On a voté en République Démocratique Congo. Présidentielle et législative. Joseph Kabila, le sortant, l’emportera-t-il dès le premier tour ? Un deuxième tour l'opposera-t-il à Jean-Pierre Bemba, son principal rival parmi les 32 candidats? A Kinshasa, c'est la confusion...
Pour en savoir plus, laissons parler un blogueur. Anthony Katombe analyse la politique Congo sur son blog. Il estimait, avant l’élection : « A quelques jours de la tenue de ce qu’on nous présente par les médias occidentaux comme les premières élections démocratiques depuis 40 ans, un Kinois sur trois se disait non convaincu d’aller voter, car l’impression qui s’est imposée à la majorité des habitants de la capitale est que la communauté internationale, avec en tête l’Union Européenne qui finance les élections, avait déjà son candidat dont une parodie d’élections ne viendrait que formaliser la désignation ».
Comment organiser des élections dans un pays qui sort d’une guerre ? La plus meurtrière au monde (Time, 5 juin 2006). 3,9 millions de morts depuis 1998 pour un pays de 63 millions d’habitants, selon l’International Rescue Committee.
Le scrutin est très encadré. La Mission de l'ONU en RDC a noté des tentatives de fraudes, elle estime qu'il s'agit de cas « isolés » (Nouvel Obs). Il y avait 32 candidats à la présidentielle, 9 500 pour les législatives. Les buletins de vote font 6 pages, à déplier.
En savoir plus:
une page Wikkipedia sur la République démocratique du Congo, encore appelé Congo-Kinshasa.
un article du Monde et un article de Courrier international.
le blog de la journaliste Colette Braekman.
un blog interessant, Maguil au Congo-Kinshasa.
(Photo: © Congo Vision)
Commentaires
Il est toujours très difficile d'organiser en Afrique des élections démocratiques, qu'il sorte d'une guerre ou non.
je m'inquiète de l'après Bongo au Gabon, de l'après Biya au Cameroun (que je connais bien)... Mais ce qui se passe en RDC est sans doute la meilleure nouvelle que le pays ait connu. Mais que se passera-t-il après l'élection ?
Anakin,
J'espère avoir des réactions de blogueurs congolais comme Anthony Katombe.
Il semblerait que l'heure soit à la "stabilité", c'est-à-dire la victoire de Kabila. Pour l'instant, je cherche surtout à en savoir plus...
on a vu ce qui s'est passé au Togo...
mais aider les élections, c'est mieux que rien...
Bertrand,
Oui et, semble-t-il, les élections ont eu lieu dans un certain calme.
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Par ailleurs, j'ai reçu un mail de Anthony Katombe, le blogueur que je cite. Je lui ai demandé si j'avais commis des erreurs dans mon article. Il m'écrit que non. Tant mieux!
je dis grand merci à Eric pour son intérêt à mon modeste blog, mais surtout pour son intérêt sur le processus électoral présentement en cours en RDC. Le commentaire d'Anakin qui fait rimer "stabilité" avec Kabila soulève justement le problème. Kabila n'a réalisé un bon score qu'à l'EST du Congo, tandis que Bemba, son challenger a raflé la mise à l'Ouest et au centre. Logiquement, il est exlu d'envisager une victoire de l'un ou de l'autre au premier tour.
Mais l'Union Européenne qui "finance" les élections, ne se montre pas encline à mettre encore la main à la poche pour sortir de quoi "financer" un deuxième tour qui serait fatal à Kabila, pour lequel elle ne cache pas sa sympathie.
Le représentant spécial du secrétaire général de l'onu a tapé du poing sur la table et interdit la diffusion des résultats partiels par les médias congolais et exigé la patience en attendant la publication des réultats par la commission électorale dans 3 semaines. à Kinshasa, tout le monde sait que si ces résultats étaient favorables à Kabila, Swing ne se serait nullement donné cette peine.
entretemps, les bruits courent que des pressions sont exercées sur Bemba pour lui faire accepter une victoire de Kabila au 1er tour et de se contenter de sa nomination, par Kabila, en tant que premier ministre.
je suis d'accord avec anakin sur le fait qu'il est toujours difficile d'organiser les élections en Afrique. Mais j'aimerais tout de suite ajouter que cette difficulté s'explique par l'implication occidentale, soit pour influencer les résultats des urnes, soit pour fragiliser le gouvernement issu des urnes.
au congo, la vraie stabilité ne viendra pas du maintien de Kabila qui, même s'il est populaire à l'EST (5 provinces avec 44 % de l'électorat), a quand même perdu l'Ouest et le centre (6 provinces avec 56 % de l'électorat), mais en laissant plutôt s'organiser un deuxième tour qui seul pourra départager les prétendants et conférer au gouvernement la légitimité nécessaire à un fonctionnement harmonieux et fructueux.
tant que les congolais auront l'impression que l'occident décide de tout parce que seul à savoir ce qui est bon pour eux, la stabilité ne sera jamais au rendez-vous, même si là-bas, des consciences se soulageront avec la facile explication de l'incapacité des africains à se démocratiser.
@Anthony,
Merci pour votre visite ici! Je serai attentif à votre blog dans les jours et les semaines qui vont venir. Et j'incite tous ceux qui viennent sur ce blog à le faire, sans parti-pris quant aux résultats de l'élection.
Ce billet a été signalié sur le blog de Rémi Bazillier:
http://remibazillier.blogspot.com/2006/08/elections-au-congo-kinshasa.html
Bonjour Eric,
Un autre blog congolais (basé outre-atlantique) :
http://themalau.blogspot.com/
et pour des news plus internationales :
http://thesalon2.blogspot.com/
Bonne continuation et merci de vous intéresser au Zaïre !
Eric,
Attention derrière les belles paroles se cachent beaucoup d'ex-mobutistes nostalgiques de l'époque où ils se partageaient le gâteau pendant que le peuple crevait ...
Michoko,
Vous connaissez mieux la situation que moi, sans doute!
Mes sources d'informations principales sont les journaux français. Les blogs permettent d'entendre des voix de gens qui vivent là-bas. Sans prendre parti pour qui que ce soit...
J'ai lu attentivement les articles du Monde, de Colette Braekman. Pas facile de parler de ce pays...
En tout cas, content de vous revoir ici (après votre voyage que j'ai un peu suivi sur votre blog!)
michoko,
il suffit que quelqu'un ne soit pas d'accord avec kabila pour être un ex-mobutiste ? donc, selon vous, à part les ex-mobutistes tout le peuple congolais serait derrière kabila ? et pour quelle raison ?
s'il vous plait, vous enrichiriez la qualité du débat en apportant une contradiction substentielle à nos thèses, plutôt qu'en empruntant le facile raccourci du proçès d'intention.
s'il vous plait, gardez cet espace un haut lieu d'echange qu'il est jusqu'ici et ne le rabaissez pas avec des affirmations gratuites sans fondement aucun.
sinon, tant qu'à voir partout des mobutistes, vous finirez par traiter même les jeunes ouvriers de la tshangu, qui s'expriment dans l'article du monde ci-bas, aussi des "mobutistes qui partageaint le gâteau pendant que le peuple crevait".
quel penchant pour la facilité, quand même !
tony
"C'est encore les Blancs qui veulent nous imposer leur candidat"
LE MONDE | 29.07.06 | 12h17
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Parmi les choses dont s'enorgueillit la jeunesse du quartier Tshangu, qui borde la route de l'aéroport de Kinshasa, la force et la précision des jets de pierre figurent en bonne place, particulièrement lorsqu'il est question de politique.
Depuis longtemps, la réputation de Tshangu, quartier de familles et de voyous, pauvre, dur et frondeur, n'est plus à faire. Dans ces confins de l'est de la ville, ensemble de quartiers baptisé "zone rouge", on avait déjà "caillassé" le maréchal-président Mobutu Sese Seko à son retour au pays en 1993, scellant le divorce entre le vieux despote et sa capitale.
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Depuis, d'autres caillassages ont suivi, le pays s'est effondré, tandis que le quartier devenait encore plus pauvre et encore plus hostile au pouvoir en place, si faire se peut.
Vendredi 28 juillet, dernier jour de campagne avant des élections historiques, dimanche, regroupant présidentielle et législatives, les lanceurs de pierre de la "zone rouge" s'apprêtent à une nouvelle confrontation. Depuis des heures, le passage du cortège du candidat-président de la République, Joseph Kabila, qui doit parcourir à pied l'unique grand boulevard reliant l'aéroport à la ville, entouré de ses partisans, est attendu de pied ferme.
En retrait, dans la "cité", à la croisée de deux routes où le goudron semble avoir commencé son départ en même temps que celui des colons belges, en 1960, la fièvre électorale fait rage.
A Tshangu comme partout dans Kinshasa, l'acmé de la campagne a jeté dans les rues les nuées de candidats à la députation, qui sillonnent le quartier, juchés sur des voitures, entourés de musique et de supporters enthousiastes payés pour la journée. Le moindre carrefour croule sous les banderoles. Chaque minute, les candidats les plus variés passent dans un vaste brouhaha.
L'un promet d'instaurer la "justice juste", ce qui n'est pas un pléonasme au Congo. Un autre promeut au passage son "sponsor", une entreprise de fabrication de coton hydrophile, tandis qu'un de ses concurrents, se présentant comme le "patriarche du Dieu vivant" s'extrait à grand-peine d'une foule qui réclame à grands cris des "moyens" (de l'argent).
Cette part de fantaisie et de démesure, devant un atelier de mécanique du carrefour de Tshangu, n'amuse personne. Le quartier tout entier est trop absorbé par son hostilité au président Kabila, accusé d'être un "étranger", comme l'ont ressassé des campagnes pernicieuses au cours des derniers mois.
" C'est un Tanzanien ou un Rwandais. S'il est élu, on risque de vendre le pays sans le savoir" affirme André Malokankuba, qui explique avec un haussement d'épaule qu'il n'a aucunement l'intention de se conformer à l'injonction "votez Joseph Kabila" inscrite sur sa casquette. Du reste, il "peut tout prendre, tee-shirt, casquettes, photos, tout bouffer accepter de l'argent", sans que cela l'empêche de voter comme le coeur lui en dit, en l'occurrence "pour Jean-Pierre Bemba", principal concurrent de Joseph Kabila.
Autour de lui, la foule admet sans état d'âme avoir décidé "depuis hier" de soutenir Bemba, ex-chef rebelle devenu vice-président de la transition, et de lui avoir réservé un accueil triomphal sur ce même boulevard.
TENSION GÉNÉRALE
Le mot d'ordre est sans doute venu de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti "historique" d'opposition dont le président, Etienne Tshisekedi, boycotte le scrutin.
Mais dans la tension générale, les arguments parlent de tout autre chose, haut et fort : "Les Blancs veulent nous imposer leur candidat, Kabila, mais ici, on n'en veut pas."
Alors toutes les frustrations, toutes les misères de la "zone rouge", soudain, crèvent. "C'est encore les Blancs qui veulent nous imposer leur candidat. Sarkozy nous refoule tous les jours, les Blancs traitent les Congolais comme des chiens, et ensuite, ils viennent piller nos richesses. Ce pays est riche, ce pays a tout et regardez, ici, on n'a pas mangé depuis ce matin."
Dans la foule qui gonfle, un homme vient soudain porter la contradiction. Bitumba Nsimba défend Joseph Kabila, son bilan et ses origines : "Pour regarder où il va, il n'a pas besoin de regarder dans le rétroviseur."
Sa démonstration s'interrompt net. Sur le boulevard, à une centaine de mètres, des coups de feu claquent. Des hommes et des femmes courent, des voitures roulent pied au plancher.
Le cortège du président vient de passer, et la jeunesse du quartier, comme promis, a jeté des pierres, déclenchant les tirs de la garde présidentielle.
Tshangu, alors, entre en ébullition. " Y'a guerre sur le boulevard ou quoi ?", crie un mécanicien. "Est-ce qu'un président aimé ferait tirer comme ça sur son peuple ?", renchérit son voisin. Avant de menacer : "Si on essaye de nous imposer Kabila, on va se battre, on est prêt."
Jean-Philippe Rémy
Article paru dans l'édition du 30.07.06
Bonjour Eric,
Je n'irais pas jusqu'à dire que je connais la situation mieux que quelqu'un d'autre mais disons que j'ai quelques amis congolais qui m'ont permis de comprendre certaines choses car comme vous l'écrivez, la RDC est un grand pays et la situation y est assez compliquée. Malheureusemment peu de blogs de gens sur place (ou alors ceux d'Occidentaux), la liberté d'expression n'étant pas encore acquise mais la voix de la diaspora congolaise, comme celle que j'ai citée dans mon précedent commentaire.
La méfiance est de rigueur face aux pseudo-blogs qui sont en fait des outils de propagande.
Moi aussi, je vous suis régulièrement même si je n'interviens pas toujours.
Bonne continuation !
michoko,
alors là, c'est le bouquet ! sur base de ce que vous racontent quelques amis, vous vous croyez, de l'extérieur où vous êtes, en position de traiter "des pseudo-blogs qui sont en fait des outils de propagande" des espaces des éditeurs qui travaillent à découvert au congo dans un environnement hostile, "la liberté d'expression n'étant pas encore acquise.." ?
moi qui croyais discuter avec un compatriote résidant au pays, dont je pouvais prendre le numéro de téléphone, le rencontrer un soir et continuer à discuter avec lui !
mon admiration pour eric n'en sort que plus renforcée. car c'est pas donné à tout le monde de supporter la compagnie des gens aussi gonflés.
ali dont vous citez sans cesse le site est un gars sympa avec qui j'ai souvent echangé dans le respect mutuel, en dépit de nos divergences sur les approches.
si eric et ali vous supportent, je devrais y arriver aussi, non ?
allez prenez soin de vous, sans rancune
tony
Anthony,
Je ne voulais pas polluer le blog d'Eric par un débat qui, à mon sens, n'y a pas sa place mais puisque vous m'alpaguez, je vous répond. C'est la moindre des courtoisies.
Pourquoi vous m'aboyez dessus comme ça ?
Est-ce que je vous ai cité ?
Les "affirmations gratuites", c'est mon droit et je les revendique.
Pour vous rassurer tout à fait, je suis sûre que non seulement Eric supporte mais apprécie la compagnie de gens "gonflés".
Anthony, Michoko,
L'election en RDC suscite des debats, des questions, de l'emotion. pour en parler, il est bon de multiplier les points de vus.
Personnellement, je privilegie Le Monde et Le Soir (Colette Baekmann) car ce sont des sources canoniques.
Mais il est important de lire aussi les blogs. merci a Michoko de signaler d'autres adresses. Merci a Tony: allez consulter son blog...
L'heure est actuellement a l'apaisement.
Avec l'autorisation de Anthony Katyombe, voici reproduit un mail qu'il m'a adressé:
"bonsoir Eric,
en principe, je ne devrais soutenir aucun de ces messieurs(kabila/bemba). vous devez avoir suffisament lu sur l'un et l'autre pour vous faire une idée. mais il y a des moments où à son corps défendant, on est obligé de choisir le moins mauvais larron. sans grande conviction, je soutiens donc bemba.
je suis plutôt proche du dr etienne tshisekedi, le président de l'udps, qui ne participe pas hélàs au scrutin.
prenez soin de vous,
tony"
Le blog http://congomania.afrikblog.com/ semble être tenu par les farouches partisans de l'UDPS (www.udps.net) dont le leader Thsisekedi a boycotté les présidentielles. Cela suppose tout le parti pris de Anthony KATOMBE et du blog en question dans la dénonciation du processus électorale ou de la magouilleuse supposée de communauté internationale dans l'organisation des élections.
TSHISEKEDI a fait son temps (grâce à son opposition utile au régime Mobutiste) je ne pense pas qu'à 76 ans il soit capable de proposer une perpective nouvelle à la RDC. Pas plus Joseph Kabila, Jean-Pierre Bemba ou les 30 autres... A moins que Tshisekdi veuille se prendre pour MANDELA. Encore que...
Je ne veux pas faire dans le populisme. Mais actuellement la RDC, mon cher pays, manque de leader digne de lui sortir de sa situation.
Anthony choisit BEMBA, ex rebelle, qui a participé à la mort de plus de 4 millions de congolais. Je me doute que celui-ci soit moins pire que Joseph Kabila. Mais suit-il l'appel de Tshiseki à voter Bemba ? Quelle Légitimité a Bemba par rapport à Kabila ? Sauf à vouloir jouer comme beaucoup sur le "droit du sang". N'a-t-on pas le droit d'être congolais par adoption de la nationité ou par mariage ? Jean-Pierre Bemba n'a-t-il pas lui aussi du sens portugais ? Lui qui se plait à brandir comme argument de campagne le fait selon lequel son rival direct actuel n'aurait des origines congolais ou ne parlerait pas le lingala (pour les kinois)... Ah les idéologies !
Consciences en bordel,
Merci de ton commentaire.
Anthony Katombe a précisé sa position dans un de ses commentaires.
Si je l'ai cité, c'est parce que son point de vue diffère de ce qu'on lit habituellement. Même si ça ne fait pas plaisir à entendre, je respecte son opinion, à condition qu'il n'appelle pas à la violence.
Pour moi, c'est difficile d'évoquer l'élection d'un pays où je n'ai jamais mis les pieds. Je ne peux qu'essayer de lire et de comprendre...
Quant à toi, tu es le bienvenu ici.