D'un côté on a une crise financière mondialisée, plus profonde, durable et imprévisible que nos dirigeants veulent bien l'avouer. De l'autre, on constate une faiblesse de la gauche, notamment en Europe, mais aussi aux Etats-Unis où les démocrates peinent à convaincre.
Y a-t-il un rapport entre les deux? Je n'ai pas la réponse, je vous la pose...
Une remarque, presque naïve: face à cette crise les gens devraient se retourner contre les gouvernements conservateurs qui ont produit les germes de cette crise. Or, ils ne le font pas. Pourquoi?
La crise est partie des Etats-Unis et l'administration Bush en porte une part importante de responsabilité. Et en Europe, les gouvernements conservateurs (Sarkozy, Berlusconi et, dans une moindre mesure, Merkel) encouragent chaque jour à la dérégulation, favorisent la flexibilisation du travail, facilitent la financiarisation de l'économie.
La réponse des opinions publiques devraient, en toute logique, de rejeter ces politiques et de rechercher des solutions proposées par la gauche. Or, pour l'instant, ce n'est pas le cas. Pourquoi?
A lire:
- Newsweek, un numéro sur la gauche européenne, The Lame left.
- Nouvel Observateur, un numéro sur le PS.
- La fin du capitalisme.
photo: la grande vague
Commentaires
tout simplement car pour le français moyen, la crise financière, c'est très abstrait. Concrètement, il n'est pas touché.
S'il perd les économies placées sur son livret A à cause de la crise financière, ce sera une autre histoire...
Pour l'instant la crise est encore financière et on est en plein dans la phase de "sauvetage" coute que coute du système : on remarquera qu'il s'agit pour l'instant de "sauver" le système tel qu'il est sans la moindre remise en cause de son incurie. Qui pour dénoncer le caractère complètement immoral et indécent de cette crise ?
Très bientôt la crise va devenir économique, et là ça va devenir bien concret pour beaucoup.
Mais combien auront la mémoire de ce qui c'est passé avant ? Et de ce qui a été, ou devrait être, fait pour que ça ne se produise plus ?
Aucun système ne peut durer sans un consensus populaire. Le système reaganien, purement idéologique, a su convaincre les gens durant de longues années. Pour s'en détourner, il faut admettre qu'on s'est trompé, ce que tout le monde n'est pas prêt à faire, et accepter d'affronter les réalités, ce que tout le monde n'est pas prêt à faire non plus ; l'occident est en quelque sorte dans une position de déni.
Mais je crois qu'aux États-Unis, la réalité de la situation catastrophique va s'imposer. C'est Clinton qui disait, en son temps, "ça se joue sur l'économie". Il avait raison.
parce que dans les médias l'on expose continuellement au public occidental des images, des textes, des reportages qui déclenchent à la fois une forte peur de l'autre- celui qui est loin, qui vit différemment, qui a d'autres coutumes - et la conscience de vivre mieux que ces miséreux qui veulent nous dévorer, nous absorber...
je parle des médias, mais derrière eux ils y a les gouvernements et les grands puissances financières.
on nous abreuve de mauvaises nouvelles et d'évènements mineurs montés en épingle, mais on se garde bien de nous informer sur tout!
de plus, l'incertitude de l'emploi et la crainte de la précarité, le pouvoir d'achat en baisse: autres facteurs d'angoisse
la peur est paralysante.
donc pas question de changer quoi que ce soit, va savoir, ça pourrait être pire!
Parce que depuis un sacré bout de temps, on nous dit qu'on ne peut rien y faire, qu'il n'y a pas d'autres solutions et que les gens finissent par y croire.
La crise n'est pas un phénomène naturel et encore moins imprévisible. Elle est le résultat de marchés devenu tellement fictifs qu'ils deviennent volatiles.
Sauf que pour rembourser, on s'adresse à nous qui n'y sommes pour rien...
:-)
A lire également le pavé de N. Klein (la stratégie du choc ou le capitalisme du désastre) qui montre combien les crises depuis les années 60 quelles que soient leurs causes (naturelles, conflit armé, financière) ont paradoxalement renforcé la dérégulation...
Et paradoxalement, la gauche de gouvernement a adhéré en partie à ses idées néo-libérales de Friedman.
Le jour où "le français moyen" (décrit par Autheuil du haut de sa caste) cessera de regarder TF1 et écouter la désinformation gouvernementale "je vais bien tout va bien" :
http://www.youtube.com/watch?v=BsibwbSD_0k
Le jour où "il" prendra des notes sur LCP et sur France Inter, et lira l'économie mondiale, jettera au feu Voici et Gala au profit de quotidiens économiques, alors, les français videront leur livret A et autres niches pour les garder près d'eux.Sage décision qu'ont pris les petit vieux dernièrement pour garnir leurs bas de laine en attendant des jours meilleurs, toujours écouter les sages, les anciens !
1 - la gauche n'a cessé et de cesse de dire que l'économie financière s'est déconnectée de l'économie réelle. Conclusion, la crise financière ne concerne que les hautes sphères de la finance et donc pas le français moyen.
et c'est marrant de constater que ce sont les leaders de gauche qui sont le plus inquiets de la situation alors qu'au fond, idéologiquement, ils n'en ont rien à carrer.
2 - les gens pensent que ce sont les conservateurs et les libéraux qui sont le plus à même de résoudre les crises financières, car ils acceptent que le libéralisme connaissent des hauts et des bas et ils connaissent mieux le sujet.
Oui la peur est paralysante et surtout, la gauche est en panne de créativité totale. Elle gère la politique, plutôt que d'inventer une nouvelle façon de vivre ensemble.
Au niveau local, on y arrive mieux. Parce que c'est concret et que c'est plus facile de faire expérimenter aux gens l'avantage que peut être un changement d'habitude. Mais au niveau national, c'est trop abstrait.
@M. : en même temps ces propos rassurants ont une vertue... tout le monde ne se précipite pas retirer son épargne à la banque - ce qui occasionnerait une crise majeure - Vraiment garde tes conseils M. ;).