En effet, il a d'abord été interdit, tous les exemplaires passés au pilon. En cause, un édito jugé insolent envers le roi, Mohamed VI. L'édition en arabe (Nichane) a elle été saisie.
Ahmed Benchemsi, rédacteur en chef de Tel quel, a passé 20 heures d'interrogatoire à la préfecture de police de Casablanca. Et, finallement, ce numéro d'août est publié sans l'éditorial et sans le dossier sur les 8 ans de règne de Mohamed VI.Le régime multiplie les attaques contre la liberté d'expresion. Un autre journaliste a été condamné à 8 mois de prison ferme pour avoir publié des documents "confidentiels".
Législatives en septembre
On le sait, des élections législatives vont avoir lieu le 7 septembre. Des élections cruciales. Et tout le monde se pose la question: "les islamistes vont-ils l'emporter?" Cette question on se la pose à Casablanca, mais aussi au Caire ou à Washington. C'est ce qui "expliquerait" la nervosité du palais royal?Pour revenir à Tel Quel, c'est un journal qui s'adresse à un lectorat jeune, branché, et friqué. Le blogueur Rimbus nuance: " Tel quel s'adresse aux francophones du Maroc, c'est à dire souvent ceux qui ont fait des études dans les écoles françaises, très très chères, ou à la génération des quinquagénaires et plus. Mais le pendant arabophone dialectal (Nichane) est compréhensible par presque tous (sauf les berbèrophones), et c'est tout le mérite de Benchemsi de ne pas se fermer aux classes populaires."
Impertinence contrôlée
Côté maquette, la couverture avec un cadre rouge fait penser au magazine Time (ou au Point). La profusion des titres et leur extravagance, s'apparente plus à du Marianne. En fait, c'est ni l'un ni l'autre. C'est original, plein d'idées, d'infos et d'impertinence. Impertinence contrôlée, et on sait pourquoi... Ce numéro d'août comporte un dossier élection. Comparatif des programmes. Les chapitres: réformes institutionnelles, croissance, emploi, éducation. "Des partis qui proposent de vrais programmes électoraux? Du jamais vu au Maroc!" écrit Tel Quel. Je me suis intéressé au dossier "les 100 qui font bouger le Maroc". Bien sûr j'ai été attiré par Larbi, le blogueur n°1. Bigg, "le rappeur, pour ne pas dire le chanteur le plus populaire au Maroc", selon TQ. Le dessinateur Youssef Daoudi.La chirurgie du plaisir
Les sujets estivaux ont ausi leur place. Le dossier "la chirurgie du plaisir" prouve que la liberté d'expression s'est débridée au Maroc dans le domaine des moeurs.
La journaliste, Nadia Lamlili, nous initie au pratiques locales du "sex design". "Chez les hommes, l'opération la plus prisée reste celle du rallongement du pénis. Quant à son utilité...", remarque-t-elle. L'utilité, on ne sait pas, mais son coût, c'est 20 000 (2000) au bas mot, révèle TQ. Les femmes aussi passent sur le billard. "La notoriété des spécialistes de la vaginoplastie se construit via le bouche à oreille". Ca, on veut bien le croire! En tout cas, Tel Quel n'y va pas avec le le bout du scalpel.
Le Maroc sur youtube
Le dossier "Le Maroc sur Youtube" est aussi plutôt léger. Des flics filmés en flagrant délit de corruption, une star embrassée sur la bouche par un fan ou un documentaire "qui dénombre les multiples tares du royaume enchanté" sur fond de musique orientale. Catastrophiste. Il est intitulé: "au Maroc tout va bien". Et demain, espérons-le, ça ira encore mieux.