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Le Sénat analyse la crise de la presse quotidienne (1)

Crise dans les médias! Un rapport du Sénat s'est penché sur le sujet. Son titre est clair: "Presse quotidienne d'information : chronique d'une mort annoncée ?" (4 octobre 2007)

La première partie cible les responsables de la crise. Je ferai un focus sur les journalistes, à la fois victime et responsables parmi d'autres de la crise.

Dans un prochain article j'exposerai les solutions préconisées.

"La presse quotidienne est en crise ! L'information paraît tellement banale qu'elle ne provoque plus que regards fatigués et sourires entendus. Inlassablement répété par une partie des représentants du secteur pour attirer à bon compte l'attention des pouvoirs publics sur le déclin d'un média nécessaire au bon fonctionnement de notre régime démocratique, le message semble avoir perdu sa force mobilisatrice." Ainsi débute le rapport.

Voici la liste les responsables de la crise:

 

1. Les nouveaux concurrents

 _ les journaux gratuits

 _ Internet 

 

2. Les responsabilités syndicales

Le Syndicat du livre est pointé du doigt. C'est le passage le plus touffu du rapport. Cela ne présagerait-il pas une attaque prochaine du gouvernement contre ce syndicat? A mon avis, ça y ressemble. Pas étonnant si la CGT dénonce des arguments réactionnaires.

 

3. Les éditeurs

Si j'ai bien compris, ce sont les patrons de presse. Leurs défauts sont nombreux. Manque de discernement en matière de diffusion, manque de courage en matière éditoriale et obsession du court terme. Oui, pour le manque de courage, on voit à quoi ils font référence: les couvertures du Point et de Paris Match. Entre autres.

 

4. Responsabilité des pouvoirs publics

Le "régime économique de la presse" est soupçonné d'accompagner la presse dans la crise au lieu de l'en sortir

 

5. Responsabilité des journalistes

"Le poids des « affaires », celui des pressions, une certaine perte de crédibilité et des conditions de travail dégradées contribuent au désarroi d'une profession censée s'astreindre à une éthique rigoureuse, distinguer entre les faits et leur interprétation et respecter des procédures d'enquêtes précises."

Précarité: 20% de pigistes. Le rapport parle de précarisation qui "se traduit également par l'augmentation du recours aux pigistes. Extérieurs à l'entreprise, ils sont plus facilement corvéables et n'ont pas leur mot à dire sur le contenu, le choix et l'angle des papiers qui leur sont commandés. Sur les 37 000 journalistes en activité dans notre pays, leur proportion est passée en trente ans d'un dixième à un cinquième de l'effectif global".

Indépendance menacée. Les atteintes à l'indépandance sont aussi pointées. "On peut notamment citer à ce titre la censure, dont a été victime, le 12 mai dernier, la rédaction du Journal du dimanche à la demande même du président-directeur général du groupe ou la démission demandée et obtenue d'Alain Genestar, « débarqué » de la direction de la rédaction de Paris Match."

Perte de crédibilité. "En France comme à l'étranger, des désastres médiatiques tels que le traitement des affaires Patrice Alègre, du bagagiste d'Orly, des « pédophiles » d'Outreau ont porté un sérieux coup à la crédibilité d'un média papier censé éviter les errements des médias plus « chauds » que sont la télévision ou la radio. M. Jean-Luc Martin Lagardette a confirmé cette impression devant les membres du groupe de travail : « Globalement, les résultats de cette crise du journalisme sont une information trop rapide, trop superficielle, souvent partielle, partiale même, assez conformiste et qui laisse les citoyens sur leur faim. »"

Selon M. Ignacio Ramonet (Monde diplo, 2005) : « au lieu de constituer le dernier rempart contre cette dérive due aussi à la rapidité et à l'immédiateté, de nombreux quotidiens de presse écrite ont failli à leur mission et contribué parfois, au nom d'une conception paresseuse ou policière du journalisme d'investigation, à discréditer ce qu'on appelait jadis le « quatrième pouvoir » »

Quelle formation? Cette faillite des journalistes conduit à s'interroger sur leur formation. En effet, comme celui de psychanalyste, le métier de journaliste ne requiert aucun diplôme particulier. Seul un journaliste en activité sur cinq sort d'ailleurs d'une école labellisée par la Commission nationale paritaire de l'emploi des journalistes !

Certes, on peut reprocher à ces écoles de fournir des professionnels formatés qui auront du mal à rendre compte d'une société en perpétuel mouvement. Mais dans un secteur ou, quelle que soit la gravité de l'erreur ou de l'approximation, le soupçon de l'incompétence alimente la crise de confiance, le passage par ces établissements reconnus constitue la meilleure garantie d'un niveau de connaissances homogène et minimum.

Commentaires

  • Il y a une école de journalisme dans mon quartier (rue St Georges) et c'est bien interessant de parler avec les élèves et aussi les "responsables".

    Notons que la crise frappe les quoditiens, pas les magazines.

    Pour les "responsables", le motif principal de la crise de la presse quotidinenne est son prix : 1.30€ Le Monde, 1.20 les autres, les journaux sont trop chers. Je partage cet avis en constatant aussi que ces "responsables" ne voient pas plus loin que cette question, alpha et oméga du problème selon eux, le reste serait accessoire !

    Les élèves sont un peu dans les nuages ! Ils ne savent rien, je veux dire que leur niveau de connaissance des choses est très faible, donc comment être un bon journaliste dans ces conditions ? J'arrête mes considérations de vieux ronchon !

    Mais au fait est ce que tout simplement ce ne serait pas parce que les français ne savent ce que c'est que la Démocratie ou qu'ils s'en foutent de cette Démocratie que la presse a des problèmes ? Ah pardon, je recommence à râler !

  • @Didier,

    "Mais au fait est ce que tout simplement ce ne serait pas parce que les français ne savent ce que c'est que la Démocratie ou qu'ils s'en foutent de cette Démocratie que la presse a des problèmes ? Ah pardon, je recommence à râler !"

    Oui, exactement, tu fais bien de poser la question. Puisque le statut de la presse était défini dans des termes précis, en 1946.
    On se souvient que pendant la guerre (et avant) la presse était majoritairement vendue au patronat. (Notamment Le Temps, qui est devenu le Monde après la guerre).
    Et, petit à petit, le statut de la presse s'est détricoté...
    Ca a un rapport, évidemment, avec la modification (la décadence?) de notre démocratie (devenue aujourd'hui démocratie d'opinion)...

  • Eric,

    "la presse était majoritairement vendue au patronat. "

    Pourquoi emploies-lu le passé ?

  • @Nicolas J.,

    Oui, il y a sans doute eu une parenthèse qui est en train de se refermer.

    Mais il ne faut pas regarder les choses de façon trop manichéène. Un patron de presse comme Robert Hersant était avide de pouvoir. Et pourtant ses rédactions étaient, à ce que j'en sais, plus indépendantes que les rédactions de bien des journaux actuels...

  • intéressant d'avoir mentionné ce rapport, je vais mettre ça dans mes brèves

Les commentaires sont fermés.