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Blogueurs, journalistes, une cohabitation difficile ?

Blogueur invité: Vogelsong.

Vogelsong est un commentateur de blogs. On peut le retrouver sur twitter. Il connaît bien les questions liées à la presse. Il a souhaité réagir sur les rapports entre blogueurs et journalistes.

1460340624.PNGUn journaliste vient "s'aérer la tête" sur un blog et y laisse des insultes. Ce n'est pas anodin et cela dénote le mépris mais surtout la peur qu'inspirent les blogueurs aux journalistes. Qu'il s'agisse d'un directeur de presse, du chef de la rédaction, ou du plumitif de base, le blogueur est une entité incompréhensible.

Prosaïquement, pour les journalistes installés, une plume libre est une plume à mater. Ils sont généralement chef du service, ou de la rédaction, grassement rémunérés (Par exemple, Eric Fottorino émarge à 210 000 euros par an). Ils règnent en général sur un cheptel de journalistes plus ou moins aguerris. Elaguent à tour de bras pour garder une ligne "dite" éditoriale.

Le décor planté, on comprend que les caciques tolèrent assez mal qu'une minorité de plus en plus grande de "rédacteurs" publient sur internet des billets de fond sans aucun contrôle. Quant aux simples rédacteurs, ils souffrent d'une forte dissonance cognitive : deux années d'école de journalisme coûteuse, une place à se faire dans une rédaction à couteaux tirés, premiers papiers mis au panier ou passés aux shrapnels, un vague statut de spécialiste dans un domaine, on finit par se résoudre et on écrit, sagement. Après ça, difficile donc de tenir pour "respectable" des zigues qui publient tout ce qu'ils veulent sur un blog (la preuve !). Et qui plus est, avec un contenu est aussi cossu que ce qui se lit dans le vénéré canard (à voir !).

Le journalisme d'investigation est en voie de disparition : questions de coûts et d'intérêts. Ce qui prime, c'est le réseau, le dîner en ville pour les marquis, le communiqué de presse, la direction de la communication qui distille, et l'information circulaire. Très souvent, c'est l'information qui vient aux journalistes. Pris dans cette paupérisation du métier, le blogueur peut "concurrencer" le rédacteur. Paradoxalement des individus hors marché concurrencent des "insiders" des médias.

La perte de contrôle s'opère aussi sur le média lui-même. Imaginez, on peut commenter et critiquer les articles sur un blog. Généralement (et pour de multiples raisons), les blogueurs ne modèrent pas. Dans les institutions de l'information, les commentaires s'arrêtaient au service courrier et parfois  étaient publiés. Aujourd'hui, les articles commentés sont fortement modérés comme sur les sites de Libération et Le Monde.

Ce qui abasourdit les professionnels de la presse c'est que l'on puisse fournir une information ou une analyse, et ce en complète gratuité. C'est un modèle qui s'effondre. Où plus personne n'est à sa place.

La précarité sévit aussi dans le journalisme. Le rapport pécuniaire et contractuel entre le journaliste et l'entreprise de presse est une laisse efficace. Un service gratuit libère. Cela crée des tensions dans un milieu déjà moribond.  

D'autres part, la perte d'avantages comparatifs est patente. Ce que fait une escouade de journalistes peut être bouclé par un nombre virtuellement illimité de blogueurs et pour un coût "quasi-nul". Ainsi, la vacuité de certaines analyses "dites" sérieuses saute aux yeux. Pour un quotidien, il suffit d'un sondage, d'une petite phrase d'un proche (jamais cité) et on crache huit colonnes. Plus navrant encore, un édito comme celui Patrick Besson de l'Express du printemps 2008, où il se demandait si une joueuse de tennis russe ahanait autant sur le court que lors de rapports sexuels. Analyse profonde. A la radio, un discours de rattrapage présidentiel et Pascal Perrineau peuvent meubler une bonne heure et demie. Alors que quelques clics sur la toile chez des blogueurs "sérieux" permet le plus souvent de sortir des "bavassages" formatés et pour au moins le même niveau d'analyse. Pour déterminer le sérieux d'un blog, on peut être très libéral dans l'approche. Une forte et constante fréquentation sont des signes de qualité, les approximations se paient sur-le-champ par des commentaires fulminants et finalement par une baisse des visites. Et puis, nous le savons tous, tout ce qui est dans les médias "traditionnels" est incontestable et sans aucune approximation.

Les journalistes ont leur "serment d'Hypocrate", une soupe imbuvable à base de déontologie et d'objectivité. Une position absolument intenable aux yeux de qui connaît un peu la presse et son fonctionnement. D'ailleurs il est intéressant de noter que selon des études, même ceux qui ne connaissent pas le milieu commencent à donner des signes de défiance. Le blogueur est libre de ces fausses contraintes. Hormis son ego, tout ce qu'il écrit l'engage personnellement. Dagrouik, un blogueur affiche son positionnement politique, c'est clair. Il serait d'ailleurs intéressant que dans les éditos d'Eric Le Boucher, sous son nom, il soit précisé, "sarkosyste patenté".

Des contre-feux ont été allumés dans les médias installés. La majorité des sites des grands journaux comportent des commentaires de lecteurs. Il faut bien se rendre compte que c'est baïonnette dans le dos qu'ils en sont là.

Les journalistes aussi ont leurs blogs. Ils sont censés écrire du "off" ou du débriefé. Soyons rassurés, dans ces "off" de canapé, aucune bombe médiatique ne sera lancée.

Il y a aussi l'émergence de sites gratuits ou payants exclusivement en ligne. Ils proposent la création des blogs "satellites" (Rue89, mediapart,…). Et maintenant "très en vogue", le pillage de blogs (avec consentement ou pas) par les quotidiens et les sites affiliés. Etrange et jouissif renversement de situation, où le journaliste devient lecteur, et le citoyen émetteur d'information. Les extraits sont compilés, labélisés et cantonnés dans la rubrique "net" ou "libénautes" pour libération par exemple. Certainement qu'à court terme des rubriques de plusieurs pages seront consacrées au "captage" de blogs.

On canalise, on syndique, pour intégrer et essayer de contrôler. Mais c'est surtout la confirmation de la qualité des réflexions et des analyses disponibles sur le réseau.

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(PS: j'avais déjà invité quelqu'un à s'exprimer sur ce blog. Sarah, jeune journaliste, avait publié Sexisme envers Ségolène Royal, en février 2007). 

Commentaires

  • oui, mais à terme cette gué-guerre, ça mène à quoi ?
    parce que à te lire, il serait souhaitable que les journalistes disparaissent au profit des blogueurs ? vu que tu sous entends que les contraintes editoriales et financières condamnent la presse à ne pas changer.
    ce qui me gêne moi, c'est l'amalgame, la généralisation, l'opprobe sur toute une profession (genre 'tous les profs sont des fainéants' 'tous les fonctionnaires des planqués' etc....)
    il y a finalement, au prorata, autant sans doute de "mauvais" blogueurs, que de mauvais journalistes... la liberté d'expression n'implique pas la valeur -

    je reste aussi dubitative sur cette notion de gratuité à long terme. Cela m'étonnerait que dans un avenir assez proche les blogueurs ne cèdent pas aux sirènes de l'argent et des annonceurs- wait and see. (la pub commence à envahir les blogs)
    parce que tu omets juste une considération : un journaliste travaille et écrit pour manger , se loger, vivre
    un blogueur, non, vu qu'il ne touche pas (en général et pour l'instant) un sou de son blog, j'espère pour lui qu'il a un job et un salaire ou des allocations chômage, il blogue pour son plaisir
    comment peut-on comparer des choses et des situations incomparables ?

    et enfin et surtout tu mets en avant les salaires faramineux de certains journalistes quand la grande majorité est rémunérée de façon misérable, ou travaille dans des situations précaires.

    cette notion de gratuité me gêne oui, parce que tout travail mérite salaire, chaque chose à un cout, hélas -ou tant mieux- qui donne une reconnaissance à l'homme ou la femme qui produit ce travail
    je m'interroge : est-ce que le blogueur ne reve pas de devenir journaliste (s'il ne l'est pas déjà) et d'écrire dans un titre papier reconnu, d'en toucher des revenus et d'en vivre ?
    plutot que de fustiger les journalistes dans leur ensemble ne conviendrait-il pas mieux en premier lieux de fustiger ceux qui les musèlent, ceux qui ont le pouvoir ou le fric, ceux qui leur font plier l'échine?

  • Ah quelle bonne idée Eric d'avoir lancé ce débat de façon sereine ! Et merci à Vogelsong de son analyse. Il y a tellement à dire que je ne retiens que queques points, J'espère qu'Eric nous permettra de nous exprimer sur le reste plus tard.

    Je dis en préambule que si le commentaire d'Anne est juste - je partage très souvent son point de vue - il est assez exagéré quant aux intentions qu'elle porte à Vogelsong sur les journalistes : je ne lis pas dans son billet une acrimonie particulière contre eux.

    Là où je ne suis pas Vogelsong c'est dans sa comparaison entre Dagrouik et Le Boucher. Ces deux éminents personnages ne jouent pas dans la même cour, n'ont pas le même rôle social et donc comparer leur situation n'a pas de sens. Dagrouik ne produit pas de l'information, il milite. Le Boucher ne milite pas, il est supposé produire de l'info.

    Je crois que nous nous trompons de débat en limitant celui-ci aux rapports journalistes / bloggueurs. C'est toute la place de l'information dans une société comme la notre qu'il faut revisiter, son rôle social mais surtout son rôle politique. Allez tant pis, je vais passer pour un prétentieux mais je le dis avec modestie ; il faut lire Rosanvallon et en particulier son essai "La contre-démocratie".

    Enfin j'ajoute qu'effectivement les bloggueurs produisent de l'info, certes pas toujours bonne. Que tout travail doit être rémunéré - merci Anne - et c'est pour cela qu'il faut se battre contre les Netvibes et autre Wikio - voire Libé pas vrai Eric ? - qui exploitent le bloggueur de base comme le maitre des forges l'ouvrier au 19ème siècle.

  • J'ai l'impression de mordre à l'hameçon du troll, mais soit...

    D'accord avec Anne, généraliser sur "les journalistes", comme une corporation monolithique, c'est à peu près aussi réducteur que de le faire sur "les blogueurs" (sauf à vous mettre dans le même sac que les skyblogs).

    Il y a des bons, des très bons, dans les deux. Leurs motivations sont parfois d'ailleurs les mêmes. Il est aussi des très mauvais, des paresseux, des narcisses, des polémiqueurs gratuits... La seule vraie différence, qui brouille toute tentative de comparaison à l'emporte-pièce, c'est que "journaliste" est (1) un métier, et (2) un statut validé par la fiche de paye. Ca ne dit rien de l'honnêteté de son travail, mais c'est au moins un début de statut objectif. "Blogueur", en soi, ne veut rien dire, à part "utilisateur d'une plateforme de publication sur le web". On confond par facilité l'utilisation d'un outil avec une identité. "Blogueur", comme statut, c'est à peu près aussi discriminant que "bipède".

    De quoi rendre plutôt vaine l'opposition des "libres" blogueurs contre les journalistes "tenus" en grossissant le trait jusqu'à la caricature ("une plume libre est une plume à mater", "milieu moribond", et autres fumosités) qui noie par le bruit quelques arguments qui mériteraient eux d'être développés.

    Surtout, se définir "en contre", comme seule identité, c'est un peu adolescent, non ?

    Je préfère penser aux blogueurs (les bons, en tout cas), comme à autant de nouveaux commentateurs, de critiques nés de la désintermédiation que permet le web. Une bonne chose, dans l'ensemble.... Et je ne leur ferai pas l'insulte des les traiter comme une corporation homogène.

    cedric
    (forcément, journaliste...)

  • Comme Didier, je ne vois pas d'acrimonie particulière. Cependant contrairement à lui, je ne sais pas si les blogueurs produisent de l'information (Eric, je m'arrête aux blogs politiques :-) ). Pour ma part non, j'utilise l'information et la transforme en opinion... dans ce sens je préfère parler des blogs comme de nouveaux médias d'opinions.
    Contrairement à toi Didier, je crois la coomparaison Dagrouik/Boucher juste... ce dernier ne donne pas de l'info... il donne une opinion... la différence réside dans sa diffusion plus massive.
    Et c'est pour cela que je ne suis pas en guerre contre tes exemples... car ils aident aussi à la diffusion de "mon" opinion. Et pour réponde à Anne, ne me rêvant pas comme un journaliste, je prends cela comme la reconnaissance d'un papier plus ou moins de qualité... sorte de rétribution.
    Ensuite sur le modèle de la gratuité... je crains que ce débat soit déjà derrière nous... est ce bien mal... il est encore trop tôt pour le dire. Une gratuité avec comme corollaire une plus grande dépendance des médias traditionnelles vis à vis de leur financier... je ne crois même pas.

  • Merci pour vos commentaires enrichissants

    @Anne Tu poses les bonnes questions sur le devenir. Je tente de faire un "état des lieux". C'est je le crois indispensable.
    Je n'ai pas d'amertume particulière sur ce métier. A. Londres est un figure importante pour moi.

    Sur la gratuité, je suis persuadé qu'elle a (aussi) une valeur.

    Sinon je suis d'accord avec toi, je fustige autant que je le peux, la précarisation, la paupérisation, les bas salaires, les ménages et les "marquis de la profession".

    @Didier J'espère que ce premier papier sera le début de quelque chose de plus complet, d'un mini-dossier (merci Alain) avec de multiples approches. Eric est le grand manitou.

  • @Vogelsong,

    Je ne commente pas trop ton billet pour l'instant. Je préfère laisser les autres le faire.

    Mais, avant tout, je te remercie pour ce billet qui enrichit la discussion. Il contient des éléments qui m'ont surpris. Notamment en ce qui concerne la peur que tu décris, chez certains journalistes (à tous les échelons). Je n'imaginais pas cette peur aussi présente.

    Un autre point intéressant, ce sont les antidotes, les contre feux mis en place par les journalistes: "comment récupérer ces espaces de liberté" sauvage (blog intégré au journal, espace de discussion).

    D'autres remarques à faire, plus tard.

    :-)

    @Didier,

    Oui, la question du droit d'auteur est emmerdante. Nous sommes très 2.0., nous laissons faire!

    La contre-démocratie, à lire bien sûr (pas encore lu).

    @Cédric,

    Oui, évitons de dire "les journalistes" ou "les blogueurs"... Mais pour autant je trouve intéressante la façon dont Vogelsong pose le débat.

    Tu dis: "De quoi rendre plutôt vaine l'opposition des "libres" blogueurs contre les journalistes "tenus" en grossissant le trait jusqu'à la caricature ("une plume libre est une plume à mater", "milieu moribond", et autres fumosités) qui noie par le bruit quelques arguments qui mériteraient eux d'être développés."

    Je suis d'accord avec toi, parce que tous les jours, quand j'écris sur mon blog, je sens que la liberté est une notion ambivalente. (Elle l'est toujours) Et chaque jour je me restreint, je suis "tenu", je n'écris pas n'importe quoi!
    De la même façon, on exagère en disant qu'un journaliste est totalement "aux ordres".

    @Anne,

    Tu parles de guerre. Mais la guerre, elle est économique! Les médias veulent vivre!

    Par exemple, un projet comme Rue89 reçoit 680 000 visites par mois. Si un blog (totalement gratuit) attire 50 000 ou 100 000 visiteurs par mois, c'est un concurrent...

    Plutôt que de guerre, on peut parler de dialogue, de coopération. C'est ce que recherchent les "utilisateurs" (blogueurs, lecteurs): améliorer l'information en participant.

  • je réponds vite fait à Marc Vasseur :

    1/ il suffit de lire monputeaux.com pour voir que les bloggueurs produisent de l'info - sans parler de l'excellent blog qui nous accueille

    2/ le problème de la gratuité n'est pas réglé car la question du modèle économique d'Internet est loin d'être résolu : Microsoft/Yahoo le démontre amplement car derrière la bagarre "capitalistique" actuelle se trouve bien la façon dont on va faire de l'argent plus tard

  • eric, tu parles de concurrence, sans doute, mais la quête d'infos , de reflexions et d'analyses peut-elle se réduire à la lecture des blogs ? bien sûr que non ! on serait drôlement frustrés...
    un blog , même s'il est exclusivement politique traite en général d'un seul sujet, et même pas toujours quotidiennement.

    quand je lis un journal, j'ai envie d'etre informée de sujets politiques, de faits de société, de sujets economiques etc...et surtout de sujets qui traitent de l'europe et de l'international, qui ne sont quasi jamais traités sur les blogs; ceux-ci restent non seulement nombrilistes (la france ou les sujets qui impliquent la france) mais pointent très souvent des sujets immediats, faisant ref à sarko et à ses pauvres frasques (meme plus à l'opposition...) qu'il est bien de dénoncer, mais il y a autre chose aussi, il faut relever un peu la tête du guidon

    ah eric, oui, tu as raison..le dialogue et la coopération, que j'évoquais d'ailleurs dans un de tes billets précédents...je les attends comme on attend la st glinglin...;))

  • Bon, j'y vais à mon tour ;-)

    Les termes de journaliste et de blogueur désignent chacun dans leur domaine des réalités bien différentes, et en plus ils n'ont pas le même sens dans l'esprit de tous ceux qui les utilisent. Ça rend le débat compliqué.

    Si on détaille un peu, ça devient peut-être plus simple.

    - journaliste : ça désigne plusieurs activités très différentes (dans les petits journaux et en province, c'est souvent la même personne qui fait toutes les tâches, mais les grandes rédactions parisiennes pratiquent une division poussée du travail, avec une forte spécialisation).

    J'ai comme dans l'idée que Vogelsong parle plutôt des journalistes politiques-éditorialistes, qui - c'est une réalité - n'apportent dans le débat quasiment aucune véritable information nouvelle (si ce n'est l'échos filtré de la vie du petit microcosme médiatico-politique parisien).

    Il nous parlent de politique sans jamais interroger d'électeurs, de social et d'économie sans jamais mettre en pied dans les entreprises... Leur information sur le monde est indirecte et souvent déformée par des préjugés qui ont fini par s'installer dans leur petit monde, par ignorance du terrain et absence de vérification de ce qu'ils avancent, admis comme vrai puisque tout le petit microcosme le dit. Et on se réveille ainsi brutalement quand on réalise qu'on a pas vu venir que le peuple votait "non" en 1995 et Le Pen en 2002...

    - face à eux, les blogueurs éditorialistes sont finalement dans une situation qui leur permet souvent de dire moins de bêtises.

    L'information de base qu'ils traitent et qu'ils recyclent dans leurs analyses est finalement la même que celle des éditorialistes (les échos de la presse), sauf les petites confidences privées du microcosme auxquelles ils n'ont pas accès.

    Mais, à mon avis, il est bien loin d'être démontré que ces petites confidences apportent la moindre plus-value à leurs éditos. Au contraire, elles les enferment dans leur petit monde et les empêchent de prendre le recul nécessaire.

    Les blogueurs, eux, ont une vraie vie à côté, un boulot, etc., ils gardent un pied dans la réalité bien concrète. Ils ont un recul que les éditorialistes n'ont plus.

    Les blogueurs sont aussi bien plus libre vis à vis de leur engagement politique : ils peuvent l'afficher sans que ça nuise à la crédibilité de leur propos. Au contraire, on préfère qu'il le dise.

    Alors que le journaliste est englué dans son mythe professionnel de l'observateur objectif, qui confine à l'hypocrisie dès qu'on parle de politique : l'éditorialiste serait ainsi capable d'apporter un jugement politique, sans entrer lui-même dans le débat, sans se positionner par rapport à ceux qu'ils commentent, en restant dans une position totalement improbable dedans-dehors, qui le met finalement... nulle part.

    Je crois, au bout du compte, que les blogueurs politiques sont en train d'avoir la peau des éditorialistes, et c'est une très bonne chose pour tout le monde. ;-)

    Et ça permettra peut-être aux journalistes de se concentrer sur le vrai travail que l'on attend d'eux : aller chercher des informations et les vérifier. Pour ce qui est des commentaires, les blogueurs font ça mieux qu'eux.

    Et si les journalistes veulent faire des commentaires aussi, ce qui est bien leur droit, qu'ils ouvrent des blogs, et qu'ils le fassent là, sans prétendre avoir une quelconque légitimité supérieure aux autres à commenter, car cette légitimité-là, ils ne l'ont plus.

    En poussant la réflexion, il y autre chose que les journalistes ont perdu. Pas au profit des blogueurs, cette fois, mais au profit de l'ensemble du public : leur monopole dans la sélection et la hiérarchisation de l'information.

    Avec les moteurs de recherche, les agrégateurs, les systèmes de recommandation automatisés (digg-like) d'une part ; la diffusion virale, les communautés en ligne, les forums, la blogosphère, etc. d'un autre : la diffusion de l'information prend des canaux nouveaux où ils ne jouent guère de rôle.

    Parfois, c'est dommage, car les journalistes (certains d'entre eux du moins...) possèdent une véritable expertise dans la hiérarchisation de l'information. Et puis les systèmes basés sur "la sagesse des foules" se révèlent plein d'effet pervers : ce n'est en définitive qu'un concours de popularité et pas de pertinence, et ces systèmes peuvent être manipulés à l'insu de l'utilisateur (Google bombing, astuces de référencement...).

    En conclusion : le journaliste-éditorialiste est mort, on ne le regrette pas. Le journaliste qui va chercher l'information sur le terrain et la vérifie reste indispensable, mais il faut trouver un moyen de payer son travail (sur le net, c'est loin d'être le cas). Le journaliste qui traite l'info et la hiérarchise reste très utile, même s'il n'est plus seul en lice sur ce terrain, et là personne ne se préoccupe trop de cette question en ce moment : tout le monde semble avoir admis de laisser ce travail décisif à des machines imparfaites et à une "sagesse des foules" qui ne l'est pas moins.

    Il n'est pas là, l'enjeu de fond ?

  • Merci narvic :-)...

  • juste une question tout à fait sincère (je n'ai pas d'apriori sur la réponse, et cette question ne connote pas la valeur de la qualité des enseignements)
    quid de la culture politique, économique, financière, nationale et internationale acquise dans les écoles et les instituts divers et facultés, IEP and cie , enseignées au cours des cursus journalisme et medias , ou des spécialisations, qu'ils soient privés ou publics ?
    cette culture, que tout un chacun ne possède pas forcément, sur les tenants et les aboutissants des situations geopolitiques n'est-elle pas nécessaire pour appréhender les problèmes du monde ?

    celle-ci serait donc inutile, à vous lire, puisque tout un chacun peut se revendiquer editorialiste, ou producteur d'information ou d'analyse, quelle que soit sa formation initiale.
    cela peut aussi pré-supposer que les formations spécifiques aux métiers ne devraient jamais peser dans les recrutements, ni dans les grilles de salaires , ni dans la légitimité du poste que l'on occupe.
    tout le monde peut tout faire
    j'extrapole : si je peux réparer mon electricité chez moi je suis electricien, si je peux enseigner à mes enfants le français, les maths et l'histoire je suis professeur , je les vaux bien et je fais même mieux ?

  • @Narvic Je focalise effectivement sur les evènements sociaux, politiques, économiques.

    @anne Tout le monde ne peut pas le faire sous risque d'électrocution (au sens général :) ).
    Beaucoup ne veulent pas le faire. Et ce qui veulent le faire et ne le peuvent pas s'en rendent compte...

  • @ vogelsong :)) c'est éluder de plaisante façon ma question de fond sur l'éventuelle nécessité de culture et de connaissances spécifiques...
    petit bémol sur ce que tu dis : "Et ceux qui veulent le faire et ne le peuvent pas s'en rendent compte..."
    sorry, certains des blogueurs ne s'en rendent pas compte non plus, de leur incompétence ou de la légèreté de leur connaissances...;))

  • @Anne Je pense avoir effleuré le sujet en parlant du "sérieux" des blogs. L'approche en terme de fréquentation, de commentaires.
    Anne vas tu souvent lire des billets sur des blogs inintéressants? y retournes tu souvent ?

    Sur la culture et les connaissances spécifiques. C'est une approche élitiste qui mérite un débat spécifique. Sans éluder :)
    Mais je reviens sur le point précédent qui est quand même lié aux connaissances. Par exemple, on peut parler de géopolitique, certes, sans rien y comprendre. Mais je ne pense pas que celui qui fait ça souvent soit lu.

    En gros une approche utilitariste, assez libérale. Un paradoxe peut-être ?

  • @Anne,

    Ce qui fait l'intérêt des blogs, c'est aussi de savoir faire vivre des discussions. Les commentaires sont souvent aussi intéressants que les billets!

    C'est ce qui fait qu'il y a complémentarité entre les sources d'informations canoniques et ces espaces marrants que sont les blogs.

    Et les blogs peuvent aussi informer!
    Un blog comme celui de Maître Eolas, par exemple, apporte une somme d'informations, et la possibilité de poser des questions à un juriste gratuitement! Ce "service" n'existe dans aucun grand médias. Avant les blogs, il fallait payer pour avoir ça!

  • oui, dans un premier temps j'y vais et j'y retourne, lorsque j'aime le ton, la personnalité du blogueur et des commentateurs, donc là ce sont des "qualités" personnelles et pas forcément "professionnelles' que je recherche.
    ce n'est pas forcément parce que je le trouve compétent, ou pointu sur le sujet qu'il évoque
    et ce n'est pas tjs le blogueur qui me donne à réfléchir, cela peut être un visiteur d'ailleurs

    et enfin j'aime tout particulièrement, dans un second temps aller là où il y a une qualité j'allais dire 'professionnelle' càd rigueur et profondeur, quand on sent très vite que le blogueur connait son sujet et n'a pas été faire du copier/coller à droite et à gauche

    et je ne pense pas que ce soit une approche élitiste que de s'interroger sur les connaissances et la culture des blogueurs !
    Si je veux apprendre qq chose ou approfondir, en général j'aime que ce soit avec quelqu'un qui a des connaissances et en général plus approfondies que les miennes qui sont tout à fait modestes.
    Sinon autant aller au bistro et discuter avec les gens ou les écouter.

    un ex précis : sur les questions de franchises médicales, pas mal de blogueurs ont fait des articles, sans forcément connaître autre chose que ce qui se disaient dans les médias(dans lesquels je m'étais déjà informée ) tous des billets identiques, je n'ai rien appris;
    mais qd je me suis informée chez Christian Lehmann, j'ai appris plein de trucs....parce qu'il avait les connaissances et la culture du sujet.
    donc, réclamer un peu de connaissances et de culture, en matière d'"informations et de réflexion , ce n'est pas être élitiste, c'est réclamer son dû, puisque vous prétendez nous informer :))

  • Je ne vais guère laisser un "commentaire enrichissant", mais cet article est absolument réjouissant ! Belle analyse, claire, concise, pertinente, libre, bien troussée. Ce "plaisir" éprouvé en vous lisant m'en dit long, aussi, sur les blogs, leurs errances parfois, mais aussi leurs réussites. Bravo.

  • @ Anne

    Tu poses la question de l'expertise, qu'on tendance à rejeter dans le monde du Web 2.0 et qui pose quelques problèmes dans le monde journalistique.

    D'abord, je fais une nette différence entre un éditorial et une véritable analyse politique. Les éditoriaux sont des textes courts, qui n'apportent quasiment pas d'information et sont au mieux une opinion intéressante à verser au débat, au pire du "pêt-à-penser" plus qu'autre chose.

    L'analyse, sur un thème précis, ça demande bien autre chose : récolter des informations, les vérifier, les évaluer, les synthétiser en fonction des connaissances générales dont on dispose sur le sujet. C'est un travail d'expert, de spécialiste, qui demande du temps et un "background" important. Et un réel talent pédagogique si on veut la transmettre au gens qui ne sont pas spécialistes de ce sujet.

    Certains journalistes sont des experts, mais ils ne le sont pas tous et ils ne sont pas les seuls (professionnels, universitaires, etc., selon le domaine...). Certains blogueurs sont aussi des experts (voir la blogosphère des juristes, des économistes, etc.).

    La question de l'analyse, et de sa pertinence, revient donc à celle de l'expertise, et pas du fait que l'on soit journaliste ou pas.

    Quant aux éditorialistes, je ne suis pas persuadé que la connaissance pointue du microcosme politico-médiatique parisien qui est la leur, soit une expertise réellement utile pour réaliser des analyses pertinentes en matière politique... :-)

  • Je retiens plusieurs éléments.
    Partons du texte initial: la peur que les blogs inspirent aux journalistes.
    Ne repose-t-elle pas sur leur indigence, sur la médiocrité de certains, ceux qui sont incontournables, ceux qui sont liés au pouvoir, liés aux puissances économiques?
    Combien de journaux "libres" existe-t-il encore en France aujourd'hui?
    Qui ne soient liés ni au pouvoir, ni aux parti politiques, ni aux magnats de la finance?
    Ne doivent-ils pas baiser la main qui les paient?

    En tant que lectrice je me suis lassée de ces canards truffés de publicité, de renvois d'ascenseur, de pages entières de niaiseries sur une bande people ne présentant pas le moindre intérêt, de ragots, de Carlabruneries et d'analyses politiques insipides.
    Lassée de ne pas y trouver plus d'informations internationales, on fait dans le franco français "we are the nombril of the monde", lassée des choix littéraire, chaque année on prend les mêmes, on recommence et on se congratule, ou alors on s'attaque, par chapelles, on se chamaille, on s'envoie des piques...
    Et la réalité dans tout ça?
    Et les difficultés grandissantes que connaissent non seulement les français, mais l'ensemble des terriens?

    Si je ne me trompe pas (je l'espère) le journaliste qui s'aére la tête officie dans un hebdo prétendument de gauche que je n'achète certes pas mais que je le feuillette chez mes parents.
    Comment un canard qui rédige une page "femmes" (un truc du genre) proposant des babioles de marque valant des centaines d'euros, peut-il être crédible en se disant de gauche? (ce n'est qu'un exemple, mais je le trouve significatif)

    On aurait pu penser que cette "concurrence" venue des blogs allait permettre à la profession de se remettre en cause, de se poser des questions, de s'améliorer...
    Pas du tout, bien au contraire, on attaque, on persiffle, on se moque, on injurie!

    Quand je fais un cours et que mes élèves ne me suivent pas, ne m'écoutent pas, la première chose que je me dis est: Suis-je vraiment intéressante?
    et non "quelle bande de petits cons ils ne me méritent pas!"

    Alors sur les blogs, bien sûr, il y a de tout.
    Comme il y a des journalistes consciencieux, courageux et qui exercent dignement leur métier et d'autres qui se contentent d'avoir des relations mondaines, il y a des blogueurs capables d'écrire de bonnes analyses et d'autres non
    Il y aussi ceux qui traduisent des articles internationaux que sinon personne ne lirait

    @eric
    "Ce "service" n'existe dans aucun grand médias. Avant les blogs, il fallait payer pour avoir ça!"

    Contrairement à ce qui a été écrit plus haut, moi, la gratuité, j'aime.
    pour tout dire je la trouve révolutionnaire.
    C'est une façon extraordinaire de résister à "marchandisation" effrénée de l'information,à la "marchandisation" du monde, à la "marchandisation" des humains.

    Je ne crois plus que toute peine mérite salaire, je crois que tout travail mérite une reconnaissance, qui n'est pas nécessairement financière.

    Alors bien sûr, ils nous détestent, ils nous vilipendent et ils feront leur possible pour nous museler.

    Les blogs et une presse écrite de qualité devraient être complémentaires, se nourrissant mutuellement.
    Mais pour celà, il faudrait que la presse refuse les innombrables compromis qu'elle accorde aux pouvoirs financiers ou politiques.

    J'ai peur que nous en soyons loin!

  • @Anne :
    « quid de la culture politique, économique, financière, nationale et internationale acquise dans les écoles et les instituts divers et facultés, IEP and cie , enseignées au cours des cursus journalisme et medias , ou des spécialisations, qu'ils soient privés ou publics ?
    cette culture, que tout un chacun ne possède pas forcément, sur les tenants et les aboutissants des situations geopolitiques n'est-elle pas nécessaire pour appréhender les problèmes du monde ? »

    Je suis bien d'accord avec vous, mais de tels journalistes dans les journaux français j'en ai vu bien peu. On ne s'attache qu'au paraitre et pas à l'analyse de fond. Les vrais reportages coûtent trop cher, l'analyse ne rapporte pas, il faut être dans l'instantanée (sans doute à cause de la concurrence des journaux web).

  • Eric : Un blog comme celui de Maître Eolas, par exemple, apporte une somme d'informations, et la possibilité de poser des questions à un juriste gratuitement! Ce "service" n'existe dans aucun grand médias. Avant les blogs, il fallait payer pour avoir ça!

    Je ne suis pas d'accord (phrase clé qui permet de comprendre l'intérêt des blogues). Ce type de service existait déjà avant gratuitement. Usenet (qui date quand même de trente ans) est bien antérieur aux blogues. Je sais que sur des forums comme fr.sci.bio.medecine (sujet sensible) ou fr.soc.droit, il y a des évaluations du niveau d'expertise des intervenants. Et je ne parle pas des forums d'informaticiens où le conseil est gratuit, mais aussi évalué par les pairs. Les blogues n'ont rien inventé sur la Toile, mis à part le fait d'avoir un espace personnel d'où l'on peut bannir qui on veut. Mais la discussion en ligne avec un expert (ou prétendu tel) existe en français depuis quinze ans !

    Bien plus. Il a existé et il existe encore des consultations juridiques ou médicales gratuites dans le cadre d'associations de professionnels, on peut se rendre aussi dans une association de consommateurs, de défenseurs d'un certain droit, dans des syndicats, on vous y répondra poliment et on ne vous demandera pas d'acquitter une cotisation ou une obole. Que je sache les associations d'alphabétisation ou d'aide scolaire ne demandent non plus pas à chacun de verser une somme pour avoir droit au savoir. Mais encore faut-il les connaître ou les avoir près de chez soi ou être prêt à faire un effort sur ses horaires. Ce n'est pas évident si l'on est issu d'un milieu défavorisé, ou à la campagne, ou avec des horaires déroutants. La seule chose qui est apportée par les blogues ou les forums comparés à la IRL, c'est que c'est disponible partout et à toute heure, qu'on peut y revenir pour demander des précisions sur ce que l'on n'a pas compris ou pour relire les conseils. C'est le caractère asynchrone et universel qui fait l'originalité des blogues et d'Usenet, pas la gratuité qui existait déjà avant. Un trait de ces nouveaux types d'échange est de se calquer sur le modèle des SEL, sauf que l'on n'y dispose pas de crédits si l'on apprend à quelqu'un à poser du carrelage ou à faire des boutures, mais la notion d'échange et de redistribution existe (avec juste en plus des problèmes d'ego lorsque le blogueur se croit important). Eolas me fait réfléchir, mais il peut aussi bien considérer que ma question n'en est pas une ou que je me moque de lui, et puis je peux me trouver face à ses détracteurs ou ses trolleurs, ou je peux me dire qu'il est de mauvaise foi, et c'est là que vient un autre problème : il faut construire son jugement sans se référer automatiquement à une autorité déclarée (mes parents déclaraient que tel boulanger était le meilleur, tel boucher était impeccable, tel poissonnier avait toujours les produits les plus frais, jusqu'à ce qu'ils changent d'avis parce qu'on leur avait dit qu'il y avait mieux ailleurs et qu'ils trouvent alors tous les défauts possibles aux artisans précédents).

    On est trois dans la lecture : celui qui écrit, celui qui lit et puis celui qui va commenter cela du dehors. Or le tiers-membre de la lecture est celui qui va déranger les certitudes. C'est par exemple le blogueur pour le journaliste qui était confortablement installé dans sa relation unilatérale avec le lecteur.

  • en fait c'est tout simple..je crois que je suis épatée par votre foi à toute épreuve , c'est inhérent à la nature humaine, on croit pouvoir tout changer....j'ai plutot l'impression que les blogueurs ont un outil formidable en main, dont ils ne savent pas trop encore quoi faire, (je me répète) et ils se gourent s'ils veulent imiter les journalistes, chose qu'ils font, quoique vous en disiez tous.
    je suis aussi épatée par la foi de Céleste (coucou céleste ..) que je connais depuis longtemps et que j'admire par ailleurs, en tant que blogueuse ouverte sur le monde et auteure de très jolis textes.
    j'ai beau essayer, je fais des efforts, je reste dans le plus grand doute de croire que le net va nous changer la vie...
    cela me semble à vrai dire beau comme tout vos certitudes.

    , l'espérance en la gratuité par ex... Oui céleste, j'aimerai tant que la reconnaissance passe par autre chose que l'argent, mais vois tu, on ne m'enlèvera pas de l'idée qu'un homme ou une femme qui bosse, à qui on dirait, c'est super ce que tu as fait aujourd'hui, t'es génial(e), et à qui ont ne donnerait pas un euro, ou pas une reconnaissance par une augmentation de salaire pour récompenser sa compétence, eh bien ça générera pas de la colère et de l'indignation....la reconnaissance marchande c'est tout de même ce que l'immense majorité des français réclame et réclamera haut et fort dans les rues ! faut pas rêver.
    je me demande tjs comment faire pour payer le caddie et le loyer sans se faire payer son travail... celeste...dis moi ça !

    quand je lis cela ds le billet initial :
    "D'autres part, la perte d'avantages comparatifs est patente. Ce que fait une escouade de journalistes peut être bouclé par un nombre virtuellement illimité de blogueurs et pour un coût "quasi-nul"."
    ça m'évoque les arguments des gdes entreprises qui veulent delocaliser dans un pays à main d'oeuvre illimitée à cout zero, ou licencier pour meilleure rentabilité...pfffff...

    mais si le blogueur se contente de regarder son compteur de visite pour être satisfait, et ne réclame rien d'autre, eh bien c'est parfait, et merci pour nous.
    mais sait-on ce que pense la grande majorité des lecteurs silencieux ? il faudrait faire un audit...reclamer leur avis à ces taiseux
    voilà, fédérez vous , et faites un grand audit de lecteurs
    que lisez vous ? en tradi, sur le net, quels genres de blogs, qu'y puisez vous ? apprenez vous qq chose ? en redemandez vous ? voudriez vous y lire autre chose ? etc...
    parce que là nous n'avons qu'une vision du dossier (celle des blogueurs) et nous laissons de coté l'immense majorité des consommateurs.Ce ne sont pas les qq commentateurs habituels qui font l'opinion.



    narvic : en fait il faudrait savoir de qui on parle avant tout, effectivement
    je suis ok avec toi : il y a des très bons blogueurs spécialistes, et certains très bons généralistes (je lis "plume de presse" depuis sa création, j'aimais aussi dans le genre de rebelles salutaires 'soumission sociale' qui a fermé)
    la question reste entière cependant : lire des blogs quotidiennement suffit il à être informé sur le monde ? NON !
    sur la politique intérieure ? très partiellement oui sur un ou deux sujets , sinon globalement non.

    tu as raison narvic, un blogueur est plutot généralement un éditorialiste ou un bloc notiste finalement (mis à part les juristes, etc...)

    le blog d'eric est un blog de questionnements à mon sens, j'aime bcp, et j'avoue ne pas comprendre comment ni pourquoi il peut gêner ou mécontenter un journaliste

  • @Narvic,

    Finalement ta conclusion ne me convainc pas totalement:

    "En conclusion : le journaliste-éditorialiste est mort, on ne le regrette pas. Le journaliste qui va chercher l'information sur le terrain et la vérifie reste indispensable, mais il faut trouver un moyen de payer son travail (sur le net, c'est loin d'être le cas). Le journaliste qui traite l'info et la hiérarchise reste très utile, même s'il n'est plus seul en lice sur ce terrain, et là personne ne se préoccupe trop de cette question en ce moment : tout le monde semble avoir admis de laisser ce travail décisif à des machines imparfaites et à une "sagesse des foules" qui ne l'est pas moins."

    L'éditorialiste n'est pas mort! (na!) A condition qu'il soit vraiment fort. Un Alain Duhamel (quoi qu'on en dise) garde toute sa valeur, à cause de sa culture, de sa connaissance sur le long terme de la politique.
    Mais si un blogueur de 50 ans peut me mettre l'époque actuelle en perspective historique, je veux bien; il sera meilleur que Duhamel (car il répondra aux commentaires)

    Les Digg like: pourquoi pas? Je reste sceptique.


    @Anne,

    La satisfaction du blogueur, elle ne réside pas dans le fait de contempler son compteur de visites (même si ça fait partie du plaisir narcissique!), elle réside plutôt dans le plaisir d'échanger, et d'apprendre des choses.
    C'est une façon de poursuivre une réflexion, une discussion qu'on pourrait mener en face à face. Mais, concrètement, ce serait impossible de réunir tout ce monde en peu de temps: donc, vive les conversations asynchrones!

  • @Dominique,

    Oui, c'est vrai, on peut trouver des infos "gratuites", des conseils, dans les structures que tu mentionne. ("Il a existé et il existe encore des consultations juridiques ou médicales gratuites dans le cadre d'associations de professionnels, on peut se rendre aussi dans une association de consommateurs, de défenseurs d'un certain droit, dans des syndicats, on vous y répondra poliment et on ne vous demandera pas d'acquitter une cotisation ou une obole".)
    Et j'en parlerais peut-être: ça me donne une idée de billet, tiens!

    Le SEL également, une idée à creuser. Plus généralement, l'anti utilitarisme (et pourquoi pas, le "cybercommunisme")...

  • @Anne: « La reconnaissance marchande c'est tout de même ce que l'immense majorité des français réclame et réclamera haut et fort dans les rues ! faut pas rêver. »

    Je t'invite à t'intéresser aux méthodes de fonctionnement du logiciel libre. Les motivations pour donner le fruit de son travail gratuitement sont nombreuses.

  • La question posée par Anne sur la compétence des journalistes ou de ceux qui écrivent, produisent de l'info, est essentielle. Ce qui nous interesse, nous les lecteurs, ce n'est pas le niveau de savoir de ces rédacteurs mais la capacité que leur savoir leur donne pour interroger l'information qu'il reçoive et l'analyser comme il faut, la mettre en perspective.

    Eolas ne produit pas de l'information, il produit du juridique comme tous les juristes savent le faire. Si on veut se pencher sur ces questions, le blog de Philippe Bilger est beaucoup plus intéressant.

    Le blog de Grébert est excellent car il parle de Puteaux qu'il connait bien. Le blog de Versac et celui de Koz sont chiants car ils parlent de tout sans rien connaitre au fond - enfin je suis vache là !

    Je dis cela car la place de l'info dans notre monde actuel, quelle est elle au juste ?

  • Les journalistes ne devraient pas avoir peur des blogueurs

    Le journaliste cherche, décrypte, traite et VERIFIE l'information. Le journalisme est un métier, avec un apprentissage, une corporation et une DEONTOLOGIE.

    Le blogueur, c'est un semi-anonyme qui donne son avis sur son blog. La polémique vient du fait que certain blogueurs sont extrêmement talentueux et très professionnels.
    Ils concurrencent donc le journaliste sur son terrain.
    Malheureusement, les blogs, c'est aussi beaucoup de simple relai d'informations pas forcément vérifiées. J'en ai même vu certains qui font de la désinformation pour diverses raisons (leur intérêts personnels, professionnels, ...).

    Je trouve la différence tellement énorme que je ne vois pas pourquoi les gens font l'amalgame. Cette polémique est un peu stérile non ?

  • @very,

    Je suis absolument d'accord avec toi.

    Mais il n'a jamais été question de comparer blogueurs et journalistes! Relis le billet de Vogelsong, ça n'est pas du tout ce qu'il dit.

    Il fait état d'un désarrois journalistique, d'une crainte devant ce peuple des blogueurs...


    @Didier,

    Un des points communs entre blogueurs et journalistes c'est qu'on ne critique jamais les collègues!

  • @anne
    nous sommes prisonniers d'une logique marchande, qui correspond au type de société dans laquelle nous vivons.

    force est de constater que cette logique, poussée à l'extrême, fait le bonheur d'une poignée d'individus et le malheur d'une infinité d'autres.
    il est bien évident qu'il serait impossible, inimaginable et criminel de dire demain à tous les travailleurs: maintenant vous bossez à l'œil!

    mais cela n'empêche pas, étant donné que le navire néolibéral est en train de s'enfoncer dans des flots glacés et mortifères, d'envisager pour le futur d'autres types de sociétés.
    plus exactement il faut créer, inventer des modes de fonctionnement différents.
    lire André Gorz, Raoul Vaneigem...etc
    réfléchir, ne pas se laisser écraser comme de la vermine

    @bob
    je voulais justement parler des logiciels libres, c'est un très bon exemple.

    de gré ou de force nous allons devoir réduire notre consommation et changer nos habitudes de vie, pourquoi ne pas y penser dès maintenant?
    explorer d'autres modes de vie, penser à la solidarité, à l'entraide.

    dans mon enfance à la campagne l'entraide était courante, normale, pour les moissons par exemple, on allait moissonner chez les autres qui ensuite venaient moissonner chez soi
    idem pour les vendanges ou pour tuer le cochon
    il y avait une communauté villageoise vivante, dynamique. (je n'idéalise pas elle n'était pour autant parfaite, mais elle était huamine)

    il ne s'agit pas de revenir aux durs temps où les femmes lavaient le linge dans l'eau glacée du lavoir, mais de combiner la technologie dont le premier but devrait être de soulager l'homme des travaux pénibles (plus la médecine..etc) et une forme de vie plus collective.

  • oups!
    désolée Eric, mon dernier com est complètement hors sujet

  • @Céleste,

    Mais pas du tout!

    Peut-être que cette discussion a permis de faire émerger cette distinction entre blogueur et journaliste: la question économique.

    Le blogueur est près à s'investir dans une activité qui ne sera pas rémunérée (dans la majorité des cas).

    Cette aspiration à une activité (André Gorz parlait de multiactivité) que l'on développe parce qu'elle nous intéresse vraiment, est une aspiration importante dans les société "post industrielles". Le blog ne fait que mettre en évidence cette aspiration, mais celle-ci se concrétise dans plein d'activités (associatif, temps pour la famille, le politique, etc)

  • Vogelsong, tu te trompes. Eric le Boucher n'est pas sarkozyste malgré le ton très libéralo-thatchérien de ses éditos dans le Monde. Il est de gauche et est l'un des piliers des Gracques, un think thank socialiste.

    Et lorsque j'ai vu le Boucher faire parti des Gracques, j'ai eu un haut le coeur violent et je me suis demandé ce que je foutais dans une réunion des Gracques ;)

  • Très bon article.
    Je continue de penser qu'accepter la gratuité, c'est accepter un type de société particulière sans en débattre.
    Si tout est financé par la publicité, ce sont les industriels qui ont le pouvoir !
    :-)

  • Fil,

    C'est déjà le cas avec la Dépêche en ligne, regarde ils engrangent des revenus colossaux avec Google adsense et les pubs, ils utilisent les mêmes outils que les blogueurs :
    http://christophecavailles.net/2008/05/15/la-dialectique-marketing-de-notoriete-marketing-de-trafic/
    et tu les retrouves sur Wikio Actualité avec d'autres médias qui coupent l'herbe sous les pieds des blogueurs pour paraître en "Une" sur tous les agrégateurs...

    Tant que les médias adopteront cette attitude, les blogueurs dénonceront. L'opposition journalistique est là, pour leur rappeler leur travail.En ce moment ils faut lire les médias libres et alternatifs car c'est dans ces sites qu'on arrive à trouver des infos plus poussées, je pense à Rézo, Betapolitique et cie où les sujets sont mieux traités.Il y a certes une crise dans le journalisme, mais n'est ce pas le retour du boomerang ?
    Ils ont passé l'année 2007 à faire du buzz sur la moindre connerie sur la vie privée des élus et candidats aux présidentielles, à nous servir une soupe infecte quotidienne et ne parlons même pas de la tivou, sauf des magazines spécialisés en fin de soirée.

    Ce sont eux qui ont contribué à l'élection de NS, à l'éviction de l'extrême gauche et de certains partis du paysage politique ils l'ont bien servi et aujourd'hui ils voudraient une part du gateau ?Faites moi rire !
    "Quand on s'abaisse à autant de niaiseries, on récolte que ce que l'on sème" : a contrario, nous blogueurs avons pu traiter l'information autrement durant toute la campagne quand toutes les rédactions avaient été muselées par les grands manitous, on s'est bien marrés et maintenant il faudrait nous faire taire ?

    Il fallait nous faire taire durant la campagne présidentielle, quand les grands s'offusquaient de la bravitude ou de détails insignifiants montant en épingle les vies mondaines dont tout le monde se fiche, et certains blogueurs au contraire ont dénoncé des projets de texte passés en douce qu'aucun journaliste n'a relevé :

    La cacophonie de la flamme olympique qu'il fallait couvrir pendant 1 semaine, alors qu'à côté de celà l'UMP avait adopté en première séance le projet de loi des OGM, c'était scandaleux, quel journaliste a relevé l'info à ce moment là ? Les petits qui n'avaient pas de pouvoir sur l'info. Perso, je l'ai découverte sur le blog de l'excellent Maëster : pour vous dire !

    Chacun sa place, chacun son métier, au journaliste de traiter l'information, au blogueur de critiquer, de s'opposer, sources à l'appui.Si les blogueurs arrivent à faire de l'information, c'est qu'il ya une faille dans le système et que le journalisme peut se réformer rapidement !

  • Si le confort doré de bien des journalistes est remis en cause par une poignée de blogueurs, c'est mérité : devant tant de médiocrité, le lecteur finit par écrire lui-même, avec ou sans salaire. Et il est lu, lui !

  • Que d'agressivité ! Belle idée d'opposer journalistes (dont l'immense majorité n'est pas très riche...) et blogueurs.
    Moi j'aime bien journaux et blogs, journalistes et blogueurs. Incidemment, les journalistes sont loin d'avoir le monopole de l'arrogance ! Je connais certains blogueurs qui se prennent vraiment pour leur photo et sont d'une grande prétention! On ne citera personne.
    Ce qui compte, c'est la richesse du contenu, qu'il soit sur un blog ou dans un journal, papier ou print... On parle trop de support et pas assez de contenus. Ainsi, on devrait plutôt se féliciter de disposer de toutes ces nouvelles sources d'information. C'est génial ! Après, si certains blogs commencent à avoir de la pub, ce qui est d'ailleurs le cas du mien (j'ai même créé ma boite), tant mieux! Cela veut d'abord dire qu'ils ont des lecteurs et qu'ils se professionnalisent. Ce n'est tout de même pas un crime de vouloir vivre de sa passion.

  • @Daily9eme,

    Merci de ton commentaire et de tes critiques.

    Globalement, je suis d'accord avec toi. Se contenter de critiquer les journalistes est insuffisant. Mais, je pense que je ne me limite pas à ça.

    Vogelsong, l'auteur de l'article, non plus.

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