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Julien Dray et le monde médiatique

Mercredi dernier, huit blogueurs (dont moi-même) ont rencontré Julien Dray, le député socialiste, candidat au poste de premier secrétaire de son parti. La rencontre se passait dans une annexe de l'Assemblée nationale.

Pour avoir d'autres points de vue, allez chez Martin, Ronald, Vogelsong, Hervé, Abadinte, Nicolas et Tonnégrande.

Personnellement, je lui ai posé quelques questions sur les médias. Il nous a parlé du "monde médiatique", expression que je lui ai demandé de définir.

Je suis d'abord revenu sur leur rôle pendant l'élection présidentielle. Je suis reparti de la question "est-ce que les médias ont fait l'élection de 2007"? Puis j'ai interrogé Julien Dray sur la stratégie que le PS comptait mettre en place (si stratégie il y a).

Voici sa réponse (3' 16):


podcast

Julien Dray fait le constat d'une mainmise du chef de l'Etat sur les médias. Selon lui, il existe en France "une cohésion (collusion?) totale entre le pouvoir économique, la presse et le pouvoir en place".

La réponse qu'il oppose, c'est de dénoncer cet état de fait. Cette dénonciation, sera payante à terme, estime-t-il. "Aucun pouvoir ne peut tenir s'il croit qu'il a la mainmise totale sur l'information". Il souligne le rôle d'Internet, comme moyen de contestation.

"Le monde médiatique se croit très fort, alors qu'il est très faible. Il est très faible si on alimente la contestation", estime Julien Dray.

Le député de l'Essonne a fait un petit rappel historique. A une époque, les dirigeants du parti socialiste ont fait "la course à TF1". Partant de l'idée qu'il était impossible de "changer cet univers", il fallait s'en faire apprécier.

Julien Dray a alors rappelé que, lui, n'était pas rentré dans ce jeu. Il avait, au contraire, guerroyé contre TF1, qualifiée par lui de "TFN", en 2002. Il dénonçait, notamment, le traitement de l'insécurité par TF1.

A cette époque, quasiment aucun de ses petits camarades du PS ne l'ont soutenu. "Tu fais une grosse connerie", lui disait-on. Aujourd'hui, Julien Dray estime avoir obtenu une victoire, puisque TF1, qui a annoncé vouloir le poursuivre en justice, y a renoncé.

Enfin, j'ai interrogé Julien Dray sur l'expression "le monde médiatique", qu'il a employée au début de sa déclaration. "Ce que j'appelle le monde médiatique, c'est cet univers de journalistes, de patrons de presse qui domine et a vocation à faitre l'opinion. Il y a les éditorialistes, les intervieweurs. Je parle d'un monde parce que ce sont des gens qui se connaissent bien, qui vivent ensemble."

Là, quelqu'un lui a demandé de préciser:

"Vous pensez que les politiques ne sont pas dans le jeu?"

Et Dray a répondu:

"Si, j'ai dit 'qui vivent ensemble'".

 

  • Quelques réflexions sur ce que nous dit Julien Dray:

1. On peut ou non être d'accord avec son constat d'une mainmise du chef de l'Etat sur les médias. C'est un point à discuter et, surtout, à nuancer. Notamment parce que parler "des médias" c'est vague (TF1 et Politis, ça n'a rien à voir).

2. On peut s'interroger sur les moyens qu'il compte utiliser dans une stratégie vis-à-vis des médias. La contestation peut-être porter ses fruits?

3. Quel rôle le PS peut-il jouer sur le net?

Sur ce sujet, il a parlé d'Internet comme d'une alternative, une "fenêtre" pour contester la manmise des grands médias.

Il a aussi parlé (hors de l'enregistrement que je donne ici) d'un parti socialiste qui alimenterait le net en informations.

4. Sur quelques sujets, comme le rôle des blogs de militants, il m'a semblé plutôt évasif. Mais, il nous l'a dit, le net n'est pas son sujet de prédiclection.

  • Julien Dray et TFN

J'avais complètement oublié cet épisode. En mai 2002, après la ré-élection de Jacques Chirac, Julien Dray avait qualifié de TFN la chaîne télé n°1.

"Il a même repris à son compte l'un des slogans de la rue: «TFN», entendez, au choix, «Télévision Front national» ou «TF-haine», la deuxième version étant celle que privilégie le député socialiste de l'Essonne, devenu le «Monsieur Sécurité» de son parti." (Marianne)

"Sur le coup, la plupart de ses amis lui ont dit qu'il n'aurait peut-être pas dû. Que l'on n'attaque pas ainsi la première chaîne de télé sans risquer de devenir tricard sur les plateaux. Mais julien Dray, interdit d'antenne sur TFl et LCI, assume." (Marianne)

Acrimed relève les faits et précise: "Troublant : L’article (du Monde) sur Julien Dray et TF1 parait sur... le site commun TF1/Le Monde…

Pour avoir d'autres points de vue, allez chez Martin, Ronald, Vogelsong, Hervé, Abadinte, Nicolas et Tonnégrande.

Commentaires

  • En parlant du monde médiatique et du pouvoir en place, il a fait référence aux années mitterand ? A la création de série TV comme l'Instit pour n'en prendre qu'une ? Tout ca c'est du pipeau, les politiques rêvent d'avoir la mainmise sur les médias et les médias rêvent de venir politique. Tout ca c'est du parail au même et les liens entre les deux mondes ont toujours existé, a découvert comme actuellement ou en mode caché...

  • @Seb,

    Je note que tu ne contestes pas l'idée de mainmise du chef de l'Etat sur les médias, soutenue par Julien Dray. Tu te contentes de dire que c'était pareil sous Mitterrand.

    Merci de ton commentaire!

  • Le regret que j'ai c'est qu'il n'est pas parlé des moyens de la lutte. Parce que faire de l'Hebdo des Socialistes un journal vendu en kiosque c'est du suicide!

  • @ Eric: Difficile de critiquer ce point de vue. Ce qui est en revanche injuste c'est de faire un procès en intention à ce président là lorsque les autres ont fait pareil voir pire en sous main.

  • @Seb,

    Je pense que tu emploies le terme "procès d'intention" dans un sens qui n'est pas exact. Ce n'est pas un procès d'intention puisque il y a des faits, pas seulement des intentions.

    En revanche, tu as raison de dire qu'il est légitime, du point de vue de l'UMP, d'utiliser les moyens à disposition pour que les médias soient les plus conciliants possibles (et ça n'est jamais gagné).

    De plus, ce sont aussi les lecteurs, téléspectateurs qui choisissent tel ou tel média en fonction de son contenu. C'est eux, en définitive, qui façonnent le paysage médiatique.

    Enfin, sur le point de savoir si les prédecesseurs ont fait pareil, je pense que non. Pas avec une telle ampleur. Mais ça demanderait plus de place pour en parler.

    @Abadinte,

    Oui, quand il a parlé de relancer l'Hebdo des Socialistes, j'ai eu l'impression qu'il faisait fausse route. Ce genre de journal ça ne marche pas, parce que ce n'est pas vivant.

    Et concernant les moyens de luttes, il a paru évasif, parce que, à mon avis, l'état de la réflexion au PS est embryonnaire. Ils sont prêts à repartir à la bataille en 2012 la fleur au fusil...

  • Il me semble qu'il y a contradiction entre les deux affirmation de J. Dray : "Aucun pouvoir ne peut tenir s'il croit qu'il a la mainmise totale sur l'information" et "Le monde médiatique se croit très fort, alors qu'il est très faible. Il est très faible si on alimente la contestation". Je me trompe?

  • Il ne me semble pas qu'on ait jamais eu une telle collusion entre média et pouvoir, même sous Mitterrand, quoiqu'on en dise.
    C'est gravissime, ces liens entre Sarkozy et les patrons de média.
    (surtout si Dassault rachète Orange !).

    Si ce sont les lecteurs qui font le "monde médiatique", alors on a une explication à l'absence de vente des journaux !!!
    Le lectorat déserte, tout simplement ? :-)))

  • Je coche la case de suivi !
    :-]

  • Moi, je vais aller plus loin dans la réflexion :
    Vous vous étonnez que la presse voit ses abonnements chuter ? Le lecteur n'est pas fou, il a trouvé ailleurs ses sources d'information, à la presse de se poser les bonnes questions, nous connaissons nous les réponses sans quoi nous ne serions pas là à faire vivre ce réseau d'échanges...

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