Didier,
Peut-on lui en vouloir de choisir son angle? Et peut-on trouver absurde qu'il parle des médias?
On peut qualifier de nombriliste la volonté des journalistes de rester maîtres de la médiation, et de vouloir conserver ce pouvoir, alors qu'il existe des outils qui permettent aux sources de parler directement à leur audience. On peut aussi qualifier cette attitude de peu réaliste... Tu as raison.