Intéressant, cet édito de Henry Muller, ancien rédacteur en chef du magazine Time. Un extrait:
"La presse américaine a creusé sa propre tombe de plusieurs manières. Tout d’abord, elle s’est dotée d’un business model qui dépendait davantage des annonceurs que des lecteurs. Le prix des mass-médias imprimés a longtemps été dérisoire par rapport à leurs coûts de production et de distribution. Cette formule gonflait le nombre de lecteurs, ce qui réjouissait les annonceurs ainsi que les actionnaires.
Jusqu’au jour où les annonceurs ont découvert internet. Même avant la crise actuelle, la ruée des annonceurs vers la Toile a fait plonger les recettes des journaux et magazines d’actualité. Les médias classiques ont réagi en réduisant leur voilure journalistique, tout en prétendant qu’il ne s’agissait pas d’une diminution de coûts mais plutôt d’une adaptation aux habitudes des lecteurs, version XXIe siècle. Ça aussi, c’était une erreur. De la formule «vite vu, vite lu», on passe sans effort à «pas nécessaire de voir ni de lire». "
(trouvé chez Jean-Luc Raymond)
Commentaires
Une vision juste qui me parle et en peu de mots. Concis et réaliste.
Pas mieux comme analyse.
CQFD
Arf !
Zgur
Si je comprends bien ... ça revient à déclarer "non viable" le modèle "Libé 3", qui consiste à envoyer à plein de gens des tonnes d'imprimés qu'ils ne liront pas ?
Ça tombe bien, je trouve excellent le nouveau Libé papier "format écran 16/9".
@Frédéric,
Poser une question c'est déjà y répondre.
Laurent Joffrin, avec son oeil avisé, tente de tirer le maximum des capacités de son journal.
Bel édito.
Sur l'adaptation des lecteurs, il est vrai que le réflexe de sélection de l'information prend progressivement le pas sur celui de l'approfondissement de l'information, le premier agissant peut-être au détriment du second. Internet n'est pas étranger à cette mutation.
Théophraste Renaudot - ACP