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"It's a free world": le libéralisme n'est pas un humanisme

d33989d829df844722b066ab77d1e6f6.jpgIt's free world, de Ken Loach est un excellent film. C'est l'histoire d'une jeune femme qui devient exploiteuse un peu malgré elle. 

À Londres, Angie, une belle blonde d'une trentaine d'années décide de monter sa propre boîte après s'être fait licencier d'une entreprise de recrutement. Dans l'arrière-cour d'un pub, elle organise le recrutement de travailleurs sans papiers, pour la plupart des immigrants venus d'Europe de l'Est en situation très précaire.

Au départ victime du système, la jeune mère-célibataire devient bourreau et passe, poussée par la nécessité, dans le camp des exploiteurs. Ken Loach dépeint avec précision le monde des travailleurs clandestins ukrainiens, polonais, irakiens ou afghans qui chaque matin frappent à la porte des agences d'intérim dans l'espoir d'embauches pour la journée. (Marianne)

Libéralisme et immigration. Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est ce lien entre libéralisme et immigration. Ou, plutôt, exploitation de l'immigré. On peut même se demander si tout le système libéral ne tient pas grâce à ces mouvements de population. Dans le film, des immigré d'Europe de l'Est viennent se faire exploiter en Grande-Bretagne. On sait aussi que le développement économique de la Chine est boosté par une migration interne: des paysans font des centaines de kilomètres pour aller trouver du travail dans d'autres régions de la Chine.

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Paris Hilton chez les précaires. Il n'est pas anecdotique non plus que l'héroïne soit une jolie blonde. Une sorte de Paris Hilton. La situation des femmes est particulière. D'un côté, cette jolie fille joue de son physique comme d'un appât. Femme conquérante, entreprenante, c'est une manipulatrice sans vergogne.

Mais, d'un autre côté, les femmes sont plus soumises à la précarité. Virée de son entreprise après avoir subi un harcèlement, elle est sans cesse fragilisée. elle est culpabilisée parce qu'elle ne peut jouer son rôle de mère. Elle est, plus tard, agressée physiquement par un immigré qu'elle a floué.

Au final, ce qui se déploie dans ce film, c'est un libéralisme débridé. Un libéralisme qui s'affranchit des lois. Employer des immigré clandestins se révèle extrêmement juteux. Une définition du libéralisme (it's a free world) se formule en filigrane: "le libéralisme n'a pas de limite, tu peux faire ce que tu veux, exploiter qui tu veux, car l'exploité lui-même est libre, personne ne le force à accepter le salaire que tu lui octroies".

Le libéralisme, une doctrine bien peu humaniste...

photo: Allociné

Commentaires

  • oui c'est un miroir bien triste en somme...ce qui me désole le plus c'est que les femmes, que l'on espérait finalement différentes des hommes, qui portaient en elles une certaine espérance , dès qu'elles s'approchent du pouvoir prennent les mêmes sales manies et se conforment à ce libéralisme forcené

  • @zigzag : parce que les opprimés sont les plus grands oppresseurs, c'est l'effet boomerang. Il faut du temps pour trouver un équilibre

    @éric : je vais aller voir ça^^

  • salut,
    belle manière polémique de lancer le débat. Mais quand tu écris "Un libéralisme qui s'affranchit des lois." tu décris des actes qui sont à l'opposé du libéralisme. Le libéralisme est un courant de pensée, une philosophie qui justement place au coeur de sa réflexion le respect du Droit. Le libéralisme qui s'affranchit des lois n'est pas le libéralisme, donc, mais plutôt une forme de liberté à outrance, qui ne fait plus attention à ne pas empiéter sur le droit des autres.
    Assimiler le libéralisme à une sorte "laissez-faire" absolu et donc destructeur de lien social, c'est simplement ne pas savoir ce qu'est le libéralisme.
    Il y a d'autres axes pour discuter du bien fondé du libéralisme, mais celui-là est relativement faible. Attaquer une "doctrine" pour des actes qu'elle réprouve et qu'elle condamne n'est pas très efficace, ni juste.
    Le libéralisme est un humanisme. L'esclavage, non.
    Ken Loach, dans son élan partisan, devrait peut-être réfléchir un peu avant de porter des charges à côté de la plaque...

  • votre comentaire me donne envie de voir le film mais aussi de répondre à votre critique du libéralisme.
    si l'on regrade du point de vue de l'immigré/e, l'humanisme se trouve bien chez les libéraux. n'oubliez pas qu'un sans-papier est "sans-papiers" parce qu'un Etat en a décidé ainsi (un Etat ou les gens qui ont eu la chance d'être nés sur son territoire et qui eux, décident de ne pas bouger pour amliorer leur vie). Le libéralisme est la doctrine la plus favorable à l'immigration. Certes, une liberté sans limites, sans règles permet l'exploitation. Mais pour le sans-papier en question, pouvoir travailler, même dans des conditions désavantageuses est mieux que de ne pas travailler du tout. Un libéral cohérent est favorable à la mobilité sociale et permet à quiconque d'améliorer sa position sociale quelque soit son lieu de naissance. Un libéral cohérent est donc celui qui accepte qu'un national soit déclassé par un étranger et l'inverse.
    Pour une revue des réponses que les différentes théories politiques donnent à l'immigration, voir Barry et Goodin "Free Movement" http://www.amazon.com/Free-Movement-Ethical-Transnational-Migration/dp/0271008873/ref=sr_1_6?ie=UTF8&s=books&qid=1199801530&sr=8-6
    ou en français, le numéro 27 des Raisons politiques
    http://www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2007-2.htm

  • @ lomig /
    "Le libéralisme est un courant de pensée, une philosophie qui justement place au coeur de sa réflexion le respect du Droit." soit..., mais si on a légiféré dans des instances libérales...ou si l'on fait en sorte que les lois favorisent le libéralisme à outrance...ça me fait rire jaune

    vos arguments ne manquent pas de sens, tout comme ceux de Migrou, mais peuvent justifier tous les exces de cette politique

    dire que faire bosser des sans -papier, meme dans des conditions desastreuses est mieux que de ne pas travailler du tout... ouvre la porte à tous les abus qui seront alors courronnés de laurier humanistes.. sous le seul pretexte qu'u,n homme est malgré tout nourri et que c'est mieux que rien .

    j'appelle cela de l'esclavage moderne
    et on peut alors justifier tout et n'importe quoi

  • @Lomig :
    On en a déjà parlé sous mon billet et sous le tien, mais justement, nous vivons à une époque où on laisse faire ce genre de chose. On ne lutte pas contre le travail au nor et contre le travail des immigrés clandestins. On ne lutte donc pas contre leur exploitation, pourquoi? Parce que comme le rappelle un des personnages du film, ça arrange les patrons et l'Etat.
    je suis d'accord avec toi : totu cela n'ets aps du libéralisme, mais c'ets le résultat de la mondialisation libérale. Et le problème, c'est bien que les libéraux applaudissent à ce système qui pourtant est aux antipodes de ce que leur doctrine suggère.

    @Eric
    c'est drôle, on a fait peu ou prou la même analyse. Plut^to prou que peu, d'ailleurs ;)

  • Pas lu les commentaires :
    Ça me fait penser à ce que dit Roger Waters sur le DVD du Making Off de "Dark side of the moon" (très intéressant !). Il raconte qu'après ce mega succès planétaire (pendant 14 ans parmi les 50 meilleures ventes mondiales !) et les sommes faramineuses qu'il y a gagné, il s'est trouvé confronté à un choix : démontrer qu'il était vraiment de gauche ou devenir un sale capitaliste.
    Comme quoi, c'est surtout la conscience qui devrait faire son travail ! :-)

  • Pour moi, le libéralisme est une belle philosophie utopiste.
    Si on libère effectivement les richesses et qu'on lève tous les barrages qui s'oppose à leur circulation, il n'y a plus de loi possible.
    Chaque loi est un obstacle à la Grande Liberté ! :-)
    L'ultra-libéralisme, c'est la capitalisme, moins la morale…

  • @ le chafouin : cites moi un libéral qui applaudit le travail des immigrés clandestins, ou l'exploitation de certains pas d'autres ! Un libéral commence par respecter la liberté individuel, et par combattre toute forme de contrainte entre les individus, ou les groupes d'individus. Forcer quelqu'un à faire quelque chose est anti-libéral. Je doute donc que tu puisses trouver un exemple pour répondre à ma question.
    Par ailleurs, il est bon de rappeler, comme le faisait JF Revel, que "c’est Frédéric Bastiat, cet économiste de génie que l’on qualifierait aujourd’hui d’ultralibéral forcené ou effréné, c’est lui qui, en 1849, député à l’Assemblée législative intervint, le premier dans notre histoire, pour énoncer et demander que l’on reconnaisse le principe du droit de grève." Les libéraux ont par ailleurs été les seuls pendant longtemps à dénoncer le colonialisme comme une atteinte aux droits des populations.
    je crois qu'il faudrait que la gauche arrête de systématiquement attribuer tout ce qui ne lui plait pas à du "libéralisme"...ça lui permettrait peut-être de refonder son socle de valeur de manière plus claire et lisible. Etre anti-libéral, c'est avant tout (voir définition du dictionnaire) être contre la liberté.
    à bientôt !

  • M. Poireau a raison. Le libéralisme est une belle utopie, qui me plait et à laquelle j'ai plutot tendance à adhérer. A l'utopie, pas à l'application mise sur film par Ken Loach.
    Le Communisme aussi était une belle utopie, à laquelle je reste moins sensible mais l'idée était belle. Mise en lambeau par une application sur le réel dans les pays de l'Est dramatique...

    Le problème me parait etre là. Lomig a raison quand il dit que le vrai libéral combat viscéralement l'immigration clandestine et l'exploitation (humiliation) de l'être humain. C'est vrai, mais la réalité est autre... Parce que la course au profit de la part de personne se moquant de l'être humain fait, entre autre, que...
    Et je n'ai jamais considéré que l'actionnaire à la retraite qui ne produit aucune richesse mais s'enrichit sur le dos de ceux qui bossent, ce n'est pas du libéralisme, mais une dégénérescence du systeme. Je me trompe peut être...

    Le film de Ken Loach, c'est ça. Une tumeur maligne d'un systeme qui aura vite dégénéré. Comme d'autre avant. C'est dommage. C'est triste.

    Bonne journée

  • @ Falconhill : juste une précision...la pensée libérale condamne les interdictions de librement circuler des personnes. C'est à dire qu'elle prône une immigration totalement libre, mais fondée sur le respect de la propriété individuelle. Celui qui veut venir en France, en gros, est libre de le faire mais il ne doit pas venir empiéter sur la propriété d'autrui : payer lui-même son logement, et respecter le droit français. ça implique donc d'avoir un boulot.
    à bientôt !

  • @lomig
    Mais on est d'accord sur le libéralisme, on en a déjà parlé... N'empêche que lorsque l'on parle, eric ou moi, de ce film, tu montes sur tes grands-chevaux et tu essaies de défendre l'idée de libéralisme.
    Dans mon esprit, il s'agissait surtout de dire que le travail clandestin est une dérive étroitement liée à la mondialisatoin qui justement est tout sauf libérale! C'est pour ça qu'on parle souvent de néolibéralisme.

  • @ le chafouin : je n'ai pas de chevaux, et je ne sais pas monter... ;)
    Sérieusement, ça me fatigue d'entendre tout le monde critiquer le libéralisme et ses soit-disant excès, alors que les choses montrées en exemple ne sont PAS des excès de libéralisme, mais des contraintes individuelles ou collectives qui vont à l'encontre du libéralisme. Si on veut se battre contre quelque chose, il est important de bien le définir. Ceux qui critiquent le travail au noir, l'exploitation d'êtres humains se trompent de cible s'ils en rendent responsable le libéralisme, ou le néolibéralisme. ça n'a rien à voir.
    J'aimerais qu'on définisse les choses proprement : qu'est ce que le néolibéralisme ?

  • Tiens, ça me plait bien le truc du Chaffouin : et si libéralisme et néolibéralisme, c'était pas la même chose ? un peu comme communisme et soviétisme, c'est pas tout à fait le même truc...

    Mmmm, j'y réfléchirai durant la sieste ^___~ Bonne aprésmidi

  • Oui, il est possible que le libéralisme ne soit pas en cause!

    Mais ce qui est vrai, c'est que le film de KL montre des agissements que l'on rencontre régulièrement. En gros, nous avons affaire à des acteurs libres. Mais les uns sont puissants et bien informé tandis que les autres sont faibles et manquent d'information. Il en ressort que les premiers sont libres et les autres beaucoup moins.

    Après, il est possible que cela ne corresponde pas à la doctrine libérale! Mais ce qui compte, c'est ce qui se passe vraiment, pas ce qui se passerait si personne ne trichait.

  • Exactement... Il se trouve que dans le système dans lequel on vit, et qui est communément appelé "mondialisation néolibérale", on emmerde les pêcheurs quand ils pêchent une sardine de trop, alors qu'on laisse manifestement faire ceux qui e servent des immigrés clandestins comme main d'oeuvre pratique et pas chère.

  • "Mais ce qui compte, c'est ce qui se passe vraiment, pas ce qui se passerait si personne ne trichait." --> Tutafé. La phrase qui résumé bien mon état d'esprit fatigué de la soirée.

    Chic discussion sur le sujet. Bonne soirée

  • L'article me donne envie de voir le film.
    Mais il fait tout de même préciser que les travailleurs polonais, contrairement aux autres nations citées, ne sont pas clandestins en Angleterre et peuvent travailler en toute legalité. Ce qui fait que leur situation est beaucoup moins précaire.

  • C'est dit également dans le film!

  • C'est dit également dans le film!

  • C'est dit également dans le film!

  • @ Eric :
    je te cite :
    "Après, il est possible que cela ne corresponde pas à la doctrine libérale! Mais ce qui compte, c'est ce qui se passe vraiment, pas ce qui se passerait si personne ne trichait."
    Bien sûr que ce qui compte c'est ce qui se passe vraiment...! Mais qui a dit que nous sommes aujourd'hui dans un système répondant aux principes libéraux ? Ce n'est pas le cas, et c'est pour cette raison qu'il est abusif de mettre sur le dos de ces principes universels et humanistes des résultats et des faits qui sont en désaccord avec ces principes...
    à bientôt !

  • Plutôt que de dire "libéralisme" pour illustrer une nette tendance à la déréglementation dans les domaines du travail et du social, j'emploie plutôt l'expression "néo-libéralisme"...

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