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Les lecteurs en quête d'intelligibilité

Marcel Gauchet, historien et philosophe, s'interroge sur la crise du lectorat de la presse (Le Monde).

Selon lui, les journaux tentent de séduire les lecteurs en s'inspirant des médias audiovisuels, en s'alignant sur la brièveté des gratuits. Or, il ferait mieux de faire le contraire: proposer des informations qui mettent en perspective l'actualité.

Selon Marcel Gauchet, la stratégie des journaux est suicidaire (il rejoint en cela l'analyse d'Alain Johanes):

"Réduire la taille des articles, privilégier le vécu, se priver de l'expertise de journalistes hautement compétents dans leur secteur est suicidaire. Il ne faut pas déduire du fait qu'on parcourt un gratuit pour lequel on ne paierait même pas 10 centimes qu'on est prêt à acheter le même en mieux – mieux présenté et mieux écrit – pour 1,30 euro. Ce modèle du papillonnement correspond bien sûr à une tendance lourde de notre univers à base de martèlement des nouvelles et de renouvellement constant des images chocs. Mais cette tendance nourrit aussi par contraste le désir d'autre chose."

Les journaux devraient nous faire comprendre les faits (et ce qui se trame derière le faits), au lieu de cela, bien souvent, ils suivent la voie du panurgisme:

"Que demande quelqu'un qui cherche à comprendre l'actualité ? Pas qu'on lui répète ce qu'il peut trouver partout. Il demande de la mise en perspective et du recul, autrement dit de l'histoire et de la géographie. Il est en quête d'une intelligibilité qui exige la connaissance d'un domaine ou d'une région du monde, et qui suppose un certain type d'écriture et de compétence.

Or nous assistons au contraire à un rétrécissement très net du spectre, avec une actualité de plus en plus dépourvue de mémoire et une domination de l'information domestique sur l'information extérieure."

 

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Commentaires

  • tout à fait vrai, et d'ailleurs sur les blogs c'est pareil : memes sujets, memes discussions, et bien souvent memes manques de connaissances des sujets, il se dit ce qui se dit au bistrot, c'est en cela Eric que je doutais de l'art de la discussion comme garant du fonctionnement d'une démocratie : tout dépend de la qualité de la discussion

    le magazine 21 est une rareté : articles fouillées, pertinents, qui apprennent qq chose et mettent en perspective des reflexions

  • articles fouillEs, au masculin , sorry

  • Bien vu. Il parait que le JT de 20 h. s'inspire largement de sujets de la une du Monde...

    Ajoutons à ce manque d'originalité dans le choix des sujets, un certain consensus qu'on appelait il y a peu la pensée unique...

  • Pas perdus : Bien vu. Il parait que le JT de 20 h. s'inspire largement de sujets de la une du Monde...

    Ou du Parisien ou de 20Minutes ou de ce que l'on voudra, cela dépend de quel JT de 20 h de quelle chaîne. Parce que la une du Monde, cela ne fait pas lourd en nombre de sujets et il n'y a pas tout le temps du people, du fait-divers, du trash, du sport, du divertissement et du spectaculaire. De quel JT archétypique parle-t-on ? De quelle une mythique ?

  • Quand je disais Une, je ne me limitais pas forcément à la 1ère page mais au(x) sujet(s) qui font la une de chaque rubrique (éco-politique-international...)

  • On [Mazure] l'a dit, mais justement c'était dans une comparaison des références au sein de la rédaction de France2, une tendance parmi les rédacteurs louchant vers le Monde, l'autre vers le Parisien, et le présentateur ou le rédacteur en chef devant faire avec ces deux composantes contradictoires. Si le JT de TF1 ou de M6 reproduisait la une du Monde, cela se saurait ! comme dirait notre divin président. Il y a quand même comme une légère différence...

  • @Dominique,

    "Si le JT de TF1 ou de M6 reproduisait la une du Monde, cela se saurait ! comme dirait notre divin président. Il y a quand même comme une légère différence..."

    Oui, on dirait que TF1 a son propre agenda...

  • Je pense que la plupart des médias se trompent de cible. Ils privilégient les clients annonceurs au lieu de privilégier les clients lecteurs. Selon ce que l'on privilégie on obtient deux produits différents. Pour moi le premier n'est pas un produit journalistique le second peut l'être. Tout en sachant qu'un texte qui privilégie les lecteurs n'est pas forcément un produit journalistique : exemple un roman.

    Sur mon portail avec mon texte Google : des informations gratuites conditionnées pour l'argent
    http://www.orvinfait.fr/google_des_informations_gratuites_conditionnees_pour_l_argent.html j'essaye de montrer qu'il existe différents types d'informations, tout en essayant de faire comprendre le fonctionnement du moteur de recherche Google qu'à mon avis beaucoup ne comprennent pas.

    Donc je suis d'accord avec le fait qu'actuellement les médias ont une attitude suicidaire. Cependant j'ai l'impression qu'ils ne s'en rendent pas compte. Mais ils ne sont pas les seuls à ne pas comprendre que suivant le type de client que l'on privilégie le produit proposé ne peut pas être le même. Une même société peut donc proposer deux produits différents. Après c'est au citoyen de savoir s'il souhaite ou non que son information soit biaisée par des intérêts financiers.

    Dans les commentaires l'article "Un journalisme suicidaire" cité dans le billet nous pouvons voir au commentaire 17
    "Aujourd'hui, quand je vois ce qu'est devenue la presse suisse francophone, je me félicite chaque jour de n'avoir pas persisté dans le métier. En Suisse romande, il y a deux journaux gratuits paraissant du lundi au vendredi. L'un d'eux est la version "bleue" d'un quotidien payant qui se qualifie de "vitamine orange". Autant dire que le payant orange scie la branche sur laquelle il est assis, de gros annonceurs ayant depuis préféré la version gratuite."

    Bien sûr si on essaye de viser en même temps les deux types de clientèle il y a toutes les chances d'aller droit dans le mur, tout en entretenant dans la tête des lecteurs la confusion entre deux produits différents. (A propos du lien sur Direct Soir Le journalisme gratuit n'existe pas, les journaux gratuits ne sont que des publi-rédactionnels)

    Je vais démontrer sur mon portail que des produits journalistiques peuvent être rentables en fournissant quelques idées. Mais je ne suis pas journaliste seulement un contribuable qui ne souhaite pas payer une partie des 600 millions d'euros d'aides à la presse.

    Pour justifier ces aides je sais bien que certains disent que le journalisme n'est pas rentable.

    A l'adresse suivante :
    http://www.journalistiques.fr/post/2009/01/30/Le-trimestriel-XXI-demontre-que-la-qualite-est-rentable
    Alain Joannes montre qu'un produit journalistique de qualité peut être rentable et il invite les médias à se creuser la tête plutôt que d'aller pomper l'argent des contribuables pendant la crise actuelle.

  • Il est gentil Marcel Gauchet mais il y a quand même 3 éléments dont il ne tient pas compte :
    1/ les gens zappent d'où la nécessité de la brièveté. Le cinéma souffre du même problème : où sont les films au rythme lent comme on en voyait naguère ? il faut que ça bouge, dans la presse comme au ciné comme à la télé !
    2/ tout comme on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif, on ne peut pas dire aux gens ce qu'ils n'ont pas envie d'entendre car le journal reste une affaire commerciale
    3/ soyons méchants mais tant pis : la qualité, c'est à dire le savoir, des journalistes est très mauvaise. Regardons la manière dont le sujet des rémunérations des patrons est traitée : moi qui connait le sujet je peux vous dire que c'est du n'importe quoi, que les journalistes qui m'interrogent sur ce sujet ne comprennent rien à ce que je leur dis et ils n'ont guère envie de dire le contraire de ce que les autres disent. Le problème est là : les journalistes ne savent rien, eux aussi zappent, sont superficiels

  • S'il n'y avait que la presse à offrir ce modèle de zapping permanent. C'est seulement toute l'époque qui prétend se dépêcher à toute heure. Même à la radio à présent, on coupe les trois quarts des morceaux de musique pour caser autre chose, viiiiiiiiiite !
    :-)

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