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La nouvelle vie de Martine S.

En mai dernier, j'ai discuté avec Martine Silber dans les locaux du Monde. Elle était journaliste au service culture. Aujourd'hui, elle a quitté cette "entreprise". Elle a ouvert un blog et elle raconte:

"J'ai appris hier, vendredi, que je ne faisais plus partie de l'entreprise. Drôle de mot, l'entreprise, pour parler du journal, de ce que depuis pratiquement vingt ans, j'appelle "le journal", ce qui signifie aussi bien, l'immeuble - et j'en ai connu plusieurs depuis la rue des Italiens - comme dans "je serai au journal dans dix minutes", ou plus précisément, le bureau, "t'es au journal?", le journal lui-même, en papier, "le journal n'est pas arrivé?" (inquiétude de 13h45), ou même sa rédaction , ses dirigeants, son personnel dans son entier, "j'en ai marre de ce journal..."."

Vous vous souvenez, le Monde a enregistré 103 départs volontaires en juillet dernier (60 journalistes, 27 cadres et 16 employés).

Martine écrit:

"Ce que nous n'avions pas réussi à faire comprendre, c'est que ce n'était pas seulement pour nous que nous étions en colère et tristes. "Mais que va devenir ce journal?" entendait-on dans les couloirs? Pas "qu'est-ce que je vais devenir?"

Nous, rédacteurs, standardistes, secrétaires, assistantes, éditeurs, correcteurs, employés, et cadres (pas tous), on l'aimait. On l'aimait surtout parce que nous y avions toujours eu une liberté de parole, dans nos colonnes et entre nous.

Avec des nuances, bien sûr."

Commentaires

  • Faire mieux ou aussi bien avec moins de journalistes... c'est un pari risqué qui risque d'abaisser la qualité du monde.

    Je crois que pas mal de journaux comme Libé et Le Monde ont de équipes dirigeantes qui raisonnent seulement en termes de coûts...

    Ils peuvent toujours les réduire, mais ils n'auront pas un lecteur de plus... et ressembleront aux gratuits.

    Ils feraient mieux s'interroger sur les vraies causes : trop grande proximité avec le pouvoir politique et économique, absence de véritables enquêtes, copier-coller des dépèches de l'AFP......

  • "Avec des nuances, bien sûr."

    Ces quelques mots montrent que la notion avancée de "liberté de parole" était en fait plus que relative et qu'elle dépendait fortement du statut de la personne dans la hiérarchie, des enjeux financiers et politiques, ou des relations au sein de la rédaction ou ailleurs. Cette phrase suffit à nier le sens du texte qui précède. La main droite ignore toujours ce que fait la main gauche.

  • @Dominique,

    Avec des nuances!

    Et d'ailleurs, Martine Silber donne de bons exemple sur son blog des nuances que les journalistes du Mondes sont amenés à apporter.

  • Note: Eric Leboucher (journaliste économique) a quitté le Monde pour les Echos, à la tête des Enjeux les Echos.

  • @ dominique
    allons allons, la presse est tellement suspecte que le moindre mot devient aussi suspect. Et nous n'avons que des mots en presse écrite. Les nuances, cela peut être la taille du papier. Entre 1850 signes et 5000 signes, on ne dit pas la même chose. L'anecdote rapportée sur le blog, et on en a tous, ce n'est pas non plus, ou du moins, ce n'était pas, la règle.
    Rien à voir avec les enjeux politiques et financiers. Le Monde a failli être tué par jean-marie messier, qui avait porté plainte réclamant une somme astronomique, le journal avait raison et n'a pas cédé. Ce journal et d'autres ont perdu de grosse campagnes publicitaires pour avoir fâché un dirigeant furieux.
    Quant à la hiérarchie, si justement, nous avions une liberté de parole. Jacques Lesourne, ancien directeur, s' était étonné de ces journalistes qui se permettaient d'engueuler leur directeur.
    C'est comme partout, il y a de grandes gueules et des timides, tout le monde ne se jette pas à l'eau.
    La société des rédacteurs pouvait convoquer la rédaction à discuter avec la hiérarchie, en cas de problème, de désaccord, et ça y allait librement.
    Et on élisait vraiment, notre directeur, primus inter pares.
    Tout cela a achnagé et je le regrette, parce que cette liberté, on l'a eue.

  • @eric
    cela fait drôle et durassien,votre titre,
    merci

  • @Martine,

    Merci de vos commentaires. (J'ai fait une maîtrise sur Marguerite Duras, ce n'est pas pour rien!)

  • "Tout cela a achnagé et je le regrette, parce que cette liberté, on l'a eue."

    Dommage que vous n'en ayez rien fait. :-/

  • @Pierre
    je ne suis pas d'accord, comme lecteur, j'ai vraiment ressenti une liberté de pensée à l'œuvre dans le Monde pendant des années. Aujourd'hui, je ne sais si c'est terminé, mais on sent le journal changer.
    @Martine
    j'avais lu ce billet sur votre blog, je l'ai trouvé poignant.

  • La liberté d'écrire sous la dictature de Savigneau, BHL et Sollers qui avaient la haute main sur la culture vue par le Monde ? Il faut arrêter de plaisanter. La liberté d'écrire ce qui plaisait à la mafia qui avait pris le pouvoir, oui. Et il ne faut pas la blesser encore, parce qu'elle a toujours des ressources même si ses griffes sont moins voyantes et que cela peut fermer bien des portes.

    Je suis toujours étonné par ces journalistes qui s'affirment totalement libres lorsqu'ils ne le sont précisément pas. Que de déclarations vertueuses de l'indépendance du média afin de trouver un nouvel employeur ou de conserver l'actuel ! C'est beau comme l'antique.

  • @Dominique,

    Tu mélanges un peu tout! Savigneau, BHL et Sollers...

    Et tu es excessif... c'est le moins qu'on puisse dire.

    Pourquoi ce déversement soudain de bile à l'endroit du Monde des livres, alors que je n'ai évoqué, juste en incise, que le service culture du Monde? Ce sont deux choses différentes.

    Et, pour finir, puisque tu m'y incites, une petite réflexion sur ce qu'est la liberté.
    Tu écris: "Je suis toujours étonné par ces journalistes qui s'affirment totalement libres lorsqu'ils ne le sont précisément pas."

    Qu'est-ce que la liberté? Est-ce de dire "ce qu'on a sur le cœur", quitte à le regretter après? Est-ce de répéter des on dit? Est-ce de suivre sa fantaisie, peu importe si ça a du sens ou pas?

  • Le Monde était un média pluriel, semble-t-il ou chacun pouvait s'exprimer dans les limites imposées par la structure.
    C'est maintenant un outils industriel (merci aux derniers dirigeants) qui vit sur une logique de production de contenu en vue de la rentabilité. Le but n'est plus d'informer mais de vendre, ca fait toute la différence !

    (je vais suivre ce blog de "Martine se libère" !!!)

    :-))

  • merci à monsieur Poireau, au coucou, à eric. Mais on ne peut rien faire contre les ronchons. D'abord, je prends ma retraite alors c'est pas pour chercher un autre patron,ensuite, je veux bien qu'on me dise que je n'ai pas profité de ma liberté, mais encore faut-il le prouver. ça se fait quand on est journaliste....

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