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Le Sénat analyse la crise de la presse quotidienne (2)

Suite de ce billet sur le rapport sénatorial sur la presse quotidienne. Le titre est : "Presse quotidienne d'information : chronique d'une mort annoncée ?"

Analysons les solutions proposées par les auteurs du rapport. Certaines solutions sont qualifiées de "réactionnaires" par la CGT. Le but de ce rapport serait-il de préparer des mesures anti sociales?

Le rapport propose cinq types de mesures

A. Rencontrer le lecteur

Je traduirais ça par "modifer le système de distribution". Le passage est très complexe.

 B. Séduire le lecteur

"La commission suggère la création d'un « Médiamétrie » de la presse, société indépendante destinée à assurer la mesure scientifique d'audience des différents titres et la mise au point d'instruments d'étude performants".

A mon avis, c'est une mauvaise idée. Créer encore un dispositif qui va devenir aussi utile que le CSA, par exemple?

Autre remarque: "Les personnalités entendues par le groupe de travail ont sur ce point permis de cerner les principaux reproches faits à une presse quotidienne hexagonale qui confond trop souvent qualité avec élitisme, catastrophisme, partialité voire impersonnalité."

Les membres de la commission doivent trop lire le Figaro: on n'y trouve que des bonnes nouvelles... sur le gouvernement.

C. Sensibiliser les jeunes

Voilà une bonne idée. Essentielle. Les jeunes français lisent peu la presse.

Les rapporteurs conseillent de qarantir le libre accès des quotidiens dans les collèges, de financer un abonnement pour chaque élève entrant en seconde et d'installer des points de vente dans les lycées.

Va pour le premier point. Le deuxième me semble étatiste, limite soviétique et letroisième trop libéral (c'est sans doute la limite de ce genre de rapport: c'est un catalogue de mesure sans unité)

D. Favoriser l'entrée des quotidiens dans l'univers numérique

Les sénateurs conseillent d'augmenter la concentration de la presse nationale. Vous avez bien lu! C'est une des conclusions d'un rapport autre rapport, de l'institut Montaigne. Quand on parlait de proposition réactionnaires.

La suivante l'est tout autant:

"La commission fait sienne la proposition de M. Marc Tessier (PDF 117 pages)  consistant à laisser à l'éditeur, pendant un laps de temps limité, toute liberté pour organiser l'exploitation multi support d'un même article. Cela me semble être une atteinte au droit d'auteur..."

E. Conforter le statut des journalistes

Ces propositions vont dans le bon sens.

 "La première repose sur l'intégration des chartes d'éthique et de déontologie des journalistes au sein des textes régissant la profession et notamment de la convention collective nationale de travail des journalistes."

Enfin, le rapport propose de mieux protéger les sources du journaliste. "Il convient ainsi de préciser qu'il ne pourra être porté atteinte au droit des journalistes à la protection de leurs sources d'information qu'à titre exceptionnel et lorsque la nature de l'infraction, sa particulière gravité, le justifient. Il paraît également nécessaire d'étendre au domicile des journalistes les règles spécifiques applicables aux perquisitions effectuées dans une entreprise de presse, protégeant ainsi le travail des nombreux journalistes indépendants et free-lance."

Commentaires

  • "Je traduirais ça par "modifer le système de distribution". Le passage est très complexe."

    Tu nous le résumeras quand même ou il n'y a aucun intérêt ? Qui doit rencontrer le lecteur ?

  • Pour le point c, on dirait que les sénateurs ne se sont jamais rendus dans un établissement scolaire. Les CDI sont en général abonnés au quotidien régional et à des publications pour jeunes comme Mon Quotidien ou le Journal des jeunes en collège. Dans la vingtaine de collèges où j'ai travaillé il y au moins une quarantaine de publications en libre accès et avec possibilité d'emprunts. Ce qui manque, c'est a) la place selon les endroits : on ne peut parfois pas accueillir plus d'une classe ;
    b) le temps d'ouverture : un documentaliste fait 32 heures de présence, un collège à horaires tendus ouvre aussi 32 heures (surtout du fait de problèmes de ramassage scolaire notamment en milieu rural), un élève de troisième avec toutes les options fait 31 heures de cours. On ôte les heures occupées par des classes qui sont sur des projets à base documentaire ou d'éveil à un type de lecture comme le conte. Restent des heures au moment de la pause de midi, mais elles sont souvent prises par les clubs. Donc si le documentaliste n'a pas d'assistant du type emploi aidé, c'est vraiment très juste. On tient compte en cours de cette difficulté des élèves à accéder aux informations. J'ajoute que dans mon académie cette année les remplacements de congés maladies de documentalistes ne pourront pas être faits (manque de TZR dans la matière).
    c) L'argent : les abonnements représentent la moitié et parfois les deux tiers du budget du CDI. Pour pouvoir acheter des livres, les documentalistes sont obligés de passer par des actions spécifiques (rédiger un projet culturel avec des papiers à remplir) comme un atelier lecture, un défi lecture, etc. Oui ! il n'y a pas assez de sous pour avoir des nouveautés en livres de manière suffisante ou pour pallier l'obsolescence de certains titres (une bibliothèque verte des années cinquante, cela ne le fait pas).
    d) Une politique claire de documentation dans les établissements : dans certains les élèves qui n'ont pas de devoirs à faire sur place sont interdits d'entrée au CDI, dans d'autres c'est l'inverse.

    J'ajouterai qu'il y a une opération semaine de la presse dans tous les établissements scolaires en début d'année. Cela permet aux élèves de découvrir d'autres titres puisque les éditeurs expédient quelques exemplaires invendus de l'année. En général, c'est assez bien suivi par les petites classes, surtout si on met en place des panneaux. Dans mon académie, le journal régional laissait une fois par mois une page aux collégiens qui pouvaient aussi visiter le journal, se faisaient aider non seulement par les enseignants mais aussi par des journalistes.

    Au niveau du lycée, l'OFUP tient des stands en début d'année ou lors de journées portes ouvertes. Ce sont des abonnements presque bradés, mais cela peut représenter une somme énorme pour un lycéen.

  • Augmenter la concentration de la presse, ou comment casser encore davantage sa pluralité d'expression... Beau programme. A quand une Pravda néolibérale unique ?...

  • @Sophie,

    Bon, il faut savoir que ce rapport découle directement d'un autre pondu l'an dernier, qui était l'ouevre de l'Institut Montaigne, think tank un tantinet libéral.


    @Dominique,

    Quoi? Tu veux aussi faire une réforme de l'Education nationale?
    Mais, c'est vrai, il se dégage de ce rapport un côté pointilliste. C'est un catalogue de mesures et on ne percoit la problematique d'ensemble. Sauf, peut-être, la volonté de lutter contre les syndicats...

  • Pas de réforme : du fric, des emplois, des constructions d'espaces plus vastes et plus agréables (certains CDI anciens et non rénovés sont propres à décourager tout lecteur par leur architecture) et un peu de raison chez certains chefs !

  • @Dominique,

    Oui, bien sûr.

    Faire lire la presse à l'école, mais aussi (et surtout) faire lire et décrypter les images télévisuelles, cela devrait être une priorité. Ca l'est, mais ça devrait l'être encore plus.

  • Bel exposé de Dominique sur les CDI, c'est un point important !
    Le mien est bien équipé en tout et j'ai même des ados qui lisent volontairement des livres ! (ouai, des trucs sans images !).
    Ils lisent des BD puis des roman en avançant en âge mais rarement la presse.
    Peut-être qu'à force de servir de support de cours, les journaux ne sont plus que des livres de classe à leurs yeux ! :-))

  • Peut-être que l'on n'aime la presse que si l'on a l'émotion des doigts tachés de graisse au toucher du journal fraîchement cueilli chez le buraliste ou dans la boîte aux lettres, un peu comme les croissants chauds cherchés à la boulangerie ou le premier café au bistrot du coin de la rue. C'est une émotion à retrouver, faite sur l'attente de la sortie dans une levée du jour encore un peu mystérieuse.

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