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La mort des journaux, pas du journalisme

Francis Pisani reprend des éléments qui conduisent à penser à la "mort des journaux". Une situation qui semble plus avancée aux Etats-Unis. On pourrait résumer le problème en une phrase:

« La société n’a pas besoin de journaux. Elle a besoin de journalisme », selon un spécialiste.

France soir de gaulle est mort.jpgPisani énumère quatre signes de la crise de la presse aux US:

1) La chute de la pub (16,6% en 2008),

2) les licenciements (8.000 en 2009 selon la carte PaperCuts ) ,

3) la fermeture des journaux (10 depuis 2007 selon NespaperDeatWatch ),

4) le passage du papier à des formules essentiellement web (du Christian Science Monitor au Seattle Post Intelligencer)

La mort des journaux ne serait dont pas la fin du monde ce qui n’empêche pas que nous sommes en train de vivre une crise très profonde comparable à celle qui a suivi l’apparition de l’imprimerie de Gutenberg. Le chaos est inévitable tant que de nouvelles solutions n’ont pas été inventées. Il faut leur laisser le temps d´émerger sans jamais oublier qu’il a fallu cent ans la dernière fois pour arriver à un nouvel équilibre.

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Commentaires

  • Je ne comprends pas de quel équilibre tu veux parler à la suite de la diffusion de l'imprimerie.
    Economique ? Les copistes ont continué à exister jusqu'au début du XXe s., notamment dans la musique, mais aussi pour les actes privés, administratifs, les manuscrits d'écrivains. Ce qui les a tué ? La machine à écrire mécanique, le stencyl et la photocopieuse, des siècles plus tard. Les copistes du Moyen Âge tiraient de toute manière l'essentiel de leurs ressources des rentes ou du travail de leurs terres. Leur business plan intégrait juste les copies (objets luxueux à l'époque) comme un surplus de revenu qui permettait d'acheter de nouvelles terres.

    De propriété littéraire ou intellectuelle ? Cela ne naît vraiment qu'à la fin du XVIIIe s. par la constitution de la société des gens de lettres par Beaumarchais qui réclame des droits pour les auteurs dont les pièces sont représentées ou qui voient leurs ouvrages piratés en Hollande ou Angleterre. Auparavant, c'était le piratage complet et des contrats privés qui n'étaient pas respectés par les libraires-éditeurs.

    De contrôle politique ? On y arrive enfin. Mais la première obligation de dépôt légal est faite par François Ier en 1537. soit moins d'un siècle avant. Les livres passent alors par la demande d'un privilège royal, puis plus tard par la censure royale (différente de la censure religieuse), l'Académie fut ainsi la seule autorité qui pouvait publier un dictionnaire de langue au XVIIe s. (Furetière fut la victime de ce monopole, mais des pirates publiaient en Suisse ou à Trévoux d'autres dictionnaires plus sérieux). Pourtant, les publications faites en France qui échappaient à ce dépôt légal étaient nombreuses, car elles se faisaient sous forme de feuilles et notamment dans la littérature de colportage. Les livres de la Bibliothèque bleue ou les livrets de littérature populaire du XIXe s. et même du début du XXe s. (qui pillaient les textes précédents) ne se trouvant pas à la BNF sont sans doute plus nombreux que ceux enregistrés. Or les trois quarts sont des plagiats de plagiats de... Cela a été une grande passoire administrative.

    Je me demande donc à quelle époque aurait commencé ce prétendu équilibre ! et duquel il s'agit...

  • @Dominique,

    Si je comprends bien la phrase que je cite, il est question d'un équilibre politique. Les journaux jouent un rôle important: dénoncer les mauvais politicien, cela a un impact sur la vie démocratique.
    Mais l'équilibre est aussi économique; il faut trouver un modèle pour financer la presse sur Internet.

    Pour l'instant, il semble que le modèle rentable ne soit pas encore trouvé.

  • Les premiers journaux arrivent au début du XVIIe s., soit plus de 150 ans après l'imprimerie. Le premier imprimé public est la Relation de Strasbourg, publiée en 1605, et le premier en français la Gazette en 1631. Cela voudrait donc dire que pendant 150 ans la presse imprimée a cherché son équilibre financier alors qu'elle n'existait pas du tout ? La première presse a d'ailleurs été créée en situation de monopole du fait des privilèges exclusifs attribués sous la monarchie, il n'y a que trois journaux publics français au début du XVIIIe s. dont un qui échappe au roi parce qu'il est publié par les Jésuites et un autre qui en fait surtout littéraire (le Mercure galant devenu ensuite le Mercure de France). Il n'y en aura pas beaucoup plus pendant un siècle, jusqu'à la Révolution qui marque un envol des feuilles périodiques. Pendant un ou deux siècles, ces trois journaux vont trouver leur modèle économique et seront rentables, puisqu'ils sont les seuls sur la place à ce moment-là ! C'est un peu comme si l'on me disait que Microsoft n'avait pas encore trouvé son modèle économique depuis l'invention du micro-ordinateur. Ces journaux monopolistiques seront balayés d'abord par la Révolution française qui multiplie les journaux et qui en interdit, puis par Bonaparte qui renforce la censure et la centralisation des renseignements, enfin par la révolution de la presse industrielle et la naissance de la publicité chez Girardin sous la monarchie de Juillet. Cela se fait en moins de cinquante ans. Mais c'est aussi presque trois cents ans après l'invention de l'imprimerie. La presse a alors trouvé un nouveau modèle rentable financé en partie par le gros tirage, le colportage, mais surtout la réclame (ou pour certains les fonds publics ou secrets comme auparavant, voire les activités de chantage comme dans la presse d'avant-guerre). Mais il ne pouvait pas y avoir de modèle économique de la presse du temps des incunables ! Elle n'existait pas. Ou alors il faut considérer que les livrets et almanachs du XVIe s. présentant des histoires vraies et extraordinaires avec des foules de géants, de licornes, de monstres à deux têtes ou trois pieds étaient déjà de la presse.

  • Merci de toutes ces précisions. Il faudra se replonger dans l'histoire de la presse...

    http://www.linternaute.com/histoire/categorie/58/a/1/1/histoire_de_la_presse.shtml

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Chronologie_de_l%27histoire_de_la_presse

    Disons qu'avant le XIXe siècle, c'est un peu la préhistoire!

    ;-)

  • On pourrait discuter du choix de ton titre. Le journaliste existe-t-il encore vraiment ?

  • Tu penses!

  • Les journaux, c'est une forme d'informations données à un moment donné qui pourra paraitre très court à l'échelle de l'Histoire. L'information existe et continue de se perpétuer. Est-ce que cela cesserait d'être un objet industriel, c'est une autre question !
    :-))

  • Aussi intéressants que soient les commentaires de Dominique - merci Dominique - je ne suis pas sûr que l'Histoire nous soit d'un quelconque secours. Comme on ne le dit pas en physique, "toutes choses ne sont pas égales par ailleurs ...."
    Le niveau de connaissance moyen des gens à commencer par la capacité de lecture d'une part, le rôle essentiel et croissant de la presse dans le processus démocratique d'autre part, tout cela créé des conditions nouvelles et si on y ajoute les possibilités technologiques, on est devant un tableau vierge.
    Je suis un peu désagréable, désolé, mais comparer le net et l'imprimerie est une vieille lune, le problème est ailleurs.

  • J'ai bien peur que l'on se dirige vers de l'information consommable la plus courte possible, comme tend à le montrer l'émergence des réseaux sociaux (facebook, digg likes, twitter etc.), ce qui dénature fortement l'intérêt de celle-ci (manque d'analyse, de style etc.). Mais j'ai aussi peur que cela soit à l'image des rapports que l'on entretient dans nos sociétés.

  • @Didier,

    Peut-être que le problème est ailleurs, mais où?

    L'après Günteberg, c'est,il me semble, le fait que les coûts de diffusion de l'information sont réduits quasiment à zéro. D'où la révolution...

    @Nandoo,

    Oui, c'est une évolution possible, mais pas la seule. On peut être plus optimiste.

  • @ Eric, peut -être que le problème est dans notre incapacité à penser l'utilisation des nouvelles technologies en dehors de nos schémas traditionnels, et moi le premier je le reconnais.
    L'archétype de cela est la loi Création et Internet

  • @Didier,

    Oui, exactement, "incapacité à penser l'utilisation des nouvelles technologies en dehors de nos schémas traditionnels".

    Notamment, difficulté de sortir du schéma "consommateur" (téléspectateur vautré devant sa télé).

  • http://www.techcrunch.com/2009/04/11/can-the-statusphere-save-journalism/

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