Hier c'était la république des blogs. Je suis content d'avoir vu enikao et quand il est arrivé, Martin m'offrait une bière.
Et enikao a dit qu'il s'intéressait beaucoup aux "signaux faibles" (terme à définir!). Nous avons déploré que la communication politique abuse, justement, des "signaux forts", qui deviennent des signaux lourds. Exaspérants, assomants. Il s'agit de marteler un message: télé, radio, Figaro.
Bref, vous avez compris que, lors de cette république des blogs, il fut encore question de politique. Mais, abordée de biais, parfois.
Ca rejoint un peu ce que me disait Autheuil, en fin de soirée, devant deux chopes vides. Il regrette, lui l'insider de l'UMP (il est assistant parlementaire, comme chacun sait), que les médias se focalisent trop sur le chef de l'Etat, son rôle, son omniprésence. Ils ne vont pas assez en profondeur, ils ne saisissent pas la complexité. Ils ne repèrent pas les mouvements de fond qui agitent la société et les idées qui soutendent l'action politique. "Sarkozy c'est l'écume des choses", résume-t-il.
En somme, lui aussi réclame une attention au signal faible, difficilement perceptible, mais hautement révélateur.
Intéressante aussi cette discussion avec Marie Laure. Elle est exaspérée par les partis politiques. Ils sont totalement obsolètes, selon elle. Et elle croit plutôt en une action, disons, de l'ensemble de la société, qui agit notament par l'intermédiaire de réseaux, comme celui qui se déploie sur Internet.
Ca demanderait à être précisé. Est-ce qu'on n'est pas là dans quelque chose qui s'apparente au "cinquième pouvoir" et autres bricoles conceptuelles un peu floues? Entre nous, je crains un peu l'émergence de ce type de "pouvoir", que j'assimile surtout à du lobbyisme mal maîtrisé.
Mais ce qui est intéressant, c'est que Marie Laure aussi met en jeu la notion de signal faible. Ce signal qu'on n'entend pas au début et qui s'ampflifie progressivement jusqu'à devenir mainstream.
C'est un peu aussi ce qu'on observait avec Juan, quand on a évoqué le discours d'Yves Cochet, le 4 octobre dernier à l'Assemblée. Un signal faible, mais qui s'amplifie; un diagnostic sur la crise qui finira par être entendu.
Pendant la soirée Juan m'a raconté qu'il aimait lire les compte-rendus des séances de l'Assemblée (dans leur intégralité). En fait, c'est en scrutant énormément de données, en ingurgitant beaucoup d'information et de "bruit" qu'on finit par capter les signaux faibles.
(Hier soir j'ai aussi été content de revoir Ronald, Vogelsong, Patrice, Nicolas, Jon, Nick, Abadinte, Jacques et l'équipe de Vendredi, Quitterie, Matthieu, Didier, Bertrand et les autres).
- Voir aussi: Internet et opinions: la force des propos faibles
Commentaires
Que les média s'intérêssent au bruit, au mouvement, cela me paraît habituel. Si Martine Aubry décidait de se présenter devant l'électeur avec une plume dans le cul, cela créerait une agitation médiatique, sûrement un bruit (euh, sans jeu de mot !). Et si cette plume s'avèrait dessiner par Gautier, alors cela ferait encore un peu plus de bruit.
C'est le jeu médiatique. Il n'y a ni à s'en étonner, ni à s'en offusquer.
Cette idée de phrase faible est un peu... Faible, non ? ;-D
Plus sérieusement, il me semble qu'avant qu'une idée s'impose dans la société elle commence par émerger avant, petit à petit de faire son chemin dans les conscience à force d'être reprise, d'abord timidement, puis de plus ouvertement. Parfois elles finissent par tomber dans l'oubli (très souvent), parfois elle s'impose.
Vous me trouvez un peu mauvais public ? Ouais, ben c'est jour de grève... ;-)
Comment croire ce que dit cet assistant parlementaire ? Nous prend il pour des c... ? A sa manière, il discrédite plus la Politique que les messages, faibles ou forts, adjectifs d'ailleurs que je ne comprends pas.
Je suis un peu comme vous, j'ai du mal à distinguer ce que sont les signaux forts ou faibles dans l'esprit de Autheuil, par contre, en ce qui me concerne, je vois deux types d'actions politiques :
- l'action "par réaction" : celle qui agit à partir de faits avérés (ex récent : on se repose à droite la question de la régulation du libéralisme une fois que le système nous a pété au nez)
- et l'action "par anticipation": celle qui consiste à sentir que quelque chose se trame et que le vent va tourner (est-ce cela le signal faible?). Dans ce cas-là, je prendrais comme exemple simple (simpliste?) la campagne d'Obama qui a su surfer sur la puissance novatrice du net et des réseaux sociaux alors que jamais ceux-ci n'avaient été utilisés avant à des fins de campagne politique.
Je veux dire par là, qu'il y a des choses qui existent, que la puissance réelle de ces choses n'est pas encore établie, alors qu'il ne manquent plus qu'un très léger catalyseur pour rendre ces choses très puissantes.
C'est à mon avis le cas des "cellules" qui fonctionnent en réseau : réseau de blogueurs qui sont parfois déjà moteurs vis-à-vis de média traditionnels frileux, réseaux de personnes qui travaillent sur des systèmes de micro-crédits, commerce équitable etc ...
Il y a - en sous terrain, encore trop méconnus, discrets mais de plus en plus nombreux - des tas de gens qui ont modifiés leur rapport à la consommation, leur rapports aux autres et leur priorités.
C'est cela que pour ma part, j'appelle des signaux faibles. Il y a congruence et synergie entre ces réseaux, mais ces réseaux eux-mêmes ne le savent pas encore.
Un jour très proche, ils trouveront l'occasion de se rencontrer et cela bouleversera profondément le fonctionnement de notre société et cela rendra totalement caduques les vieux modèles actuels, y compris politiques.
Heu..non ! Je ne m'appelle pas Madame Irma :-)
Plutôt que fort ou faible, il faudrait parler de durée. Les signaux forts s'évaporent aussi vite qu'ils apparaissent tandis que les mouvements de fonds prennent leur temps de croissance à l'aise et ne deviennent visible qu'après ce délai !
:-))
[Encore que ça a un côté "ruissellement de l'info" aussi qui ne me plait qu'à moitié !].
@Marie-Laure : J'aime beaucoup ce que tu dis sur les réseaux souterrains (ou pour être plus juste, peu visibles), mais efficaces, utiles, et porteurs de solutions possibles, d'avenir.
Il me semble d'ailleurs, que le blog, lorsqu'il est utilisé par des professionnels désireux de faire connaitre leur activité-produit-service, à leurs voisins comme au reste du monde, est une de ces solutions possibles. Non pas pour gagner plus en sur-vendant les mérites de n'importe quoi comme peu le faire la publicité en usant de sublimes images pour masquer la vacuité de leurs produits, mais en créant une vraie relation avec un lectorat qui pourra devenir client à l'occasion (mais pas forcément).
Il suffit d'aimer ce que l'on fait et d'en parler avec sincérité.
Cette notion de lien, d'échange, de relation qui se tisse à longueur de billets postés entre le professionnel qui vend un service ou un produit et celui qui lit et qui trouve le blog intéressant, est primordial pour créer une nouvelle approche du "commerce". Une approche sincère et juste. Sans chichis.
Le blog peut ainsi permettre de remplacer toutes ces pseudos études un peu bidons (puisqu'on leur fait dire un peu ce que l'on veut au final), toutes ces publicités putassières.
Comme je le disais précédemment dans un autre commentaire, j'ai pas mal d'amis qui vivent dans des yourtes, dans une économie de moyens et une relation à l'univers basée sur les besoins réels. Ces réseaux qui unissent ces habitants volontairement précaires est un peu du même ordre. Créer un lien vrai et sincère est payant sur la toile. Il suffit simplement de ne pas désirer plus que tout toucher le monde entier, mais simplement ceux que cela intérêsse.
Ce désir est évidemment très humble. Quoique. Obama a joué avec ce lien direct, ce ton sincère, sans chichis. Il a su parler aux peuples du monde entier comme s'il s'adressait à son voisin. Il a gagné le Jackpot. Il ne lui reste plus quà confirmer les espoirs insensés que le monde tout entier à placé en lui !
@Marie Laure,
Voilà, je comprends mieux (même si j'ai bien compris ce que tu m'as expliqué à la RdB!)
@Poireau,
Oui, les signaux forts sont très faibles.
@Merlin,
Signal faible, humilité: ça va dans le même sens.
Au fond, dans le monde des idées, on croit qu'on peut réaliser des choses impressionnantes, ou qu'il faut gravir des montagnes; alors qu'en réalité la vérité (ou le bonheur) est à portée de main, dans les choses simples. Et cncrètes, comme les yourtes.
on dirait jegoun: tu te fais acheter pour de la bière
dans la lignée de ce que dit Authueil, qui a dit ça:
"Donc oui, dans un système politique français que le président a grandement centralisé, eh bien c'est par l'Elysée, c'est par le soupirail sarkozy que nous devons, nous, regarder pour décrypter l'actualité politique"
à entendre ici (j'ai remis le fichier mp3):
http://sauce.over-blog.org/article-26955358.html
Très bon blog que j'ai découvert voici peu.
@ Marie Laure, Eric et les autres : comme vous, je ai participé à la manif.
à celle de LILLE ; La veille au soir, des sites parlaient qu'il y aurait env. 10.000 personnes.
Comme on se le disait à plusieurs pendant la manif, il y avait +
- oix du Nord du 30 a dit : selon la police env. 19.000 et le comptage par les syndicats = 24.000
J'y ai senti " un grand soufffle, une volonté " de fond" (comme une "lame de fond")
Ce signal était " faible" voici env. 18 mois, mais je crois qu'il s'amplifie