Intéressant, le dossier du magazine Books, "Internet rend-il plus bête?"
Le point de départ, c'est l'article de Nicholas Carr (2008), "Is Google making us stupid?" (The Atlantic) Cet article a été abondamment cité et commenté. La réflexion est loin d'être close.
Et c'est justement ce qu'on constate en lisant le dossier. Les points de vue s'opposent. Pour les uns Internet détruit notre capacité à nous concentrer et à lire des textes longs. Pour les autres, Internet nous ouvre vers une nouvelle façon de penser.
Pour l'écrivain Chris Hedges, Internet "gonfle le culte du moi". Mais, là encore, on pourrait trouver des points de vue opposés, qui affirment qu'Internet nous ouvre aux autres et nous rend capables de collaborer et d'agir de façon altruiste et gratuite.
Selon Chris Hedges:
"La popularité d’Internet tient à sa capacité de gonfler le culte du moi, nous permettant de devenir des stars dans le cinéma de notre vie. Voyez FaceBook et les autres sites sociaux. Leur objet n’est pas de se faire des amis mais d’établir des contacts et de communiquer au niveau le plus superficiel. Ce sont des sites d’autoprésentation, destinés à montrer comment je souhaite être vu. Le culte du moi véhicule des traits communs aux psychopathes : charme superficiel, goût d’en imposer, sentiment de son importance. Et aussi un besoin constant de simuler, un penchant pour le mensonge, la tromperie, la manipulation, ainsi qu’une incapacité à éprouver du remords ou un sentiment de culpabilité. C’est là, notez-le, l’éthique promue par la grande entreprise. C’est l’éthique du capitalisme sans entraves. C’est la croyance mal placée que le style personnel et l’avancement personnel, confondus à tort avec l’individualisme, sont la même chose que l’égalité démocratique. Dans la réalité, le style personnel, défini par les marchandises que nous achetons et consommons, est devenu un moyen de compenser notre perte d’égalité démocratique. Avec le culte du moi, nous nous donnons le droit d’obtenir tout ce que nous désirons."
Commentaires
Sur le culte du moi, il a raison mais c'est plus, je pense une manière pour chacun de s'auto-apprécier dans une relations aux autres, la fameuse estime de soi.
Ensuite il enchaîne avec les psychopathe mais je ne vois pas pourquoi il saute de l'estime de soi aux tueurs en série.
Bref, il dit un peu n'importe quoi en tricotant ensemble des sujets sans rapport !
:-))
[Un gars qui a peur et veut revenir à sa caverne ? :-)))) ].
Chris Hedges a loupé son concours chez les profiler ou c'est une idée. A-t-il été recalé lors du casting pour le rôle d'Hannibal Lecter dans le "silence des agneaux" ou souffre-t-il du syndrome de l'indifférence dans un monde cruel ? Que des questions !
"Tout ce qui est excessif est insignifiant" a dit un éminent homme d'Etat du 19ème siècle !
Moi ce qui me frappe c'est l'accusation portée à un outil (ici internet) le titre est explicite : "internet gonfle le culte du moi" - comme si un marteau faisait un mauvais bricoleur - nous vivons dans un monde de confusion des genres. Le syndrome avait déjà frappé lors du référendum sur le traité constitutionnel européen, traité qui n'était qu'un outil et qu'on a accusé de tous les maux de la terre. les plus obstinés vont jusqu'à affirmer qu'un outil n'est jamais neutre ! Il est vrai que quand on veut tuer son chien, on dit qu'il a la rage.
@Didier,
Un outil est-il neutre? Bonne question. A priori oui.
On peut aller du côté d'Ivan Illitch, explorer la notion d'"outil convivial" http://fr.wikipedia.org/wiki/Outil_convivial
allez, après les pédophiles, internet n'héberge que des psychopathes du grand capital !
n'importe quoi !
bon, j'unfollowe en masse dés ce soir. Je ne voudrais pas me faire assassiner par un mégalomane merchandiser !
Je ne sais pas si internet est une pépinière de psychopathes, mais l'analyse me semble pertinente sur le culte du moi. Internet n'est pas un outil, du moins dans le sens où il est considéré ici. C'est un instrument, dont on joue pour son plaisir, pour se faire valoir, pour tenter de faire partager ses vues, et sans doute pour d'autres raisons encore… Et c'est un instrument à la fois superbe et ridicule, parce qu'il correspond à ce besoin du temps que nous éprouvons, tous les tartampions du monde, de nous rêver du talent.
@ Le coucou : vous jouez sur les mots ! Internet n'est pas un outil mais un instrument ? Le violon est l'outil du violoniste, c'est un instrument de musique. Internet est un outil / un instrument de communication : il est ce qu'on en fait comme un violon joue ce que le violoniste lui commande de faire.
Didier, absolument pas: un instrument est davantage qu'un outil. Un marteau n'interprète rien: il cogne sur un clou qui s'enfonce. Un violon exprime avec plus ou moins de réalisme la rage de dent, l'émotion, la plénitude d'un sentiment… Internet, cet instrument de communication, nous reflète; comme un violon, il reproduit ce que nous essayons de transmettre. Souvent l'affreux crin-crin du violon que l'on n'est même pas fichu d'accorder.
Je pense qu'il faudrait (re)lire Habermas et les origines de la création de l'espace public transposé aujourd'hui pour s'apercevoir qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil : internet à ouvert un espace ludique largement accessible, espace auparavant réservé à l'espace privé. Du coup, les "bêtises" racontées autrefois en cercle restreint au coin du feu se retrouvent aujourd'hui sous les feux de la rampe, that's all!
C'est sûr qu'il vaut mieux que Chris Hedges se réfère à Facebook plutôt qu'à Wikipédia pour son exemple, sinon ça ne marcherait absolument pas...
@br10,
Il y a une différence entre l'espace public et un espace ludique, largement commercial et favorisant l'ego!
C'est pas un peu réducteur d'assimiler l'Internet à Facebook ? Je n'ai lu que le passage cité, mais ça donne pas envie d'aller plus loin. En revanche, ça me donne envie d'écrire que la popularité d'internet tient sans doute à son côté café du commerce sans limite. C'était ma brève de comptoir du matin ;-)
@Paris banlieue,
J'ai lu l'intégralité du numéro de Books, par pur plaisir! Si j'ai extrait ce petit passage c'est que je me sens en phase avec ces affirmations et aussi en souhaitant faire découvrir le magazine, ou plutôt ce numéro.
Je reviendrais peut-être sur le sujet cet été.
Je manquerai donc quelque chose d'intéressant...
@Paris banlieue,
Pas forcément!
Après c'est comme tout, cela dépend ce qu'on en fait. Certain(e)s feront une journée non stop de Youtube. D'autres diffuseront leurs idées, apprendront des choses grâce à leur curiosité.
Alors non, le web ne rend pas plus con. Par contre la plupart des chaines TV...
Le culte du moi ? Pas d'accord. Quand j'ai découvert ce qu'était un blog, j'ai pris souche et racines. Il n'y a aucune satisfaction à parler de soi puisqu'on peut y parler d'autre chose. Je ne cultive pas mon moi, je m'inscris donc en faux contre cet article (ou plutôt cet extrait). C'est navrant de réduire ce phénomène (l'internet) à ce qu'il n'est pas. C'est un domaine d'échanges incroyable, de communication très large. Bon, c'est vrai qu'on peut le réduire à ne rester en contact qu'avec ceux dont la pensée recoupe la nôtre. Mais pas forcément.
Non, je ne peux pas me reconnaître dans cette description restrictive : l'ouverture vers un monde dont on ignorait tout avant de s'y immiscer est réelle.
C'est parti d'une simple plaisanterie et puis cela a dérivé vers quelque chose de bien différent de ce qui était le moteur de départ. Une dérive contrôlée très vite et une volonté d'agir en disant ce que je pense profondément. Mais pas pour une notoriété de comptoir. Tout simplement parce que l'internet et ce qu'il propose fait partie désormais de notre vie de tous les jours. Alors, s'en servir n'a rien d'un crime, encore moins d'en obtenir le bénéfice de contacts différents. C'est vraiment une très grande richesse que de vivre cette époque (bien merdique par certains points) et de pouvoir s'ouvrir au monde. Je lis de plus en plus, j'échange et surtout j'écris (mais pas que des articles, j'ai également une activité littéraire très active).
Alors, toujours convaincu que ce n'est que le culte du moi qui pousse les gens à se servir d'internet ?
>fred le Roux, entièrement d'accord, surtout qu'il m'est arrivé la même chose, ouverture de blog il y a presque 5 ans sans trop d'a priori, et pui le blog s'est petit à petit construit de lui-même avec sa propre dynamique, il a éliminé l'accessoire et le trop perso à travers les réactions des lecteurs et est devenu un outil militant pour le Grand-Paris. Désormais je n'apparaîs que très rarement de façon perso, seulement dans mon "domaine réservé" à l'occasion des notes sur la maladie d'Alzheimer de ma mère, ou des journées de lutte contre le sida ou l'homophobie ;-)
@jpc,
Oui, je crois que petit à petit on devient raisonnable: pas trop d'ego!
Pas trop perso, mais question orthographe, c'était un peu rapide :-)
On est indulgent pour l'orthographe! Le temps presse.