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Johnny

  • Ils campent avec les SDF

    Les Enfants de Don Quichotte ont organisé un campement citoyen, aujourd'hui, à Paris et dans plusieurs villes de France. Des personnes "bien logées" ont campé à côté de sans abris. Ils ont aussi discuté et tenté d'alerter les médias.

    (Mise à jour: article et vidéo sur le site du Monde).

     

    Il pleut sur le canal St-Martin. Ce qui attire l'attention, ce sont les toiles de tentes. Une centaine de toiles rouges, alignées sur les deux rives du canal. Cinquante d'un côté, cinquante de l’autre. Sur certaines est écrit le mot « SDF ».

    J’ai marché pendant vingt minutes. Je suis un peu trempé. Mais je suis content de voir ça. Les Enfants de Don Quichotte aussi. Le 2 décembre, la police les avait empêché de planter leurs tentes. Cette fois, ils n’ont annoncé le lieu du rassemblement que ce matin à 11 h.

    Les Enfants de Don Quichotte ce sont deux hommes, Augustin et Pascal. Ils vivent avec les SDF depuis quelques mois. Pour les aider, pour faire connaître leurs difficultés. Je discute avec Ronan, qui aide les Enfants de Don Quichotte. Il m’explique : « on a discuté avec le préfet pendant la semaine. Mais celui-ci, au dernier moment, ne nous a pas autorisés à planter les tentes. Donc, tout à l’heure un agent est venu et il a verbalisé une personne. »

    "Je suis SDF"

    Nous nous regroupons pour discuter. Nous restons sous la pluie, une pluie très fine qui ne nous dérange pas. Je m’adresse à un jeune homme, Fred. Pas très grand, le visage maigre, pâle, cheveux coupés ras. Il me dit : « Je suis SDF. » Il a mon âge, trente cinq ans.

    Il raconte sa situation. Il est Belge. Il a dû batailler pour faire reconnaître ses droits au RMI. Sa carte d’identité belge était un handicap.

    Il dort dans la rue depuis plusieurs années.

    Je lui ai demandé comment c’est arrivé. Cette question, on a dû la lui poser cent fois. « J’ai perdu ma femme et mon fils, décédés dans un accident de voiture à cause d’un conducteur ivre. » Ce drame, survenu en 1995, l'a fait plonger. Il a galéré. Il a quitté la Belgique. Pour ceux qui s'en souviennent, on se demandait il y a quelques jours pourquoi 48% des Français jugent possible de devenir SDF un jour. Chaque destinée est unique, les sondages n'expliquent rien.

    Augustin et Pascal

    Augustin et Pascal ont été bien accueillis par les SDF. « Des gens qui veulent nous aider, on en a vu », explique Fred. « Mais là, on sentait que ça venait du cœur. »

    L’objectif de ce campement citoyen est d’attirer l’attention des médias. Quand je suis passé, vers 14 h, France 2, RFI et Le Parisien étaient déjà venus.

    Les gens présents étaient pour moitié des SDF pour moitié des « bien logés ». Des jeunes pour la plupart, filles et garçons.

    Nous avons eu un moment de stress. Cinq cars de gendarmerie, avec leur gyrophare, arrivent à hauteur des toiles de tente. Heureusement, ils ne s’arrêtent pas. « Il doit y avoir une autre manif ailleurs », commente une fille. C’est vrai qu’il s’en passe des choses à Paris. Le maire, Bertrand Delanoë, inaugure le tramway. Aujourd’hui, Le Monde titre en Une sur l’exil fiscal de Johnny.