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La censure, c'est toujours chez les autres

censure.JPGPeu d'aspérités en apparence dans l'article de Pascale Santi, Presse, la promo désanchantée (Le Monde). Comme si les journalistes marchaient sur des oeufs dès lors qu'il s'agit de parler de leurs confrères.

La promo, c'est celle de 1995 du CFJ (centre de formation des journalistes). L'auteur raconte ce que sont devenus les anciens élèves.

L'un d'eux travaille au Monde:

"Piotr Smolar s'estime, lui aussi, "très privilégié". "Il serait saugrenu de me plaindre, travaillant dans un journal qui, malgré les difficultés financières, continue de publier des pages sur le Haut-Karabakh ou le Kirghizstan."

Quel chanceux, ce Piotr Smolar...

"Censure" chez LVMH

Ce qui devient amusant c'est quand la journaliste parle de certains de la "promo" qui ont eu moins de chance. Victimes (consentantes?) de la censure odieuse du luxe...

"Delphine Cuny, diplômée en 1997, a toujours été attirée par le journalisme. A La Tribune depuis huit ans, elle y a suivi la rubrique luxe quand le quotidien appartenait au groupe de Bernard Arnault, LVMH. "Il est souvent difficile de savoir d'où vient la censure, s'il s'agit d'un excès de zèle de la direction de la rédaction ou de directives de l'actionnaire", explique-t-elle. Elle se souvient que certains articles sur LVMH, ou sur le groupe Pinault, concurrent de celui de Bernard Arnault, ont été modifiés, sans que les auteurs aient été prévenus."

L'emploi du mot censure n'est pas anodin, dans un contexte de concurrence aiguë entre journaux quotidiens. Et ce qu'on sous entend est qu'aucun journaliste du Monde ne subit jamais la moindre censure de la part du groupe Lagardère, par exemple.

Pour mémoire, le groupe Lagardère possède 17% du capital du groupe Le Monde et 34% de la société qui détient lemonde.fr (la forêt des médias et Bakchich).

  • Mise à jour (23 novembre 2008):

Pendant que j'écris ceci, je tombe sur un numéro du Monde de la semaine dernière. En bas d'une page, on peut y lire un courrier envoyé par un représentant d'Arnaud Lagardère. Il entend corriger une "erreur" figurant sur une infographie du Monde.

Selon ce document, le salaire de M. Lagardère serait de 13,64 M d'euros pour 2008. Le courrier affirme que c'est beaucoup moins (environ 1,9 M d'euros).

Je m'interroge sur le sens qu'il faut donner à ce courrier adressé au Monde. En effet, l'infographie se contente de reprendre des données connues, publiées par le cabinet Proxinvest. Beaucoup de médias ont publié ces chiffres, comme Challenges, par exemple.

Je ne sais trop quoi penser de cette intervention de la part d'un représentant de M. Lagardère. Pression ou pas?

Commentaires

  • Je suis peut-être le dernier des ploucs, mais ça veut dire quoi, "LVMH" ??

  • LVMH : Louis Vuitton Moët Hennessy.

  • Je ne sais pas s'il s'agit de censure... En se contentant des chiffres qu'on lui livre, on a plutôt tendance à penser que la censure pratiquée par l'intéressée résulte plus d'une forme de confiance aveugle à Lagardère ou de feignantise, que d'une volonté délibérée de plaire à un des actionnaires du journal qui l'emploie.

    Il faudrait peut-être s'intéresser au recrutement des journalistes, au Monde par exemple, par rapport à leurs origines sociales et à leur cursus ?

    Sortent-ils ou non, sauf rares exceptions, du même moule ? Je pense que ça peut avoir des incidences sur une forme de censure, qui rejetterait certains sujets ou questions susceptibles de remettre en cause l'information dominante.

  • Voici la lettre adressée au Monde par pierre Leroy:


    A la suite de notre article intitulé "En 2007, les salaires des patrons du CAC 40 ont ignoré la tourmente" (Le Monde du 21 novembre), nous avons reçu de Pierre Leroy, cogérant du groupe Lagardère, la mise au point suivante :

    Le Monde a publié dans son numéro daté du 21 novembre, en page 12, un article intitulé "En 2007, les salaires des patrons du CAC 40 ont ignoré la tourmente" qui prête (!), graphique à l'appui, à Arnaud Lagardère une "rémunération salariale" en 2007 d'un montant de 13,64 millions d'euros.

    Ce chiffre, tiré d'une étude du cabinet Proxinvest, est évidemment faux. Le salaire brut, tout compris, d'Arnaud Lagardère (partie fixe, partie variable, avantages en nature) s'est élevé en 2007 à 1 944 711 euros. M. Lagardère n'a par ailleurs reçu aucune option de souscription ou d'achat d'actions depuis qu'il a été nommé gérant en 2003, ni de droit à attribution d'actions gratuites et ne bénéficie d'aucun "parachute doré".

  • Le recrutement au Monde, c'est comme partout. Les plus jeunes sortent des écoles de journalisme. Les plus anciens souvent aussi mais il y a une grande partie de gens formés "sur le tas". J'ai fait du droit pas du journalisme. D'autres ont fait aussi complètement autre chose (quelques normaliens, mais pas majoritaires, des scientifiques et des rien du tout ou rien de spécial) .
    Il y a aussi eu des mouvements internes au fil des ans: des personnes qui étaient employées (garçon de bureau, secrétaire, documentaliste etc) passés journalistes après ou non formation continue. Et plus récemment, les anciens ouvriers du livre passés journalistes qui n'écrivent pas mais assurent d'autres tâches essentielles, plus techniques.
    Quant au social, difficile de répondre: on ne demande pas aux copains si leurs parents étaient csp ++ ou --.

  • quant au courrier, on publie les courriers des lecteurs, c'est normal. Si ce n'est pas un rectificatif, cela signifie que le journal ne reconnait pas d'erreur dans l'article, mais laisse ce lecteur s'exprimer. Ce n'est pas non plus un droit de réponse (quand l'erreur est admise et que le lecteur a droit à répondre par un article de la meme taille et à la même place). Bref, c'est rien....

  • La vraie censure, c'est plus hypocrite et plus subtil. En général, ce sont des "corrections" apportées par un rédac chef (ne pas oublier que bcp d'articles s'écrivent entre 6 heures et 9 heures du matin, donc vite et la relecture va encore plus vite). On répond à l'auteur du papier que ce n'était pas clair, pas prouvé etc . A tort ou à raison.
    Mais c'est très difficile de savoir qui a tort ou raison quand le problème se pose, cela peut donner lieu à engueulades, radio-moquette, voire à confrontation publique, ce linge sale se lave en famille et en général, il se lave....

  • @Martine,

    Oui, forcément, mais de là à parler de censure, le mot est très fort.

  • absolument!

  • Il y avait un bouquin intéressant sur la formation "tous dans le même moule" paru il y a quelque années qui dénonçait justement cet enseignement à la lâcheté, à l'acceptation…
    Pour Lagardère, il confond souvent honneur et désinformation ! :-))

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