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Crise des médias, crise de mots

Intéressante, cette interview de Chris Anderson*, à propos de l'évolution des médias à l'époque de l'abondance et de la gratuité.

Il insiste notamment sur le sens des mots. « Je n'utilise pas le mot « journalisme ». Je n'utilise pas le mot « média » ou le mot « news ». »

  • Journalisme du XXe siècle. Pour Chris Anderson, les mots « médias » ou « journalisme » désignent des réalités du Xxeme siècle. Les journaux sont liés à une industrie particulière, qui possédait une sorte d'exclusivité sur la production, la distribution et la vente de journaux et d'informations.

  • Pas de nom. Il n'y a pas de nom pour désigner toutes les « informations » produites par des pros et des amateurs.

  • Démocratisation. Aujourd'hui, une large majorité des « infos » sont produites par des amateurs. La publication d'informations s'est démocratisée.

Intéressant comme une crise est avant tout une crise de mots.

Les choses changent: les mots anciens ne sont plus valides pour exprimer la réalité. Ou bien c'est le contraire: nous ne savons plus employer les mots anciens pour désigner des réalités qui nous semblent nouvelles, mais qui ne le sont pas vraiment?

 

* Chris Anderson, rédacteur en chef du magazine de culture et de technologie Wired, auteur des livres La Longue traine et Free.

Commentaires

  • Hum.
    Personnellement, je pense que Chris Anderson a passé trop de temps dans l'éther sociotechnologique de la "Silicône Valley".
    Ou alors, qu'il faut lire ses réponses comme les réponses d'un évangéliste, qui décrit la beauté d'une vision symbolique des mécaniques en vigueur. Je m'explique:
    Quand il dit que le journalisme, les news, les média n'existent pas, il faut déjà avoir en tête que pour lui, c'est la notion de "média populaire", de mainstream media qui n'existe, avant tout,pas.
    C'est à dire l'info qui part d'une source A et touche tous les récepteurs.

    Une vision très "1.5" de la diffusion d'information : peu de sources, beaucoup de lecteurs.

    Ce qu'il dit, lui, c'est que l'information n'est plus produite par ce petit nombre de sources. Qu'elle est produite par "tout le monde", en général, par "mon réseau" en particulier, qui se charge d'appliquer un filtre de "pertinence" sur ce qu'il reçoit comme info, pour ne transmettre ce qui vaut la peine d'être considéré comme information "intéressante".

    Y'a une grosse divergence de point de vue entre ce que Chris pense, et ce que 'je' pense :
    La question du "filtre social" n'est même plus d'actualité. On voit tous ça quotidiennement : ce phénomène de diffusion de l'info à travers les réseaux sociaux, qu'ils soient formels(facebook, twitter, copainsdavant, etc...) ou pas (courriel, le journal de 20h sur la chaine X plutôt que sur la chaine Y).
    Par contre, là où il a l'impression qu'il "a été informé des troubles en Iran avant la presse", je crois qu'il a:
    au mieux, une très haute idée de la qualité de son réseau social étendu.
    au pire, une vision bourgeoisement naïve de la notion de "journalisme". "Tel qu'on l'entendait au 20ème siècle."

    Si des gars des principales agences de presse n'avaient pas été sur le terrain, si ces journalistes de terrain n'avaient pas relayé une synthèse de cette info,de manière objective, synthétique, et en fin de compte FIABLE, qui donc aurait informé Chris Anderson que "quelque chose se passait" en Iran?
    Ne faut-il pas être naïf pour penser que les évènements iraniens récents sont la "preuve" que l'information vient des amateurs, et non des professionnels. Ces évènements, sur un plan prosaïquement technologique, ne sont que la preuve que les amateurs sont en mesure de diffuser de l'information.

    Combien d'info. importantes sont-elles générés par des internautes par an?
    Il faut bien sûr exclure le "buzz", potache, voyeur ou commercial de la définition.
    Mickael Jackson? Iran? Elections Européennes? La sortie du dernier bouquin de X, du dernier film de Y?

    Bref, selon moi, il faut déjà revenir sur la réalité de ce que sont, ou disons étaient, que ces "journalistes":
    1)Des personnes payées pour aller cueillir l'information à la source, 2)Certains ayant le privilège de donner un avis personnel sur cette information,
    3)Fournir cette information, ou cette opinion, à une structure en mesure de diffuser largement cette information.

    Toute personne correspondant à cette définition devrait avoir le statut de journaliste( les autres, non, mais ceci est une autre affaire)
    Le reste n'est que de la diffusion de l'information dans les réseaux, formels, ou informels.
    A mon avis.

  • "Ne faut-il pas être naïf pour penser que les évènements iraniens récents sont la "preuve" que l'information vient des amateurs, et non des professionnels. Ces évènements, sur un plan prosaïquement technologique, ne sont que la preuve que les amateurs sont en mesure de diffuser de l'information."

    Tu as raison. Ce qui mérite de s'appeler information, une ainformation fiable, c'est quelque chose qui a été mis en forme, construit, trié, hiérarchisé. Le risque, avec la vision que semble véhiculer CA, c'est de prendre tout pour de l'information, alors que ce n'est que du signal brut.

    Enfin, quand tu demandes "Combien d'info. importantes sont-elles générés par des internautes par an?
    Il faut bien sûr exclure le "buzz", potache, voyeur ou commercial de la définition."

    On doit te répondre: il faut souhaiter qu'avec le temps cette masse d'information amateur devienne de plus en plus consistante et de plus en plus intéressante. Pour l'instant ça reste à voir.

  • Chris Anderson, ce n'est pas lui qui sort un livre intitulé "Gratuit" et qu'on peut acheter pour 22,95 Euros sur Amazon ?
    Ah oui, ça relativise.
    Surtout quand on commence à voir que tout ou partie du livre est pompé sur des sites communautaires comme Wikipedia !
    A ce point là de mauvaise foi, que dire…
    :-)))

    [Je suis d'accord, son livre Gratuit, il faut le voler dans toutesl es librairies !!!].

  • @Poireau,

    On peut lire son livre gratuitement sur le net: http://www.codablog.fr/chris-anderson-free-le-futur-du-prix-casse/

    Personne n'oblige à l'acheter! Mais, encore une fois, il y a pas mal d'hypocrisie autour de la gratuité supposée.

  • Eric : je fais un peu de provocation, bien sûr ! Mais quand même, le gars qui plagit du gratuit pour le vendre tout en critiquant par ailleurs l'industrie culturelle qui ne fait pas du gratuit, ça ne peut que m'encourager à en faire !
    Ce gars n'a pour moi rien d'autre qu'un discours bien policé et, comme je le dis depuis un bout de temps, la faisabilité du gratuit n'est toujours pas démontrée !
    :-))

  • @Poireau,

    Je pense que tu connais Wired, l'esprit du magazine et du site: il s'adresse à des personnes technohiles avides de gadgets!

    Mais, au fait, pourquoi parle-tu de gratuit, puisque ce n'est pas le sujet de l'article, je le note au passage!

    Ce qui est en jeu ici, c'est la crise des mots.

  • Ah oui, pardon ! Je suis parti hors-sujet ! C'est la faute à Anderson !
    J'dis plus rien !
    :-)))

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