Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les tribulations d'un précaire

852dc659895fcf3f1198c942eb1026db.jpgTribulations d'un précaire, de l'amérivain Iain Levison, est un des bon livres de la rentrée. C'est l'histoire d'un intello précaire, obligé de voyager à travers les Etats-Unis pour gagner sa vie. Le ton est enjoué, sauf dans l'extrait que je vous donne:

"Plus je voyage et plus je cherche du travail, plus je me rends compte que je ne suis pas seul. Il y a des milliers de travailleurs itinérants en circulation, dont beaucoup en costume cravate, beaucoup dans la construction, beaucoup qui cuisinent ou qui servent dans vos restaurants préférés. Ils ont été licenciés par des entreprises qui leur avaient promis une vie entière de sécurité et qui ont changé d'avis, ils sont sortis de l'université munis d'une tapette à mouche de quarante mille dollars*, se sont vu refuser vingt emplois à la suite, et ont abandonné. Ils pensaient: Je vais prendre ce boulot temporaire de barman / gardien de parking / livreur de pizza jusqu'à ce que quelque chose de mieux se présente, mais ce quelque chose n'arrive jamais, et c'est tous les jours une corvée de se traîner au travail en attendant une paie qui suffise à peine pour survivre. Alors vous guettez anxieusement un craquement dans votre genou, ce qui représente cinq mille dollars de frais médicaux, ou un bruit dans votre moteur (deux mille dollars de réparations), et vous savez que tout est fini, vous avez perdu. Pas question de nouveau crédit pour une voiture, d'assurance maladie, de prêt hypothécaire. Impensable d'avoir une femme et des enfants. Il s'agit de survivre. Encore y a-t-il de la grandeur dans la survie, et cette vie manque de grandeur. En fait, il s'agit seulement de s'en tirer."

* Le narrateur a payé 40 000$ son diplôme; ça se passe comme ça aux USA (et un peu en France) 

Commentaires

  • On ne parle bien que de ce que l'on vit.
    Te sentirais-tu en équilibre précaire ?
    Ce peut-être une riche expérience, mais combien de temps ?
    La précarité est-elle un mode de vie ou un simple passage ?
    A quoi aspire un précaire ? (devenir un bourgeois ?)
    Sans précaires, l'extrême gauche et la gauche peuvent-ils encore exister ?

  • @ phil :
    un précaire aspire d'abord à pouvoir manger, déjà cela...et se loger, nourrir ses enfants ou leur payer des études, en etre digne
    ensuite , et seulement ensuite peut etre devenir un bourgeois ? certains ont déjà été bourgeois avant d'etre précaire
    est-ce une riche expérience d'etre précaire ? la question peut etre cinglante pour celui qui est vraiment précaire : raser les murs, taire sa précarité, etre out la société et le regard des autres , la richesse est là...toute intérieure, peut etre pour ceux qui ont travaillé la philosphie bouddhiste, qui vous me l'accroderez n'est pas répandue dans notre si belle société
    la question reste donc question de non précaire
    mode de vie ou passage ? unt el mode de vie est rarement choisi...et si c'est un passage...il est bien long et souvent semble sans issue

    je vous invite à parcourir le site du "défouloir des précaires" visite de politesse en ces lieux de desespoir, où l'on sait aussi encore sourire
    http://precaires.free.fr/

  • @ phil encore : en jetant un oeil sur votre profil sur votre blog que je fréquente depuis longtemps (ex lesyeuxouverts) je vois que vous etes formateur au CFJ ? ma fille vient d'y etre admise

  • L'hebdomadaire Marianne avait, il y a quelques mois, réalisé un reportage -que j'avais trouvé- édifiant sur les nouveaux précaires, ces "professions intellectuelles" vivant dans la précarité.

    Journaliste, enseignant, chercheur, conférencier, historien... Je garde le souvenir d'une lecture assez pénible de cet article, la tableau dépeignant une situation que je n'imaginais pas forcément.

    Je ne sais personnellement pas à quoi d'autre que sortir de la précarité aspire un précaire. Et dans ces situations, je ne sais pas si "politiser" la question, gauche, droite, est vraiment utile...

    Merci de l'idée de lecture Eric. Bonne semaine

  • @ Anne :
    j'étais précaire il n'y a pas si longtemps (je le reste d'ailleurs, sauf qu'on dit "profession libérale" mais je préfère "travailleur indépendant").
    Je ne peux qu'approuver, car vécu comme tel : "un tel mode de vie est rarement choisi...et si c'est un passage...il est bien long et souvent semble sans issue".

    Sinon, je parlais de la richesse des rencontres, qui ouvrent de nouveaux horizons. De la richesse intérieure, de la solidarité, de l'humour comme ultime rempart face au désespoir;

    @Falconhill : bien sûr que tout précaire vise à sortir de la précarité, et la question de la politisation - à mon avis - se pose immédiatement après.
    Combien de précaires crachent sur d'anciens précaires devenus des... bobos (social-traitres?) .
    Combien d'anciens précaires ne supportent plus le discours des précaires ?
    Je ne blâme personne.

  • @Falconhill,

    Ton commentaire me suggère que tu n'es pas le seul à "ignorer" (ou peu connaître) qu'il existe tant de précaires, dans les professions intellectuelles et ailleurs. C'est un sujet dont on va parler, dès la rentrée!

    @Phil,

    La précarité mérite d'être expliquée, définie. Comme je te le disais récemment, certains salariés en CDI ont un "sentiment de précarité". Ca ressemble au "sentiment d'insécurité" dont on a bp parlé. _ Robert Castel parle d'insécurité sociale.

  • Peu connaitre semble plus juste que "ignorer". Mais pour parler plus exactement, ou plus clairement, le reportage de Marianne (que tu avais peut être lu l'an passé) m'a personnellement montré une réalité dont je n'avais pas forcément perçu l'ampleur.
    Surpris ? Oui, je ne pensais pas que "c'était à ce point là".

    Mais d'une certaine manière, dans mon milieu professionnel (pour appuyer ton idée de CDI précaire), je vois un autre type de précarité. Dans mon dernier emploi, je me qualifiais, avec un sourire jaune, "d'ingénieur avec un CDD renouvelable tous les mois", parce que je savais être, dés la signature de mon contrat, sur un siege ejectable. Car je voyais pleins de copains cadres comme moi éjectés du jour au lendemain dans le groupe où j'étais.

    La précarité, le fait de ne pas savoir si demain on aura toujours un travail, une activité, bref un revenu et un moyen de subsistance, je trouve ça effrayant.

    Bonne fin de journée

  • c'est vrai éric, mais gaffe à l'amalgame, les mots finissent par ne plus définir qq chose de réel, de vécu,
    il est vraiq u'un s alarié peut se sentir en situation de précarité, mais alors que signifie la précarité ,
    la vraie précarité - plusieurs années de chomage, 400 euros par mois pour manger et se loger, menace d'expulsion pour loyers impayés, ou carrément la rue pour dormir ou la voiture, impossibilité d'assumer ses enfants, tickets alimentaires pour manger etc...
    c'est l'ex d'un de mes proches très chers : il survit
    il faudrait pouvoir mettre un mot sur chaque situation, qui ne se denaturent pas les uns les autres
    le danger ou la peur de précarité, n'est pas la précarité, et du coup de quoi parlons nous ? c'est le sentiment d'insécurité par ex, ou bien c'est la peur que rien n'est acquis, chose, qui devient de plsu en plus fréquente ds notre société
    et que les jobs à siège ejectable ou si peu rémunérateurs jettent les gens dans le sentiment de précarité
    une chose est sure, le précaire, est aussi bien un intello qu'un manuel bien sur que oui, sur ce plan cette saloperie n'a pas de critère social ni d'éducation
    mais un intello précaire n'est pas plus précaire q'un manuel ou un ouvrier....pq faire ce distingo ? parce qu'il ya des années d'études qui ne garantissent plus rien ? oui je crois que c'est bien cela la nouvelle donnée

    @ phil, oui j'avais bien compris cette richesse de rencontre et de solidarité : mais elle n'est pas vécue par tout le monde, la depression qui accompagne la précarité installée renferme souvent sur soi et ne permet pas d'aller à la rencontre à visage découvert -sinon à se masquer et c'est à devenir schizophrène

  • @Falconhill,

    Concernant les précaires, les journaux en parlent peu, sans doute parce que leurs rédactions comptent beaucoup de précaires, des pigistes et des stagiaires. Donc, en parler serait une façon de mettre en ébullition tout ce petit monde.

    Quant à l'autre cas, oui, c'est un peu l'ambiance qui règne actuellement. D'où le sondage: quel mot vous vient à l'esprit quand on parle du travail? 75% répondent le mot "stress".

  • cela ne m'étonne pas, cela ressemble à du Charles Bukovski sans le coté poétique.

  • @ Anne : on se forge aussi dans l'épreuve, l'ombre et la lumière sont indissociables.
    Au fait félicitations pour votre fille, le concours du CFJ est difficile.

    @Eric : la question du sentiment d'insécurité, c'est de savoir par qui/quoi il est induit. Faudrait alors faire une longue énumération qui aboutirait à la remise en cause totale de notre système.
    Perso, je manque de temps.

  • L'individu en situation de précarité est-il "seulement" victime?

    Stabilité...materielle mais aussi psychique,affective...

    quels compromis,quelles contraintes sommes-nous prêts (ou pas) à accepter pour éviter ou sortir de la précarité? et jusqu'où ?

    la précarité n'accompagne-t-elle pas, parfois, des conduites d'auto-destruction?
    autant de singularités, autant d'individus, pas de généralités;

  • Seule, la conclusion est très parlante!
    "En fait, il s'agit seulement de s'en tire."
    N'est-ce pas ce que nous faisons tous les jours?

  • L'individu peut-il se construire et s'épanouir face aux représentations péjoratives véhiculées par une societé narcissique concernant les personnes en situation de précarité?
    est-ce la précarité,le "vrai" problème,ou est-ce la dignité?
    comment passer outre le regard des autres,la culpabilité, la honte, le sentiment d'inutilité,la marginalité?

  • @Cat,

    D'accord avec toi: la question de la dignité se pose à tout homme, quelle que soit sa condition. La précarité entraîne l'humiliation, la perte de dignité.
    Le problème politique est que la précarité devient une politique en elle-même, une façon d'organiser le travail, une façon d'organiser nos vies!

  • L'auteur souligne aussi la solitude du précaire. [Ca me rappelle que dans "Extension du domaine de la lutte" de Houellebecq, il traitait déjà de ce sujet].
    Comment être dans la relation sociale sans pouvoir être "à niveau" avec les autres ?
    :-)

  • Eric, Arrêtes tes conneries, j'ai pas payé mon diplôme, moi... tu m'inquiète, tu crois ça ?

  • Tu crois vraiment que j'aurais mis 40 000$ pour apprendre à me servir d'un tourne vis ?

    ;-)

  • @Farid,

    Tu avais le don du bricolage. Ca vaut tous les diplômes.

    @Filaplomb,

    Oui, l'équation à vérifier est: travailler=exister.

  • Trouves tu normal que dès que la quarantaine ait passé, on comence à jeter les salariés comme Eric Fournier dont je suis le parcours depuis mi août, Tour de France de l'Emploi :
    http://www.ledroitdagir.com/

    On marche sur la tête en France et ce qui s'applique aux USA ne peut se faire en France !Pas étonnant que les cerveaux foutent le camp !

  • La vie de redacteur en france va dans la précarité sociale.Alors que l'on a besoin de redacteur.Le journalisme c'est une grande part de démocratie. Il faut garantir des conditions de travail plus respectable ! Au moins le code du travail ! Ils ne se rendent pas compte que les redacteurs ont besoin de faire un credit immobilier ou un pret auto (comme indiqué sur le texte là haut) , et après les rembourser ! On ne peut pas être liciencié comme ça du jour au lendemain ! la vie de redacteur en france n'est pas assez protégé .

Les commentaires sont fermés.