"Les médias au sens large, radio, télé, journaux, téléphone, séparent les individus plutôt qu'ils ne les relient. Ils les relient de manière virtuelle. Le rapport humain, vraiment constructif et puissant est la communication réelle, non médiatisée. Elle est rendue de plus en plas rare." (Dominique, 38 ans, témoigne dans La Décroissance, juin 2008).
J'ai beaucoup de sympathie pour les décroissants, mais je ne peux totalement souscrire à cette opinion technophobe. La médiation, quelle qu'elle soit, permet de mettre le monde à distance, pour mieux le comprendre. Supprimer les médias, c'est rendre le monde initelligible, et livrer l'individu aux lois ancestrales de la famille, de la tribu et du groupe en fusion.
Ceci dit, il y a quand même des moments où on a envie, comme Dominique, de dire stop.
Commentaires
Entre "le rationnement ou la jungle", n'y a-t-il pas un juste milieu ? :op
Pas d'accord. Comme disait Ardisson : le 6 mai 2007, les Français ont élu un sujet de conversation pour le lundi matin. Sans les médias, on ne pourrait pas parler d'actualité, du dernier fait divers, voire même de la presse people (je ne mange pas de ce pain là mais que seraient les beaufs sans elle ?).
Tout ça pour dire que là, non, j'aime pas.
@Killcow,
Ton commentaire est contradictoire.
Tu dis "les Français ont élu un sujet de conversation pour le lundi matin" mais tu t'en réjouis ou tu le délopre?
Moi, je le déplore: parler de ce sujet de conversation c'est la pire chose qui soit!
Tu di: "du dernier fait divers, voire même de la presse people (je ne mange pas de ce pain là mais que seraient les beaufs sans elle ?)"
Tu t'intéresses au people ou pas?
Pas clair tout ça!
@Culture Po,
Oui, il y a un juste milieu à trouver.
Sans oublier qu'on peut avoir le rationnement et la jungle!
Mais La Décroissance n'est pas un journal à faire dans la nuance...
la publication est lyonnaise et la candidate aux législatives dans mon coin issue de cette mouvance est sympa.Ils ont fait liste commune avec la lcr et d'autres alters aux municipales...mais comme toi je souscrit pas forcément.
Cette remarque de ce Dominique est absurde. L'opposition entre "relier" et "séparer" ne tient pas. Deux personnes éloignées ne sont pas séparées par le téléphone, elles sont séparées par la distance (qui est bien réelle et pas virtuelle). Le téléphone permet bien de les relier, et créé une communication réelle qui serait impossible sinon (ou alors avec le courrier. Tiens ! Il n'a pas mis ce média-là dans sa liste).
La médiatisation ne sépare pas, elle relie différemment. Peut-être pas avec la même intensité ou de la même manière selon le média : c'est ça qui a un sens, pas cette absurdité de médiatisation qui sépare.
Par ailleurs, toute communication est médiatisée, par définition ! A moins de croire à la transmission de pensée, il faut un support pour toute communication. La parole, le regard ou le toucher et l'odorat sont des médias eux-aussi.
La position de ce Dominique relève de la nostalgie d'un village fantasmé, où toute communication serait directe, immédiate et physique. C'est un fantasme de bulle qui n'existe plus depuis la préhistoire !
Depuis que l'écriture et l'art existent, les hommes peuvent communiquer entre eux à travers le temps et l'espace, et cette communication est très riche, elle transmet du sens, des savoirs et des émotions. Ça s'appelle la culture.
En fait, la position de ce Dominique est bien plus que technophobe, comme tu le dis Eric. Elle montre une méfiance vis à vis de la culture elle-même, de cette construction collective de sens, au profit d'une profonde régression vers le rapport inter-individuel direct, qui aurait plus de "valeur" ou de "puissance". C'est faux : ma communication directe avec ma concierge est bien moins puissante que celle que je peux établir avec Jean-Jacques Rousseau à travers ses Rêveries d'un promeneur solitaire : j'ai accès aux émotions de Rousseau, alors que j'ignore totalement celles de ma concierge que je vois tous les jours (qui est très gentille au demeurant).
Les nouveaux médias d'aujourd'hui sont, au contraire de ce que dis ce Dominique, bien plus constructifs et puissants que les médias "anciens" (livre, courrier, art...) ou les médias "naturels" (regard, parole, toucher, odorat) : ils abolissent l'espace et le temps comme jamais auparavant.
Alors certes, ils sont encore imparfait, et cette extension de la communication à l'échelle planétaire et instantanée se fait au détriment d'une certaine qualité de la communication "naturelle". Mais si le toucher et l'odorat échappent encore à ces technologies, l'image et le son ont fait des progrès considérables. Ce que l'on perd par ces médias "technologiques" (ce qu'on appelle parfois la communication non verbale) est très largement compensé par ce qu'on gagne dans la réduction des distances et du temps.
Si je développe à point cette idée, c'est que j'ai l'impression que le "sentiment" qu'exprime ce Dominique se développe aujourd'hui, notamment dans la mouvance des décroissants, mais pas seulement : cette nostalgie d'un passé qui n'a jamais existé et que l'on fantasme. Il y a là-derrière une tentation profondément régressive et anti-culturelle, dont il faut se méfier.
@Narvic,
Je suis presque totalement d'accord avec ta démonstration.
Notamment quand tu dis "Par ailleurs, toute communication est médiatisée, par définition ! A moins de croire à la transmission de pensée, il faut un support pour toute communication. La parole, le regard ou le toucher et l'odorat sont des médias eux-aussi."
C'est un peu ce que je suggérais en employant l'expression "groupe en fusion", empruntée à Sartre, qui évoque cette "nostalgie d'un village fantasmé, où toute communication serait directe, immédiate et physique"
Mais je nuancerai ton propos.
Tu dis "Depuis que l'écriture et l'art existent, les hommes peuvent communiquer entre eux à travers le temps et l'espace, et cette communication est très riche, elle transmet du sens, des savoirs et des émotions. Ça s'appelle la culture."
L'expression "depuis que... existe" semble suggérer que les choses ont été pareilles de tout temps. Tu écrases les phénomènes, tu éludes leur dimension historique.
Or, depuis 10 ou 15 ans les médias se sont beaucoup développés (pas seulement Internet, mais aussi ce phénomène très important qu'est la "télé réalité", cette sorte de déploiement de l'intime. Et avec ce déploiement de l'intime, cet obscénité (au sens original du terme: voir le dernier livre de Debray, l'Obsénité démocratique) on arrive, paradoxalement à du médiatisé "immédiat". Et on en revient à ton "village fantasmé".
Donc, pour conclure, ce n'est pas un hasard si, comme tu le notes, les discours décroissants, opposés aux médias, fleurissent aujourd'hui, en une époque où la sphère médiatique n'a jamais été aussi développée, presque étouffante pour certains.
D'accord avec l'analyse de Narvic. La voix est un média; le signe est un média; l'écriture sur papier et l'écriture digitale sont des médias. La communication est par essence une médiatisation.
La distinction entre communication réelle et médiation virtuelle me parait plus que contestable; pour tout dire, le point de vue de Dominique me semble même relever de la superstition. Croit-on qu'un onde sonore soit plus naturelle qu'une onde électrique? Qu'un dessin à la craie soit moins le fait de l'homme qu'une animation vidéo? Croit-on que le langage soit un don de la nature lorsqu'il est parlé et une menace lorsqu'il est transmis par http?
De sympathique, les discours décroissants me donnent parfois l'impression de tourner à l'aigre. Il y a toujours eu une frange conservatrice de la société pour déplorer systématiquement toute forme de nouveauté. Une partie du mouvement décroissant me semble de plus en plus rejoindre ces contrées. Il me donne parfois l'impression de le faire de manière particulièrement superstitieuse, avec un passéisme et un goût pour l'ignorance que les plus conservateurs d'entre les conservateurs ont depuis longtemps laissé tomber.
Simple Aléa? Expérimentation? Péché véniel d'un mouvement qui se développe et se cherche encore partiellement? On ne peut que le souhaiter. On peut aussi commencer à se demander si certains décroissants ne sont pas simplement en train de rejoindre la pensée réactionnaire la plus traditionnelle et la plus entêtée.
Pas d'accord avec Dominique non plus. Au contraire même, les médias posent des références communes qui nous permettent d'appartenir à une même connaissance en raison d'une connaissance partagée.
En parallèle, on peut se poser la question de l'impact d'une information que l'on choisirait chacun dans son coin, en fonction de ce que l'on cherche - le web- et non de ce que l'on nous propose - les médias.
Je me permets un p'tit lien vers un article chez moi intitulé "Une information trop personnalisée tuera-t-elle les relations sociales familiales ?". http://www.chouingmedia.com/$blog/2007/02/16/une_information_trop_personnalisee_tueratelle_les_relations_sociales_familiales_
Pour moi, les media discriminent à deux niveaux.
Un media s'adresse toujours à un public spécifique, donc de ce fait il crée et accentue la création de groupe : celui qui lit les Inrockuptibles, ne lit pas Rolling Stones.
Mais un media a une offre et le lire ou l'écouter ou le voir supprime la possibilité de profiter d'un autre (le temps ne permet pas de tout lire, d'autant plus que cela coûterait aussi très cher).
Mais normalement, suivre un media permet, comme tu le dis, un enrichissement et un acccroissemnt des connaissances (à conditions qu'il ne mente pas).
Cependant, le temps passé devant l'ordi, la télé ou avec un journal est en effet un temps seul.
Mon hypothèse personnelle et actuelle est de dénoncer un phénomème d'individualisation généralisée. Je fais le constat d'une société dans laquelle, rencontrer l'autre n'est plus à la mode et coûte de plus en plus cher.
On nous vend de la TV, de l'Internet, du téléphone portable pour nous faire rester à la maison et ne sortir que pour aller travailler ou consommer tout seul en supermarché.
Se rencontrer demande du temps et de l'argent et avec l'évolution économique actuelle, de plus en plus de temps et de plus en plus d'argent.
Il est plus rapide, plus facile et moins cher de "se rencontrer" en tchatant" ou par mail.
Se voir signifie se déplacer. On voit clairement le phénomène avec les Parisiens qui partent s'installer en banlieue et qui finissent par perdre de vue leurs amis restés au coeur de la capitale.
Qui n'a pas entendu ou dit une fois : "Nan, je m'excuse, j'peux pas venir, tu comprends, avec les enfants, se garer, le RER... c'est compliqué.. la prochaine fois, OK ?"
Sans compter que se rencontrer signifie, bar, café, restau ou bouffe à la maison...
On nous vend une image de vie heureuse où tout se fera pas Internet ou en virtuel. Pourquoi sortir de chez soi si c'est si dangereux dans la rue (ce que, justement, nous disent les media !!) ?
Pourquoi aller voir et rencontrer des gens si je peux discuter avec eux par Internet ou téléphone ?
Pourquoi envoyer une carte postale si je peux envoyer un mail ?
Pourquoi aller au cinéma si je peux télécharger sur le Net ?
Et c'est justement un cercle vicieux qui s'instaure.
Se rencontrant de moins en moins, parce que les occasions se font de plus en plus rares, les gens se connaissent moins et se méfient e p`lus en plus les uns des autres, par le simple phénomène de la méconnaisance ou de l'ignorance.
Pour ne pas avoir peur des immigrés il faut les rencontrer... Or ils font le ménage dans le bureaux quand les employés sont partis.
Pour ne pas avoir peur des jeunes, il faut les rencontrer, mais quelles sont les occasions de rencontres intergénérationnelles ?
Les media, justement, devraient inciter à la rencontre...
Mais la TV ne souhaite pas se tirer une balle dans le pied en disant "Eteignez la télé"...
@Cratyle,
"Simple Aléa? Expérimentation? Péché véniel d'un mouvement qui se développe et se cherche encore partiellement? On ne peut que le souhaiter. On peut aussi commencer à se demander si certains décroissants ne sont pas simplement en train de rejoindre la pensée réactionnaire la plus traditionnelle et la plus entêtée."
Oui, c'est le risque de ce type de pensée. Mais, en fait, la décroissance est diverse dans ses expressions. Pas forcément passéiste. Et inversement, les réactionnaires peuvent être des "croissancistes" forcenés!
@Cedric,
Oui, refuser les médias ou trop aller vers le média "sur mesure" sont deux extrêmes à craindre.
Merci pour le lien.
Je t'en renvoie un: http://www.nonfiction.fr/article-369-par_le_peuple_et_pour_le_peuple_mais_pas_sans_letat.htm
Dans 'Republic.com 2.0", l'auteur traite de cette question.
"La première préoccupation de Sunstein tient surtout à la possibilité pour les gens de sélectionner l'information à laquelle ils veulent avoir accès. Contrairement à la société traditionnelle, l'environnement numérique permet de choisir ses sources d'information, soit de façon automatique comme le fait amazon quand il vous conseille les livres similaires lus par les autres visiteurs, soit de façon délibérée quand on organise sa page personnelle sur netvibes.
Ces évolutions ont de nombreux effets positifs, mais il est important de se demander quel pouvoir elles donnent aux entreprises privées sur la démocratie, comment elles transforment l'écosystème informationnel des citoyens, et en définitive, quelles sont les pré-requis nécessaires à un système de délibération démocratique qui améliorerait les libertés individuelles ? Nos sociétés modernes se sont surtout occupées de placer des limites au pouvoir de censure des gouvernements, et d'apporter des protections aux libertés fondamentales des citoyens. Mais les menaces qui se présentent aujourd'hui sont nouvelles et requièrent de nouveaux outils conceptuels et techniques."
@BertranD,
"Cependant, le temps passé devant l'ordi, la télé ou avec un journal est en effet un temps seul.
Mon hypothèse personnelle et actuelle est de dénoncer un phénomème d'individualisation généralisée. Je fais le constat d'une société dans laquelle, rencontrer l'autre n'est plus à la mode et coûte de plus en plus cher.
On nous vend de la TV, de l'Internet, du téléphone portable pour nous faire rester à la maison et ne sortir que pour aller travailler ou consommer tout seul en supermarché."
Oui, c'est ce point qui fait que je ne suis pas totalement d'accord avec les quatres commentaires (même si je partage leur point de vue sur l'essentiel)
Cette séparation, c'est un peu ce qui a été décrit par Guy Debord dans la société du spectacle.
Le cercle vicieux que tu décris c'est exactement ce qui se passe, bien souvent.
Mais ce cercle vicieux n'est pas dû aux médias en tant que tel, il est dpu à une mauvaise utilisation des médias, je pense.
Quoiqu'il en soit, le dialogue que nous entretenons ici, par le média du blog et d'internet interposé, est d'une bien plus grande richesse que celui que j'ai avec ma - gentille - concierge, avec laquelle je communique "en direct" à peu près tous les jours... ;-)
C'est une manière de répondre à Bertrand, qui n'est finalement pas si seul que ça devant son écran, puisqu'il est avec nous ! Il nous a lu, s'est exprimé, nous l'avons lu, et nous lui répondons...
Cette forme de communication est-elle moins riche que celles que la marquise de Sévigné ou Voltaire, entretenaient par courrier avec leurs multiples correspondants de par le monde ?
Comme le relève Cratyle, est-ce que ça change quelque chose avec la marquise et Voltaire que notre communication soit numérique plutôt que sur du papier ? Oui, en fait ça change beaucoup de chose : l'espace et le temps ne sont plus les limites que connaissaient la marquise et Voltaire, ne reste comme frontière que notre langue... et notre culture...
Ho la la ! C'est un concours du commentaire le plus long ? :-)))
Les médias nous font croire chaque matin qu'un tas de choses nous sont importantes alors que l'essentiel, c'est de petit-déjeuner paisiblement en parlant de la pluie et du beau temps !
:-))
@Poireau,
Tu as tout résumé!
« L'époque et la société sont tout entières médiatiques et dans la dépendance de leurs maîtres les médias, et pourtant ce qu'on voit régner de toute part, c'est l'immédiat. Les médias eux-mêmes sont l'immédiat. C'est dire à quel point ils sont mal nommés, je le répète. Les contemporains ne détestent rien tant que le médiat, le détour, le délai, la syntaxe, les manières, les formes, la forme : autant dire la littérature, l'art, la culture et tous les protocoles de l'aliénation positive, qui mettent de l'ailleurs dans l'ici, du pas-moi dans le moi et de l'autre dans le soi, à la grande horreur de tous les soi-mêmismes triomphants, dont on ne peut dire s'ils sont les grands propagateurs de l'ignorance ou sa plus pure manifestation - ses responsables ou bien sa conséquence. »
Renaud Camus, La Grande Déculturation, Fayard.
@Didier,
Les médias sont l'immédiat: d'accord avec cette idée (qui est tout de même un poncif de notre époque) défendue par Renaud Camus.
Mais en ce moment il y a un gros débat sur le livre de Renaud Camus: http://www.nonfiction.fr/article-1170-un_livre_raciste.htm
http://www.causeur.fr/ma-france-culture,450
http://www.marianne2.fr/Quand-Jouyet-subventionne-nonfiction-fr_a87444.html?preaction=nl&id=2952644&idnl=25457
Je n'ai pas lu ce livre, donc je ne peux pas trop en parler.
Le débat (s l'on peut dire...) a été lancé par ce ****** de Martel. Qui, annonçant l'émission de Finkielkraut, sur France-Culture, samedi en huit, a tenu des propos outrageant et stupides (les mêmes qu'on retrouve sur "non-fiction" que vous mettez en lien) à propos de Camus et, par ricochet de Finkielkraut qui l'avait invité. En préambule à son émission d'hier (voir le site de France-Culture), ce dernier l'a vertement remis à sa place.
Je pourrais bien sûr (ayant lu le livre), débattre sur le fond, mais je ne crois pas que ce soit le lieu pour cela. Il y aura un court extrait du livre de Camus, demain matin, chez moi, si cela vous intéresse.
"les médias nous font croire que..." (M. Poireaux)
"...leurs maîtres les médias..." (R. Camus)
Arrêtez avec ce fantasme de "la grande manipulation" par les médias. Ou alors prouvez la ! Qui tire les ficelles, où, à quelle heure ? Où se tiennent les réunions des comploteurs, qui participe, comment procèdent-ils? Des noms, des dates, des lieux... Des preuves ! Où sont les preuves ?
Tant que ces preuves concrètes et vérifiées ne sont pas sur la table, on appliquera le principe du rasoir d'Occam :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rasoir_d'Occam
On ira pas chercher dans le compliqué, le fantasme, le complot secret, là où il existe une réponse beaucoup plus simple et vraisemblable (mais pas moins inquiétante) :
La réalité est que les médias sont totalement dépendant de leur audience, c'est à dire de vous, de nous, et pas l'inverse ! Et c'est ça le vrai problème ! Les médias sont en permanence à l'écoute de leur audience et tente de lui servir ce qu'ils croient deviner de ses attentes.
Ils ne manipulent personne, ils ne cherchent au contraire qu'à être un miroir, à séduire. L'image qu'ils vous/nous renvoient n'est peut-être pas plaisante, c'est pourtant la vôtre/nôtre.
La politique éditoriale des médias ne se décide pas ni à l'Elysée, ni dans le bureau de Lagardère ou Dassault. Elle se fait dans le dépouillement consciencieux des sondages et des colonnes de chiffre de médiamétrie. Et avec l'info en ligne, ça commence à être encore pire, car la mesure est encore plus précise et rapide.
Vous en voulez du "Laure manoudoue nue", du "casse-toi pov con", du SMS bidon... Car c'est bien ça que veut le peuple, c'est ça qu'il demande. C'est ça qu'il aura.
De l'information ? Du sens ? Il y a plein, partout, dans les kiosques, les librairies et sur internet. Pour qui veut bien chercher et pour qui est prêt à réfléchir. Mais ça ne fait pas tant de monde que ça ! Car ça demande un effort...
PS: on peut s'interroger aussi sur ce véritable besoin de se sentir manipulé, tellement courant de nos jours... Si je suis manipulé, c'est que je ne suis pas responsable. C'est plus confortable, en effet.
@Didier,
OK!
@Narvic,
Effectivement, il est difficile de séparer le média de son audience. Il y a sans arrêt des aller et retour entre l'offre et la demande.
En tant que modeste blogueur on le note. A moins d'être un complet stoïcien, un cénobyte du blog, on a tendance à écrire des types d'articles qui ont intéressé (croit-on) les lecteurs.
Se sentir manipulé? Personnellement non. Mais je ne vais pas répondre pour M. Poireau.
Eric : A moins d'être un complet stoïcien, un cénobyte du blog, on a tendance à écrire des types d'articles qui ont intéressé (croit-on) les lecteurs.
Pas si sûr. Cela dépend de l'arrière-fond culturel du blogueur (peut-il faire autre chose, connaît-il autre chose, sait-il se référer à autre chose) et puis de sa connaissance du maniement des groupes, parce que les lecteurs sont un groupe. Une audience régulière est rassurante et on peut vouloir la retrouver, mais le truc des blogues à grosse audience est de créer de temps à autre un clash en supprimant ce qui était le doux ronron (cela n'a pas trop bien marché chez moi quand j'ai arrêté deux ou trois fois mes limericks, mais je n'ai rien perdu). Cliver est souvent une bonne manière de faire venir une nouvelle adhésion des anciens et puis de susciter l'intérêt chez d'autres. Je crois que reproduire les mêmes choses est une très mauvaise opération car on s'enferme dans une communauté qui devient fatalement de plus en plus fermée du fait de ses mots clés et des plaisanteries codifiées. Et puis cela disparaît.
D'accord à 100 % avec le dernier commentaire de Narvic. qui, d'alleurs, rejoint Renaud Camus.
@Dominique,
Oui, tu as raison. Reproduire ce qu'on a déjà fait est une erreur.
Et, personnellement je ne considère pas qu'il y a un "lectorat fidèle" pour un blog. Il y a un petit noyau, mais les lecteurs (ou commentateurs) tournent. En général ils peuvent s'attacher à tel blog pendant quelques mois et passer à un autre.
Après, il est évident que dans ta sphère il existe quelques blog que, de toute façon, tu vas garder en mémoire, et donc tu y retourneras des semaines après ta dernière visite.
Ce qui est intéressant, c'est d'intéresser de nouveaux lecteurs et, en tant que lecteur, de découvrir de nouveaux blogs. Sinon on ouvre un skyblog et on blogue en circuit fermé avec trois potes.